Cette semaine, retrouvez les portraits de Lorik Cana et André Luiz.
Lorik Cana
Le Paris Saint-Germain a cette particularité d’avoir sorti de son centre de formation deux des plus grands joueurs de l’histoire du football albanais : Edwin Murati dans les années 1990, et Lorik Cana dans les années 2000. Ce dernier est né en 1983 dans l’actuel Kosovo. En 1992, sa famille fuit le pays en prévision des événements dramatiques à venir, et va s’installer en Suisse. Hagim Cana finit alors sa carrière professionnelle de footballeur à Montreux, quand son fils Lorik intègre les équipes de jeune de Lausanne. En 2000, au détour d’un tournoi en Espagne, il se fait remarquer par le Real Madrid, le PSG et Arsenal. Il va passer un essai dans le club londonien, mais se fait refouler à la frontière à cause de son statut de réfugié politique. Le PSG en profite et lui fait passer une semaine au Camp des Loges. L’entraîneur de la réserve, Antoine Kombouaré, est séduit par le joueur et fait ce qu’il faut pour que celui-ci intègre le centre de formation parisien. Lorik Cana ne manquera d’ailleurs pas de l’en remercier : « Antoine a été extraordinaire avec moi. Ma situation faisait peur au PSG. Pendant des semaines, j’ai été en situation irrégulière. Heureusement, Antoine s’est démené comme un fou pour moi. » [1]
Cana passe alors plusieurs saisons au sein de la réserve parisienne, puis intègre le groupe professionnel en 2003, grâce à Luis Fernandez. En fin de saison, le PSG n’a en effet plus que la coupe de France comme objectif, et l’entraîneur parisien en profite pour faire allègrement tourner en championnat. Cana est ainsi titulaire pour les trois derniers matches à l’extérieur du club parisien, et il délivre même une passe décisive pour Alioune Touré lors de sa première apparition, à Nantes. Ces quelques matches sont suffisants pour faire de lui un international albanais dès la fin de saison, et pour obtenir un premier contrat pro à Paris.
Durant la saison qui suit, Halilhodzic remplace Fernandez, mais l’ancien technicien lillois semble tout autant séduit par le jeune milieu de terrain albanais. Lors de la première journée de la saison 2003/2004, Cana rentre en jeu en championnat face à Bastia ; il se crée la plus grosse occasion du match, mais manque son plat du pied du gauche face au gardien. Cana fait une autre entrée en cours de partie à la cinquième journée, mais c’est lors du match suivant, face à Toulouse, qu’il rentre définitivement dans le onze-type parisien : Halilhodzic fait descendre Déhu en défense centrale ; pour le suppléer au milieu de terrain, le Bosnien fait confiance à Cana, qui forme un duo de récupérateurs avec Mbami. La formule est gagnante : le PSG enchaîne une série de cinq victoires consécutives, et monte petit à petit au classement. Cana prend alors confiance et s’impose alors comme un milieu de terrain purement défensif, qui sait imposer son physique pour endiguer les attaques adverses, et transmettre au joueur offensif le plus proche, sans fioriture.
À la onzième journée, il obtient le premier carton rouge de sa carrière, à Ajaccio. De façon générale, Cana se laisse parfois emporter par son engagement et commet des fautes grossières. Sa suspension ne lui fait pas perdre sa place, et il continue à être invariablement titulaire dans cette équipe solide du PSG, qui réussira à terminer deuxième au classement général. Cana marquera son premier but en pro à Auxerre, sur une passe de Ljuboja ; sera expulsé une deuxième fois à Strasbourg ; et gagnera son premier titre — le seul à ce jour —, la coupe de France.
La saison suivante, il repart évidemment titulaire dans une équipe qui s’apprête à jouer la Ligue des champions. Si le joueur aligne toujours ses performances solides, le PSG a lui plus de mal, et traverse assez rapidement des crises profondes. Cana marque bien un but de la tête à Lens, mais les résultats ne sont pas là. Lorsque Paris reçoit l’OM, en novembre, Cana fait partie des joueurs qui semblent le plus en vouloir à Fabrice Fiorèse d’avoir quitté Paris pour le rival marseillais… Et il est le premier à aller sauter dans les bras d’Édouard Cissé après son but victorieux contre le rival sudiste. L’attachement de ce joueur hargneux au Paris Saint-Germain semble alors exemplaire. Cana traverse la mauvaise saison parisienne avec un statut d’invariable titulaire, même lorsque Laurent Fournier reprend l’équipe en fin de saison. Il obtient alors un nouveau contrat et une revalorisation salariale, lui qui depuis deux saisons évoluait avec son salaire de jeune débutant.
