Cette semaine, retrouvez les portraits de Xavier Gravelaine, Nicolas Ouédec et Adaílton.
Xavier Gravelaine
À Noël 1998, outre Bruno Rodriguez et Mickaël Madar, le PSG, désormais entraîné par Artur Jorge, enregistre un troisième renfort en attaque, bien plus surprenant : le retour de Xavier Gravelaine, qui avait déjà ciré le banc parisien en 1993/1994 sous… Artur Jorge.
La carrière de l’actuel commentateur de France Télévisions débute au centre de formation du FC Nantes, où il fait ses classes au début des années 1980. Mais son caractère rebute les dirigeants nantais, qui préfèrent le prêter à trois reprises — successivement à Pau (D3), Saint-Seurin (D2) et Laval (D2) —, puis s’en séparer définitivement en 1991 [1]. Gravelaine rejoint alors le SM Caen de Benoît Cauet et Gabriel Calderón. La première saison, le club normand se qualifie en coupe d’Europe pour la première fois de son histoire ; la deuxième saison est plus compliquée pour Caen, mais son attaquant vedette brille — notamment lors de la confrontation face au Real Saragosse. Dans la foulée de ce match, l’ancien banni de la Jonelière est appelé en équipe de France A lors des éliminatoires pour la coupe du monde 1994. Titulaire à trois reprises aux côtés de Papin et Cantona, il ne marque pas et ne dispute ensuite qu’un match amical en mars 1993.
En D1, Gravelaine termine la saison avec 20 buts au compteur. À l’intersaison, il rejoint alors le PSG, vice-champion de France et demi-finaliste de la coupe UEFA. Son choix est judicieux, puisqu’il remporte ainsi le seul trophée de sa carrière : le titre de champion de France 1993/1994. Mais Artur Jorge n’est pas un adepte du turn-over, et malgré les difficultés d’adaptation de Raí, Gravelaine ne joue pas beaucoup. Au total, il boucle la saison avec 2 buts en 20 matches de D1. Un triplé face à Côte-Chaude Saint-Étienne — battu 10-0 — en coupe de France lui permet de rehausser quelque peu ses statistiques globales.
À l’intersaison, c’est peu dire que Gravelaine accueille avec joie le départ de l’entraîneur portugais : « Avec Artur Jorge, la discussion n’était pas possible. Il avait ses idées et il n’en changeait pas, même si on lui démontrait par A + B que telle ou telle chose n’était pas logique. Il avait son schéma dans la tête… […] J’ai perdu pas mal de temps à cause de lui. […] En un an, je n’ai rien appris avec lui. Il a apporté beaucoup à d’autres, pas à moi… » [2] Pourtant, l’arrivée de Luis Fernandez à l’été 1994 ne lui profite pas : il est toujours barré par David Ginola et se voit prêté à Strasbourg, où il retrouve son ancien entraîneur à Caen, Daniel Jeandupeux. Gravelaine renoue avec l’efficacité — il inscrit 9 buts en 33 matches de championnat, dont un contre Paris — et manque de remporter son deuxième trophée, le RCS s’inclinant en finale de coupe de France face… au PSG.
De retour à Paris à l’été 1995, Gravelaine doit se contenter de bouts de matches, malgré le départ de Ginola à Newcastle. En novembre, alors qu’il n’a joué que 5 matches de championnat — pour 1 but marqué — et 1 de coupe d’Europe, il est de nouveau prêté, cette fois à Guingamp. Il confirme suffisamment son renouveau pour intéresser l’OM, qui le fait signer la saison suivante. Malgré de bonnes performances sous le maillot olympien — 25 buts, dont un face à Paris, en deux saisons —, Rolland Courbis l’écarte en 1998 au profit de Dugarry, Ravanelli et Maurice. Il rejoint alors Montpellier, où il n’inscrit que 3 buts en 18 matches, alternant coups de gueule et coups d’éclat. Il reproche notamment au club héraultais son manque d’ambitions, qui s’est illustré par le départ de son meilleur buteur, Ibrahima Bakayoko, à l’intersaison.
