Pierre Ménès comprend ce qu’on lui dit, So Foot va au-delà des idées reçues, et l’appréciation du temps de jeu de Mateja Kezman ne dépend pas de la tête de son entraîneur. Ou presque…
L’autre presse : So Foot, Le 10 Sport
Quel homme, ce Pierre Ménès
- Le 10 Sport
Si les propos de Pierre Ménès à propos du nouveau maillot du PSG ont agacé nombre de supporters parisiens (voir Ménès (presque) agressé par des fans du PSG !), ils ont au moins eu le mérite de soigner l’image de rebelle de l’ancien gratte-papier de L’Équipe. Arnaud Ramsay, nouveau rédacteur en chef adjoint du 10 Sport, consacre ainsi une page à « Ménès, le poil à gratter du Paf » [1]. « L’attraction du mercato des médias fait déjà des vagues », se réjouit l’ancien salarié de la maison Amaury, dans l’hebdo du 28 août.
Passé de
M6 à
Canal+, le journaliste et chroniqueur au sens de la formule aiguisé n’a pas tardé à s’illustrer, provoquant déjà la colère de supporters du PSG. […] Même en s’exprimant de façon moins torrentielle,
il continue de cisailler. […] Ménès lâche à l’antenne : «
Il faut vraiment ne rien avoir à foutre de sa vie pour aller manifester pour un maillot de foot dans la rue ! La vacuité de ces gens-là… Il faut qu’ils se disent qu’ils ont une grande chance : ils n’ont pas de problèmes dans la vie. Parce que si c’est juste pour aller chialer parce qu’il n’y a pas la bande rouge au milieu et que ce n’est pas le maillot Hechter… »
Vexés, une quinzaine de supporters remontés déboule avant la fin de l’émission devant le studio d’enregistrement, à Boulogne-Billancourt. […] « Si le PSG gagne sept matches de suite, on verra si les supporters n’achètent pas ce maillot », ne peut s’empêcher de chambrer Ménès. C’est plus fort que lui. Tant mieux.
Si Arnaud Ramsay a du mal avec la conjugaison (« vexés, une quinzaine de supporters remontés déboule »), il peut au moins se consoler de voir que son incapacité à comprendre le sujet de la polémique lui laisse l’espoir de devenir star du Paf dans quelques années.
Et si le PSG gagne sept matches de suite ? Les maillots ne représenteront toujours pas le PSG. Rien de neuf sous le soleil, pour qui fait l’effort de comprendre que l’esthétisme n’a toujours rien à voir avec le débat. Ni les résultats ni la signature d’un quelconque Kabouminski n’y changeront rien…
So Foot aime les idées reçues, c’est bien connu
Les vacances scolaires étant maintenant terminées, on peut espérer que sofoot.com gagnera en qualité prochainement. En attendant, les brèves débilisantes sont toujours plus nombreuses. Derniers exemples en date, cette remarque à propos de la visite du maire de Paris au Camp des Loges :
Il [Delanoë] s’est fait présenter l’effectif par Antoine Kombouaré et a également reçu un maillot floqué à son nom. On sait recevoir au PSG… C’est bien connu !
Autre brève, autre énormité :
Après son prêt infructueux au Bayern Munich, on parle cette fois-ci de lui au… PSG. Pouvant jouer aussi bien milieu offensif qu’attaquant, Landon Donovan pourrait supplanter Luyindula. […] Pour la presse américaine, cette opportunité est extraordinaire. Le PSG, c’est l’ancien club de Ronaldinho. Assurément des connaisseurs…
En effet, affirmer que Ronaldinho a joué au PSG, c’est grotesque (? !). Mais que dire du journal qui colporte
une simple rumeur du 10 Sport qui a franchi l’océan Atlantique ?
Troisième brève, troisième énormité :
« J’aime sa rage [Lisandro Lopez], c’est un exemple pour tous les jeunes attaquants. J’essaye de m’inspirer de son mental parce qu’un buteur, c’est 90 % de mental », déclare l’ancien Sochalien [Mevlut Erding]. C’est vrai que niveau mental, l’attaquant ne peut guère prendre exemple sur ses partenaires Luyindula ou Kezman.