En 2005/2006, Fournier envisage une toute nouvelle option tactique : il veut faire de Dhorasoo son meneur de jeu, et n’évolue qu’avec un seul récupérateur. C’est Mbami qui hérite du poste en début de saison, et Lorik Cana passe les premières journées de championnat sur le banc de touche — il rentre lors des première et quatrième journées de championnat. L’Albanais vit très mal cette situation, et malgré sa récente revalorisation salariale, il n’est pas prêt à affronter la concurrence — Laurent Fournier n’a pourtant pas hésité à écarter Mbami peu après quand celui-ci était moins bon. Aussi, dès que l’OM se montre intéressé pour le recruter, Lorik et son père-agent Hagim font tout pour quitter le PSG avant la fin août. Le directeur sportif parisien de l’époque, Jean-Michel Moutier, se retrouve alors face un Hagim Cana qui joue la carte de l’intimidation en mimant un coup de feu avec ses doigts… « Le PSG a demandé à la police d’enquêter sur la famille du joueur afin d’évaluer les risques du dossier, expliquent Pérès, Riolo et Aiello dans PSG/OM, les meilleurs ennemis. La réponse des représentants de l’ordre sera limpide : “Si vous ne voulez pas d’ennuis, libérez-vous de ce joueur. La menace est réelle.” » [2] Face à des telles extrémités, les dirigeants parisiens cèdent, et Lorik Cana part à Marseille pour 3,5 M€.
- Lorik Cana
- Photo galatasaray.org
Durant les deux années qu’il a passées à Paris en tant que titulaire, Cana aura été irréprochable, et mérite d’être salué pour cela. Mais la façon dont il est parti, en refusant la concurrence et en effectuant un coup de force, laisse un goût amer aux supporters parisiens. À Marseille, avec ce départ fracassant de Paris et son jeu rugueux, débordant d’énergie, l’international albanais est très vite adopté par le public. D’autant qu’il a le bonheur de marquer son premier but contre… le Paris Saint-Germain, célébré d’une façon excessive, montrant à quel point il en voulait à son ancien club de l’avoir révélé.
Il s’impose durablement à Marseille, où il passe plusieurs belles saisons. En 2007, il profite du départ de Habib Beye pour devenir le capitaine de la formation phocéenne. En 2009, il marque un nouveau but contre Paris lors de la victoire 1-3 de l’OM au Parc des Princes puis, en fin de saison, il quitte la France pour rejoindre Sunderland, où il est immédiatement nommé capitaine. Après une bonne saison en Angleterre, Cana s’en va à l’été 2010 pour la Turquie et Galatasaray, qui le recrute pour 4,5 M€.
André Luiz
Né à São Paulo en 1974, André Luiz Moreira intègre le club phare de sa ville, le São Paulo FC, en 1992. Un an plus tard, en février 1993, le jeune latéral gauche effectue ses débuts professionnels, et évolue quelques mois durant avec Raí, puis Leonardo la saison suivante. André Luiz profite alors de la période faste de son club pour gagner ses premiers et seuls titres : une Copa Libertadores et une coupe Intercontinentale. Tantôt latéral gauche, tantôt milieu de terrain, André Luiz progresse avec régularité au fil des années et intègre l’équipe nationale du Brésil en 1995, lors d’une rencontre amicale face à la Slovaquie. En 1996, il part disputer les Jeux olympiques à Atlanta, où le Brésil obtient la médaille de bronze ; à la fin de l’année, il connaît son premier transfert : racheté par une banque brésilienne, le joueur est ensuite cédé aux Corinthians, autre club de São Paulo.
Dans son nouveau club, André Luiz est victime d’une blessure qui réduit considérablement son temps de jeu. Le joueur n’effectue que 14 rencontres, mais parvient à se distinguer en marquant le but de la victoire face à ses anciens coéquipiers du São Paulo FC. À l’été, âgé de 25 ans, André Luiz se sent prêt à aller en Europe, et il choisit de rejoindre le point le plus proche du Brésil en signant au CD Tenerife, club de première division espagnole basé dans l’archipel des Canaries. Dans cette équipe qui lutte contre la relégation, André Luiz doit affronter plusieurs changements d’entraîneur. Si Victor Fernandez, qui l’a fait venir, lui faisait confiance, son successeur Artur Jorge place le gaucher brésilien le plus souvent sur le banc de touche. André Luiz connaître ensuite trois nouveaux coaches et demandera à quitter le club en 1999. Cela se fera sous forme de prêts successifs : il fera deux années au Brésil, à Cruzeiro puis aux Corinthians, et en 2001, lors des derniers jours du mercato estival, il atterrit dans le Marseille de Bernard Tapie et José Anigo.
Il est lancé lors de la dixième journée, à l’occasion d’un déplacement à Metz. André Luiz joue au sein d’un milieu à trois éléments, entre l’axe et le côté gauche, et se montre assez vite en forme. Il ne quitte plus l’équipe et marque assez vite ses deux premiers buts, les deux fois sur coup franc. Sa patte gauche plaît, et malgré une saison phocéenne très moyenne, il fait partie des révélations de l’équipe. En deuxième partie de saison, il porte même le brassard de capitaine lors des absences de Franck Leboeuf. C’est assez logiquement que les dirigeants de l’OM se tournent vers Tenerife pour acquérir définitivement le joueur… mais ils seront devancés par le PSG, qui offre 6,5 M€ au club espagnol, et un contrat plus rémunérateur au joueur brésilien. Celui-ci arrive donc dans la capitale à l’été 2002.
