Quel est le Parisien que vous êtes le plus heureux d’avoir pu questionner pour votre livre ?
J’en donnerai deux. Tout d’abord, il y a Raí. C’est une vraie fierté qu’il ait accepté de nous répondre, parce qu’à mon sens Raí est celui qui incarne le mieux l’image du PSG. Les valeurs qu’il évoque, sa classe, son statut de leader correspondent bien au club parisien, et même à toute cette ville de Paris. C’est un garçon tellement brillant, tellement charmant que nous sommes ravis d’avoir pu le compter parmi les joueurs interviewés.
Et le second alors ?
Là, c’est une réponse plus personnelle. Je suis originaire de la ville de Grenoble et en 1986, alors que j’allais voir jouer ce club au stade avec mon père, j’ai vu débuter celui qui allait devenir le Snake : Youri Djorkaeff. C’est un footballeur qui, même s’il n’est resté qu’une saison à Paris, a su marquer le club de son empreinte. En gagnant la coupe d’Europe d’abord, et puis grâce à ses gestes formidables, son vrai jeu d’artiste. Mon histoire personnelle fait que Djorkaeff est un gros coup de cœur et je suis très heureux d’avoir pu lui parler pendant près de trois quarts d’heure. Surtout que même s’il s’est révélé adorable, il faut avouer qu’avant cela réussir à le contacter à New York fut quand même très difficile.
Justement, quel est le joueur que vous avez eu le plus de mal à rencontrer pour votre livre Témoignages ?
Vue la période pendant laquelle Michel Kollar et moi avons écrit le livre, je dirais Nicolas Anelka. On a travaillé cet été et après le cataclysme de Knysna, quand on regardait notre petite liste de joueurs à appeler et qu’on voyait se rapprocher la ligne « Nicolas Anelka », on ne faisait pas les malins. On s’est même dit qu’on n’y arriverait jamais. Il a fallu passer par son agent, en expliquant bien que nous ne voulions parler que du PSG, et finalement ils ont accepté. Alors certes je ne l’ai pas eu en direct, il a fallu lui envoyer une liste de questions comme cela se fait souvent, mais il y a répondu de sa main, sans en éluder aucune.
Alors quel est celui que vous auriez aimé interviewer, mais qui vous aura échappé ?
Mister George. Lui, il est impossible à toucher. Je savais que certains journalistes essayaient d’avoir un entretien avec Weah depuis de longues années, sans avoir jamais réussi. Depuis qu’il s’est lancé en politique, il se partage entre Miami et le Libéria. Comme c’est un joueur qui m’a marqué, je voulais vraiment le faire, et je crois qu’on a tout tenté. On a laissé des messages, remonté des pistes, tendu des filets, mais chaque fois on s’est pris un mur. C’était trop compliqué. George Weah, c’est ma plus grosse déception.
Pour revenir à des sujets plus légers, quel a été le plus drôle des joueurs qui ont témoigné ?
Sans doute Laurent Fournier. C’est un personnage extrêmement sympathique, très ouvert. Il a su nous raconter ce qu’était la vie du Paris Saint-Germain des années 1990 : celle d’une bande de copains. J’ai passé toute l’interview à rigoler en l’écoutant me parler de leurs soirées. On n’a même pas pu tout publier dans le livre. Non pas que ce soit de la débauche : il évoquait juste les délires qu’ils ont vécu entre potes. Comme cette anecdote dont on parle dans le livre : comment Joël Bats s’est vu transformé en lapin à la moutarde après une soirée trop arrosée… Discuter avec lui, c’était comme revivre des moments merveilleux que eux seuls ont vécus, dans l’intimité du PSG.
À propos d’intimité, quel est le joueur qui vous a divulgué le plus gros secret de ces Témoignages ?
Sans hésiter, Daniel Xuereb et Christian Pérez. On sait que le football a changé, et qu’à la fin des années 1980 certaines pratiques aujourd’hui révolues avaient encore cours. Mais Xuereb et Pérez nous ont quand même expliqué comment ils avaient subi une tentative de corruption ! Ils avaient été contactés par des dirigeants marseillais pour lever le pied alors que Paris était à la lutte contre l’OM pour le titre de champion de France.
Pour finir, quel aura été le joueur le plus émouvant lors de son interview ?
On a commencé par lui, on finit par lui : capitaine Raí. Quand il te raconte son départ, quand il t’explique que c’était le moment le plus intense de toute sa vie de footballeur… Ce garçon a quand même été capitaine de la Seleção, il est champion du monde, mais non, ce qui l’a marqué à vie, c’est ce match face à Monaco, quand il a quitté le PSG ! Je l’avais au téléphone et lui, là-bas, au Brésil, s’est mis à me raconter cette scène. À me raconter comme il l’avait vécu, à me raconter ce que l’on connaît tous mais à travers ses yeux à lui. Comme si c’était hier. Comme s’il le vivait encore. J’étais de l’autre côté de l’océan et de l’entendre comme ça, j’avais une boule dans la gorge. Douze ans après. C’était tellement émouvant. Et c’est tellement fou l’amour que ce gars a pour le PSG. L’amour que tous ces gars peuvent avoir pour ce club d’ailleurs. Mais lui, c’était vraiment spécial.