À la sortie d’une saison plutôt réussie mais conclue par un final décevant — Paris a raté la Ligue des champions pour un point —, le PSG entame la saison 2002/2003 avec la ferme intention de monter au moins une marche supplémentaire dans la hiérarchie nationale. Le club parisien va toutefois devoir faire sans deux hommes de base de son milieu de terrain : Jay-Jay Okocha et Mikel Arteta, tous deux partis monnayer leurs talents en Grande-Bretagne. Mais avec quelques recrutements jugés intelligents et, surtout, un Ronaldinho désormais champion du monde et bien intégré au football européen, tous les espoirs sont désormais permis au PSG de Luis Fernandez.
Des débuts plutôt positifs
Au contraire de la préparation estivale de l’année précédente durant laquelle, perturbé par la coupe Intertoto, Luis Fernandez n’avait pu préparer ses joueurs comme il le souhaitait, l’entraîneur parisien concocte à l’aide de Feliciano Di Blasi, son préparateur physique, un programme de reprise très intense. Les premiers matches amicaux sont d’abord laborieux — Paris perd notamment 3-0 contre Amiens — mais s’améliorent au fil du mois de juillet. Avec les départs d’Okocha et Arteta, Fernandez refaçonne son équipe et semble vouloir installer sa formation dans un 5-3-2. Le championnat reprend avec la réception d’Auxerre. Au terme d’un match difficile, Paris finit par s’imposer sur un penalty d’Aloisio, obtenu par Fiorèse. Ce qui fera tenir à Guy Roux des propos à l’encontre du joueur qui auront certainement une incidence quelques mois plus tard…
Après un bon match nul à Bordeaux, avec une assise défensive très intéressante, Paris reçoit le promu Ajaccio. À la mi-temps, le PSG possède un avantage logique de deux buts. Revenu tardivement de la coupe du monde, Ronaldinho est sur le banc, et le public ne cesse de réclamer sa rentrée tout au long de la seconde période. Fernandez cède à la pression populaire, et sous une ovation, le Brésilien rentre à la 63e minute. Mais il est complètement hors de forme, et sa présence déséquilibre finalement l’équipe : Ajaccio parvient à refaire son retard, et Paris concède un match nul. Avec une victoire laborieuse au Havre, et un nouveau nul à domicile contre Nice, le PSG finit le mois d’août à la quatrième place, même si l’impression d’ensemble est mitigée.
Septembre reprend avec un déplacement à Lille, et le retour de Luis Fernandez sur le banc de touche parisien, après sa suspension datant de la saison précédente. L’arbitre de la rencontre est Stéphane Moulin, l’officiel qui avait justement eu des mots avec Fernandez, engendrant sa sanction… La rencontre se termine avec quatre expulsés dont trois côté parisien, et le PSG perd le premier match de sa saison ainsi que plusieurs places au classement. Heureusement, l’embellie intervient dans la foulée. Cardetti s’avère être un vrai renard des surfaces, Paulo Cesar, recruté comme latéral, devient essentiel au milieu de terrain, Nyarko monte en régime, et la défense semble toujours aussi forte. Paris enchaîne donc les bons résultats en remportant toutes ses rencontres de coupe d’Europe, et en gagnant quatre de ses six matches de championnat suivants — les deux autres donnant des matches nuls. À noter durant ce laps de temps un feu d’artifice 5-0 contre Guingamp et une victoire de prestige contre l’OM à domicile, avec un doublé de Ronaldinho. Loin d’être irrésistible lors de toutes les rencontres, le numéro 10 a au moins le mérite de se mettre en valeur quand il le faut. Fin octobre, Paris est deuxième.
Le duel Ronnie-Luis
Comme pour donner du poids à un cliché pourtant sans réalité statistique, le mois de novembre marque une période de crise de résultats pour Paris. Le club ne prend qu’un point en cinq rencontres de L1. Paris s’incline ainsi à Sedan, Lens et Monaco et à domicile contre Nantes. Seule la coupe d’Europe offre à Paris des victoires avec une qualification obtenue contre le National Bucarest et un succès au match aller contre Boavista. Mais le plus gros problème est ailleurs : c’est à cette période qu’apparaissent publiquement les tensions entre Luis Fernandez et Ronaldinho, abondamment relayées par la presse. Ronaldinho aurait lâché : « Si Fernandez est encore là après la trêve, je m’en vais. » De son côté, l’entraîneur parisien aurait déclaré : « Il n’y a pas de continuité et de régularité dans ses performances. » Dans la presse, Fernandez est presque considéré comme un hérétique en faisant jouer Ronaldinho en deuxième attaquant plutôt qu’en meneur de jeu — poste qu’il n’occupera pourtant pas souvent dans ses clubs suivants. Et avec les mauvais résultats du club, les rumeurs d’un remplacement de Fernandez vont en grandissant : Scolari, Bianchi et même Kombouaré, l’entraîneur de la réserve, sont annoncés.