Luis Fernandez a davantage dans l’idée d’en faire un milieu gauche très offensif, et c’est à ce poste qu’il est titularisé pour sa première apparition contre Auxerre. Lors de son deuxième match, à Bordeaux, il est expulsé. Ses premiers pas parisiens sont globalement moyens même si, sur certaines fulgurances, son pied gauche semble extrêmement précis. On croit le joueur lancé lorsqu’à l’occasion de la réception de Strasbourg, il réalise deux passes décisives et est à l’origine d’un autre but. Le match suivant, il effectue une nouvelle passe décisive pour Paulo Cesar. Mais une petite blessure le coupe dans son élan, et le Brésilien manque quelques rencontres. À son retour, il marque ses premiers buts : une tête piquée contre Lens, et un coup franc direct en coupe d’Europe à Bucarest. Mais ce sera tout, et le niveau du joueur s’avère être de plus en plus inquiétant : sa lenteur dans le jeu pose un réel problème à la formation parisienne.
- André Luiz Moreira
- Photo santosfc.com.br
En deuxième partie de saison, entre choix de l’entraîneur et pépins physiques, il ne prend part qu’à quatre rencontres de championnat. Lors de la trêve estivale, Halilhodzic arrive au club et annonce qu’il ne compte pas sur le Brésilien : celui-ci est alors expédié en prêt aux Corinthians puis à Fluminense, où il jouera très peu. En 2004, l’entraîneur bosnien ne veut toujours pas entendre parler du milieu de terrain, et un accord amiable est trouvé pour résilier son contrat. André Luiz est alors libre de signer où bon lui semble, et il choisit de rejoindre l’AC Ajaccio. Plutôt à son aise dans ce club modeste qui possède plusieurs joueurs brésiliens, André Luiz se met surtout en avant en étant le bourreau de ses anciens clubs : il réalise un doublé contre l’OM, et marque le but de la victoire contre le PSG. Sa deuxième saison en Corse est toutefois plus compliquée, puisqu’Ajaccio finira par descendre… mais André Luiz n’ira même pas au bout de cet exercice : après la 33e journée, il résilie son contrat et retourne au Brésil.
Il met plusieurs mois à trouver un club ; en septembre, il signe à Santos, où il ne reste que deux mois. Âgé de 32 ans, André Luiz s’exile au Mexique en 2007, rejoignant les Jaguares de Chiapas — où il réalise deux saisons pleines —, avant de signer en 2009 chez les San José Earthquakes, dans le championnat nord-américain. Les blessures ne cessent alors de s’accumuler, notamment une rupture des ligaments croisées en juin 2010. Au final, en deux saisons, il n’aura fait que 16 apparitions en MLS. Aujourd’hui âgé de 37 ans, il fait encore partie de l’effectif de San José.
Pierre Ducrocq, Fabrice Kelban, Edwin Murati
Florian Maurice, Edmilson, Franck Gava
Francis Llacer, Marko Pantelic, Christophe Revault
Marco Simone, Didier Martel, James Debbah
Édouard Cissé, Éric Rabesandratana
Igor Yanovski, Christian Wörns, Yann Lachuer
Mickaël Madar, Alain Goma, Bruno Rodriguez
Laurent Leroy, Grégory Paisley, Dominique Casagrande
Jay-Jay Okocha, Manuel Helder, Aliou Cissé
Xavier Gravelaine, Nicolas Ouédec, Adaílton
Bernard Lama, Nicolas Laspalles, Bruno Carotti
Laurent Robert, Fabrice Abriel
Ali Benarbia, Talal El Karkouri
Christian, César
Kaba Diawara, Godwin Okpara
Nicolas Anelka, Didier Domi
Peter Luccin, Stéphane Dalmat, Marcos Vampeta
Mikel Arteta, Enrique De Lucas, Mauricio Pochettino
Bernard Mendy, Selim Benachour
Lionel Letizi, Frédéric Déhu, Sylvain Distin
Ronaldinho, Lionel Potillon, Stéphane Gillet
Jérôme Leroy, Bartholomew Ogbeche, Gaël Hiroux
Fabrice Fiorèse, Hugo Leal
Jérôme Alonzo, Alex Dias, José Aloisio
Gabriel Heinze, Cristobal, Joaquim Agostinho
Lorik Cana, André Luiz
Martin Cardetti, Paulo César
Alex Nyarko, Alioune Touré, Filipe Teixeira
Stéphane Pédron, Romain Rocchi, Chiguy Lucau