Depuis bientôt un an, toute l’équipe de PSGMAG.NET suit d’un œil attentif les rebondissements de la lutte contre ces violences stadières qui ont lieu en dehors des stades. Dubitatifs tout d’abord, parce que tout bon Parisien se doit d’afficher son scepticisme à propos de ce qui ne vient pas de son propre nombril, nous avons relayé les affres des stewards qui sortaient manu militari les supporters coupables de s’être mis debout. Vaguement inquiets ensuite, nous nous sommes enquis des 250 manifestants interdits de stade parce qu’ils avaient exprimé à deux rues du Parc des Princes leur désapprobation du plan Tous PSG.
Mais désormais, ces doutes, ces critiques n’ont plus lieu d’être. Oui, aujourd’hui nous pouvons vous l’affirmer avec toute la solennité que l’événement mérite : rassurez-vous braves gens, avec ce Caen-PSG vous voilà désormais sauvés ! La violence n’est plus. [1]
Portrait de deux hooligans
Ah… Je devine ce soupir de soulagement qui envahit vos frêles poitrines. Osons la complicité : moi aussi, j’ai bien cru que nous n’y arriverions jamais. D’ailleurs peut-être certains d’entre vous n’y croient toujours pas ? Je les comprends, ces Saints Thomas. Qu’ils se rassurent, à PSGMAG.NET nous sommes bien placés pour vous affirmer que ces problèmes de violence sont aujourd’hui réglés, et bien réglés ! Pourquoi ? Mais parce que deux habitués du forum font partie de la horde barbare prise dans les mailles de la police.
Laissez-moi vous les présenter, histoire que vous puissiez vous faire une bonne idée de ce à quoi vous allez échapper grâce à nos forces de l’ordre. Par respect pour leurs pauvres familles, vous comprendrez toutefois que je travestisse leurs identités. L’un d’entre eux, marié et père de famille est certes un dangereux hooligan… Mais un enfant devrait-il porter le fardeau d’être né d’un père supporter parisien ? Et l’épouse aimante et dévouée, elle qui croyait en s’unissant à la bête pouvoir ramener cet être sans doute déjà assoiffé de bière et de violence dans le droit chemin, cette pauvre femme mérite-t-elle de voir le nom de ses enfants livré en pâture ? Oui, après tout ce qu’ils ont fait ces deux supporters méritent à peine encore le nom d’homme. Je les connais et je l’affirme, oui, ils ont traîné bas nos valeurs en se comportant pis que tout, oui ils se sont d’eux-mêmes exclus de la société tout au long de ces années passées au Parc des Princes, et plus encore lors de cette funeste journée à Caen. Mais nous, nous qui sommes justes et bons, élevons-nous au-dessus d’eux, et accordons-leur cet anonymat que ces monstres nous auraient sans doute refusé.
Le premier, que j’appellerai ici « le Bavard », est un personnage trouble. Depuis de longues saisons, il suit le Paris Saint-Germain. Avouez que déjà, c’est louche, non ? Mais en plus, il a commis nombre d’articles sur le forum d’un site Internet consacré au soutien de ce même club. Ça fait beaucoup. Abonné, le Bavard a cru bon de choisir le virage Auteuil pour y commettre ses coupables agissements. Lors des quelque cinq ou six saisons que nous avons passées ensemble en tribunes, moi, mort de peur comme vous l’imaginez bien, je l’ai vu à plusieurs reprises, et j’insiste sur ce facteur aggravant, à plusieurs reprises je l’ai vu monter debout sur son fauteuil. Je sais, c’est effrayant. L’explication de son surnom ? Un trait d’humour de ses camarades. Peu expansif en dehors du stade, d’une nature plutôt discrète, voire réservée, le Bavard avait la tragique habitude une fois au Parc de chanter en tribunes… Tout de suite cela vous classe le type !
Le second, c’est « le Latin ». La semaine, le Latin est un père de famille attentionné, un patron d’entreprise consciencieux, un citoyen modèle. Ou qui tente de le faire croire ! Car le week-end… Là, le véritable visage du garçon remonte à la surface. Lui aussi il s’est abonné à Auteuil et malgré la honte qui m’envahit au seul souvenir de ces terribles instants partagés sous la contrainte, je dois le confesser : le week-end lors des matches au Parc il arrivait que le Latin boive une bière avec des amis. Heureusement, ça ne s’est pas produit trop souvent, non par choix vous l’imaginez bien, mais juste parce que ses camarades sont trop pingres pour lui rendre les tournées qu’il offrait.
