Cette semaine, retrouvez les portraits de Yann Lachuer, Christian Wörns et Igor Yanovski.
Yann Lachuer
Arrivé au PSG à l’été 1998, Yann Lachuer avait en fait paraphé son contrat bien plus tôt en vertu de l’arrêt Bosman. C’est Michel Denisot qui l’avait recruté, et donc indirectement imposé à son successeur Charles Biétry, nommé mi-mars et officiellement entré en fonction au mois de mai. Avant cela, la carrière au haut-niveau de Yann Lachuer était relativement fraîche.
S’il avait certes débuté en deuxième division à Créteil lors de la saison 1992/1993, il avait ensuite signé à Auxerre, où il n’a quasiment jamais joué en trois ans. Il a ensuite été prêté à Châteauroux, à nouveau en D2, où il s’est montré brillant, inscrivant même 9 buts. À son retour en Bourgogne, à 25 ans, il entre enfin dans les plans de Guy Roux et reste titulaire toute la saison en tant que meneur de jeu. Alors qu’il s’est particulièrement mis en valeur, il arrive en fin de contrat à l’issue de la saison, et peut donc quitter l’Yonne pour le voisin parisien sans que celui-ci n’ait d’indemnité de transfert à payer.
Même s’il n’était pas forcément désiré par la nouvelle présidence parisienne, Yann Lachuer est plutôt bien accueilli, et l’entraîneur Alain Giresse, semble compter sur lui, mais plutôt en tant que milieu droit. Pour pour son premier match officiel avec son nouveau club, il marque le but victorieux face à Lens lors du Trophée des champions à Tours, d’une belle volée du pied droit.
Il enchaîne ensuite les rencontres, en ne brillant qu’épisodiquement — il marque également le but de la victoire en championnat face à Monaco, début septembre. Après le renvoi de Giresse, Artur Jorge continue à s’appuyer sur lui. Lachuer s’illustre lors d’une rencontre face à Metz, où il provoque un penalty et un but de Kastendeuch contre son camp. Mais le bilan reste malgré tout bien maigre et, en fin d’année, Jorge commence à lui préférer Jérôme Leroy. Après la trêve, la saison de Lachuer est contrariée par des pépins physiques, notamment une longue blessure au dos ; au final, il ne joue qu’une dizaine de minutes lors de la deuxième partie de saison.
S’il est complètement rétabli lors de la reprise de la saison 1999/2000, Philippe Bergeroo — qui a remplacé Jorge entre temps — ne compte par sur lui : il a recruté deux meneurs de jeu excentrés — Ali Benarbia et Laurent Robert —, sur lesquels il veut faire reposer son jeu. Lachuer est prié de s’en aller ; il part en Corse, à Bastia, pour un prêt d’une saison. Là-bas, il se refait une santé en retrouvant son niveau auxerrois et son rôle de passeur attitré de l’équipe, à tel point que Bastia finit par l’acquérir définitivement. Après une nouvelle bonne saison sur l’île de beauté, il décide de retourner à Auxerre, où il deviendra durant cinq belles saisons le patron du jeu de l’équipe. Il permettra notamment à Djibril Cissé d’éclore au plus haut-niveau en lui délivrant de très nombreux bons ballons. Il termine notamment meilleur passeur du championnat 2003/2004 avec 15 passes décisives, et remporte également deux coupes de France, en 2003 puis en 2005.
En 2006, Lachuer part finir sa carrière à Troyes (L1) puis à Châteauroux (L2), avant de faire une dernière pige en CFA à l’US Orléans, dont il deviendra ensuite entraîneur, faisant monter le club en National. En ce début de saison 2010/2011, il est toujours à ce poste.
Christian Wörns
Avec les départs de Bruno Ngotty, Alain Roche et Paul Le Guen — pas franchement retenus par Charles Biétry —, le PSG est en manque cruel de défenseurs centraux. Mais Michel Denisot avait tout prévu avant de partir : il avait fait signer l’international allemand Christian Wörns, sans indemnité de transfert. Un vrai gros coup, car le joueur alors âgé de 26 ans est présent en sélection allemande depuis 1992, et dispute la coupe du monde 1998 en qualité de titulaire. Certes, il s’y est surtout fait remarquer en se faisant expulser en quarts de finale face à la Croatie, précipitant l’élimination de son équipe ; il n’empêche que l’ancien du Bayer Leverkusen reste un joueur de prestige pour ce nouveau PSG…
Mais Charles Biétry ne l’entend pas forcément de cette oreille. Gêné financièrement par les salaires mirobolants de Marco Simone et de sa recrue phare Jay-Jay Okocha, le nouveau président veut faire d’une pierre deux coups : réaliser des économies et se débarrasser d’une recrue qui lui a été imposée. Il passe donc tout l’été 1998 à tenter de revendre Wörns à Liverpool. Sans succès, l’Allemand ne voulant pas quitter le club où il vient juste de signer. Par ailleurs, Christian Wörns est titularisé par Alain Giresse en début de saison, et il se montre plutôt bon — il marque même pour son premier match face à Bastia, en reprenant un ballon qui traîne. Désormais, le vendre serait certainement très mal perçu. Biétry se résout donc à garder son joueur au moins jusqu’à la fin de la saison.
