En cette intersaison 2001, le PSG doit avant tout faire le deuil de l’onéreuse campagne de recrutement de l’été précédent, qui n’aura pas porté ses fruits. Avec Luis Fernandez à sa tête, l’équipe poursuit ainsi le virage opéré lors du mercato hivernal en prenant un visage résolument hispanophone : l’entraîneur parisien va chercher pas moins de quatre joueurs dans le championnat espagnol. Beaucoup de départs annoncés, de nombreuses recrues — avec en tête de gondole Ronaldinho, qu’il faut d’abord remettre au niveau après plusieurs mois d’inactivité —, et le nouveau PSG prend forme petit à petit. Mais il doit être très vite opérationnel, puisque Paris reprend la compétition dès le premier jour de juillet.
Paris très vite dans le bain
Le PSG a en effet obtenu en fin de saison précédente une place en coupe Intertoto. Et contrairement à deux années plus tôt, les dirigeants parisiens ne refusent pas cette opportunité, d’autant qu’en plus d’un possible avenir européen, cette compétition permet de purger les deux matches de suspension de Parc des Princes infligés par l’UEFA suite aux incidents de PSG-Galatasaray. Paris ouvre donc sa saison en affrontant le modeste club finlandais du FC Jazz Pori, à domicile mais à… Toulouse. Le match est gagné grâce à un triplé de Laurent Robert, pourtant en instance de départ. En plein mois de juillet, l’effectif parisien n’est pas encore figé, et Fernandez a demandé aux nombreux joueurs qui comptent partir de continuer à rendre service au PSG. C’est ainsi que Robert, Benarbia, Ducrocq ou Distin participent aux premiers matches de la saison, même s’ils savent que dès le mois d’août, ils ne seront plus là.
L’Intertoto fait donc office de préparation estivale. Paris voyage, et élimine le FC Jazz donc, le Tavria Simferopol, puis La Gantoise — avec un feu d’artifice au Parc, 7-1 — et défie en plein cœur du mois d’août le Brescia de Roberto Baggio pour glaner un sésame en coupe UEFA. Après un match aller nul et vierge au Parc, Paris obtient sa qualification au terme d’un 1-1 en Italie, où l’équipe de Luis Fernandez a fait parler sa maîtrise de la situation. Contre une caricature de football italien, le PSG n’est pas rentré dans le jeu de la provocation. Avec un Okocha très en forme, Paris remporte cette coupe Intertoto.
Parallèlement, en championnat, Paris démarre doucement par deux résultats nuls contre Lille et à Auxerre — où Ronaldinho fait sa première apparition sous le maillot parisien —, et gagne dans les dernières secondes contre Sochaux. À Monaco, Paris remonte deux buts et obtient un match nul, puis le PSG achève son mois d’août par une victoire probante contre Rennes. Le bilan est plutôt bon, et avant toute chose, le PSG semble avoir trouvé un bloc défensif très solide. Offensivement, la recrue Aloísio donne pour l’instant satisfaction, et Okocha est tout bonnement exceptionnel, mais les autres attaquants — Alex ou Anelka — peinent à se montrer décisifs. Au mois de septembre, Paris enchaîne trois matches nuls — dont une nouvelle remontée de deux buts contre Lens. Après la huitième journée, Paris est toujours invaincu, mais ne compte que deux petites victoires. Cette équipe affiche clairement du caractère, mais manque de ressources pour aller arracher des succès : l’Intertoto a certainement créé une cohésion dans le groupe, mais elle a aussi coûté en fraîcheur.