À la trêve, Gravelaine est donc à la recherche d’une nouvelle aventure. De son côté, le PSG reste sur cinq matches sans inscrire le moindre but, et Artur Jorge se plaint de n’avoir pas de joueurs suffisamment forts mentalement pour résister à la pression parisienne. L’ancien Caennais tente alors un troisième come-back à Paris : « Je n’aime pas rester sur un échec », explique-t-il à l’époque pour justifier son retour à Noël 1998. Le transfert consiste en un échange avec Montpellier contre Ouédec + 5 MF. La presse se réjouit alors du caractère bien trempé de la recrue parisienne, et s’inquiète même de ses conséquences pour le recrutement phare de l’été 1998 : « L’arrivée de Gravelaine rend la position d’Okocha de plus en plus précaire, estime ainsi Patrick Sowden dans France Football le 29 décembre. Malgré un transfert de 90 millions, le Nigérian n’a absolument rien apporté. Pire, il semble surtout ne rien comprendre à la situation actuelle, se contentant de sourire quand il faudrait taper du poing sur la table. Xavier Gravelaine, lui, s’y connaît en coup de gueule. Cela tombe bien : c’est justement de leader qu’a besoin le PSG. »
Dès ses premiers matches en janvier 1998, la complicité avec les nouveaux arrivants Madar et Rodriguez est évidente : avec la blessure de Simone, les trois joueurs forment d’ailleurs la ligne offensive du PSG. Dès que l’un marque un but, ces trois joueurs se font la bise entre eux… Gravelaine enchaîne quatre titularisations et effectue une passe décisive durant ce laps de temps. Puis le capitaine Simone revient, et Gravelaine prend place sur le banc. Artur Jorge se fait renvoyer peu de temps après, et Bergeroo ne fait jouer Gravelaine qu’à une seule reprise : il clôt donc sa saison dès la 28e journée, lors d’une rencontre face à Montpellier. Le joueur se prend vraisemblablement le bec avec le nouvel entraîneur parisien, et il est clairement mis à l’écart du groupe professionnel la saison suivante. « Je ne fais que des courses, aucun entraînement avec le ballon ; je suis payé pour faire du foot, pas de l’athlétisme. […] Je ne sais pas où ils [les dirigeants parisiens] veulent en venir. On me traite comme le chien du gardien du stade. Maintenant, je vais montrer les dents. […] Je jouerai deux ans en CFA s’il le faut ! […] Ils ont dépassé les limites humaines. » [3] À l’instar de Jérôme Rothen cet été, Gravelaine fait alors appel à un huissier pour constater sa mise à l’écart.
Au final, la situation se résout en septembre par un dédommagement du joueur et un départ en D2 anglaise à Watford, le club d’Elton John. Aventure qui prendra fin très vite, en décembre. La suite est une série de pige entre titularisations en L2, et maigres apparitions en L1. Il enchaîne Le Havre, Monaco, Caen, Ajaccio — où il ne joue pas un match —, Istres après une période de chômage — en 2003/2004, il sera élu meilleur joueur de L2 —, puis le FC Sion où il achève sa carrière fin 2004. Au début des années 2000, Gravelaine était revenu sur ses passages à Paris : « En 1993/1994, j’étais seul fautif. J’ai compris plus tard qu’au sein d’un effectif aussi étoffé, j’étais forcément barré. J’ai tout perdu, y compris ma place en sélection. […] [En 1998] je n’ai rien à me reprocher. On aurait mis Maradona, c’était pareil. C’était un tel merdier. Artur Jorge me voulait, contrairement à certains dirigeants. J’ai servi de bouc émissaire, comme Rodriguez, Llacer ou Helder, autant de proches de Jorge, tous prêtés ou cédés. J’appelle ça un règlement de comptes, un grand nettoyage. On m’a savonné la planche. À mots couverts, on m’a sali et dit fini. […] Des joueurs ne sont pas faits pour des clubs et réciproquement. Je n’étais pas fait pour la capitale, mais il n’y a pas que le PSG dans la vie… Enfin, si le PSG me rappelle dans un an, je reviens ! Bien sûr… Je suis peut-être maso, mais je n’aime pas rester sur un échec. »
Il tente ensuite plusieurs reconversions à des postes techniques. Tout d’abord à Istres (L1), qu’il ne parvient pas à sauver de la relégation. Il fera alors la connaissance de Michel Moulin, ce qui lui permettra de devenir consultant pour le 10 Sport quelques années plus tard. Il sera également directeur sportif à Nantes (L2) durant quelques petites semaines, puis à Guingamp (L2), club qu’il quittera après une descente en National. Finalement, Gravelaine finira par comprendre qu’il est bien plus simple de se reconvertir définitivement dans le commentaire footballistique : il officie ainsi depuis 2005 sur France Télévisions, où il se fait surtout remarquer par des propos surréalistes, qui lui ont valu le titre de vice-micro de plomb 2010. Ainsi, lors de la dernière coupe du monde, il expliquera : « Il y a toujours un pied ghanéen qui empêche les Allemands de trouver la solution finale » ; plus récemment, en coupe de la Ligue, il aura cette image pleine de bon sens : « On se croirait dans la raquette de tennis de NBA. » Des phrases à l’image de sa carrière : sans queue ni tête.
