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On vous ment même sur les points factuels
Les quotidiens gonflent l’affluence de 12 %
Comme nous l’indiquions dimanche, 22 689 spectateurs — dont 841 supporters stéphanois en tribune F — ont assisté au match PSG-Saint-Étienne, selon le chiffre officiel communiqué à la LFP. Il s’agit de la plus faible affluence pour un match de L1 au Parc des Princes depuis le 10 novembre 1993 ! Depuis 1994, les matches PSG-Saint-Étienne réunissaient en moyenne 42 210 spectateurs.
Manifestement peu disposé à communiquer ce genre de nouvelles, ce lundi, le Parisien a choisi de mentir à ses lecteurs :
Il est d’ailleurs intéressant de relever que le Parisien et L’Équipe avancent un chiffre de 25 367 spectateurs, qui surestime de 12 % l’affluence communiquée par le PSG, disponible depuis samedi soir sur LFP.FR et PSG.FR. La palme revient à lequipe.fr, qui assure qu’« un gros tiers au Parc était vide » alors que plus de la moitié du stade était réellement inoccupée. Le 8 août, L’Équipe évoquait déjà « un stade au tiers vide ».
Que le PSG fasse de l’intox, cela peut se comprendre [1] ; mais que les quotidiens du groupe Amaury participent à cette entreprise de désinformation, voilà qui est plus singulier [2].
Violentes altercations au Parc des Princes
L’AFP fait la com’ de Brice Hortefeux
Samedi soir, les premières dépêches AFP ont relayé la communication du ministère de l’Intérieur à propos des interpellations. Dès lors, la version officielle pouvait inonder l’ensemble des rédactions de France, ne laissant aucune place à la mesure :
« À l’extérieur du Parc des Princes, il y a eu des faits de violences, d’insultes et de pressions sur des spectateurs pour les empêcher d’accéder au stade », a expliqué un porte-parole de la PP. Des supporters « cherchaient à empêcher les gens d’entrer dans le stade », a-t-il ajouté. D’après des témoins, il y a eu des altercations avec la police qui a chargé et utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser ces groupes. […]
Le ministère de l’Intérieur s’est engagé à lutter contre le hooliganisme, avec pour consigne une tolérance zéro à l’égard des fauteurs de troubles. Contre ces derniers, le gouvernement a décidé un renforcement des sanctions qui font l’objet d’une circulaire aux préfets.
Le ministère s’est « félicité de l’application par les services de police des consignes de fermeté en intervenant dès les premiers incidents ».
Les supporters du PSG, qui protestaient violemment, ont été logiquement arrêtés par la police : l’Agence France-Presse, qui fournit l’ensemble de la presse française, a donné le ton [4]. En se basant essentiellement sur les déclarations du ministère de l’Intérieur, accompagnées de quelques « témoignages » très incomplets — les altercations avec la police, qui n’ont eu lieu que côté Boulogne, n’ont rien déclenché puisqu’elles ont eu lieu… lors de l’interpellation —, elle a tenu à la perfection le rôle de porte-parole du gouvernement. Pour ce qui est d’informer, en revanche, on est prié de repasser.
