Cette semaine, retrouvez les portraits de Gabriel Heinze, Cristobal et Joaquim Agostinho.
Gabriel Heinze
En 2001, Luis Fernandez recrute un joueur du championnat espagnol, un Argentin au nom allemand : Gabriel Heinze. Son arrivée au club, effectuée en même temps que la star Ronaldinho ou que la recrue onéreuse Hugo Leal, se fait très discrète. Et pourtant, le défenseur axial va réellement marquer le club.
Auparavant, en 1996, Heinze débute à 18 ans dans son club formateur des Newell’s Old Boys. Club dont l’une des stars était jusqu’en 1994 un certain Mauricio Pochettino. Au bout d’une saison et seulement huit apparitions, l’Europe s’intéresse à ce joueur, et Heinze part en Espagne, à Valladolid. Venu pour s’adapter au football ibérique, et pour achever sa formation, Heinze passe d’abord une saison sans effectuer aucune apparition avec les professionnels. Il est ensuite prêté au Sporting Portugal où il joue cinq malheureuses rencontres, et marque un but. C’est à son retour en Espagne que sa carrière décolle. Il devient un maillon essentiel à Valladolid et enchaîne les rencontres. Il acquiert une réputation de joueur rugueux et, en 2000/2001, est présenté comme le joueur qui effectue le plus de tacles en Liga.
C’est donc à ce moment-là que Luis Fernandez l’appelle à Paris, où Heinze a l’opportunité de côtoyer Pochettino, son idole de jeunesse. À ses côtés, il forme une charnière centrale très complémentaire : à l’anticipation et à l’expérience de Pochettino, Heinze ajoute sa grinta et son attrait pour le duel. Lors de l’une de ses premières rencontres, il marque un but paraît-il très beau — le match n’était pas filmé — à Simferopol en coupe Intertoto. Le Parc découvre ensuite petit à petit ce joueur qui se bat sur chaque duel, qui multiplie les tacles et dégagements spectaculaires ; pour le coup, tout le monde s’accorde assez vite à dire que Luis Fernandez a fait une bonne affaire. De façon épisodique, Heinze délaisse son poste de défenseur axial pour devenir arrière gauche : lors d’une rencontre à Nantes, il en profite pour effectuer deux passes décisives.
Lors de sa deuxième saison à Paris, Heinze prend de plus en plus d’assurance. Les performances de Pochettino vont en déclinant, et Heinze devient petit à petit le patron de la défense parisienne. Au Parc, il est l’un des vrais chouchous des tribunes. Sa hargne, ses provocations vis-à-vis des adversaires ainsi que ses buts importants — l’un contre Lyon, un autre contre l’OM — font de lui un joueur systématiquement acclamé au Parc, et détesté dans tous les autres stades. Ses performances sont si bonnes qu’il devient en 2003 international argentin.
Il vit assez mal l’intersaison suivante. Luis Fernandez s’en va, Vahid Halilhodzic lui succède, et Heinze n’apprécie guère le nouvel entraîneur parisien. Au refus catégorique de son transfert à Barcelone s’ajoute le fait que Halilhodzic veut faire de Heinze son arrière gauche. L’Argentin fait la tête durant tout le mois d’août puis, en septembre, il se fait une raison et devient à nouveau irréprochable sur le terrain. Avec devant lui Juan Pablo Sorin, Heinze forme un couloir gauche qui doit encore faire cauchemarder les ailiers droits du championnat de France. Le PSG réalise une saison excellente, et termine à la deuxième place.
Paris remporte également la coupe de France, mais sans Heinze en finale, puisqu’il était parti disputer une rencontre pour sa sélection. Toutefois, son nom mériterait de figurer au palmarès de la compétition puisqu’en seizièmes de finale, c’est lui qui relance Paris dans un match bien engagé contre Troyes. Alors que les Parisiens sont menés 0-2 jusqu’à la 89e minute, Heinze réduit la marque d’un superbe et étonnant coup franc du gauche. En fin de saison, comme prévu, Heinze s’en va, et rejoint Manchester United, le PSG faisant une belle plus-value à cette occasion.
