Dès dimanche, Laurent Perrin avait posé quelques jalons. Dans une petite pique facile, d’abord :
Au-delà de la polémique, Kombouaré en tire une leçon : « Tant que l’arbitre n’a pas sifflé, il faut assurer les marquages et continuer à jouer. » Normalement, on comprend ça à l’école de foot.
Perfidie classique, mais qui visiblement soulage l’auteur. Ensuite, le même Laurent Perrin lâchait l’article qui coûte pas cher, le chiffre du jour :
12 : le nombre de points perdus par le PSG depuis le début de cette saison en championnat à domicile. Paris a en effet perdu deux fois contre Bordeaux (2-1) puis Auxerre (3-2) et a concédé trois nuls : Rennes (0-0), Nice (0-0) et enfin Monaco (2-2).
Pas de quoi fouetter un chat, ni même un journaliste du Parisien… Sauf que la rédaction en chef a dû trouver l’idée porteuse : c’est vrai, à quoi bon se limiter à trois lignes alors que l’on pourrait pondre une page avec ça ? Vas-y Laurent, explique-nous pourquoi c’est bien le PSG qui perd tous ces points, et pas ses adversaires qui les gagnent.
Sitôt dit, sitôt fait, dès le lendemain, nous avions droit à l’analyse de fond. Un truc pointu, réservé aux véritables connaisseurs du ballon rond. Un article sur le mode « si le PSG ne commettait aucune erreur, eh bien il serait mieux classé », aussi appelé « si ma grand-mère… ». Et le journaliste de nous présenter sa libre interprétation de « quatre exemples de points gâchés par le PSG ».
Comme on n’est jamais trop prudent, histoire d’éviter de nous perdre, Laurent Perrin commence par le match de samedi. Chapitre un, le manque d’expérience…
PSG-Monaco (2-2), samedi : encore trop de naïveté Paris pensait avoir fait le plus dur en reprenant l’avantage grâce aux buts magnifiques de Nenê. Mais à trois minutes de la fin, sur une action litigieuse, Sessegnon reste à terre. Ses partenaires pensent que les Monégasques vont mettre le ballon en touche, se déconcentrent et relâchent leur défense. Armand s’emmêle les crayons, Niculae en profite. « Au lieu de s’en prendre à l’arbitre ou aux Monégasques, on aurait dû continuer à jouer et être plus vigilants, estime Christophe Jallet. On a été naïfs. » À ce niveau, un tel relâchement est proche de la faute professionnelle. Encore deux points de perdus…
Mais oui : si la grand-mère de Laurent Perrin avait joué en défense centrale, t’inquiète pas que Niculae, il ne l’aurait pas marqué son but ! Déjà, elle au moins c’est pas une naïve… et puis elle poursuit ses actions. Que l’arbitre siffle ou pas, comme elle commence à être un peu dure de la feuille, aucune différence : un bon coup de déambulateur en plein sur la malléole, il y serait pas revenu le Monégasque. Mémé Perrin, c’est un peu le Francis Llacer des maisons de retraite.
À la décharge des joueurs parisiens, il faut préciser que ce type de simulation s’est déjà produit cette saison. Notamment lors des matches face à Nice, Montpellier et Marseille. À peu près toutes les trois passes. Les Niçois ayant par exemple tout fait pour casser le rythme, avec la bénédiction de l’arbitre… et l’absence totale de critique des médias.
Pour une fois que c’est un Parisien qui restait longuement à terre [1], là en revanche Laurent Perrin parle de faute professionnelle. Alors certes, les vidéos du but montrent que les défenseurs du PSG ne stoppent jamais complètement leur action. Oui, ces vidéos montrent aussi que les Monégasques, non seulement ne sortent pas la balle, mais en plus attaquent sur le côté droit du PSG, pour profiter de l’absence de Sessegnon. Enfin, les ralentis prouvent que Armand ne s’emmêle pas les crayons, il est juste sur son mauvais pied sur le centre de Malonga et bouche l’angle sur la frappe contrée de Niculae.
