Impossible de me souvenir de la première fois que j’ai surfé sur ce site. Tout ce que je peux dire, c’est qu’à cette époque-là, avant de réussir à se connecter mon modem glapissait tel Valbuena taclé à la cheville, mais sans se tenir le genou ni se rouler sur lui-même, n’exagérons rien. Pour lire un texte, il fallait que je télécharge la page, puis que je me mette au plus vite hors connexion histoire d’économiser mes deux heures de forfait mensuel. Et c’était le pied. Parce qu’on y était déjà entre gens de bonne compagnie. Ça n’a d’ailleurs pas changé depuis. PSGMAG.NET m’a fait découvrir des cinglés capables de vous citer le résultat d’un match disputé il y a dix ans, et de vous mimer les buts de cette rencontre. Des névrosés qui vous expliquent que oui, une charnière Rabésandratana - El Karkouri, c’est quand même drôlement rassurant… Des types prêts à aller au Parc à poil plutôt qu’avec un maillot à pois, ou violet. Des pro-Luis, des fans de Pichot, des allergiques au SDF, des anti-Ronaldinho… Bref, un endroit où l’on se sentait bien. Pourvu que l’on soit convaincu que tout arbitre sifflant contre le PSG est un aveugle ou un pourri, vu que merde, sur cette action Pochettino il jouait le ballon et c’est quand même pas de sa faute si l’attaquant adverse avait la hanche devant.
Alors de fil en aiguille, d’un post sur le forum en un petit résumé de match, chacun a trouvé sa place. Très vite, un consensus est né parmi les rédacteurs du site : il s’agissait avant tout de se fixer des objectifs modestes, et de toujours agir après mûre réflexion. On a donc décidé de tenter d’amener L’Équipe à la ruine, et Touboul à la dépression ; d’aider le PSG à remporter la Ligue des champions, le tout avant de devenir les maîtres du monde. Ça nous semblait un tableau de marche raisonnable, pour débuter…
Avec le recul, quand je regarde le chemin parcouru, je me dis que tous nos plans n’ont peut-être pas été d’une efficacité totale. Mais ça ne nous aura pas empêché de bien rigoler. Et de vivre quelques moments rêvés. Pouvoir discuter avec Alain Cayzac toute une soirée, avec deux chaises pour trois, cela restera un de mes plus beaux souvenirs de supporter. C’est rare de pouvoir dire merci à quelqu’un que l’on admire profondément… PSGMAG.NET m’aura offert ça, et ça valait bien plus que tous les efforts demandés par un travail de chroniqueur.
Se faire payer un restau par des journalistes du Parisien à qui on explique tout le repas que l’on trouve leurs articles parfois plutôt nazes, cela restera aussi un grand moment. Déjà parce que Vivien, notre ex-rédac’ chef bien aimé, n’avait pas osé commander plus qu’une petite entrée, pendant que je me tapais le plus gros plat de la carte, ce qui me fait toujours autant marrer des années après. Mais surtout pour le looooong blanc gêné qui aura suivi la question qui tue : « Mais alors, puisque vous lisez notre journal quotidiennement, vous pouvez nous le dire : vous préférez quoi, au juste, dans nos articles ? »
Resteront aussi le plaisir de ces provocations gratuites, ces chroniques stupides, outrancières qui verront des autochtones aux galoches boueuses prendre la peine de s’inscrire sur notre forum pour venir nous insulter après un énième article délirant sur Gourcuff. Franchement, en tant que Parisien, pouvait-on rêver mieux ? Je ne crois pas.
Il faut dire que l’on aura su faire preuve en toutes occasions d’un sacré sens tactique. Tenez, par exemple, quand on a décroché cet entretien avec Robin Leproux après la mise en place de son célèbre plan. Comme c’était l’occasion rêvée de montrer que nous étions des interlocuteurs fiables et mesurés, histoire de créer des liens futurs, on en a profité pour le relancer une petite dizaine de fois pour qu’il nous explique ce qu’il entendait par « accepter des supporters tout à fait blancs », quand il parlait d’Auteuil. Ça lui a sûrement beaucoup plu. Enfin, je crois. Peut-être. En fait je ne sais pas trop, vu qu’après ça Bruno Skropeta, le directeur de la communication du club, a toujours refusé de répondre à nos messages. C’est dommage, parce qu’il nous avait promis une interview avec un autre Parisien notre ami Skropeta…
Nous, on était chauds bouillants quand il nous a expliqué qu’il souhaitait développer les relations entre le club et notre site, tellement nous étions drôles, fins connaisseurs du PSG et spirituels. Oui, bon, c’était grossier comme coup mais vous savez ce que c’est, la flatterie… On a plongé. Pourtant, nous aussi on aurait dû trouver ça louche : il avait oublié de préciser qu’on était trop modestes, ce qui prouvait à l’évidence qu’il ne nous connaissait pas si bien que ça. Quand il nous a proposé de choisir un joueur pour un entretien exclusif, il nous a dit : « Tiens, pourquoi pas Nene ? » Nene ? En fins stratèges on lui a répondu que rencontrer Nene ça nous faisait suer, qu’il n’avait rien à raconter ce garçon et que si c’était pour perdre notre temps, non merci… Mais qu’en revanche ça nous brancherait bien de discuter avec le concierge du Parc, ou le jardinier. Parce que eux au moins ils auraient certainement des anecdotes sur le club à livrer. Skropeta nous a regardés bizarrement… Je crois qu’on lui a fait bonne impression.
Au fond, PSGMAG.NET aura représenté une aventure extraordinaire et à part, parce qu’on y a toujours essayé de faire exactement ce que l’on voulait. Critiquer ceux qui critiquaient le PSG. Défendre ces Parisiens que personne ne défendait. Se moquer de ceux qui se moquaient de notre club. Et déclarer notre amour pour ces couleurs que pas grand-monde aimait.
On n’a pas toujours été drôles comme on l’aurait souhaité, ni justes, ou même objectifs. On a loupé certains articles, alors que l’on croyait bien faire. Mais on y a pris le plaisir énorme de ce que nous avons aujourd’hui tous un peu perdu. Ici, à PSGMAG.NET, nous étions libres. Libres d’être des supporters du Paris Saint-Germain. C’était bon… C’est fini.
Au revoir à vous tous qui aimez notre club. N’oubliez jamais d’être fiers de ces couleurs que vous portez dans votre poitrine. Où vous êtes, PSGMAG.NET sera un peu là. Car nous tous, c’est pour la vie.
Un ultime article « coulisses, anecdotes et autres remerciements » sera publié dans les jours qui viennent.