Cette semaine, retrouvez les portraits de Mikel Arteta, Enrique De Lucas et Mauricio Pochettino.
Mikel Arteta
Au mercato hivernal de la saison 2000/2001, Luis Fernandez active ses réseaux espagnols, et réussit à obtenir le prêt d’un jeune de La Masía, le centre de formation du FC Barcelone, Mikel Arteta. Ce milieu de terrain est un illustre inconnu à son arrivée en France, il n’a alors jamais joué la moindre rencontre au haut-niveau, et personne n’en attend finalement grand-chose. Pourtant, par rapport à d’autres recrues du mercato parisien, Arteta présente l’avantage de ne pas avoir joué en coupe d’Europe, et donc d’être disponible pour les rencontres de Ligue des champions du PSG.
C’est ainsi que le jeune Espagnol, qui n’a même pas 19 ans, effectue ses débuts officiels à la mi-février lors d’un déplacement parisien sur le terrain du Milan AC. Et loin d’être impressionné par la pelouse de San Siro, Arteta réalise une excellente prestation. Très propre, il fait circuler le ballon comme un vieux briscard de l’entre-jeu, et contribue grandement au bon match nul obtenu par le PSG ce jour-là. Dans la foulée, il fait ses débuts en championnat en rentrant en fin de match face à Marseille, et ne sort presque plus jamais de l’équipe ensuite.
Arteta est une bonne pioche. Lors de la dernière rencontre au Parc des Princes, face à Lille, il profite même d’une frappe contrée pour marquer son premier but, ce qui aide à qualifier le PSG pour la coupe Intertoto. Le jeune footballeur ayant donné pleinement satisfaction, le PSG ne veut pas le laisser partir à la fin de son bail de six mois… et obtient finalement un nouveau prêt, cette fois-ci d’une durée d’un an. Il commence cette nouvelle saison comme il a fini la précédente : dans la peau d’un titulaire. Jouant dans un registre médian entre récupérateur et relayeur, le plus souvent associé à Frédéric Déhu, Arteta est à la fois la première rampe de lancement du PSG et celui qui colmate toutes les brèches.
Au fil du temps, Arteta prend de plus en plus confiance : il réalise de temps à autre des passes décisives — face à Rennes ou Sochaux —, n’hésite pas à aller tirer des coups de pied arrêtés, et transforme même un penalty face à Sedan. La saison du PSG s’avère plutôt bonne — une quatrième place au final — et, dans un rôle pourtant ingrat, Arteta obtient une certaine forme de reconnaissance : à la fin de la saison 2002/2003, il fait partie des quatre nommés au titre de meilleur joueur de L1, devant les stars du PSG que sont Ronaldinho et Okocha. En résumé, Luis Fernandez est parti dénicher la perle rare, peut-être l’avenir du football espagnol au poste de milieu défensif, que l’on compare déjà à Josep Guardiola.
Mais Arteta n’appartient toujours pas au PSG, il est prêté. Et s’il dispose d’une option d’achat, le club parisien souffre d’une concurrence assez féroce. Paris ayant disputé la coupe d’Europe, le jeune Espagnol est convoité par de nombreux clubs, notamment les Rangers, adversaires du PSG en coupe UEFA. Or la législation britannique est suffisamment souple pour permettre au club de Glasgow d’offrir à Arteta un salaire trois fois supérieur à ce qu’il aurait pu avoir au PSG. Dès lors, les négociations tournent court et, après un an et demi de très bons et loyaux services, Arteta quitte le club parisien.
En Écosse, le joueur âgé de tout juste 20 ans n’a aucun mal à s’imposer. Il passe deux saisons pleines aux Rangers, où il fait évoluer son jeu vers un registre bien plus offensif — 12 buts marqués en tout — et garnit son palmarès en réalisant le triplé championnat-coupe d’Écosse-coupe de la Ligue en 2003. Le problème est que, dans ce championnat mineur, Arteta ne peut se distinguer suffisamment pour atteindre la Roja. Après avoir joué dans toutes les sélections de jeunes, il arrive à un âge où il peut raisonnablement penser à évoluer chez les A. C’est pourquoi, en 2004, il retourne au pays, en rejoignant la Real Sociedad de Saint-Sébastien, sa ville natale. Il y aura la lourde tâche de remplacer Xabi Alonso.