Pour parler de cela, encore aurait-il fallu que Laurent Perrin les revoit ces vidéos. Normalement on comprend ça à l’école de journalisme. Elle est où la faute professionnelle, là ?
Chapitre deux, le bêtisier de fin d’année :
OL-PSG (2-2), le 28 novembre : Edel commet la bourde de l’année Erreur tactique, erreur technique, manque de lucidité. Les raisons de la boulette d’Edel sont multiples. À trois minutes de la fin, alors que Paris tenait une victoire prestigieuse à Gerland, le gardien parisien dégage directement dans les pieds de Gomis qui égalise. L’action fait le bonheur des internautes et relance le débat sur le niveau du gardien parisien. À Lviv, le 15 décembre (1-1), Coupet encaisse lui aussi un but gag. Edel reste numéro un, mais les doutes ne s’estompent pas. Hormis face à l’OM (2-1), les prestations du Camerounais ont rarement laissé un souvenir impérissable.
M’enfin, on n’a pas idée de dégager n’importe comment aussi ! Si la grand-mère de Laurent Perrin était gardien du PSG, j’aime autant vous dire que ça se passerait pas comme ça. Vous pouvez ressortir tous les enregistrements des matches de l’AS Myosotis, jamais elle ne tente de dégagements à la con Mémé Perrin. Plutôt du genre à gagner du temps sur ces phases de jeu d’ailleurs. Trente à tente-cinq minutes.
Quant à la frappe de Fedetskiy, interrogée au lendemain du match, elle témoignait entre la compote et la crème vanille : « Cette frappe de Fedetskiy ? Je l’aurais arrêtée. Oui, je crois que je l’aurais arrêtée. » Les erreurs techniques, c’est pas trop son genre. Y a qu’au PSG qu’on voit ça d’ailleurs — comme le dit souvent Mandanda.
Et puis Laurent Perrin a raison : Edel est tellement peu sûr que même quand c’est Coupet qui commet des bourdes, ça reste un peu la faute de Edel. Sinon, comment expliquer que dans un paragraphe consacré à la prestation du Camerounais lors d’un OL-PSG, il évoque le match de Coupet à Lviv ? Le PSG est si nul qu’il laisse filer des points en championnat même quand il joue en Ligue Europa. C’est dire.
Chapitre 3 : les buteurs qui butent même pas.
PSG-Nice (0-0), le 3 octobre : un festival d’occasions ratées Trois chiffres résument ce match : 18 tirs pour Paris, 6 grosses occasions, 0 but. Ce soir-là, David Ospina réalise un match exceptionnel. Mais la performance du gardien niçois n’explique pas tout. Comme face à Rennes deux semaines plus tôt (0-0, un match plus équilibré), Hoarau et Erding n’arrivent pas à faire la différence. Depuis le début de la saison, Kombouaré regrette que ses joueurs ne soient pas capables de « tuer » un match. Giuly en a encore apporté la preuve samedi soir en perdant un face-à-face avec Ruffier (68e).
L’analyse a posteriori, c’est quand même l’exercice le plus facile du monde : après le passage sur Monaco, où il aurait fallu mieux défendre pour pas encaisser de but, place à PSG-Nice : le match où les Parisiens auraient mieux fait d’attaquer plus efficacement, histoire d’ouvrir le score. Olé !
C’est vrai, ils sont cons ou quoi ces Parisiens ? Six occasions, un David Ospina « exceptionnel », et ils ne marquent même pas ? Non mais on est à la limite de la faute professionnelle là : ils comprennent pas qu’il faut marquer des buts à l’école de foot les Parisiens ? C’est quand même pas difficile d’être mieux qu’exceptionnel ! Merde, on est Paris, on a un standing à faire respecter. On tombe sur un goal dans la forme de sa vie, face à une équipe qui joue à 10 derrière en se roulant sur le sol au moindre souffle de vent, avec un arbitre qui, ce coup-là, interrompt le jeu à chaque simulation, deux jours après un match de coupe et les attaquants sont pas fichus de concrétiser ? À croire qu’ils le font exprès.