Un meneur de jeu peut en cacher un autre
Après s’être qualifié en UEFA contre le Rapid Bucarest — après une coupure d’électricité au match retour, octroyant à Paris une victoire sur tapis vert —, Paris s’incline pour la première fois de la saison à Bordeaux, et se retrouve huitième en championnat. La réception de Lyon marque un début de tournant pour Paris. La rencontre est plaisante, et Paris domine largement son adversaire en première période avec notamment un but sublime d’Okocha. Pourtant, le réalisme est du côté lyonnais, puisqu’à la pause les visiteurs mènent d’un but. Paris égalisera ensuite grâce à un penalty de Ronaldinho. Mais même si le résultat n’est pas là, la manière demeure convaincante, et l’on sent le PSG assez proche de basculer vers le haut du tableau. Paris obtient d’ailleurs dans la foulée deux victoires consécutives — à Sedan et contre Bastia — et élimine le Rapid Vienne en coupe d’Europe.
Novembre est assez mitigé : le mois commence par une défaite à Troyes, et verra le PSG se faire sortir de la coupe UEFA au terme d’une séance de tirs au but contre les Rangers. En championnat, à domicile, Paris cale contre Guingamp — avec un but encaissé par Letizi sur lequel il est impossible de savoir si le ballon est rentré ou non — et fait 0-0 contre Marseille. Finalement, durant ce mois, Paris ne gagne qu’une seule rencontre : un déplacement à Nantes, alors que les Parisiens ont joué l’essentiel de la rencontre à dix. Deux hommes se distinguent particulièrement : Gabriel Heinze, qui délivre deux passes décisives, et le jeune Bartholomew Ogbeche, qui devient le plus jeune buteur de l’histoire du PSG ce jour-là.
Le Nigérian, protégé d’Okocha, sera l’homme en forme du mois de décembre. En plus d’une qualification en coupe de France à Luçon, Paris gagnera trois autres rencontres — à Troyes en coupe de la Ligue, à Metz et à Sochaux en championnat — avec à chaque fois un but d’Ogbeche. Ce regain de forme du PSG lui permet d’atteindre la trêve à la 5e place, avec au final seulement deux défaites toutes compétitions confondues. Juste avant cela, Paris a vu Nicolas Anelka partir à la mi-décembre en prêt à Liverpool. Malheureux dans le système de jeu de Fernandez, pas franchement à son avantage face à l’éclosion d’Ogbeche et au retour de Laurent Leroy, le plus gros transfert de l’histoire du PSG part anonymement tenter de se requinquer outre-Manche.
En contre-partie, Paris obtiendra en janvier les arrivées de Fabrice Fiorèse et de Jérôme Leroy. Recrues rendues d’autant plus indispensables que Paris est privé en janvier d’Okocha, élément créatif en chef de la première partie de saison, parti disputer la Can. Très heureusement, c’est à ce moment-là que Ronaldinho finit enfin sa période d’adaptation au jeu européen. Dès le mois de janvier, il se montre bien plus affuté, et ses dribbles déroutants s’avèrent être de plus en plus efficaces. Si Paris perd contre le cours du jeu le match de reprise qui l’opposait à Monaco — théâtre d’une nouvelle grave blessure pour Laurent Leroy —, le PSG passe un tour de coupe de la Ligue contre Guingamp — doublé de Ronaldinho — et s’impose ensuite à Rennes avec un modèle de coup franc du Brésilien.
Remontée en championnat, désillusions en coupe
Paris se rend ensuite chez le leader, à Lens. En cas de victoire, le PSG commencerait à mettre une sérieuse pression sur les équipe de tête. À la 86e minute, alors que le score est vierge, un tirage de maillot sur Alex amène un penalty que transforme Ronaldinho. Malheureusement, l’avantage n’est que de courte durée puisque Stéphane Pedron égalise trois minutes plus tard. Paris devient certes quatrième après ce résultat, mais reste à distance des leaders : les hommes de Luis Fernandez n’auront plus l’occasion de se rapprocher d’eux par la suite, laissant Lens et Lyon se disputer le titre de champion.
