Après les portraits de Laurent Robert, Fabrice Abriel, Ali Benarbia, Talal El Karkouri, Christian, César, Kaba Diawara et Godwin Okpara, retrouvez cette semaine le résumé de la saison 1999/2000 du PSG.
Des Parisiens revigorés
Après une saison 1998/1999 très éprouvante, Paris décide d’aborder l’exercice suivant avec le plus d’humilité possible. Les stars Marco Simone et Wörns sont parties, et Philippe Bergeroo a été confirmé dans ses fonctions. Le recrutement est judicieux à défaut d’être clinquant, et au mois de juillet seuls Benarbia, Robert et Okpara posent leurs valises au Camp des Loges. Le stage de préparation dans les Alpes se déroule à merveille, tous les joueurs louent la belle ambiance qui contraste avec les guerres claniques de la saison précédente. Ali Benarbia, qui a instauré les petits-déjeuners communs, est un des principaux responsables de cette belle entente ; Bergeroo en profite pour le nommer capitaine.
Les matches amicaux sont bons [1], et les Parisiens accumulent une confiance précieuse en battant le Milan AC lors de l’Opel Masters, juste avant la reprise du championnat. Celle-ci arrive avec la réception du promu Troyes. L’option tactique de Bergeroo est claire : il joue l’offensive. S’inspirant du récent champion bordelais, il aligne un 4-4-2 avec meneurs excentrés, mais surtout un Okocha en position reculée dans l’axe, qui s’avère transfiguré par rapport à la saison précédente. Paris ne gagne qu’un but à zéro, mais ce n’est qu’en raison des poteaux troyens que le score n’a pas été plus large. Le PSG enchaîne avec une victoire difficile à Rennes, un succès à domicile contre Metz puis un match nul contre Auxerre, arraché dans les dernières minutes.
Avec dix points sur douze possibles, Paris est leader de D1, et Laurent Robert est la révélation du début de saison. Le PSG n’a pourtant pas encore fini son recrutement : si Youri Djorkaëff a un temps fait un appel du pied pour revenir, Paris tente un coup en faisant venir deux néo-internationaux brésiliens : Christian et Cesar. Le dernier match d’août marque un coup d’arrêt pour Paris, avec une défaite à Lyon. Toutefois, le contexte de la rencontre avec deux expulsions côté parisien — et pas des moindres : Robert et Benarbia — tend à relativiser la portée de cette contre-performance. Juste avant la clôture du mercato intervient un nouveau coup de théâtre : Bruno Rodriguez, qui donnait pleinement satisfaction jusque-là, tente un bras de fer avec ses dirigeants pour obtenir une augmentation. Paris ne cède pas et l’expédie en Angleterre.
Une équipe sur courant alternatif
On craint alors que le PSG ne soit pas complètement guéri, et retombe dans des travers pas si lointains… Mais il n’en est rien. Paris reçoit Bordeaux à domicile et s’impose face au champion au titre au terme d’une prestation convaincante, grâce à un but d’anthologie d’Okocha. Mais le PSG demeure toutefois sur courant alternatif. Les deux matches à domicile suivants montrent que cette équipe parisienne doit encore travailler : face à Monaco, les Rouge et Bleu craquent dans les trente dernières minutes et s’inclinent 3-0, puis ne peuvent rien lors de la venue de Marseille (0-2). Ces grosses écuries sont probablement trop fortes pour un PSG en reconstruction.
Toutefois, entre-temps, les Parisiens se sont imposés avec la manière à La Beaujoire : un score fleuve (0-4), acquis en évoluant une mi-temps en infériorité numérique. Ce jour-là, le PSG pouvait compter sur un Okocha hors du commun, et Laurent Leroy faisait ses débuts dans le rôle du remplaçant décisif. Jusqu’à la mi-novembre, Paris continue sur les mêmes bases en oscillant entre le très bon et le franchement mauvais. Entre des prestations de qualité face à Sedan ou Saint-Étienne s’intercalent des lourdes défaites au Havre ou à Lens. La défense du PSG commence à être pointée du doigt : avec 20 buts encaissés en 15 journées, ce secteur est nettement perfectible. Et ce malgré les prestations de Bernard Lama, qui n’est plus très loin de son meilleur niveau.
Bergeroo change sa charnière centrale en titularisant Cesar, et donne plus de temps de jeu à Laurent Leroy et Aliou Cissé. La réussite est immédiate puisque Paris enchaîne quatre victoires de rang — Bastia, Montpellier, Rennes et Metz. De plus Christian, qui a eu besoin d’un temps d’intégration, est commence à marquer très régulièrement — il inscrit notamment un triplé en Lorraine. Juste avant la trêve, Paris doit toutefois de nouveau s’incliner, à Auxerre, mais le contenu de la rencontre ne présente rien d’inquiétant. Paris passe donc les fêtes de fin d’année à la troisième place, et les dirigeants, qui n’avaient pas fixé réellement d’objectif comptable, sont satisfaits.