- Mikel Arteta
- Photo evertonfc.com
Mais en Espagne, l’aventure tourne court. Arteta n’arrive pas à convaincre l’entraîneur, Amorrortu, et n’est finalement considéré que comme un joueur d’appoint. En janvier 2005, il ne peut que constater l’échec de son retour en Espagne, et regagne le Royaume-Uni en signant cette fois-ci à Everton, l’autre club de Liverpool. Il est d’abord prêté puis, après une demi-saison convaincante, il est définitivement acquis pas les Toffees. En Premier League, Arteta enchaîne les grosses performances. Durant deux saisons consécutives, il est élu meilleur joueur du club par les fans, et se voit même consacré meilleur milieu de terrain du championnat en 2006/2007. Considéré comme une sorte de Franck Lampard jouant dans un club plus humble, Arteta est de plus en plus apprécié au fil des saisons passées à Everton.
Si quelques blessures perturbent ses dernières saisons, il continue à être indispensable lorsqu’il est opérationnel. Alors qu’il est toujours ignoré par la sélection espagnole, une rumeur insistante le pousse en équipe nationale anglaise, puisqu’il se fait naturaliser en 2010. Malheureusement pour le joueur, les règlements Fifa l’interdisent, puisqu’il a été sélectionné chez les espoirs espagnols alors qu’il n’avait pas encore la double nationalité. Malgré cette légère déception, Arteta continue à 28 ans de briller en Premier League, dix ans après avoir débuté en Ligue des champions avec le PSG.
Mauricio Pochettino
Juste après son arrivée fin 2000, à la recherche d’un nouveau patron en défense centrale, Luis Fernandez décide de puiser dans le championnat qu’il connaît le mieux, et va chercher Mauricio Pochettino à l’Espanyol Barcelone. Le joueur n’est alors pas très connu en France, mais il est pourtant déjà l’auteur d’un parcours intéressant.
En 1988, alors qu’il n’a que 16 ans, Pochettino fait ses débuts dans le championnat argentin avec le Newell’s Old Boys, à Rosario. Il a alors pour partenaire et modèle Nestor Sensini. Dès l’année suivante, Pochettino devient un titulaire indiscutable dans son équipe. Il enchaîne les saisons, et obtient deux titres de champion en 1991 et 1992. En 1994, alors âgé de 22 ans, Pochettino fait le grand saut et traverse l’Atlantique pour rejoindre le deuxième club de Barcelone, l’Espanyol, tout juste promu en première division.
En Liga, Pochettino n’est pas dépaysé, et continue sur les bases de sa carrière argentine : il est invariablement titulaire. À partir de 1998, sa renommée est suffisamment importante pour qu’il goûte à la sélection nationale. Il est toutefois encore considéré comme une solution de remplacement. En Espagne, Pochettino cumule les saisons de qualité, se mue en buteur de temps à autre, et devient une vraie star locale. Mais en 2001, Luis Fernandez se montre suffisamment convaincant pour inciter Pochettino à mettre fin à son aventure de six ans et demi à Barcelone.
L’Argentin aux cheveux longs rejoint donc Paris dans le courant du mois de janvier, et fait ses grands débuts début février, lors d’un déplacement à Nantes. Il enchaîne par la réception de Guingamp au Parc des Princes — où il marque un joli but de la tête —, la venue d’Auxerre en coupe de France, puis un déplacement à Marseille. Le bilan de ces quatre rencontres est de quatre défaites, pour neuf buts encaissés. Les prestations de l’Argentin ne sont pas en cause, d’autant qu’il présente des qualités évidentes : science du placement, à la fois dans le jeu et sur phase arrêtée. Toutefois, le joueur ne peut encore s’imposer en réel chef de défense : il change régulièrement de partenaire dans l’axe — Rabesandratana, Déhu ou Distin — et, surtout, ne peut participer aux rencontres de Ligue des champions, ayant déjà évolué en coupe d’Europe avec l’Espanyol quelques mois plus tôt.