Laissons
L’Équipe répondre. Dans son édition du 27 août, le quotidien sportif dressait un portrait des qualités et défauts de Peguy Luyindula. Au rayon des points forts :
Peguy Luyindula possède un mental d’acier. Souvent donné partant à chaque début de saison, il revient toujours dans la boucle et parvient à s’imposer. Ce qui s’était passé la saison dernière se répète cette année. A 30 ans, il semble physiquement au top de sa forme. Disponible dans le jeu, il combine intelligemment avec Erding et les milieux excentrés. Son but à Valenciennes fait foi.
Énième brève, énième énormité :
C’est bien connu, le PSG vit avec son temps. Et aujourd’hui, difficile d’échapper à la grande tendance Facebook. Toujours expert en communication, le club parisien a donc lancé son groupe officiel sur le site. Et le résultat est probant : en quelques jours, le groupe recense déjà 138 000 fans. […] Voilà au moins un domaine sur lequel le PSG a une longueur d’avance sur l’OM…
Au moins un domaine… Par opposition aux palmarès respectifs des deux clubs depuis 15 ans (vierge d’un côté, 11 titres de l’autre [
2]) ou au classement actuel (le PSG compte deux points d’avance sur l’OM) ?
Fort heureusement, le magazine papier reste globalement à un niveau bien supérieur au site Internet.
Contrairement à Paul Le Guen…
Mais puisqu’on vous dit qu’il faut virer Le Guen !!!
Paul Le Guen parti entraîner le Cameroun, Daniel Riolo a perdu son sujet de prédilection. Mais l’animateur-supporter-journaliste-écrivain a trouvé la parade : pourquoi ne pas continuer à charger Le Guen, quitte à être grotesque ? Et voilà le résultat, après PSG-Lille :
En Ligue 1, ce PSG peut vraiment jouer le haut du tableau. C’est à 90 % la même équipe que la saison dernière mais ça n’a rien à voir. Je savais évidemment que le départ de Le Guen serait une très bonne chose. Il y a plus d’assurance, plus de confiance et surtout plus d’audace dans ce groupe. Jamais Clément n’aurait osé ce tir qui débouche sur un but magnifique !
Riolo savait «
évidemment » que la même équipe n’aurait «
rien à voir » si elle était coachée par un autre entraîneur que Le Guen. Et d’ailleurs, contre Lille le week-end dernier, Jérémy Clément a tenté une frappe. C’est dire si tout a changé ! Car Clément, qui marque là son
quatrième but en un peu plus d’un an, n’aurait jamais osé reprendre un ballon de volée sous Le Guen. D’ailleurs, ses buts contre
Saint-Étienne (2007/2008) et
Lens (2008/2009) — deux reprises de volée — n’ont jamais existé. Pas plus que ses
15 tirs en Ligue 1 la saison dernière [
3] — alors qu’il ne monte pas sur les corners et qu’il ne s’aventure pas très souvent dans la surface, donc que l’essentiel de ces 15 tirs sont des tirs lointains… comme face à Lille.
Kombouaré ne fait pas jouer Kezman
Quelques jours avant le départ de Mateja Kezman en Russie, le Parisien évoquait la situation du numéro 14 parisien :
Titulaire à six reprises la saison dernière en L1 (3 buts), le Serbe n’est pas mieux loti cette année. Contrairement à Paul Le Guen, Antoine Kombouaré a décidé, à son arrivée, de le placer sur un pied d’égalité avec les autres attaquants. Mais les premiers choix de l’entraîneur parisien semblent lui assigner un nouveau statut de remplaçant de luxe. En 3 rencontres, le natif de Belgrade a joué une minute à Montpellier, puis 24 autres contre Le Mans où il a quand même offert une passe décisive à Giuly. A Valenciennes, l’attaquant serbe n’a pas quitté le banc de touche.
Voilà de l’information : du temps de Le Guen, Kezman ne jouait pas. Le raison ? L’entraîneur ne le plaçait pas sur un pied d’égalité. Mais maintenant, avec Kombouaré, tout a changé ! Certes, Kezman joue encore moins, mais là c’est différent, «
Kombouaré a décidé de le placer sur un pied d’égalité avec les autres attaquants ». Ce qui fait sans doute une belle jambe au Serbe… On se demande même pourquoi Kezman n’est pas resté à Paris, du coup.