C’est à ce moment-là que Laurent Perpère, président-délégué généralement silencieux du PSG, décide de s’exprimer, et il prend parti pour son joueur, dans les colonnes du Monde : « Aujourd’hui, se passer des services de Fernandez serait moins préjudiciable pour l’avenir du club que de laisser partir Ronaldinho. » Perpère avait déjà protégé son joueur phare quelques semaines plus tôt en couvrant un de ses manquement aux règles communes : Ronaldinho avait fait venir une fille dans sa chambre lors d’une mise au vert. Savoureux quand on sait que ce même Perpère avait mis à pied Ali Benarbia pour les mêmes faits, deux ans plus tôt. Devant cette sortie médiatique, Fernandez ne se laisse pas faire et appelle au soutien populaire des tribunes du Parc. Le PSG doit jouer début décembre un match contre Lyon, et ce jour-là, les tribunes du Parc soutiennent massivement l’entraîneur parisien. Paris s’impose, avec deux buts sur lesquels Ronaldinho est impliqué, et Perpère ne peut donc renvoyer son entraîneur. D’autant que fin décembre, Xavier Couture, patron de Canal+, actionnaire principal du club, annoncera publiquement le maintien de Luis jusqu’à la fin de saison.
Cette victoire face à Lyon n’est toutefois qu’une exception en cette fin d’année, puisque le PSG est sorti de la coupe de la Ligue par Nantes — Ronaldinho rate un penalty sur une tentative de bluff de Landreau, qui laisse son côté gauche grand ouvert — et de la coupe UEFA en s’inclinant au match retour sur la pelouse de Boavista. À cela, il faut ajouter une défaite à Rennes, et un nul à domicile contre Bordeaux. Ce dernier match verra Ronaldinho rater un autre penalty, mais aussi et surtout Fabrice Fiorèse être épinglé par le conseil national de l’éthique, créé un an plus tôt mais resté inactif jusqu’alors : auteur d’une double simulation ayant engendré un penalty et l’expulsion de Caneira, Fiorèse sera suspendu trois matches par la commission d’appel et de l’éthique de la LFP. Ce qui n’arrange pas les affaires du PSG, les pépins physiques de joueurs se multipliant. Le préparateur physique Di Blasi a quitté le club en septembre pour raison contractuelle et depuis, sans que l’on ne sache s’il y a réellement un lien, le nombre de blessures a augmenté. Qui plus est, la plupart des recrues prometteuses sont rentrées dans le rang : Cardetti ne marque plus depuis deux mois, Paulo Cesar s’avère être un latéral qui n’a aucune notion de jeu défensif, et André Luiz n’a jamais pu retrouver son niveau marseillais… Quant à l’autre recrue d’envergure, Alex Nyarko, elle quittera le club courant février, sur un coup de tête.
Dégringolade au classement et victoire contre l’OM
Le mois de janvier reprend par un nouvel épisode avec Ronaldinho : le Brésilien revient de vacances avec près d’une semaine de retard, avec toutefois un mot de son dentiste pour justifier son absence… Mais Fernandez décide, au nom de l’esprit de groupe, de ne pas octroyer de passe-droit à son joueur, en retard physiquement. Celui-ci aura ainsi un programme de reprise spécifique, et devra regagner petit à petit sa place de titulaire. Paradoxalement, l’absence du Brésilien engendre de meilleurs résultats : au mois de janvier, le PSG prend huit points sur douze en championnat. En coupe de France, Paris bat Besançon et Marseille — Ronaldinho a cette fois été décisif, comme souvent face à l’OM, en donnant le ballon du but de la victoire à Fiorèse après être rentré en cours de match. À la dernière minute du mercato, le PSG obtient le prêt de Stéphane Pédron afin de pallier la blessure et à la méforme d’André Luiz. Le premier jour de février, Paris s’impose à Strasbourg, et si le club reste huitième, il revient petit à petit sur les équipes européennes. Un bon mois de février pourrait lancer Paris sur une fin de saison à enjeu.