Les performances individuelles de Wörns sont globalement plutôt bonnes. Il est solide, et se fait rarement dépasser. Il se distingue même lors du déplacement à Marseille, où plusieurs de ses sauvetages in extremis préservent le 0-0 qu’était venu chercher le PSG. Mais il ne parvient pas à être un grand leader de défense — ce qui est toujours difficile dans un pays que l’on découvre —, et son duo avec Alain Goma, composé de deux stoppeurs, a du mal à convaincre.
Il traverse donc la saison sans éclat et sans déconvenue, étant systématiquement titularisé par ses trois entraîneurs respectifs — avec un changement de partenaire en cours de saison puisque Bergeroo lui associera Rabesandratana. Sur blessure, il manque finalement le meilleur moment de la saison, à savoir la victoire du PSG face à l’OM au Parc des Princes. En fin de saison, il accepte sans sourciller de regagner son pays natal, en signant au Borussia Dortmund pour environ 40 MF. Si Wörns ne restera pas dans les annales du club comme le grand joueur attendu, il aura au moins eu le mérite de permettre au club de faire une bonne affaire.
La suite de sa carrière est somme toute classique : il joue à Dortmund jusqu’à sa retraite en 2008, et reste titulaire indiscutable de la sélection nationale jusqu’en 2004. Des propos peu amènes envers Jürgen Klinsmann, le sélectionneur de l’époque, l’évinceront de la Mannschaft à partir de 2006. Aujourd’hui, il entame modestement une carrière d’entraîneur en dirigeant les moins de 15 ans du Hombrucher SV 09/72, une équipe de sixième division allemande basée à Dortmund.
Igor Yanovski
À la recherche d’un milieu plutôt défensif, avec une bonne patte gauche, Alain Giresse accueille avec grand plaisir Igor Yanovski dans son effectif en 1998. Le joueur russe a acquis une réputation assez solide en évoluant dans le club de sa ville natale, le FK Alania Vladikavkaz — Vladikavkaz se situe au sud de la Russie occidentale, proche de la frontière avec la Géorgie. Il participe aux principaux faits d’armes de ce club, loin d’être le plus connu en Russie, en remportant le championnat local en 1995 — seul titre au palmarès du FK Alania — et en participant à plusieurs reprises aux coupes d’Europe — tour préliminaire de la Ligue des champions, coupe UEFA, puis la saison suivante coupe des coupes. Yanovski est même régulièrement buteur, inscrivant tout de même 35 buts lors de son passage à l’Alania. Il devient un incontournable en Russie, et participe ainsi à l’Euro 1996.
C’est donc loin d’être un illustre inconnu qui débarque au Camp des Loges, au mois d’août 1998. Alain Giresse le titularise à partir de la troisième journée, dans un poste hybride entre milieu défensif et milieu gauche : le PSG joue alors avec un meneur de jeu — Jay-Jay Okocha —, et donc un milieu plutôt en losange. Ses débuts sont assez discrets, même si le Russe a au moins le mérite d’être particulièrement besogneux. Il est plutôt bien accueilli par le public, qui a même un petit chant à sa gloire : son nom scandé sur l’air de Kalinka. Chose anodine à l’époque, mais qui s’est raréfiée au fil des années.
Au mois d’octobre, avec le changement d’entraîneur et l’arrivée d’Artur Jorge, Yanovski ne perd pas sa place, au contraire, mais devient purement et simplement milieu gauche. Le coach portugais voulant faire du PSG avant tout une machine défensive, aligner Yanovski à ce poste ne le dérange pas. Lors du premier match dans ce nouveau dispositif tactique, à Lyon, Yanovski se distingue par une superbe passe décisive de son côté gauche, pour une volée non moins superbe de son capitaine Marco Simone.
Yanovski trace ainsi son petit bonhomme de chemin au club, enchaînant les rencontres. Quand Bergeroo devient l’entraîneur, Yanovski passe quelques rencontres sur le banc, mais il revient vite sur le terrain en tant que milieu défensif, lorsque Bergeroo tente un 4-3-3 ambitieux. Certains signes montrent qu’il est plutôt apprécié des ses coéquipiers, comme cette course de Jimmy Algerino après son but à Metz, qui se précipite pour sauter dans les bras du Russe. Au final, cette saison-là, Yanovski sera le troisième joueur de champ à avoir le plus joué.
Parallèlement à sa première saison parisienne, Yanovski poursuit sa carrière internationale. Il se distingue notamment face à la grande équipe de France en marquant un but, en octobre 1998, alors que le gardien était… son coéquipier au PSG, Bernard Lama.
