Cette semaine, retrouvez les portraits de Francis Llacer, Marko Pantelic et Christophe Revault.
Francis Llacer
Arrivé au PSG à 13 ans, Francis Llacer est champion de France cadets en 1988 puis finaliste de la coupe Gambardella — la coupe de France des moins de dix-huit ans — en 1989. La saison suivante, sous la direction de Tomislav Ivic, le natif de Seine-et-Marne fait ses premières apparitions sous le maillot de l’équipe professionnelle : l’entraineur yougoslave profite du tournoi de Paris pour le lancer dans le grand bain à seulement 17 ans. Une victoire 4-0 face à Vasco da Gama salue les premiers pas du joueur. Mais ce n’est que lors de la saison 1990/1991 que le jeune Parisien s’impose réellement dans l’effectif. Henri Michel lui donne sa chance alors qu’il n’a pas encore 20 ans. Malgré une saison sportive délicate pour le club — elle marquera la fin de l’ère Francis Borelli —, la carrière parisienne de Francis Llacer est lancée.
Après des débuts très prometteurs, lors des premières années de l’ère Canal+, Llacer ne confirme pas totalement les attentes qui ont pu être placées en lui. Si son engagement physique est exemplaire, sa qualité technique ne tient pas la comparaison avec le reste de l’effectif que la chaine cryptée met en place suite au rachat du club. Le joueur le reconnaît d’ailleurs très volontiers, comme le rappelle cette interview de 1993 dans laquelle il explique qu’il serait prétentieux pour lui de prétendre à autre chose qu’à une place dans le groupe. Les trois années « Artur Jorge » sont donc assez délicates pour Llacer, l’entraineur portugais — peu adepte du turnover — ne lui faisant que peu confiance. Mais cela ne l’empêche pas de fêter le titre de champion de France 1994 avec tout l’enthousiasme qui le caractérise, une écharpe du Kop de Boulogne autour du cou. Par ailleurs, il s’impose en équipe de France espoirs — dont il hérite du brassard de capitaine — et dispute un match avec la sélection A’, en mai 1995 — aux côtés de Lilian Thuram notamment.
L’arrivée de Luis Fernandez aux commandes du groupe sportif l’année suivante entraîne un changement de statut pour Llacer. Celui-ci bénéficie clairement de la confiance de son nouvel entraineur, qui trouve en lui un joueur sur lequel on peut compter en toute circonstance. Luis Fernandez profite de l’engagement sans faille de Llacer pour le faire rentrer régulièrement en fin de match, lorsqu’il s’agit de tenir le score. Cette confiance retrouvée est symbolisée par un but mythique que « Cisco » inscrit au stade Michel-d’Ornano de Caen en octobre 1994 : il effectue une reprise de volée parfaite de 30 mètres qui va se loger dans la lucarne opposée du gardien de but.
Après avoir remporté le doublé coupe de France — coupe de la Ligue en 1995 puis la coupe des coupes en 1996 — il dispute les 9 matches du PSG dans cette compétition, mais ne compte qu’1 titularisation —, Francis Llacer est prêté à Strasbourg à l’été 1996. L’aventure en Alsace tourne court : gravement blessé en janvier, il retourne au Camp des Loges pour se faire soigner. Il réintègre donc l’effectif parisien la saison suivante, d’abord sans jouer. Mais, comme de nombreux joueurs d’appoint cette saison-là, il profite de la cascade de blessures, suspensions et méformes pour fouler régulièrement la pelouse. De novembre à février, il enchaîne d’ailleurs les titularisations, le plus souvent en tant que latéral gauche. Une fois que Didier Domi revient, Francis Llacer redisparaît de l’équipe.
Il passe à nouveau tout le début de la saison 1998/1999 sans jouer et sans même être appelé dans le groupe, Giresse ne comptant pas du tout sur lui. Mais quand Artur Jorge revient, le Portugais s’appuie sur le seul joueur de champ qu’il connaît et qui était là lors de son premier passage. Pour le premier match du nouvel entraîneur à Lyon, Llacer est donc titulaire au milieu de terrain. Le match suivant à Nantes, il est expulsé… Mais Jorge, voulant avant tout de la solidité défensive, continue à compter sur lui. Llacer est systématiquement titulaire et se voit même nommé vice-capitaine de l’équipe : lorsque Simone est absent, il porte le brassard.
Lors d’un match à Lens, joué sur un terrain gelé, Llacer déclare avant la rencontre que celle-ci ne devrait pas avoir lieu, et qu’il espère qu’il n’y aura pas de blessé. Le sort est facétieux, et le seul blessé de la rencontre est… Llacer lui-même. Bergeroo remplaçant Jorge dans la foulée, Llacer ne retrouve pas sa place à son retour de blessure et ne joue presque plus.
