Cette semaine, retrouvez les portraits de Pierre Ducrocq, Fabrice Kelban et Edwin Murati.
Pierre Ducrocq
En 1997, Pierre Ducrocq revient d’un prêt à Laval (D2). Auparavant, il était déjà apparu à huit petites reprises avec le PSG en 1994/1995 puis en 1995/1996. Après une saison pleine en deuxième division, Ducrocq revient donc sur la pointe des pieds dans son club formateur.
Il débute la saison avec l’équipe réserve, et assiste de loin au bon début de saison parisien. Mais, comme Édouard Cissé, il profite des blessures et suspensions au milieu pour intégrer progressivement l’équipe première. Après quelques remplacements et une titularisation en Ligue des champions lors de la première partie de saison, il obtient la confiance durable de Ricardo, qui le titularise systématiquement lors des trois derniers mois, de la 27e à la 34e et dernière journée de D1 en passant par les finales de coupes.
Son activité intense est vivement appréciée, et l’on prédit très rapidement à ce joueur un grand avenir en numéro 6. Il se distingue même offensivement à deux reprises : en obtenant un penalty face à Bordeaux en coupe de la Ligue, puis en marquant son premier but face à Monaco — bien aidé par le dos de Franck Dumas — lors des adieux de Raí. Des jeunes Parisiens lancés cette saison-là, il est de loin le plus convaincant.
À l’été 1998, Alain Giresse puis Artur Jorge — à partir du mois d’octobre — le titularisent sans discontinuer. La saison du PSG est mauvaise, et Ducrocq s’avère être la seule satisfaction du club. Son niveau de jeu est loué de tous, et il joue régulièrement chez les Bleuets. Après un match gagné au Havre, il obtient la note de 8 dans L’Équipe, avec ce commentaire : « Quand il est à ce niveau, Ducrocq est injouable. ». Cependant, de manière très étonnante, Artur Jorge décide de le sortir de l’équipe début janvier. Personne ne comprend réellement ce choix. Fin février, lors d’un match de coupe de France face à Nantes, Ducrocq rentre en cours de partie, acclamé par le public du Parc des Princes. Il permet au PSG d’égaliser d’une reprise de volée à l’entrée de la surface. Le PSG s’inclinera aux tirs au but, mais Ducrocq ne sortira plus de l’équipe, et le successeur de Jorge, Philippe Bergeroo, ne remettra pas en cause le statut de titulaire du joueur.
Tout va bien pour le jeune homme, à qui l’on prédit un avenir à la Deschamps. À l’été 1999, une rumeur insistante envoie l’espoir parisien vers la Juventus. Un mouvement se crée sur Internet — relayé par PSGMAG.NET à l’époque — pour que le joueur reste à Paris. Ducrocq reste fidèle à son club : il est donc de la belle saison 1999/2000. Dans une équipe très offensive, il assume la tâche ingrate de colmater toutes les brèches. Il permet à Okocha de briller à ses côtés, mais son travail est forcément moins mis en lumière. Ce qui ne l’empêche pas de poursuivre sa trajectoire ascendante en se rapprochant des Bleus : il intègre l’équipe de France A’.
C’est ici l’apogée de sa carrière, puisqu’un coup dur va arriver : le trio Perpère-Lamarche-Lescure décide de faire du PSG une vitrine de la banlieue parisienne — sans considérer que Ducrocq vient de Pontoise —, et recrutent massivement de nouveaux joueurs, jeunes et onéreux. Peter Luccin ravit donc la place de Ducrocq, qui doit se contenter des matches où Bergeroo fait tourner pour jouer à nouveau. En Ligue des Champions, il rentre au cours du célèbre match face à Rosenborg et adresse la passe décisive du cinquième but à Laurent Leroy.
Ducrocq s’avère être un des premiers bénéficiaires de l’arrivée de Luis Fernandez. Celui-ci n’est pas particulièrement fan de Luccin, et il a pour premier objectif de consolider son bloc. Il accumule alors à outrance les joueurs à vocation défensive, permettant ainsi à Ducrocq d’enchaîner les titularisations. Le natif de Tarifa tente même un repositionnement de Ducrocq au poste d’arrière droit. Alors âgé de 24 ans, Ducrocq n’est plus vu comme un espoir, rôle qui incombe désormais au jeune Arteta. Les jugements se font plus durs à son égard et les questions sur l’utilité réelle du joueur naissent.
En 2001/2002, Fernandez ne compte pas vraiment sur lui. S’il participe à la campagne en coupe Intertoto puis au premier match de championnat, Ducrocq est rapidement mis à l’écart. Il est finalement prêté au club anglais de Derby County, puis transféré définitivement… au Havre. Là-bas, il connaît la relégation, mais devient un maillon essentiel du club. Capitaine, il se reconvertit en défenseur central, et reste cinq années en Normandie — dont quatre en L2. En 2007, il enchaîne par deux saisons à Strasbourg, où il est une nouvelle fois relégué en L2. Il s’enfuit lorsque Gilbert Gress revient avec ses méthodes archaïques : il demandait à Ducrocq de pratiquer le marquage individuel. Il s’envole donc pour le modeste club de Kavala, en Grèce, où il retrouve quelques connaissances du championnat de France : Itandje, Oruma ou encore Frédéric Mendy… Au final, la politique de transferts du PSG et les choix de carrière de Ducrocq l’auront conduit à ne devenir qu’un joueur fiable de bas de tableau de L1, alors que les promesses affichées à ses débuts lui avaient permis d’aspirer à bien plus.