Et là, embrumé par les 25 cl du breuvage honni, quasiment incontrôlable après une telle débauche, il est arrivé que le Latin adresse un bras d’honneur. Un comportement à vous glacer le sang, ou presque… J’aurais pu vous prévenir avant une révélation aussi douloureuse, certes. Mais une fois avertis, auriez-vous trouvé la force d’affronter cette réalité ? Non, il fallait que je vous cueille, les yeux grands ouverts. Il fallait vous confronter à l’horreur dans sa nue crudité. Oui, je puis en témoigner, il m’est arrivé de voir le Latin qui saluait, le majeur dressé, des joueurs adverses. Bon, pas très souvent, c’est vrai, mais quand même ! Si ça, ce n’est pas un hooligan infréquentable. Pire, je crois même que s’il avait su le faire, le Latin aurait bien été du genre à siffler les visiteurs lors de leur entrée sur la pelouse…
Voilà, voilà le genre de personnages que le Virage Auteuil abritait en son sein ! Voilà le genre de pseudo-supporters avec lesquels les vrais fans du PSG, à qui il ne viendrait pas à l’idée de commettre ce type d’actes odieux, sont pourtant amalgamés. Voilà ce dont nous serons désormais enfin débarrassés. Mais au moment de dresser le triste portrait de ces deux hères, il faut que je déballe tout. À Londres, j’ai vu le Bavard encourager les Rouge et Bleu en Ligue des champions, applaudissant un arrêt de Letizi ou un tir de Pauleta face à Chelsea. Au Parc, le Latin était là lorsque Paris jouait sa tête dans la zone rouge de la L1 : contre Nice et Saint-Étienne, il chantait pour son équipe. À Sochaux, quand le club de la capitale s’est sauvé, le Bavard encourageait Diané. Bon sang, rétrospectivement, j’en frissonne. Je suis sûr que le temps et la peur ont gommé les détails les plus sordides mais nul doute qu’ils ont bien dû épisodiquement manquer de respect à l’arbitre lors de ces rencontres, ou d’une autre. Ils ont sévi durant tant de matches, lors de ces improbables tours de coupe de France et autres matches pourris de janvier ! Car même au plus froid de l’hiver et dans un stade à demi vide, et même si ça me gêne de les enfoncer davantage, il me faut bien le reconnaître : ils sont tout à fait du genre à prêter à l’homme en noir des velléités sodomites en cas d’erreur manifeste de sa part. Les vils personnages. C’est pas comme nous…
Mais heureusement pour les vrais supporters, à Caen, pour le premier match que le Latin allait voir hors du Parc, ils ont commis le faux-pas de trop, et le glaive de la justice leur est tombé sur le coin du nez. Il était temps.
La boulette de trop
Quant à savoir quel faux-pas exactement a amené notre directeur des ventes et son camarade jeune entrepreneur à finir leur soirée dans les filets de la police, alors là, je ne saurais trop vous dire… Contrairement aux semaines passées, aucun arrêté préfectoral n’interdisait aux Parisiens de se rendre en Normandie. Il faut dire qu’au premier jour des vacances de Pâques, vu le nombre de résidences secondaires dans la région, il n’est pas sûr que les autochtones auraient apprécié la plaisanterie. De ce côté-là, ils n’ont donc enfreint aucune loi. Dommage…
Après s’être rendus compte qu’il était répréhensible de discriminer un acheteur à l’aide de son adresse IP, les forces de l’ordre ont choisi d’interdire à tous la vente de billets à distance. Qu’à cela ne tienne, un ami a fait l’aller-retour Paris-Caen pour acheter quelques tickets à la source. Là encore, impossible de condamner nos deux acolytes. Croyez bien que je le déplore.
Une fois au stade, connaissant les gaillards, je suis bien certain qu’ils ont dû se placer pas trop loin du dernier rang, agiter vaguement leurs écharpes et reprendre les chants lancés devant eux. Les ordures ! De là à dire qu’ils ont pu en profiter pour remettre en question une fois ou deux les pratiques sexuelles du président Leproux, il y a un pas que je franchis sans vergogne ! Hooligans comme on les connait…
Seulement voilà, ma conscience m’oblige à l’avouer : je doute qu’ils soient allés beaucoup plus loin.
Car s’ils sont aussi affreux, vilains et terribles que je le décrivais plus haut, avec leurs quelques invectives et autres coupables insultes, il faut bien avouer que le Bavard et le Latin ne rentrent pas vraiment dans la catégorie des plus fanatiques lorsqu’il s’agit d’aller faire le coup de poing… À la réflexion, je crois qu’on pourrait même les taxer de prudents. Certains font de la non-violence leur cheval de bataille. Eux, c’est plutôt qu’ils ne s’émoustillent pas tellement à l’idée de donner une baffe à un autre supporter. Et encore moins à celle d’en recevoir deux.
La vidéo ramenée par leurs soins depuis Caen a d’ailleurs été prise une bonne dizaine de rangs derrière l’emplacement de la rixe entre fans du PSG… Car il y a eu rixe, attention ! On tient d’ailleurs là notre point d’orgue, notre paroxysme de barbarie. Bon alors OK, je sais qu’il est impossible que l’un ou l’autre soit descendu participer à cette échauffourée. Et pour cause : les vrais coupables ont été interpellés sur place ! Mais on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs. Alors tant pis pour eux si nos victimes collatérales se voient punies : ils n’avaient qu’à pas venir dans la même tribune que ces excités qui se tapent dessus ! Zou, contrôle d’identité à la sortie pour tout le monde, et probable IDS à la clef. Problème réglé : 200 quasi-hooligans de moins. On ne va pas non plus se mettre à éplucher les vidéos pour y chercher qui a tapé sur qui non plus ?
