Désinformation, version de la police, et maigres corrections
Il y a dix jours, RMC.FR expliquait que « des rivalités entre deux clubs de supporters parisiens dissous sont remontées à la surface » à Caen, tandis que L’Équipe pensait avoir vu « d’un côté du stade Michel-d’Ornano la mouvance issue d’Auteuil, et de l’autre environ 150 ultras du groupe Liberté pour les abonnés, tendance Boulogne […] [qui] se sont battus ». Selon nos informations, Damien Degorre n’a fait que relayer la parole officielle, qui se méprenait sur la nature du rassemblement autour de LPA.
Mardi, leparisien.fr a annoncé le premier la confirmation des interdictions de stade. Motif invoqué par Frédéric Gouaillard, détenteur de la carte de presse ? « Environ 200 supporters du PSG vont être frappés d’interdiction de stade après les bagarres qui les ont opposés lors du match à Caen, le 9 avril dernier. […] Les forces de l’ordre étaient intervenues après l’explosion de plusieurs pétards et des heurts avaient éclaté. »
Ce mercredi, l’article du site leparisien.fr indique finalement que « 200 supporters du PSG vont être frappés d’interdiction de stade en raison d’une bagarre qui a opposé certains d’entre eux lors du match à Caen, le 9 avril dernier » et reformule le récit des incidents : « Les forces de l’ordre étaient intervenues après l’explosion de plusieurs pétards et quelques heurts avaient éclaté avant la mi-temps. » Ce n’est pas encore de l’information — Gouaillard ne fait toujours pas la distinction entre les pétards et la bagarre, qui ont eu lieu dans deux tribunes différentes, et n’apporte aucun précision qui n’émane pas de la police —, mais cela y ressemble déjà davantage. En revanche, ne cherchez pas de mea culpa — ne parlons même pas d’une interrogation sur le bienfondé de ces mesures de police administrative.
Vous n’en trouverez pas non plus dans L’Équipe, bien que Damien Degorre corrige enfin quelques unes de ses erreurs précédentes : il a désormais compris que Liberté pour les abonnés réunit des anciens d’Auteuil et de Boulogne, que « les bagarres » — une seule, en réalité — n’ont concerné que « certains » supporters ; et s’il continue de ne puiser ses informations qu’auprès de la police, il le reconnaît cette fois explicitement :
Le déplacement de plusieurs supporters parisiens, à Caen, le 9 avril, et les bagarres que certains d’entre eux ont déclenchées en tribunes ne seront pas restés sans conséquences juridiques. Deux cents interdictions de stade ont été demandées par la préfecture de Caen, qui a transmis le dossier à la préfecture de police de Paris. Elles ont été prononcées hier. L’une d’entre elles vise Jérémy Laroche, le président de l’association Liberté pour les abonnés, composée d’anciens membres des tribunes Boulogne et Auteuil qui refusent le plan Leproux. Il est cité dans le rapport d’instruction comme l’un des meneurs des incidents du stade Michel-d’Ornano.
Le Parisien indique également, dans son édition papier, que « parmi ces interdits devrait figurer Jérémy Laroche, le président de l’association Liberté pour les abonnés ». Mais aucun des deux journaux ne prend la peine de lui donner la parole en livrant son nom en pâture.
Bonus : RTL, première radio de France
Après la révélation du parisien.fr, plusieurs sites Internet ont relayé la nouvelle. Non sans ajouter leurs propres erreurs…
La plus significative vient de RTL.fr, pour qui les 200 supporters du PSG étaient tous impliqués, et s’étaient battus avec des supporters de Caen :
Selon leparisien.fr, 200 supporters du PSG seront prochainement interdits de stade. Ces sanctions émises par le ministère de l’Intérieur font suite aux heurts ayant opposé les supporters de Paris à ceux de Caen. […] Après des débordements survenus à la mi-temps du match entre Caen et le PSG, les forces de l’ordre avaient relevé les identités des fauteurs de troubles.
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