Mais il n’en sera rien. Luis Fernandez réintègre Ronaldinho en titulaire dans son équipe, et c’est à ce moment-là qu’un nouveau cycle de défaites s’enclenche. Paris perd à Bastia — avec deux expulsés, Ronaldinho et Cristobal —, à domicile contre Montpellier et surtout à Guingamp. Lors de cette rencontre, Paris menait pourtant 0-2, grâce notamment à un but de Ronaldinho ponctué de plusieurs dribbles et d’une belle remise de Jérôme Leroy. Mais le PSG et son meneur de jeu se sont endormis ensuite. Ronaldinho tente toujours l’exploit qui n’arrive jamais, et Guingamp refait progressivement son retard. Dans les dernières minutes, alors qu’il y a 2-2, le jeune Teixeira a le but de la victoire au bout du pied, mais manque son tir. Sur le contre, Drogba donne la victoire aux siens.
Cette fois, les supporters parisiens ne soutiennent plus personne. Les associations de supporters publient un communiqué demandant le départ des dirigeants, du staff technique et de la plupart des joueurs, et proclament une grève des chants pour la réception de Troyes. Comme souvent, cela se transforme en manifestation hostile envers les joueurs parisiens, qui se font siffler et insulter. Avec d’autant plus de force que Paris est mené très vite de deux buts. Mais les joueurs, réellement seuls au monde cette fois-ci, vont se ressaisir et finalement s’imposer 4-2. Lors de la rencontre suivante, Paris va à Marseille, qui joue alors les premières places. Luis Fernandez arrive sur la pelouse escorté par le GIPN, et le PSG réalise sa meilleure prestation de la saison. Presque tous les Parisiens effectuent le match parfait. Jérôme Leroy et Ronaldinho notamment sont impressionnants de maîtrise technique, et Paris s’impose 0-3 pour ce qui constitue la première victoire au Vélodrome depuis presque 15 ans. Les supporters qui insultaient les joueurs une semaine plus tôt sont aux anges, et Luis Fernandez profite de l’euphorie pour annoncer son départ du club à la fin de la saison.
Finale cruelle
Paris remporte un nouveau match de championnat au mois de mars, contre Sedan, et se qualifie pour les demi-finales de la coupe de France. En Ligue 1, malgré ses trois succès consécutifs, le PSG ne peut espérer mieux que des places d’honneur. La coupe devient un objectif primordial, et l’entraîneur parisien profite du championnat pour faire tourner, effectuer des tests, lancer des jeunes et surtout éviter les blessures. Sur les sept derniers matches de championnat, Paris n’en gagnera qu’un seul, contre Monaco. Malgré toutes ces rencontres à enjeu limité, et s’il est acquis que les deux hommes quitteront le club, les bisbilles entre Ronaldinho et Luis Fernandez continuent. Remplacé à Nantes, le Brésilien sort furieux, tenant des propos vindicatifs à l’encontre de son entraîneur. Pour son dernier match au Parc des Princes, contre Rennes, en quittant la pelouse, il tape dans la main de l’entraîneur… de Rennes, Vahid Halilhodzic. Le Bosnien étant déjà connu comme le futur entraîneur du PSG, cela nourrira l’espoir de voir le champion du monde brésilien rester au club. Après une ultime défaite à Auxerre, dans un match arbitré par Guy Roux lui-même, Paris termine la saison à la 11e place.
Il reste donc la coupe de France. En demi-finales, fin avril, Paris élimine Bordeaux grâce à un doublé de Ronaldinho. La finale a lieu fin mai, et marque la fin d’un groupe. En plus de l’entraîneur et de son joueur clé, Pochettino, Cristobal, Pédron, Llacer et Aloisio quitteront le PSG après cette rencontre. L’adversaire ? L’AJ Auxerre, et sa génération de jeunes joueurs prometteurs. Paris réalise une superbe première mi-temps et marque par le biais de Hugo Leal, qui n’a jamais été aussi bon. Auxerre est largement dominé, mais le tournant de la rencontre intervient quand Bertrand Layec expulse Leal pour un pied haut sur Mexès. La faute était réelle, mais la simulation du défenseur bourguignon laissera un goût amer aux Parisiens, eux qui ont vu Fiorèse se faire taper sur les doigts pour un comportement similaire. Toujours est-il qu’à 10 contre 11, Paris se fait égaliser par Djibril Cissé à un quart d’heure de la fin, et perd finalement à la dernière seconde sur un but de Boumsong. Une minute avant, Llacer avait eu la balle de la victoire, mais avait un tout petit peu trop croisé sa frappe. La saison s’achève là.