Oh… Parce que si vous débarquez, c’est là qu’est la merveille de l’affaire : nos deux affreux, ils étaient du lot de « hooligans » alpagués par notre bien aimée police nationale à la sortie du stade. Quand vous lisez que le ministère de l’Intérieur veut 200 IDS à Caen, eh bien le Bavard c’est le numéro 199, et le Latin porte quant à lui le 200. Et puis merde, ils l’ont bien cherché : ils sont allés supporter le PSG alors que ça n’était même pas interdit !
Pire : lors de ce match-là, il y a eu des jets de pétards. Oui, bon, ces jets venaient de la tribune d’en face, OK. Mais c’étaient des Parisiens aussi ! Alors en ce qui me concerne, c’est comme si c’était le Bavard qui les avait lancés. Trop facile de toujours s’en sortir en bêlant « c’est pas moi, c’est pas moi », tout ça juste parce que l’on n’était pas à l’endroit du délit ! Nier sa présence sur les lieux, si ça ce n’est pas le comportement du vrai coupable, je ne sais pas ce que c’est !
Quant à la bagarre dix rangs plus bas, là encore, c’était des Parisiens qui se battaient : pour moi, le Latin n’est donc pas plus innocent que tous les autres ! Alors hop, direction le commissariat, avec la horde des autres barbares descendus à Caen pour enfreindre la… ah non, zut. Descendus pour casser des… non plus ! Pour… pour faire les barbares.
Pourquoi ne punir que les coupables ?
Non, je le répète, si notre calme doit être à ce prix, les 52 week-ends que nos deux canailles vont passer à pointer au commissariat de leur ville sont un bien petit sacrifice ! En tous cas pour nous, c’est un petit sacrifice. Bon, les deux acolytes ne pourront pas partir en vacances l’année prochaine, et si le PSG a la mauvaise idée de se qualifier en coupe d’Europe ça leur fera aussi sauter leurs mercredis soirs. Dommage, le Latin doit représenter son entreprise en province lors de déplacements en semaine. Oh, une fois au chômage il aura plus de temps pour réfléchir aux conséquences de ses actes. Il s’en souviendra de son premier déplacement, ce multi-récidiviste ! Si maintenant on se met à pleurer sur le sort de deux types sous le prétexte qu’ils sont condamnés alors que l’on n’a rien à leur reprocher, où va le monde ?
Non, décidément il y en a assez de subir la présence de tous les Bavards et autres Latins du PSG. Il fallait faire quelque chose, eh bien moi je trouve que les mesures prises par M. Guéant elles sont courageuses et inédites. On devrait les généraliser… Parce qu’il n’y aura pas de jugement, c’est ça qui est pratique. Des fois que ces deux pourris tentent de se défendre face à un juge, non merci ! Là au moins on est tranquille, c’est le ministère de l’Intérieur qui s’occupe de tout, le boulot sera bien fait. Enfin une justice qui fait du chiffre !
Mais on pourrait aller encore plus loin… Tenez, la semaine d’avant, lors de PSG-Lorient, il me semble bien avoir entendu un paquet de pseudo-supporters insulter l’arbitre, l’adversaire, et certains joueurs Parisiens. Il y a même eu une rixe en tribune I au Parc des Princes, en seconde période ! Allez hop ! Au poste toute la I. Non mais au bout d’un moment, il faut arrêter de tergiverser : on veut ramener l’ordre dans les stades ou pas ? Zou, je vais vous en faire des bonnes stats moi ! En tribune I, les billets sont nominatifs, on a les noms des 1 000 présents… Je te fais 1 000 IDS de plus ! Et allez, c’est le ministre qui va être content.
Il faut agir ! Frapper fort. Et sans pitié.
Après, bien sûr, si on pouvait commencer par ceux qui ont vraiment fait quelque chose de répréhensible, ce serait quand même pas mal. Parce que oui, des types qui me font davantage peur que le Bavard ou le Latin, au Parc, il y en a quand même quelques uns… Disons que j’avais déjà entendu dire que la Justice était aveugle. Sauf que là, dans le doute, le ministère de l’Intérieur ne lui donne carrément plus rien à voir, et condamne lui-même tous ceux qu’il souhaite condamner. Dans l’indifférence générale. L’aveugle n’est peut-être pas celle que l’on croit…
Près de 75 % des IDS sont prononcées par le ministère de l’Intérieur
80 % des interdictions de stade administratives seraient illégales !
250 interpellations PSG-ASSE : plainte à l’IGS
« Les stades de football, ni défouloirs ni lieux de contrôle »
La loi prévoit désormais des arrêtés anti-supporters