Des gros matches et du surplace
Durant le mois de janvier, Paris voit partir les remplaçants Jérôme Leroy — en froid avec son entraîneur — et Bruno Carotti, ce qui est contrebalancé par les venues de Kaba Diawara et Talal El Karkouri. Surtout, Paris doit faire sans son artiste nigérian Okocha, parti à la Can. Le groupe parisien n’est pourtant pas perturbé, et après une reprise en douceur en coupe de la Ligue — victoire contre Créteil —, le championnat reprend contre Lyon. Le PSG réalise un match parfait, menant 2-0… jusqu’aux dix dernières minutes de jeu où, naïvement, les Parisiens encaissent deux buts sur corner. Le club de la capitale manque une occasion de frapper un grand coup.
Dans la foulée a lieu le déplacement à Bordeaux où le groupe parisien, touché par le décès du fils de Bruno Carotti, se montre particulièrement soudé et arrache un match nul à l’envie. Janvier s’achève par une victoire probante contre Strasbourg et des qualifications dans les deux coupes nationales.
Le mois de février est lui bien plus laborieux. À Monaco, leader incontesté du championnat, Paris perd sur un but hors-jeu de Trezeguet, après une expulsion de Robert, source d’une polémique entre le joueur et l’arbitre Ledentu, qui l’avait déjà expulsé en août. Cette fois c’est sûr, Paris ne sera pas champion, Monaco compte bien trop d’avance. D’autant que les coéquipiers de Benarbia font du surplace avec un nul contre Nantes, et surtout une lourde défaite à Marseille, 4-1. Paris avait pourtant ouvert le score, mais une expulsion d’un Leroy dans chaque camp — pas franchement méritée pour l’attaquant rouge et bleu — déséquilibrera complètement le PSG, qui prendra l’eau ensuite.
En coupe de la Ligue, le bon parcours du PSG continue, l’obstacle nancéen étant écarté sans sourciller par trois buts à rien. Une semaine plus tard, la même équipe se déplace au Parc, et ouvre cette fois-ci le score… à la 86e minute. Heureusement, Éric Rabesandratana ne veut pas de cette défaite et égalise face à son ancienne équipe d’une montée rageuse, après quatre minutes dans le temps additionnel. Ce match nul ne fait pas avancer l’équipe au classement, mais il permet aux joueurs de ne pas lâcher dans une période un peu moins garnie de succès.
Le couac gueugnonnais et le beau final
Après une élimination en coupe de France à Strasbourg et un nul à Sedan, les Franciliens gagnent enfin en championnat — après cinq matches sans succès — lors de la réception du Havre. Match qui s’est déroulé dans une ambiance particulière, les supporters faisant une grève des chants, estimant ne pas être assez considérés par les dirigeants et les joueurs de leur club. Le 1er avril, Paris valide son ticket pour la finale de la coupe de la Ligue en se défaisant de l’obstacle bastiais. En championnat, au soir de la 31e journée et après une superbe victoire face à Lens, Paris est troisième et doit espérer un quasi sans-faute pour dépasser Lyon, deuxième.
Mais avant de songer au championnat, il faut gagner la coupe de la Ligue. En finale, Paris affronte une équipe de deuxième division, Gueugnon, entraînée par Alex Dupont. Autant dire que la victoire est pliée d’avance. C’est en tout cas ce qu’ont dû penser les joueurs parisiens, très décontractés avant la rencontre au Stade de France. La semaine précédente, des bruits avaient fait état de discussions concernant les primes de victoires qui s’étaient mal déroulées… Et sur le terrain, face aux Forgerons, Paris n’y arrive pas. En coupe, c’est Dominique Casagrande qui joue ; le portier remplaçant doit s’incliner deux fois en seconde mi-temps. Le pire est que ce n’est pas immérité : Paris est passé complètement à travers de son match, et n’a jamais été proche de marquer. Le président Laurent Perpère refuse de serrer la main de ses joueurs lors du protocole, et la saison peut très mal se terminer.