Fabrice Kelban
En 1997, le PSG est fier d’intégrer à son groupe pro un jeune joueur formé au club, récemment sacré champion d’Europe des moins de 19 ans : Fabrice Kelban. Arrière droit avec la réserve parisienne, le joueur est surtout là pour faire le nombre à l’entraînement. Toutefois, l’avalanche de blessures et de suspensions au mois de novembre lui permet de débuter sa carrière professionnelle par une titularisation au Parc des Princes, qui plus est dans un match de Ligue des champions décisif pour la qualification en quarts de finale, face au Besiktas. Il évolue avec ses amis de la réserve, Ducrocq et Cissé, et le baptême se passe plutôt bien pour lui. Paris s’impose, mais manque malheureusement la qualification de peu.
Kelban profite de cette nouvelle notoriété pour grappiller quelques sélections chez les Espoirs. Au PSG, cependant, il doit attendre les matches sans enjeu de fin de saison pour fouler à nouveau la pelouse. Il est notamment sur le terrain pour les adieux émouvants de Raí face à Monaco.
La saison suivante, il n’obtient la confiance d’aucun des trois entraîneurs passés par le club — Giresse, Jorge, Bergeroo —, et passe une année blanche. En août 1999, il accepte donc d’être prêté en Ligue 2, à Créteil, où il se forge une petite expérience : il est titularisé à 17 reprises en championnat. En 2000/2001, il revient au PSG plein d’espoirs, mais Philippe Bergeroo, malgré un turn-over important, ne le sollicite jamais avec le groupe pro. À la trêve, Luis Fernandez, de retour au club, suggère à Kelban de partir à nouveau en prêt.
Dans le cadre d’un partenariat entre le PSG et le Sporting de Charleroi — partenariat qui restera sans suite —, Kelban débarque en Belgique en janvier 2001, avant d’y être transféré définitivement en fin de la saison. Il reste au club deux saisons. Depuis 2003, on ne trouve plus trace de ce joueur, qui était alors âgé de 24 ans. Mais Kelban restera à jamais une star : il figure en effet au générique du film Didier d’Alain Chabat, au même titre que tous les pensionnaires de la CFA du PSG de l’époque.
Edwin Murati
Le milieu gauche albanais Edwin Murati a eu un parcours que l’on peut qualifier de particulier. En 1990, âgé de 14 ans et classé en junior au Partizan de Tirana, il demande à suivre les seniors dans leur déplacement européen à Rotterdam. Là-bas, il se fait la malle et entre illégalement en Allemagne — en passant la frontière dans le coffre d’une voiture —, puis en France — en se faufilant dans des forêts — pour rejoindre son frère aîné à Paris [1].
Une fois dans la capitale, il réussit par le biais d’une connaissance à faire un match amical avec les moins de 17 ans du PSG. Les dirigeants parisiens sont convaincus par la fougue du jeune albanais, et décident de l’intégrer au centre de formation. Le PSG prendra en charge les formalités administratives pour le joueur, qui obtiendra le statut de réfugié politique, puis la double nationalité en 1997. Entre temps, il suit le parcours classique d’un jeune footballeur, faisant ses débuts professionnels en étant prêté à l’étage inférieur : il joue successivement à Châteauroux puis à Saint-Brieuc — l’année du dépôt de bilan du club breton. En 1997, il revient donc à Paris avec l’espoir de jouer enfin dans l’équipe première.
Il le fera cette saison-là, mais devra attendre la toute journée de championnat pour une rencontre sans enjeu face à son ancien club, Châteauroux. Le PSG perd, mais Murati, titulaire, est à créditer d’une passe décisive — bien involontaire, puisqu’il s’agit en fait d’un tir manqué repris victorieusement par Simone.
Murati est de nouveau prêté la saison suivante, au Fortuna Düsseldorf — en D2 allemande —, avec lequel il joue une dizaine de rencontres. Nouveau retour à Paris en 1999 où il semble que, cette fois-ci, son entraîneur compte un peu plus sur lui : il est le remplaçant attitré de Laurent Robert, ce qui est plutôt une aubaine pour lui, le Réunionnais étant suspendu à de nombreuses reprises…
Le natif de Tirana est donc titulaire pour la première fois lors d’une rencontre face à Bordeaux — après un voyage éprouvant en sélection albanaise. Il se montre plutôt à son aise lors de cette rencontre, et Philippe Bergeroo est satisfait de son joueur. Il le titularise à nouveau la semaine suivante à Strasbourg, mais cette fois-ci le joueur ne fait pas l’unanimité : toujours très motivé, Murati a pêché par excès de gourmandise en adressant en une mi-temps une demi-douzaine de frappes, toutes hors cadre, alors qu’il aurait pu trouver un partenaire à chaque fois.
Ce n’est cependant pas rédhibitoire, le joueur reste un novice à ce niveau, et le coach parisien n’hésite pas à faire appel à lui régulièrement. Notamment lors d’un match face à Saint-Étienne où, privé de Yanovski et Laspalles, il aligne Murati arrière gauche. La saison est donc plutôt une réussite pour le joueur, qui totalise 16 apparitions en D1 et marque son premier et seul but sous le maillot du PSG — face à Nancy en coupe de la Ligue.
À l’intersaison, le promu lillois de Vahid Halilhodzic lui fait les yeux doux, et Murati est transféré dans le Nord. Il y reste deux saisons, sans s’imposer réellement, puis s’exile en Grèce à l’Iraklis Thessalonique (D1) puis au Panserraikos FC (D2), où il terminera sa carrière.
Au même titre qu’un autre joueur formé au PSG, Lorik Cana, Edwin Murati fut considéré comme une star de l’équipe nationale albanaise, avec laquelle il compte 41 sélections. Il a notamment participé en 2004 à la victoire historique de l’Albanie contre le champion d’Europe en titre — la Grèce —, inscrivant même le but victorieux.