En 1999/2000, Bergeroo ne compte pas sur lui, et ne le fait participer à aucune rencontre. Llacer trouve une solution en octobre, en devenant le joker de l’AS Saint-Étienne. Là-bas, il est apprécié en tant que joueur de devoir, et se fait remarquer par les supporters parisiens en portant un maillot du club de la capitale sous son maillot vert lors du match entre les deux équipes à Geoffroy-Guichard. Il enchaîne ensuite avec un transfert à Montpellier en deuxième division où, là encore, il donne satisfaction. Il participe à la remontée du club de Louis Nicollin, et commence l’exercice 2001/2002 avec l’équipe héraultaise.
Mais Luis Fernandez, revenu au PSG, décide de rappeler son ancien joueur. Ayant le PSG dans le sang, Llacer ne se fait pas prier, et préfère sa place de remplaçant à Paris à son statut de titulaire à Montpellier. Il devient un joueur de banc appréciable, rentrant régulièrement pour tenir un score et durcir le jeu. Il passe ainsi deux nouvelles saisons à Paris, faisant moins d’une vingtaine d’apparitions lors de chacune d’elles. Durant son dernier match, il manque de peu de devenir un héros : face à Auxerre, en finale de coupe de France, alors que le score est de 1-1 et que Paris évolue à 10, Llacer a une balle de but à la dernière minute : il croise son tir du gauche, et le ballon frôle le montant. Quelques secondes après, Auxerre marque et emporte le trophée.
Licencié par le PSG pour une tentative d’escroquerie — si Llacer sera condamné au pénal dans cette affaire, son licenciement sera en revanche jugé abusif des années plus tard [1] —, Llacer arrête sa carrière à 31 ans, avec plus de 200 matches de L1 au compteur. En 2005, son nom réapparaîtra aux côtés de Luis Fernandez, quand celui-ci prendra les rênes du Betar Jérusalem : Llacer sera alors son adjoint.
Marko Pantelic
Formé à l’Étoile Rouge de Belgrade (Serbie) puis à l’Iraklis Thessalonique (Grèce), c’est avec moins d’une dizaine de matches professionnels au compteur que Marko Pantelic — aucun lien avec Ilja, gardien au PSG dans les années 1970 — débarque au PSG à l’été 1997, après de longs démêlés avec son ancien club [2]. Âgé de 18 ans et présenté comme un grand joueur en devenir, il ne joue dans un premier temps qu’avec la CFA du club parisien. Il s’y distingue en marquant quelques buts — 13 au total en 1997/1998 —, et se met à figurer dans le groupe pro lorsqu’une pénurie d’attaquants se déclare au PSG.
De façon inexplicable, le joueur bénéficie alors d’une énorme cote d’amour auprès du public. Les supporters du Parc des Princes ont souvent pris parti pour les jeunes milieux offensifs ou attaquants qui jouaient peu, au détriment des titulaires — on peut citer Benachour, Haddad ou Rodriguez ces dernières années —, mais il s’agissait de joueurs qui s’étaient déjà montrés un minimum avec l’équipe première. Pour Pantelic, hormis quelques articles dans la presse lors de ses démêlés avec la Fifa, ce qui a poussé le Parc à le réclamer reste aujourd’hui encore un mystère. Acclamé à chaque échauffement, réclamé pour rentrer en jeu, il a même eu droit à un chant dédié et à deux banderoles à Auteuil : « Libérez Pantelic », « 22, v’là Pantelic ! » [3]. Lors de la rencontre face à Lens, ces manifestations sont visiblement montées à la tête du jeune homme — que Paul Le Guen qualifiera des années plus tard d’« instable ». Alors que Paris menait 2-0, le virage Auteuil exhortait Ricardo à le faire rentrer, mais l’entraîneur parisien n’a pas jugé le joueur prêt à fouler la pelouse. Excédé de s’échauffer en vain derrière les buts, devant une tribune acquise à sa cause, Pantelic a finalement adressé un bras d’honneur à son coach.