Nicolas Ouédec
Pour remplacer Florian Maurice vendu à Marseille, Charles Biétry, en grand amateur du football nantais, prend le pari de relancer l’ancien international français Nicolas Ouédec, qui végétait alors à l’étranger.
Formé chez les Canaris, Ouédec fait sa première apparition chez les pros dès 1989, à 17 ans. Il s’impose petit à petit, marque ses premiers buts l’année suivante et devient un titulaire à part entière dès 1992. À la pointe d’une équipe nantaise plutôt en forme, il finit meilleur buteur de D1 en 1994 avec 20 réalisations, et se voit couronné champion de France la saison suivante, aux côtés de futurs parisiens comme Casagrande, Loko, Cauet ou Makelele. C’est assez logiquement qu’il intègre l’équipe de France à cette période-là, et semble même être dans le bon wagon pour jouer l’Euro 1996… jusqu’à ce qu’une blessure ne scelle son sort. Malgré ce désagrément, il souhaite quitter le FC Nantes et y parvient en signant à l’Espanyol Barcelone. Dans ce club pas forcément très en vue, Ouédec se fait petit à petit oublier, et perd définitivement contact avec les Bleus, malgré deux saisons correctes en Espagne — une quinzaine de buts marqués au total.
L’opportunité de rejoindre le club médiatique qu’est le PSG est pour lui une aubaine, et pour environ 40 MF, l’affaire est conclue. À son arrivée, il est beaucoup question de reconstituer le duo qu’il formait en Loire-Atlantique avec Patrice Loko. Les premières sensations sont bonnes, puisqu’en match amical face au Lech Pozna ? (Pologne), Ouédec réalise un triplé, et se fait acclamer par les supporters présents. « Porter le maillot du PSG est un grand honneur, explique l’ancien Nantais. C’est maintenant à moi de faire rêver les jeunes. » [4] Il commence la saison en tant que titulaire, mais se fracture un orteil lors de la première journée de championnat à Bordeaux. Il est arrêté quelques semaines, et revient fin août, face à Lorient. En manque de rythme, il se crée plusieurs occasions mais ne parvient pas à cadrer plusieurs têtes, ce qui lui vaut déjà quelques critiques, accentuées par la défaite du PSG ce soir-là.
Voyant son attaquant en difficulté, Alain Giresse ne l’aligne pas systématiquement. Ouédec finit tout de même par marquer son premier but sous le maillot parisien à Haïfa… même s’il s’agissait en fait d’une frappe anodine que le gardien israélien avait bêtement laissé passer sous son ventre. C’est finalement Artur Jorge qui le fera jouer un peu plus souvent, lui offrant plusieurs titularisations consécutives. Mais l’association avec Marco Simone ne fera jamais effet. Ouédec reste désespérément muet en championnat, et dès décembre, le joueur est annoncé partant.
Il trouve Montpellier comme point de chute, et quitte donc le PSG moins de six mois après son arrivée en échange de Xavier Gravelaine. Dans le sud, Ouédec ne se montre pas plus brillant. Il attend une dizaine de journées avant de marquer son premier but… face au PSG. Et sur la saison, il n’en marquera qu’un seul autre. Il effectue ensuite deux autres saisons dans le club de Louis Nicollin, aux côtés Patrice Loko — et Reynald Pedros —, mais il ne se montre guère meilleur : il joue une quinzaine de matches et marque deux petits buts par saison.
En 2001, Ouédec ne suscite plus vraiment d’intérêt et quitte la France pour aller jouer à La Louvière en Belgique, puis tente une aventure exotique en allant en Chine, d’abord au Dalian Haichang puis au Shandong Luneng Taishan. Il reste trois ans en Asie, le temps de garnir son palmarès : champion en 2002, vainqueur de la coupe de Chine en 2004, il est également meilleur passeur du championnat cette année-là. Et le joueur raccroche les crampons sur cette bonne note.
Adaílton
Lorsqu’il arrive au PSG, Martins Bolzan Adaílton est un grand espoir du football brésilien. Ayant joué à Juventude et à Guarani dans son pays natal, c’est surtout lors de deux tournois de jeunes qu’il se distingue. Tout d’abord en 1996, lors du tournoi de Toulon, où son équipe remporte la compétition et lui le trophée de meilleur joueur et de co-meilleur buteur. L’année suivante, il dispute le tournoi des moins de 20 ans en Malaisie, et si son équipe se fait sortir dès les quarts de finale, Adaílton cumule à nouveau le plus grand nombre de buts : dix en cinq rencontres, avec notamment un sextuplé contre la Corée du Sud. Mais aussi un but contre la France qui contenait en son sein de futurs grands joueurs — Henry, Trezeguet, Gallas, Sylvestre, Sagnol ou encore Landreau.