Après huit rencontres disputées en tout sur la demi-saison, Pochettino semble être une recrue prometteuse. Ces impressions sont très vite confirmées en 2001/2002. Il participe à la belle campagne en Intertoto et, surtout, Luis Fernandez a bâti autour de lui une défense sur mesure, à l’accent espagnol : à sa droite Cristobal, son ancien coéquiper à l’Espanyol qu’il connaît par cœur ; à sa gauche Gabriel Heinze, Argentin rugueux, également passé par les Old Boys et qui parle de Pochettino comme d’un modèle. Le secteur défensif est donc la base de ce nouveau PSG, qui ne perd pas et encaisse peu de buts. Pochettino brille également sur coups de pied arrêtés offensifs, puisqu’il marque le premier but de la saison en championnat, sur une passe d’Okocha.
Le PSG réalise une saison intéressante, et passe plusieurs tours dans les diverses coupes. Malheureusement pour Pochettino, lors du match retour face aux Rangers en UEFA, il place une tête sur la barre puis, en fin de rencontre, manque son tir au but, ce qui entraîne l’élimination de son équipe. Blessé mi-janvier, il revient en mars pour sceller la quatrième place du club parisien, pilotant toujours de main de maître sa défense, faisant même dire à Grégory Coupet, alors à Lyon, qu’il souhaiterait évoluer avec l’arrière-garde parisienne. À la fin de l’exercice, Frédéric Déhu rend son brassard de capitaine, et c’est sans aucune contestation que Pochettino prend la relève pour la saison 2002/2003.
Mais avant cela, Pochettino part en Corée du sud et au Japon disputer la coupe du monde. Il est en effet devenu depuis quelques années titulaire avec sa sélection. Dans le pire groupe de la compétition — avec le Nigéria d’Okocha et Ogbeche, l’Angleterre et la Suède — son équipe n’arrive pas à se qualifier, et Pochettino rentre à Paris plus vite que prévu… Et ne jouera plus en sélection ensuite. Au PSG, il continue à être irréprochable, mais l’équipe tourne moins bien que lors de la saison précédente.
Les résultats ne sont pas là, et toute l’équipe est finalement prise en otage par le conflit ouvert entre Ronaldinho et Luis Fernandez. Pochettino reçoit son seul carton rouge parisien à Lille, à cause du trop zélé Stéphane Moulin. En dehors de ces absences pour suspension, il est toujours fidèle au poste, et marque quelques buts importants — face à Lille, Sedan et surtout Marseille en coupe de France. En fin de saison, Luis Fernandez, dont il est toujours resté proche, s’en va. Le nouvel entraîneur, Vahid Halilhodzic, ne semble pas vouloir s’appuyer sur le capitaine du PSG. C’est donc par la petite porte, et sur une finale de coupe de France perdue, que Pochettino doit s’éclipser, à l’âge de 30 ans.
- Mauricio Pochettino
- Photo rcdespanyol.com
Il reste toutefois dans le championnat de France, en rejoignant Bordeaux, où il marque un but dès son arrivée. En Gironde, la grinta de Pochettino plaît. Juste avant la trêve, il fait son grand retour au Parc des Princes avec le maillot de Bordeaux, pour ce qui sera en fait son dernier match en France. En effet, depuis le mois de novembre, Luis Fernandez est l’entraîneur de… l’Espanyol Barcelone, avec pour adjoint Cristobal. Leur mission, qui semble alors impossible, est de sauver le club de la relégation. Pour travailler avec ces hommes, qu’il apprécie, et pour aider son ancien club, Pochettino n’hésite pas et quitte donc Bordeaux à la trêve.