En 1999/2000, Philippe Bergeroo a cette fois en tête un milieu à quatre bien précis, dont Yanovski est exclu. Le Russe vit donc le début de saison sur le banc de touche, et fait quelques rentrées épisodiques en fin de rencontre. Il glane plusieurs titularisations, mais la plupart du temps pour suppléer Laurent Robert — suspendu ou aligné en attaque — sur le côté gauche. Ces rencontres se soldant par des mauvais résultats pour le PSG, Yanovski n’est pas considéré comme une solution crédible. À tel point qu’à l’approche du mercato hivernal, un départ est envisagé.
Mais tout change fin décembre, lorsque les matches retour commencent. La défense du PSG n’est pas un point fort cette saison-là, et Bergeroo repositionne Yanovski en arrière gauche, à la place de Nicolas Laspalles. Il enchaîne alors deux très belles prestations juste avant la trêve, notamment à Auxerre où, malgré la défaite, il s’avère être un des meilleurs sur le pré. L’hypothèse du transfert est alors écartée, et Yanovski commence l’année 2000 comme un titulaire en puissance.
Lors du premier match de championnat début janvier, il réalise une première mi-temps symptomatique de son style de jeu : il ne touche qu’un seul ballon dans le camp adverse, et ce ballon est une passe décisive pour Christian. Yanovski est un joueur qui se concentre avant tout sur ses tâches défensives, et qui ne monte que s’il est sûr de pouvoir faire quelque chose d’utile.
Yanovski, intraitable, contribue à envoyer le PSG en finale de la coupe de la Ligue, mais également à arracher la deuxième place au classement de première division. Il marque même ses deux seuls buts parisiens. Le premier face au Havre, devant un Parc en grève des encouragements, sur corner. Le second, nettement plus important, lors du déplacement du PSG à Bastia, pour l’antépénultième journée. Alors que les Corses étaient invaincus chez eux cette saison-là, Paris effectue le hold-up et s’impose 1-2 : le deuxième but est l’œuvre du Russe, après un contre mémorable conclu par un lob de 20 mètres. Le gardien bastiais, Nicolas Penneteau, doit certainement encore en faire des cauchemars. Ce but peut être considéré comme celui qui envoie le PSG en Ligue des champions.
Pourtant, malgré sa superbe demi-saison, Yanovski ne se verra accorder qu’une confiance limitée par la direction sportive du PSG. Pour la saison suivante, le jeune Bernard Mendy est recruté, et c’est à lui qu’incombe le côté gauche de la défense. Comme de nombreux titulaires de 1999/2000, Yanovski devient abonné au banc de touche la saison qui suit. Il n’est titularisé que lors des rencontres où Bergeroo fait tourner allègrement ou quand il y a trop de blessés, et doit sinon se contenter de quelques rentrées occasionnelles.
Il voit de loin la fameuse Ligue des champions, ne jouant que quelques minutes lors de la première phase de groupes. L’arrivée de Luis Fernandez fin novembre lui permet de revenir plus souvent sur le pré, puisqu’il est titulaire pour les cinq premières rencontres du nouvel entraîneur parisien — dont un match de Ligue des champions à Istanbul, face au Galatasaray. Il joue toujours arrière gauche, mais cette fois dans une défense à cinq éléments. Mais le retour de Yanovski ne dure pas longtemps : au mercato hivernal, Fernandez fait revenir Didier Domi de Newcastle, et le Russe jouera son dernier match de championnat le 13 janvier 2001.
Lors des six mois suivants, Fernandez ne lui laisse faire que deux apparitions : l’une à Thouars en coupe de France, et l’autre à La Corogne, où il rentre pour les vingt dernières minutes, assistant à l’effondrement du PSG. C’est assez logiquement que l’aventure parisienne de Yanovski se termine.
Il est cédé au CSKA Moscou, où il joue durant deux saisons et demi. Le temps pour lui d’étoffer son palmarès avec une coupe nationale et un titre de champion, le premier de son club. Approchant la trentaine, Yanovski voit son niveau de jeu décliner. Il fait une pige dans le club de ses débuts, l’Alania Vladikavkaz — alors entraîné par Rolland Courbis — puis, contre toute attente, fait son retour en France en L2, à Châteauroux. Il y joue une quinzaine de rencontres, et raccroche finalement les crampons en 2006.
Pierre Ducrocq, Fabrice Kelban, Edwin Murati
Florian Maurice, Edmilson, Franck Gava
Francis Llacer, Marko Pantelic, Christophe Revault
Marco Simone, Didier Martel, James Debbah
Édouard Cissé, Éric Rabesandratana
Igor Yanovski, Christian Wörns, Yann Lachuer
Mickaël Madar, Alain Goma, Bruno Rodriguez
Laurent Leroy, Grégory Paisley, Dominique Casagrande
Jay-Jay Okocha, Manuel Helder, Aliou Cissé
Xavier Gravelaine, Nicolas Ouédec, Adaílton
Bernard Lama, Nicolas Laspalles, Bruno Carotti
1997/1998 : de PSG-Steaua Bucarest au doublé des coupes nationales