Le club francilien n’est toutefois pas abattu, puisqu’il franchit un nouveau tour de coupe de la Ligue en venant à bout de Nancy, étrille Lorient à domicile 5-0 et, début février, bat Bordeaux. Surtout, le PSG parvient à éliminer Marseille en coupe de France, aux tirs au but, lors d’une rencontre qui révèle Jérôme Alonzo, alors doublure de Letizi. Le PSG doit ensuite se déplacer à Lyon, qui se bat pour gagner son premier championnat, et s’incline lourdement (3-0) avec notamment un Heinze incroyablement malmené par Sydney Govou. Cet accident est vite compensé par une victoire sur le même score contre Sedan, grâce à un but de Mikel Arteta, probablement le meilleur Parisien de la saison.
Le début du mois de mars est décisif pour Paris qui compte bien agrémenter son bon parcours en championnat d’une victoire dans au moins une des deux coupes. En demi-finale de coupe de la Ligue, Paris reçoit Bordeaux et doit s’incliner un but à zéro au terme d’une rencontre source de polémiques en tout genre. Avant la rencontre, Christophe Dugarry avait cru bon de dire à la presse sa détestation du PSG — et de Frédéric Déhu en particulier. Durant la rencontre, les deux joueurs n’ont eu de cesse de se chauffer, jusqu’à ce que, dans les dernières minutes, le défenseur parisien ne tacle l’attaquant dans la surface. Déhu ne touche bien que le ballon, mais son tacle, jugé dangereux par lGilles Veissière, est sanctionné d’un penalty transformé par Pauleta. L’arbitre — qui sera accusé par les Parisiens de les avoir chambrés tout au long de la partie — refusera ensuite un penalty de l’autre côté, et enchaînera les cartons jaunes à tout joueur contestant son autorité ; il finira par expulser Mendy, l’entraîneur-adjoint Jean-Louis Gasset, puis Luis Fernandez. Au terme de la rencontre, ce dernier bloquera la voiture de l’officiel dans le parking du Parc des Princes pour pouvoir jeter un œil au rapport de la rencontre… Tout ceci mènera à une suspension de six mois de banc de touche du coach parisien.
La semaine qui suit, Paris reçoit cette fois-ci Lorient, en quarts de finale de la coupe de France. À la lutte pour leur maintien en première division, les Bretons viennent à Paris avec une équipe B. Celle-ci parvient pourtant à s’imposer un but à zéro, et en une semaine Paris perd donc toute chance de finir la saison avec un titre. Fort heureusement, ces éliminations n’ont aucun impact sur le parcours en championnat. En battant consécutivement Bastia, Troyes et Guingamp, le PSG porte à quatre sa série de victoires consécutives, et assoit sa place dans les quatre premiers. Au soir d’un nul contre Nantes début avril, Paris se retrouve même troisième du championnat… mais perd cette place dans la foulée en s’inclinant à Marseille.
Il reste alors deux rencontres à disputer. Pour la première, Paris reçoit Metz et une victoire assurerait au club de terminer au moins quatrième. Le premier but est marqué par Fiorèse, suite à une frappe de Jérôme Leroy : les deux joueurs arrivés au mercato étaient prêtés, et devenaient automatiquement acquis par le PSG en cas de qualification européenne. Ce but a donc valeur pour eux de transfert définitif. Pour la dernière rencontre, Paris peut voir plus haut en se déplaçant à Lille. Le club du Nord est assuré de la cinquième place et n’a rien à jouer, tandis que Paris peut espérer dépasser Auxerre, et se qualifier pour le tour préliminaire de la Ligue des champions. À Lille, Paris se crée de nombreuses occasions, mais encaisse un but de Sterjovski dans le dernier quart d’heure, et ne parvient pas à atteindre son objectif de dernière minute. D’autant plus regrettable que dans le même temps, Auxerre avait perdu à domicile contre Rennes : un match nul aurait suffi à Paris pour doubler les Auxerrois à la différence de buts. Le PSG devra donc se contenter de la coupe UEFA.