À peine parti, Heinze ne manque pas d’égratigner Halilhodzic dans la presse, arguant de façon démagogique qu’il était la seule raison de son départ. Heinze multiplie d’ailleurs très régulièrement ce genre de propos qui flattent l’ego des supporters parisiens, le tout avec une régularité impressionnante. Mais la carrière de Heinze continue bel et bien loin de Paris. À Manchester, il découvre la Ligue des champions, et joue trois saisons durant au poste d’arrière gauche, dont il ne voulait pas entendre parler un an plus tôt. La première année, il est élu meilleur joueur de son club ; la seconde, une grosse blessure le prive de toute compétition ; et la troisième, il gagne enfin un titre de champion d’Angleterre.
- Gabriel Heinze
- Photo realmadrid.com
En 2007, il se met d’accord pour rejoindre Liverpool, mais United refuse de le céder à un club rival et préfère le voir partir à l’étranger. Heinze débarque donc à Madrid. Son passage dans la capitale espagnole est nettement plus mitigé. S’il est bien champion d’Espagne en 2008, ses multiples blessures et les choix du coach n’en font pas un joueur indispensable des Merengues. À tel point qu’en 2009, un départ du joueur serait bien vu par les dirigeants madrilènes. C’est à ce moment-là que Heinze souhaite donc enfin revenir à Paris, mais les dirigeants du PSG — autant pour des raisons salariales que pour laisser éclore Mamadou Sakho — décident de ne pas donner suite. Heinze rejoint donc l’OM de Didier Deschamps, où il devient le joueur le mieux payé du championnat de France.
Ses performances sont inégales, et il tarde à confirmer sa réputation. Si sa grinta est toujours présente, il passe au travers de rencontres plus souvent qu’auparavant. Il n’empêche que lors des rencontres importantes, il se montre toujours à la hauteur. Il marque même à plusieurs reprises, comme contre Paris au Vélodrome — chose qu’il réussira en 2009 et en 2011. Venu pour jouer dans l’axe de la défense, il est repositionné arrière gauche en deuxième partie de saison, et contribue ainsi à former le bloc compact et rugueux qui permettra à l’OM d’arracher son premier titre de champion de France depuis 18 ans. Heinze aura finalement parfaitement rempli son rôle de locomotive pour ses coéquipiers. Aujourd’hui, il joue encore à l’OM et s’est distingué récemment en se prenant le bec avec son président, par presse interposée, qu’il juge trop peu ambitieux pour son club.
Cristobal
En 2001, le latéral droit du PSG depuis 1996, Jimmy Algerino, quitte le club parisien. Pour lui succéder, jugeant Bernard Mendy encore un peu trop jeune, Luis Fernandez enrôle l’expérimenté Cristobal Parralo Aguilera, ancien international espagnol.
Natif d’Andalousie, et formé au FC Barcelone, Cristobal joue tout d’abord avec la réserve du club catalan — en 1986/1987 —, puis intègre l’équipe première la saison suivante. Il est utilisé régulièrement, et marque à 20 ans ses premiers buts en professionnel. Il gagne également son premier trophée : la coupe d’Espagne. Cristobal passe les saisons suivantes dans des clubs plus modestes : d’abord une saison à Oviedo, puis deux dans le club de Logroñés.
Ses prestations sont suffisamment bonnes pour le faire revenir au FC Barcelone en 1991. Il devient aussitôt international espagnol et, pour sa deuxième cape, affronte l’équipe de France à Séville, où il voit le but de la victoire adverse être marqué sur un ciseau par un certain… Luis Fernandez. Mais il ne joue pas autant qu’il le souhaiterait en Catalogne, et à l’issue de la saison — qui le voit devenir tout de même champion d’Espagne et vainqueur de la Ligue des champions — il doit se résoudre à quitter à nouveau ce grand d’Espagne.