Après ce tournoi, l’Europe lui fait les yeux doux, et c’est le club de Parme qui achète finalement le jeune joueur âgé de 20 ans. En Italie, s’il marque pour sa première apparition, il doit se contenter de bouts de matches et de maigres titularisations, et a logiquement du mal à faire son trou derrière des joueurs comme Enricho Chiesa ou Hernán Crespo. Charles Biétry tente alors le coup en faisant une demande de prêt avec option d’achat… qui est acceptée par le club parmesan. « Je suis très content de jouer l’an prochain au PSG, se réjouit alors le jeune Brésilien. C’est le club le plus important de France. C’est vrai que le championnat d’Italie est sportivement plus relevé. Mais je préfère venir jouer en France dans une grande équipe que d’être prêté à un club italien de moindre qualité. L’essentiel pour moi est de ne pas rester sur le banc de touche comme cette saison à Parme. Je veux être titulaire. Ancelotti me trouvait trop jeune pour me titulariser. Je veux prouver en France ce que je vaux. »
Adaílton se blesse dès son arrivée, et il doit attendre la fin août pour débuter. Il rentre en toute fin de rencontre face à Lorient, et se distingue surtout par ses propos d’après-match, assurant que lui aurait concrétisé les occasions que Ouédec a ratées s’il était rentré plus tôt… L’attitude du Brésilien est particulièrement discutable, et ne lui permet pas de figurer plus souvent sur le terrain. Il joue si peu qu’un retour dans son club propriétaire est envisagé. Mais lorsque Artur Jorge remplace Alain Giresse, l’entraîneur portugais décide de garder le jeune attaquant, qui finit par goûter à sa première titularisation à la 15e journée. Il enchaînera d’ailleurs plusieurs rencontres dans le onze de départ, montrant surtout qu’il n’était pas plus en réussite que Ouédec. En février, il profite d’un match de coupe de France face à Thouars pour débloquer son compteur but : il réalise un doublé et qualifie son équipe. Néanmoins, il retourne ensuite sur le banc de touche, faisant régulièrement quelques entrées en cours de matches.
En fin de championnat, à Rennes, il a l’occasion de jouer toute une mi-temps, et marque de la tête — ce qu’il présentait comme son point fort — sur corner. Il gagne ainsi sa place de titulaire pour le match suivant : la venue de l’Olympique de Marseille. Durant cette rencontre devenue fameuse, il rate deux occasions très franches, et laisse sa place en fin de match à Rodriguez, qui pour sa part réussira à faire la différence. Adaílton marque un dernier but lors de l’utime journée de championnat, face à Bordeaux — but qui n’a pas vraiment été célébré, ni par le public, ni par ses coéquipiers, en raison du duel à distance entre les Girondins et les Marseillais pour le titre de champion. En fin de saison, Paris ne lève pas l’option d’achat, et Adaílton doit retourner en Italie.
Loin de réaliser la carrière de prodige qui était attendue, Adaílton devient la co-propriété du Hellas Verona. Il passe sept saisons dans ce club, marquant une cinquantaine de buts… dont l’essentiel en Serie B puisque cette formation descendra en 2002, sans jamais remonter depuis. En 2006, il est transféré au Genoa, toujours en seconde division italienne, où cette fois-ci il parvient à jouer la promotion en division supérieure. Il forme un duo d’attaque efficace avec Di Vaio… mais le club décide toutefois de le vendre à la fin de la saison.
Adaílton signe alors à Bologne, et reste donc en Serie B. Il obtient sa deuxième montée en deux ans, et a cette fois-ci le droit de rester, retrouvant ainsi l’élite italienne après six saisons de purgatoire. Ce qu’il fait deux saisons durant, jouant le maintien avec sa formation. L’été dernier, alors âgé de 33 ans, jouant de moins en moins en Italie, il choisit de découvrir un nouveau pays en signant au FC Vaslui (Roumanie), où il joue toujours actuellement.
Pierre Ducrocq, Fabrice Kelban, Edwin Murati
Florian Maurice, Edmilson, Franck Gava
Francis Llacer, Marko Pantelic, Christophe Revault
Marco Simone, Didier Martel, James Debbah
Édouard Cissé, Éric Rabesandratana
Igor Yanovski, Christian Wörns, Yann Lachuer
Mickaël Madar, Alain Goma, Bruno Rodriguez
Laurent Leroy, Grégory Paisley, Dominique Casagrande
Jay-Jay Okocha, Manuel Helder, Aliou Cissé
Xavier Gravelaine, Nicolas Ouédec, Adaílton
Bernard Lama, Nicolas Laspalles, Bruno Carotti
1997/1998 : de PSG-Steaua Bucarest au doublé des coupes nationales