Si grand-mère Perrin avait été titularisée en pointe, sûr qu’avec sa patte gauche magique, elle te l’aurait fusillé l’Ospina. Faut dire qu’avec l’âge, la tremblote fait que le ballon a parfois des trajectoires un peu étranges quand elle le reprend de volée. Pour les gardiens c’est pas toujours facile à capter… De toutes façons, c’est elle qui a tout appris à Pauleta, sur une plage perdue d’un îlot des Açores. Elle te le faisait shooter dans des troncs d’arbre et tout. Ou alors elle l’enterrait vivant et il devait casser son cercueil à coups de pied. On ne sait plus. En tous cas elle a des gros sourcils. Mais on s’égare.
Reste le chapitre 4 : le bouquet final.
PSG - Bordeaux (1-2), le 22 août : ils craquent en fin de match Au terme d’un match rythmé par de nombreuses occasions, le PSG perd le point du match nul en encaissant un but sur corner à la 94e minute. Si chacun reste concentré sur sa mission défensive, un but sur coup de pied arrêté est en général évitable. Surtout dans les dernières secondes. La saison passée, le PSG avait pris la fâcheuse habitude de céder dans les dernières minutes. Il n’est pas complètement guéri. Cette saison, il a encaissé 26 % de ses buts (5 au total) dans le dernier quart d’heure, dont trois mémorables face à Bordeaux, Lyon et Monaco.
Perrin est formel : en général, si on reste concentré, on n’encaisse pas de but sur coup de pied arrêté. Wouah. C’est d’ailleurs pour cela que Bordeaux est devenu champion en marquant plus de vingt buts sur ces phases de jeu : leurs adversaires, cons comme des Parisiens, ne savaient même pas qu’il fallait rester concentré sur coups francs ou corners. Alors que si grand-mère Perrin avait été coach, elle le leur aurait dit : encaisser des buts sur phase statique, c’est drôlement évitable en général. Surtout dans les dernières minutes de jeu d’ailleurs.
Parce que oui, en début de match, des fois tu peux pas éviter une tête sur corner. Mais en fin de partie, arrêtons le délire, c’est vachement plus facile. Pourquoi ? Pourquoi ?!? Mais parce qu’il faut rester concentrés sur sa mission défensive ! Bon sang mais c’est le Mourinho des foyers de retraités qui vient de vous le dire ! Y en a pas deux qui suivent…
Quant à Edel, c’est bien simple, pour Laurent Perrin quand il s’agit de se souvenir de ses bons matches, « les prestations du Camerounais ont rarement laissé un souvenir impérissable ». Bon, là en revanche, si c’est pour retrouver toutes les parties où il a encaissé un but en fin de rencontre, tout à coup notre journaliste est prêt à faire marcher ses neurones. Marrant comme certains ont la mémoire sélective, dès qu’il s’agit de critiquer le PSG.
Mais derrière cela se cache tout de même une leçon. Si Laurent Perrin éprouve le besoin de se montrer dur avec Paris, c’est que l’actualité le demandait. Son article découle du chiffre du jour, publié la veille, consacré au nombre de points perdus au Parc cette saison. Or, on ne peut faire mentir les chiffres : si Paris avait gagné tous ses matches à domicile, on n’en serait pas là. En effet, et encore une fois ce sont les chiffres, aussi alarmants qu’ils soient on ne peut les éluder : Paris reste sur une terrifiante série de un match nul consécutif ! Sur les quatre dernières rencontres au Parc des Princes, les hommes de Kombouaré présentent donc un bilan de dix points sur douze possibles [2]. Effectivement, il était temps de tirer le signal d’alarme.