Au final, ce PSG-là obtient un bon classement, même si, la coupe Intertoto ayant sûrement coûté quelques points en début de saison, Paris avait de quoi espérer mieux. Cette saison aura vu l’éclosion d’Arteta et Heinze, la montée en régime de Ronaldinho, mais surtout une équipe de PSG formant un bloc défensif très performant. Avec seulement cinq défaites, et 24 buts encaissés — faisant du PSG la meilleure défense du championnat, et de très loin —, le club parisien a brillé dans ce secteur du jeu, faisant dire à Grégory Coupet qu’il enviait Letizi de jouer derrière une telle défense. Il restait juste à faire du PSG une équipe brillante offensivement pour monter plus haut… Mais ça, cela devait être pour la saison suivante.
Les moments forts de la saison
En bref, quelques unes des images marquantes de la saison 2001/2002 du PSG :
la reprise de la compétition dès le 1er juillet ;
les débuts de Ronaldinho en Europe ;
les dribbles improbables d’Okocha réalisés sur le terrain de Brescia ;
le but en ciseau de Déhu à Monaco ;
le PSG qui gagne 3-0 sur tapis vert à Bucarest, quatre ans après l’incident face au Steaua ;
Ogbeche qui devient le plus jeune buteur de l’histoire du club ;
Gabriel Heinze qui fait des abdominaux pendant la séance de tirs au but face aux Rangers ;
le départ express d’Anelka à Liverpool, en décembre ;
les incidents lors de PSG-Bordeaux en coupe de la Ligue ;
Paris qui rate la Ligue des champions pour un seul point ;
Mikel Arteta, joueur de l’ombre, pourtant nommé au titre de meilleur joueur de D1.
L’équipe-type de la saison
Cristobal, Pochettino, Heinze, Potillon
Hugo Leal, Déhu, Arteta
Ronaldinho, Okocha
Aloisio
Ont également participé à cette saison, par ordre décroissant de titularisations en D1 — les joueurs mentionnés en fin de liste, à l’exception de Gillet, ont quitté le groupe dans le courant du mois d’août 2001 : É. Cissé, El-Karkouri, Ogbeche, Anelka, Fiorèse, J. Leroy, Alex, Llacer, Mendy, Domi, Alonzo, L. Leroy, Agostinho, Robert, Benarbia, Ducrocq, Benachour, Hiroux, Gillet, Luccin, Distin, A. Cissé, Abriel.
Pierre Ducrocq, Fabrice Kelban, Edwin Murati
Florian Maurice, Edmilson, Franck Gava
Francis Llacer, Marko Pantelic, Christophe Revault
Marco Simone, Didier Martel, James Debbah
Édouard Cissé, Éric Rabesandratana
Igor Yanovski, Christian Wörns, Yann Lachuer
Mickaël Madar, Alain Goma, Bruno Rodriguez
Laurent Leroy, Grégory Paisley, Dominique Casagrande
Jay-Jay Okocha, Manuel Helder, Aliou Cissé
Xavier Gravelaine, Nicolas Ouédec, Adaílton
Bernard Lama, Nicolas Laspalles, Bruno Carotti
Laurent Robert, Fabrice Abriel
Ali Benarbia, Talal El Karkouri
Christian, César
Kaba Diawara, Godwin Okpara
Nicolas Anelka, Didier Domi
Peter Luccin, Stéphane Dalmat, Marcos Vampeta
Mikel Arteta, Enrique De Lucas, Mauricio Pochettino
Bernard Mendy, Selim Benachour
Lionel Letizi, Frédéric Déhu, Sylvain Distin
Ronaldinho, Lionel Potillon, Stéphane Gillet
Jérôme Leroy, Bartholomew Ogbeche, Gaël Hiroux
Fabrice Fiorèse, Hugo Leal
Jérôme Alonzo, Alex Dias, José Aloisio
Gabriel Heinze, Cristobal, Joaquim Agostinho
1997/1998 : de PSG-Steaua Bucarest au doublé des coupes nationales
1998/1999 : « la pire saison de l’ère Canal+ »
1999/2000 : mieux qu’une saison de transition
2000/2001 : du paradis à l’enfer
2001/2002 : à 1 point de la Ligue des champions