Déjà partial, le récit des événements fourni par l’AFP sera relayé dans les médias avec plus ou moins de fidélité. Illustration du téléphone arabe avec ce bref exemple : alors qu’une dépêche AFP annonce que « d’après des témoins, il y a eu des altercations avec la police qui a chargé et utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser ces groupes », le site goal.com se refuse à copier-coller bêtement l’agence. Deux alternatives s’offrent alors : enquêter — c’est long et difficile —, ou paraphraser. Après une intense réflexion, le site a opté pour la seconde option, laissant son imagination faire le reste. C’est ainsi que les malheureux lecteurs de goal.com ont « appris » que « d’après les sources ayant été en place (sic), il y a eu des bagarres dans tous les recoins à l’extérieur du stade et les forces de l’ordre n’ont eu d’autres choix que d’utiliser les gaz lacrymogènes pour disperser les fauteurs de trouble. » Cela vous parait grotesque ? Attendez la chute :
À noter que l’AFP elle-même a contribué à ce rapprochement très douteux entre les manifestations pacifiques de samedi et les incidents d’une gravité sans précédent du 28 février 2010, en accompagnant quasi-systématiquement ses dépêches du week-end d’une photo de l’avant-match PSG-OM, sur laquelle on distingue des dizaines de supporters au milieu des gaz lacrymogènes, dans une atmosphère de chaos. Cette photo est laconiquement légendée : « Des supporters du PSG tentent d’échapper à la police lors de précédents incidents aux abords du Parc des Princes, le 28 février 2010. »
Les JT du 13 heures vous informent
Dimanche, l’annonce des 250 interpellations a fait le bonheur des médias, et notamment des journaux télévisés. Le sujet a ainsi fait l’ouverture des 13 heures de TF1, France 2 et France 3. Malgré des images tournées sur place, les trois chaînes se contentent en guise d’explications… des mêmes dépêches AFP que la presse écrite, mélangeant donc elles aussi les deux manifestations et dramatisant les incidents.
Illustration avec le 12/13 de France 3, qui bénéficie pourtant d’images des supporters de Boulogne en train de chanter assis :
Sur France 2, les « altercations » sont également de la partie, et les explications plutôt folkloriques :
Le bref reportage de TF1 consacré aux interpellations ayant été mystérieusement coupé dans la vidéo disponible sur Internet — dommage, le sujet était moins pire que celui des chaînes du service public —, nous nous rabattons pour cette revue de presse sur le sujet diffusé sur LCI :
Hortefeux est grand ! Hortefeux est beau !
L’article paru dans Le Figaro ce mardi est un bon résumé du grand n’importe quoi vu-lu-entendu dans les médias ces trois derniers jours. Sur une demi-page, rubrique société, Jean-Marc Leclerc « analyse » l’action du ministre de l’Intérieur : « Tolérance zéro pour les hooligans du football » :
Non seulement ces supporters plus ou moins fanatisés des tribunes d’Auteuil et de Boulogne n’auront plus accès aux stades durant trois semaines, mais ils devront en plus pointer au commissariat les jours de match. La préfecture assortit, en effet, quasiment automatiquement une mesure d’interdiction de stade d’une obligation de pointage. Dans un second temps, ils pourraient être exclus pour une période beaucoup plus longue. […]
Ce qui s’est passé samedi dernier au Parc des Princes était déjà en soi une première. D’ordinaire, la police interpelle quelques dizaines de hooligans tout au plus, en cas d’échauffourées. Mais la consigne lors du dernier match était claire : embarquer tous les agitateurs dès la première insulte qui fuse. La tolérance zéro, en somme, appliquée à un événement sportif. Ils étaient donc près de 300, ce soir-là, à crier leur haine et tenter d’empêcher les supporters pacifiques, venus en famille, d’accéder au stade et notamment à « leurs » tribunes des virages d’Auteuil et de Boulogne, dont ils ont été bannis.
Les forces de l’ordre, placées ce soir-là sous la responsabilité directe de Jean-Louis Fiamenghi, ancien patron du Raid devenu directeur de cabinet du préfet de police, ont appliqué à la lettre la nouvelle doctrine. Résultat : 249 interpellations en une heure, dont deux « Stéphanois » [5], soit presque le quart des arrestations réalisées durant toute une saison de football. Du jamais-vu. […]
Andrès, restaurateur espagnol et soutien inconditionnel du PSG, rapporte ce qu’il a vu ce soir-là : « Les ultras adressaient des insanités au public muni de billets. Ils bloquaient littéralement la rue pour nous empêcher de passer. Les CRS leur ont tendu une nasse. Et par paquets de dix, méthodiquement, avec des agents en civil, ils les ont cueillis pour les amener dans un bus tout blanc. À la sortie du match, tout était calme. » Lui le dit sans l’ombre d’une hésitation : « Aujourd’hui, on peut amener ses enfants au Parc. Nous n’avons plus peur comme avant. » De nombreux fans assurent également que la politique du club, consistant à baisser le prix des billets et à rendre les tribunes de Boulogne et d’Auteuil au public, rencontre un vif succès. Le dernier match a drainé 23 000 spectateurs. « Et c’était gratuit pour les filles », se réjouit un ado qui assistait à ce PSG-Saint-Étienne.