Nous sommes au mois d’octobre 1997. Sans avoir jamais joué avec l’équipe première du PSG, Pantelic a déjà clairement compromis sa carrière. D’abord mis à pied, il réintègrera le groupe pro en deuxième partie de saison, rentrant à trois reprises en D1. Mais le mal est fait, le caractère bouillant du jeune Serbe l’a condamné au PSG. Il est prêté à Lausanne-Sport (Suisse) l’année suivante, puis sera finalement cédé au Celta Vigo (Espagne) en 1999. De nouveau prêté — à Sturm Graz (Autriche) puis à Yverdon-Sport (Suisse) —, Pantelic décide soudainement de rentrer dans son pays natal en 2002. Après un an et demi dans des clubs modestes — Obili ? puis Sartid — qui lui ont tout de même permis d’intégrer la sélection nationale, il rejoint l’Étoile Rouge de Belgrade début 2004, revenant ainsi sur le devant de la scène.
Sacré champion de Serbie-et-Monténégro et vainqueur de la coupe, Marko Pantelic signe son retour en Europe occidentale à l’âge de 27 ans, au Hertha Berlin (Allemagne). Il se forge une solide réputation outre-Rhin, inscrivant 50 buts en quatre saisons. En 2009/2010, il tente l’aventure à l’Ajax Amsterdam (Pays-Bas). Sa saison est une réussite — il inscrit 20 buts en 33 matches et dispute la coupe du monde en Afrique du Sud — mais, faute d’un accord contractuel avec son club, il a rejoint l’Olympiakós Le Pirée (Grèce).
Christophe Revault
Lorsqu’il signe au PSG, le gardien Christophe Revault est au top de sa carrière. Il a débuté chez les pros cinq saisons plus tôt, au Havre, lors d’un match face au PSG durant lequel il aura été brillant. Véritable star dans son club, il réalise des performances de plus en plus accomplies : il obtient l’étoile d’or France Football du meilleur gardien trois années de suite — 1995, 1996, 1997 — et se voit convoqué en équipe de France. Il est même fortement pressenti pour être le troisième gardien des Bleus lors de la coupe du monde 1998.
Problème : lorsqu’il arrive au PSG, il a pour mission de remplacer l’immense Bernard Lama. Si le choix du Havrais est applaudi dans la presse — « Le remplacement depuis longtemps programmé de Lama par Revault ne devrait pas poser de problème », écrivait par exemple France Football le 1er août 1997 —, les conditions deviennent vite délicates : le Guyanais n’ayant pas trouvé de club, il continue à s’entraîner au Camp des Loges, à l’écart du groupe professionnel… mais tout de même pas très loin de Revault. Le nouveau portier parisien, qui de son propre aveu était considéré comme un dieu au Havre, se retrouve alors dans un contexte bien plus difficile : rien ne lui sera pardonné.
S’il profite d’abord des bons débuts parisiens en championnat, montrant de très bonnes aptitudes sur sa ligne, il ne résiste pas aux premiers soubresauts du club cette saison-là. Lors d’un match à Munich face au Bayern, le PSG craque de tous les côtés (5-1), et Revault réalise ce soir-là la boulette la plus spectaculaire : il ne parvient pas à contrôler une passe en retrait — peu judicieuse — de Paul Le Guen, et en se fait subtiliser le ballon par Carsten Jancker, qui marque.
Revault est alors raillé de toutes parts, et devient de plus en plus fébrile. À tel point qu’à partir de février, il est remplacé par sa doublure Vincent Fernandez, à la fois en championnat et en coupes. Il vit donc de loin les trophées parisiens, et perd logiquement sa place chez les Bleus. Malgré quelques nouvelles tentatives de Ricardo de le titulariser en fin de saison, l’avenir de Revault dans la capitale semble très compromis.
La saison suivante, Lama revient au PSG — après un court passage à West Ham —, et Revault est prié de s’en aller. Il rejoint un nouvel entraîneur du nom de Paul Le Guen, dans un club plus modeste : le Stade rennais. Revault, qui arbore désormais un crâne rasé, retrouve alors un niveau de jeu décent et mènera ensuite une carrière tout à fait honorable, dans des clubs de moindre envergure. Il devient même un véritable héros à Toulouse : alors que le club est relégué administrativement en National, il accepte de rester — avec Lièvre et Prunier — et d’aider le TFC à remonter. Il y parvient, le club remontant en L1 en deux ans. Après six saisons passées sur les bords de la Garonne, Revault termine sa carrière par une pige de doublure à Rennes puis un retour triomphal au Havre, où il participe à la dernière remontée du club en L1 — en étant élu meilleur gardien de L2 en 2008. Il met finalement un terme à sa carrière en mai 2010, et se prépare à une reconversion dans le staff havrais.
Pierre Ducrocq, Fabrice Kelban, Edwin Murati
Florian Maurice, Edmilson, Franck Gava
Francis Llacer, Marko Pantelic, Christophe Revault
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