Au final, exception faite des victoires de prestige contre l’OM, Paris aura complètement raté sa saison. Aucun des joueurs recrutés n’aura donné satisfaction, et Ronaldinho, qu’on lui trouve des excuses ou non, n’aura jamais rempli son rôle de leader technique. Le Brésilien part sur un échec, et l’entraîneur conclut son second passage sans avoir réussi à stabiliser le club. Place donc à une équipe dirigeante et un staff complètement différents pour la saison à venir…
Les moments forts de la saison
En bref, quelques unes des images marquantes de la saison 2002/2003 du PSG :
Ronaldinho accueilli comme une star lors de son retour en France en tant que champion du monde ;
Luis Fernandez, qui esquisse quelques pas de danse lors de la victoire du PSG contre l’OM au Parc des Princes ;
Le public du Parc qui soutient Luis contre Lyon, au grand dam de Laurent Perpère ;
Ronaldinho qui s’amuse au milieu de la défense guingampaise, et marque le plus beau but de la saison ;
Stéphane Pédron qui marque d’une mine en pleine lucarne contre Troyes, dans un stade hostile ;
Jérôme Leroy et Ronaldinho, au sommet contre l’OM, au Vélodrome ;
L’expérimenté Cristobal, en larmes au Stade de France, après la défaite cruelle de son équipe contre Auxerre, pour le dernier match de sa carrière.
L’équipe-type de la saison
Luis Fernandez a changé de formation régulièrement durant la saison, oscillant entre cinq défenseurs, trois attaquants ou au contraire un seul. La tactique ci-dessous n’est donc pas forcément représentative de ce qu’a été le PSG cette saison-là.
Cristobal, Pochettino, Heinze, Potillon
Déhu, Paulo Cesar
Fiorèse, Ronaldinho, J. Leroy
Aloisio
Ont également participé à cette saison, par ordre décroissant de titularisations en D1 : Nyarko, Cardetti, André Luiz, Alonzo, Pédron, Hugo Leal, Ogbeche, El Karkouri, Domi, Touré, Llacer, Benachour, Teixeira, Rocchi, Cana, L. Leroy, Lucau.
Pierre Ducrocq, Fabrice Kelban, Edwin Murati
Florian Maurice, Edmilson, Franck Gava
Francis Llacer, Marko Pantelic, Christophe Revault
Marco Simone, Didier Martel, James Debbah
Édouard Cissé, Éric Rabesandratana
Igor Yanovski, Christian Wörns, Yann Lachuer
Mickaël Madar, Alain Goma, Bruno Rodriguez
Laurent Leroy, Grégory Paisley, Dominique Casagrande
Jay-Jay Okocha, Manuel Helder, Aliou Cissé
Xavier Gravelaine, Nicolas Ouédec, Adaílton
Bernard Lama, Nicolas Laspalles, Bruno Carotti
Laurent Robert, Fabrice Abriel
Ali Benarbia, Talal El Karkouri
Christian, César
Kaba Diawara, Godwin Okpara
Nicolas Anelka, Didier Domi
Peter Luccin, Stéphane Dalmat, Marcos Vampeta
Mikel Arteta, Enrique De Lucas, Mauricio Pochettino
Bernard Mendy, Selim Benachour
Lionel Letizi, Frédéric Déhu, Sylvain Distin
Ronaldinho, Lionel Potillon, Stéphane Gillet
Jérôme Leroy, Bartholomew Ogbeche, Gaël Hiroux
Fabrice Fiorèse, Hugo Leal
Jérôme Alonzo, Alex Dias, José Aloisio
Gabriel Heinze, Cristobal, Joaquim Agostinho
Lorik Cana, André Luiz
Martin Cardetti, Paulo César
Alex Nyarko, Alioune Touré, Filipe Teixeira
Stéphane Pédron, Romain Rocchi, Chiguy Lucau
1997/1998 : de PSG-Steaua Bucarest au doublé des coupes nationales
1998/1999 : « la pire saison de l’ère Canal+ »
1999/2000 : mieux qu’une saison de transition
2000/2001 : du paradis à l’enfer
2001/2002 : à 1 point de la Ligue des champions
2002/2003 : une saison ratée, malgré Ronaldinho