Une police plus réactive, un club qui joue le jeu : la recette sera à nouveau testée le 19 août lors d’un PSG-Tel-Aviv au Parc. Pas moins d’un millier de policiers seront mobilisés.
Pendant des années, une soirée au Parc des Princes était présentée comme une expédition incroyablement risquée. Pourtant, si certains matches engendraient effectivement des incidents, la majorité des rencontres à Paris se passaient sans encombre. Parmi les principales récriminations entendues jusqu’à la saison dernière : la présence massive des forces de l’ordre autour du stade. « Quand on voit autant de CRS, ça inquiète. »
Dès le premier match officiel au Parc après les mesures Tous PSG, alors que Leproux explique qu’il lui faudra des mois pour « pacifier » le stade, que tout le quartier est bouclé par des barrages, que les forces de l’ordre sont omniprésentes, que des interpellations d’une ampleur sans précédent ont lieu juste avant le match avec usage de gaz lacrymogènes… tout le monde se réjouit de l’ambiance féérique de la porte de Saint-Cloud. « Aujourd’hui, on peut amener ses enfants au Parc. Nous n’avons plus peur comme avant », nous fait savoir Andrès. Si un tel témoignage avait été livré après quelques semaines de recul, il aurait pu être écouté. Mais après un seul et unique match, qui fut le théâtre d’incidents, il n’a qu’une seule vertu : nous alerter sur les œillères avec lesquelles certains évoquent le Parc des Princes.
Il est légitime d’avoir envie de raconter une belle histoire… mais tout de même, est-ce une raison pour refuser d’informer ?
Les manifestations vues par Amaury
Selon nos constatations, ni Damien Degorre ni Arnaud Hermant n’étaient présents aux manifestations, prévues de longue date, qui se sont déroulées samedi après-midi. Cela ne les a pas empêché de les résumer… avec plus ou moins de précision.
Le jeu des 7 erreurs, par Damien Degorre
Ni les manifestants d’Auteuil ni ceux de Boulogne n’ont tenté de contourner les barrages.
Plusieurs « membres des anciens groupes de supporters parisiens », dont des manifestants, ont assisté à la rencontre.
Les supporters stéphanois étaient 841, d’après les chiffres communiqués par la LFP.
La rechute d’Arnaud Hermant
Si ce premier mouvement de mécontentement s’est déroulé dans un esprit pacifique, les actions futures s’annoncent plus muclées (sic). […] Les forces de l’ordre ont parfaitement géré ces incidents sous l’œil de Michel Bart, le directeur de cabinet de Brice Hortefeux, venu superviser cette première. Après le match, l’ambiance était sympathique grâce à la belle victoire des hommes de Kombouaré. Le Parc des Princes a accueilli hier environ 25 000 spectateurs, loin des 35 000 ou 40 000 annoncés ambitieusement, le week-end dernier, par la direction. Sans ses deux kops, le Parc a certes fait du bruit, mais les chants ont surtout émané du millier de supporteurs verts. Les fans parisiens ne se sont jamais vraiment lâchés, sauf en fin de match. Est-ce en raison de l’absence de la mascotte Germain ? Le Parc devra encore patienter pour la voir ailleurs qu’en coursives. Car de peur qu’elle soit sifflée, les dirigeants ne veulent pas l’amener sur la pelouse…
Mais le reporter du Parisien reprend bien vite son rôle de propagandiste pour clamer que « les forces de l’ordre ont parfaitement géré ces incidents » et répéter que près de 25 000 spectateurs étaient présents. Est-ce en raison de l’absence de Germain le lynx que le Parc est resté globalement silencieux ? Bonne question…
PSG : des scènes de guerre civile autour du Parc (récit des manifestations)
PSG : focus sur la propagande de L’Équipe, du JDD…