Contrairement aux reporters du Parisien, plus occupés à rabâcher des idées reçues, regardons les faits. Quel est le bilan de Kezman sous Paul Le Guen ?
en Ligue 1 : 6 titularisations — 15 rentrées en jeu — 6 absences [4]
en coupe UEFA : 4 titularisations — 2 rentrées en jeu — 2 absences [5]
en coupe de la Ligue : 4 titularisations — 0 rentrée en jeu — 0 absence
en coupe de France : 1 titularisation — 1 rentrée en jeu — 1 absence
Toutes compétitions confondues, Mateja Kezman a donc disputé 33 rencontres la saison dernière, soit près de deux matches sur trois — près de la moitié (15) en tant que titulaire. Un bilan plutôt flatteur pour un joueur qui ne jouait jamais, alors que ses concurrents directs s’appelaient Guillaume Hoarau — deuxième meilleur buteur du championnat, deux fois élu meilleur joueur de L1 du mois —, Ludovic Giuly — auteur de 9 buts en L1 — et Peguy Luyindula — élu meilleur joueur de L1 en janvier.
Le tout comparé aux 25 minutes en trois journées sous Kombouaré…
Quant à Kezman, voilà ce qu’il déclare sur RMC :
Malgré tout, il [Le Guen] m’a donné ma chance en fin de saison.
Les discours d’Antoine Kombouaré
Parfois, il était reproché à Paul Le Guen une forme de passivité face aux événements contrariants. Ou, du moins, une réticence à ces discours volcaniques qui peuvent tracer d’autres voies. À la mi-temps du match à Montpellier (1-1), samedi dernier, Antoine Kombouaré a parlé sur un ton nouveau. Sans trop passer par des angles arrondis. […] Les paroles auront un effet relatif, mais Kombouaré a fait sa part du job.
C’est la rentrée : le 15 août, Jérôme Touboul s’extasie devant un entraîneur qui parle à ses joueurs dans les vestiaires. Contrairement à Paul Le Guen. Rappelons ce que disait de lui
Alain Cayzac dans son livre, entre autres qualités et défauts de son ancien entraîneur :
Il reste un bon entraîneur aux causeries simples, convaincantes et mobilisatrices. […] J’admire son courage et son autorité naturelle. […] Je le trouve également brillant lors de ses causeries d’avant-match ou à la mi-temps d’une rencontre. Zéro faute là-dessus. Il a la même assurance vis-à-vis des jeunes joueurs que des plus expérimentés. On peut le trouver lisse, trop gentil, mais non, il n’est pas trop gentil. Il sait élever le ton. Je l’ai déjà vu s’entretenir avec des joueurs et se révéler tout à fait cinglant, mais jamais grossier. Il déteste par exemple parler à un joueur qui regarde ses chaussures au lieu de le regarder, lui. C’est un personnage très respectable à cet égard.
Quant à Jérôme Touboul, que glissait-il dans le même articlé consacré à Kombouaré ?
En privé, des joueurs suggèrent l’idée que le coach pourrait faire l’économie de quelques éclats de voix.
Quand les premiers résultats négatifs s’enchaîneront, il n’y aura pas besoin de chercher très loin pour savoir ce qu’on lira dans
L’Équipe. D’ailleurs,
PSGMAG.NET a déjà écrit ces articles-là.
Suite du feuilleton Giuly déteste Le Guen
Pour compléter ce feuilleton, revenons sur la conférence de presse de Ludovic Giuly avant PSG - Le Mans, en août dernier.
Comment se passe la vie de groupe avec ce nouvel entraîneur ? Stéphane Sessegnon parlait d’un discours très volontaire, guerrier ?
Ça se passe bien. Oui, il veut gagner. Comme nous ! Il nous emmène dans cette voie là, cette haine de la défaite pour se projeter sur la rage de vaincre. Je trouve ça bien !
C’est ce qui manquait par rapport à l’an dernier ?
Chaque entraîneur est différent, on ne va pas comparer. Mais ça me va bien.
Le comportement au bord du terrain est quand même très différent ?
Ça nous change c’est sûr, mais c’est juste différent. Certains sont au milieu, préfèrent être près des joueurs. J’ai tout connu, que ce soit à Barcelone ou ailleurs. Ce n’est pas un problème, juste une manière de faire. On l’accepte sans problème.
Bon, mais Le Guen, il était quand même très beaucoup plus nul, non ? Vraiment pas ?
À lire aussi sur
PSGMAG.NET :
Volume 1 : La crise estivale du PSG, Colony Capital et Jérôme Rothen ;
Volume 2 : Pierre Ménès, Mateja Kezman, Paul Le Guen et So Foot ;
Volume 3 : compilation de boulettes et gros plan sur
le Parisien.