- Cristobal Parralo
- Photo rcdespanyol.com
Il trouve à nouveau refuge à Oviedo, et renoue ainsi contact avec sa sélection espagnole, une saison durant. Il marquera même un but lors d’une rencontre internationale face à la Lituanie, mais disparaîtra ensuite de la Roja à partir de 1993. À Oviedo, il enchaîne toutefois les bonnes saisons ; en 1995, il tente un troisième passage à Barcelone… mais à l’Espanyol cette fois-ci. Il effectue six saisons là-bas, et croise le chemin de l’entraîneur Jose Luis Camacho et de Mauricio Pochettino. Après avoir gagné la coupe d’Espagne en 2001, Cristobal décide de rejoindre le défenseur argentin à Paris, pour une dernière pige dans sa carrière : Cristobal approche déjà les 34 ans quand il gagne la capitale française.
Au PSG, l’adaptation est rapide : Cristobal est vite dans le bain grâce à une entrée rapide dès le mois de juillet en Intertoto, mais également grâce à la présence de nombreux joueurs hispanophones. Dès le début du championnat, la défense du PSG se montre très solide, et la complicité entre Cristobal et le défenseur axial droit Pochettino n’y est pas étrangère. Latéral à l’ancienne, il ne faut pas espérer voir Cristobal effectuer des déboulés rageurs dans son couloir droit. Il cherche avant tout à défendre et à contrôler l’ailier gauche adverse ; et dans cet exercice, il n’est quasiment jamais pris en défaut. Dans la relance, il fait également parler toute son expérience avec un crochet de dégagement qui élimine systématiquement le pressing adverse.
Pour sa première saison parisienne, il est le joueur le plus utilisé par Luis Fernandez avec 32 apparitions — sur 34 possibles — dont 31 titularisations. La saison suivante est du même acabit. Cristobal reste invariablement fidèle au poste. Il réalise en coupe d’Europe une passe décisive, face à Ujpest, en faisant marquer Ronaldinho de la tête. Les résultats sont moins bons pour Paris, mais l’Espagnol fait partie des nombreux joueurs qui affichent un soutien indéfectible à Luis Fernandez. Avec 31 rencontres de championnat, il est le quatrième joueur le plus utilisé par l’entraîneur en 2002/2003.
En fin de saison, âgé de 36 ans et son contrat arrivant à terme, l’arrêt de sa carrière est de plus en plus envisagé. Il joue le dernier match de sa carrière en finale de coupe de France face à Auxerre. Le PSG s’incline dans les dernières minutes, et au coup de sifflet final, Cristobal est en pleurs après cette défaite cruelle. Il annonce officiellement sa retraite dans la foulée.
Après quelques mois d’inactivité, Cristobal retourne dans le monde du football en aidant Luis Fernandez lors de son passage à l’Espanyol Barcelone en 2003/2004. Puis il vient en aide à un autre de ses anciens mentors en devenant recruteur pour le Benfica Lisbonne de Camacho. En 2009, il est nommé entraîneur en chef de Santa Eulalia — en troisième division —, puis du FC Girone — en deuxième division. Cette dernière expérience tourne court, et Cristobal est licencié pour mauvais résultats en octobre 2009.
Joaquim Agostinho
Joaquim Agostinho da Silva Ribeiro est formé au Vitória Guimarães, où il débute en 1993, à l’âge de 18 ans. Ses performances sont suffisamment intéressantes pour attirer le grand Real Madrid, qui le recrute pour le faire jouer avec son équipe réserve. Mais l’expérience se passe mal, et même au sein de la réserve, Agostinho n’apparaît qu’à deux reprises. Il part alors au FC Séville au mercato hivernal, où il ne joue tout simplement jamais.