Il reste au PSG à aller conquérir une deuxième place en D1, pour se rattraper. Malheureusement, rien ne sera facile : Paris doit aller en Corse, à Bastia, meilleure équipe à domicile cette année-là et invaincue sur ses terres. Pour une fois, les cartons rouges sont favorables aux Parisiens puisque Patrick Valéry se fait expulser. Paris en profite et marque par deux fois grâce à Laurent Robert et, surtout, à un lob mémorable d’Igor Yanovski. Bernard Lama s’est également montré décisif, en arrêtant un pénalty. Le gardien du PSG est à la fête la semaine suivante puisque, non prolongé par ses dirigeants, il dispute son dernier match au Parc des Princes, sous les couleurs parisiennes, face à Montpellier. Paris gagne 3-0 — avec un coup franc invraisemblable de puissance de Robert. En fin de rencontre, le mythique portier guyannais est porté en triomphe par ses partenaires.
Grâce à ces deux victoires, Paris est deuxième avant la dernière journée, et il ne lui faut plus qu’un point pour assurer ce classement. Cela tombe plutôt bien puisque l’adversaire troyen a également besoin d’un point pour se maintenir. Après un première mi-temps spectaculaire qui s’achève sur le score de 2-2, les deux équipes ne prennent plus de risque en seconde période, et le score en reste là. Le PSG est deuxième, à sept points du champion Monaco, et jouera la Ligue des champions sans passer par le tour préliminaire.
Cette fois, il s’agit bien d’une saison du renouveau. En faisant de son équipe une formation joueuse, Bergeroo a pris des risques, et a parfois été à la limite de chuter au classement. Mais cette année-là, les cadres ont joué leur rôle et ont su remettre l’équipe sur les rails après les périodes difficiles pour obtenir un classement mérité, avec finalement pour seul accroc cet échec en coupe de la Ligue. Dans le dernier livre de Bruno Salomon — Témoignages — 40 stars pour 40 ans de passion [2] —, Bernard Lama évoque cette saison en parlant d’« une équipe moyenne [qui] a quand même réussi à terminer deuxième, […] un peu au-dessus de son niveau sportif ». Il n’a pas tort : ce n’était pas la meilleure équipe du PSG, et elle a probablement bénéficié d’une très grande homogénéité en D1 cette saison — hormis Monaco — pour obtenir son classement. Mais cette formation attachante a laissé un véritable bon souvenir, en jalonnant sa saison de rencontres agréables. Au final, ce qui devait n’être qu’une saison de transition après la catastrophique saison 1998/1999 s’est révélée être une bonne saison, permettant de renouer dès l’été 2000 avec des ambitions élevées. Trop peut-être…
Les moments forts de la saison
En bref, quelques unes des images marquantes de la saison 1999/2000 du PSG :
les arabesques d’Okocha face à Nantes en championnat ;
Laspalles en pleurs après son match héroïque à Bordeaux ;
Christian auteur d’un quadruplé face à Strasbourg [3] ;
Laurent Perpère, le visage grave, qui refuse de serrer la main à ses joueurs en finale de la coupe de la Ligue ;
Igor Yanovski, joueur considéré comme un des plus rudimentaires de l’effectif, qui donne la victoire à son équipe à Bastia — décisive pour la qualification en Ligue des champions — d’un superbe lob ;
Bernard Lama sur les épaules de ses coéquipiers pour son dernier match au Parc des Princes.
L’équipe-type de la saison
A. Cissé, Okpara, Rabesandratana, Laspalles
Benarbia, Okocha, Ducrocq, Robert
Christian, L. Leroy
À noter que cette équipe-type est basée sur le nombre de titularisations pour un poste donné. Ainsi Godwin Okpara y figure en tant que défenseur central alors qu’il a moins joué que d’autres joueurs — Algerino et Yanovski notamment —, parce qu’ils n’évoluent pas aux mêmes postes.
Ont également participé à cette saison, par ordre décroissant de titularisations : Algerino, Madar, Yanovski, É. Cissé, El Karkouri, Cesar, Murati, B. Rodriguez, J. Leroy, Diawara, Casagrande, Abriel, Carotti.
Pierre Ducrocq, Fabrice Kelban, Edwin Murati
Florian Maurice, Edmilson, Franck Gava
Francis Llacer, Marko Pantelic, Christophe Revault
Marco Simone, Didier Martel, James Debbah
Édouard Cissé, Éric Rabesandratana
Igor Yanovski, Christian Wörns, Yann Lachuer
Mickaël Madar, Alain Goma, Bruno Rodriguez
Laurent Leroy, Grégory Paisley, Dominique Casagrande
Jay-Jay Okocha, Manuel Helder, Aliou Cissé
Xavier Gravelaine, Nicolas Ouédec, Adaílton
Bernard Lama, Nicolas Laspalles, Bruno Carotti
Laurent Robert, Fabrice Abriel
Ali Benarbia, Talal El Karkouri
Christian, César
Kaba Diawara, Godwin Okpara
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1999/2000 : mieux qu’une saison de transition