Il faut d’abord dresser un constat simple : si le PSG est bien placé aujourd’hui, l’équilibre demeure toujours très fragile. Même si les écarts commencent à se faire, et le ventre mou à se diluer, Paris ne compte guère qu’un point d’avance sur Lyon où pourtant tout se passe mal, paraît-il. Le PSG n’a même jamais été leader jusque-là, et n’est finalement qu’une équipe de tête par rapport aux autres. Alors que la possibilité de chuter rapidement au classement existe toujours, parler du titre dès maintenant pourrait être assez déplacé, surtout si une mauvaise série arrivait et/ou que les grosses cylindrées du championnat décidaient d’augmenter leur moyenne de points [1]. Se voir trop beau trop tôt n’étant pas gage de réussite — spécialement à Paris —, l’humilité affichée par les joueurs, qui pour l’instant occultent le sujet, est appropriée.
Les championnats précédents ont parfois montré qu’il valait mieux reporter la pression sur son voisin. On se souvient de Laurent Blanc qui, en 2009, assurait systématiquement en interview qu’il ne jouait pas le titre. La communication du coach girondin d’alors virant parfois au grotesque lorsqu’à quelques journées de la fin, étant en bonne position, il continuait toujours à refuser de déclarer son équipe comme prétendante au titre. A contrario, l’OM a souvent reconnu très tôt dans la saison que le titre de champion était un objectif… pour une réussite minimale ces quinze dernières années. Tous les climats sont bien sûr différents, mais il n’est pas utile que les joueurs parisiens se mettent seuls une pression supplémentaire dont ils n’avaient pas besoin.
Pourtant, dans certains des ersatz de réponse des Parisiens, on sent que les joueurs y pensent déjà [2]. Quand il est dit qu’il faut espérer être aussi bien placé en mars pour voir ensuite, il est clair qu’un plan de marche a été établi, et que dans l’idéal, Paris jouera le titre… Pour l’instant, le PSG souhaite avancer caché, mais à force de le dire ainsi, les ambitions ne vont plus faire de doute très longtemps. La communication risque d’être assez périlleuse, et on ne sait pas si Makelele et se coéquipiers pourront tenir trois mois à base de formules malignes pour dire qu’ils veulent viser haut mais pas tout de suite [3].
Mais il y a bien un avantage à déclarer d’emblée ses vues sur le trophée de champion de L1 : celui de ne pas se contenter du minimum. Une théorie émise par certains experts [4] consiste à estimer qu’il ne faut jamais faire de plans sur les matches à venir : par exemple, se fixer un objectif de neuf points en quatre rencontres. Car cela signifie que si l’équipe remporte les trois premiers matches qui arrivent, inconsciemment, les joueurs se diront qu’ils ont fait leur job, et qu’ils peuvent donc perdre la dernière rencontre. Si l’on calque ce principe sur des objectifs de titre, cela veut dire qu’il faut éviter de se contenter de dire que l’on joue seulement la cinquième place. Car les joueurs pourraient avoir la sensation du devoir accompli, et ne pas s’arracher pour grappiller les quelques points supplémentaires qui font la différence entre une équipe qui joue le haut de tableau, et une qui joue le titre. Ce qui ne manquerait pas de nourrir des regrets…