Contre toute attente, l’Espanyol parvient à se maintenir en fin de saison, et Pochettino retrouve le statut qui était le sien à son départ. Il joue ensuite deux saisons supplémentaires et, sentant sa forme décliner, prend sa retraite sportive à 34 ans, sur une victoire en coupe d’Espagne. Trois ans après, l’Espanyol fait appel à lui pour devenir entraîneur de l’équipe première, poste qu’il occupe encore aujourd’hui avec un certain brio.
Enrique De Lucas
Avec Arteta et Pochettino, c’est un troisième joueur du championnat espagnol qui rejoint le PSG en janvier 2001 : Enrique De Lucas. Formé à l’Espanyol de Barcelone, jouant en équipe première depuis 1998 — alors qu’il avait 20 ans — et côtoyant toutes les sélections de jeunes depuis lors, l’ailier droit catalan arrive en prêt dans la capitale, pour ce qui est a priori un bon coup pour le PSG.
Le jeune Espagnol aux longs cheveux débute en février lors d’une rencontre à domicile contre Guingamp, où il n’arrive pas à se dépêtrer du marquage adverse. Il rentre ensuite en cours de rencontre lors d’un match de coupe face à Auxerre, mais là encore, il est plus que discret. Quelques semaines plus tard, il est titulaire contre Toulouse, au cours d’une rencontre gagnée par le PSG, mais juste après que De Lucas est parti regagner le banc. Ne pouvant évoluer en Ligue des champions, De Lucas obtient deux nouvelles chances en championnat, mais ne se montre finalement jamais à la hauteur. Et alors que le jeune Arteta brille et peut prolonger son bail dans la capitale, De Lucas repart anonymement à l’Espanyol.
- Enrique De Lucas
- Photo celtavigo.net
Après une nouvelle saison dans son club d’origine — où il s’impose et marque tout de même 7 buts —, De Lucas profite de la fin de son contrat à Barcelone pour signer à Chelsea. Au milieu des stars du club londonien, il parvient tout de même à jouer 26 rencontres de championnat, même si son temps de jeu va en diminuant au fil de la saison. C’est donc logiquement que Chelsea le libère en 2003, et De Lucas rejoint Alaves, en deuxième division espagnole. Il reste quatre saisons dans ce club, entre D2 et D1, alternant le bon et le moins bon. En 2007, il rejoint ensuite Murcie en Liga, mais ses performances ne sont pas satisfaisantes, et son club redescend. En 2009, il rejoint Cartagène, club promu en deuxième division, et réalise cette fois une de ses meilleures saisons. Ce qui lui permet d’attirer l’attention des recruteurs, et de rejoindre le Celta Vigo à l’été 2010.
Pierre Ducrocq, Fabrice Kelban, Edwin Murati
Florian Maurice, Edmilson, Franck Gava
Francis Llacer, Marko Pantelic, Christophe Revault
Marco Simone, Didier Martel, James Debbah
Édouard Cissé, Éric Rabesandratana
Igor Yanovski, Christian Wörns, Yann Lachuer
Mickaël Madar, Alain Goma, Bruno Rodriguez
Laurent Leroy, Grégory Paisley, Dominique Casagrande
Jay-Jay Okocha, Manuel Helder, Aliou Cissé
Xavier Gravelaine, Nicolas Ouédec, Adaílton
Bernard Lama, Nicolas Laspalles, Bruno Carotti
Laurent Robert, Fabrice Abriel
Ali Benarbia, Talal El Karkouri
Christian, César
Kaba Diawara, Godwin Okpara
Nicolas Anelka, Didier Domi
Peter Luccin, Stéphane Dalmat, Marcos Vampeta
Mikel Arteta, Enrique De Lucas, Mauricio Pochettino
Bernard Mendy, Selim Benachour
Lionel Letizi, Frédéric Déhu, Sylvain Distin