Après une année quasiment blanche, l’ailier gauche portugais décide de relancer sa carrière en partant évoluer en division inférieure. Il effectue une saison moyenne à Salamanque, une bien meilleure à Las Palmas, et atterrit enfin à Malaga, où son club joue la montée en Liga. Auteur d’une excellente saison, il est l’un des artisans du retour du club andalou dans l’élite, et continue à évoluer dans ce club les saisons suivantes. Il s’agit probablement de la meilleure période de sa carrière. Sa patte gauche acquiert une certaine notoriété et, en 2000/2001, il est l’un des pourvoyeurs de l’attaquant panaméen Julio Cesar Dely Valdes.
- Joaquim Agostinho
- Photo Christian Gavelle
En fin de mercato 2001, une rumeur insistante l’envoie à Paris. Luis Fernandez est en effet à la recherche d’un gaucher depuis le départ de Laurent Robert. L’entraîneur parisien nie toutefois les bruits concernant Agostinho, affirmant qu’il ne connaît pas ce joueur, et annonce une surprise pour la fin du marché estival. Et le 31 août, c’est pourtant bien Agostinho qui arrive à Paris sous la forme d’un prêt.
Le joueur est titulaire quinze jours après son arrivée, lors d’un déplacement à Lorient. Très vite, le scepticisme est de mise : plus que la supposée justesse de son pied gauche, c’est l’extrême lenteur du joueur qui marque les esprits. Au bout de 50 minutes, Agostinho est prié de regagner le banc, et voit le PSG arracher le match nul sans lui. Déçu par cette première entame, Luis Fernandez décide de ménager un peu son joueur. Il tente ensuite de le relancer avec quelques titularisations en coupes, et quelques rentrées en cours de matches en décembre, mais Agostinho se montre inexistant presque à chaque fois. Son seul fait d’arme est finalement un joli but marqué en coupe de France face à Luçon : une belle frappe enroulée du pied droit.
À partir de janvier, Fernandez se résout à considérer le prêt de ce joueur comme un échec et ne le fait plus rejouer. Cette saison ratée nuit considérablement à la carrière du joueur, qui ne peut que rebondir dans des modestes clubs portugais. Agostinho enchaîne les saisons à Moreirense, Poji Ejido, Felgueiras et Rio Ave. Dans ce dernier club, il joue à peine douze rencontres en deux saisons, et finit par échouer en 2007 en troisième division portugaise, à Valdevez. La saison suivante, il regagne l’Espagne, en quatrième division, à Palencia, et prend sa retraite en 2010, à 35 ans.
Pierre Ducrocq, Fabrice Kelban, Edwin Murati
Florian Maurice, Edmilson, Franck Gava
Francis Llacer, Marko Pantelic, Christophe Revault
Marco Simone, Didier Martel, James Debbah
Édouard Cissé, Éric Rabesandratana
Igor Yanovski, Christian Wörns, Yann Lachuer
Mickaël Madar, Alain Goma, Bruno Rodriguez
Laurent Leroy, Grégory Paisley, Dominique Casagrande
Jay-Jay Okocha, Manuel Helder, Aliou Cissé
Xavier Gravelaine, Nicolas Ouédec, Adaílton
Bernard Lama, Nicolas Laspalles, Bruno Carotti
Laurent Robert, Fabrice Abriel
Ali Benarbia, Talal El Karkouri
Christian, César
Kaba Diawara, Godwin Okpara
Nicolas Anelka, Didier Domi
Peter Luccin, Stéphane Dalmat, Marcos Vampeta
Mikel Arteta, Enrique De Lucas, Mauricio Pochettino
Bernard Mendy, Selim Benachour
Lionel Letizi, Frédéric Déhu, Sylvain Distin
Ronaldinho, Lionel Potillon, Stéphane Gillet
Jérôme Leroy, Bartholomew Ogbeche, Gaël Hiroux
Fabrice Fiorèse, Hugo Leal
Jérôme Alonzo, Alex Dias, José Aloisio
Gabriel Heinze, Cristobal, Joaquim Agostinho