Avant cette trêve internationale, le PSG a vécu deux semaines compliquées. Une élimination pas franchement méritée en Ligue Europa face au Benfica Lisbonne, deux malheureux points pris sur neuf possibles en championnat, et une mise à l’écart quasi-définitive dans la course au titre de champion de France. À la sortie de cette mauvaise série, la première réaction de Robin Leproux a été de manifester une certaine forme de soulagement : c’en est fini de cette pression que son équipe n’était pas à même de supporter. C’en est fini des chances de titre ; de toute façon, personne n’y croyait, et ce n’était pas un objectif. Alors que le PSG a pratiqué durant une grande partie de la saison l’un des plus beaux jeux de L1, que l’équipe de Kombouaré a longtemps été deuxième, pas très loin du leader Lille, la confession a de quoi décevoir et dénoter un léger manque d’ambition. Paris n’a pas eu si souvent que cela, ces dernières saisons, l’occasion de se mêler à la lutte pour le titre, et il est difficile de considérer que de ne pas avoir saisi cette opportunité est un poids en moins sur les épaules parisiennes.
Aurait-il fallu sacrifier complètement la Ligue Europa, à l’image de Lille, en ne faisant jouer que des équipes de remplaçants, pour tout consacrer au championnat ? Aurait-il fallu tenir un discours plus franc sur la possibilité de titiller Lille et les Olympiques, pour motiver un peu plus les troupes ? Aurait-il fallu recruter à tout prix un milieu droit au dernier mercato qui aurait immanquablement changé la face de l’équipe ? Nous laisserons ces questions aux réponses invérifiables à ceux que cela amuse. Dans l’absolu, il faut surtout voir qu’un discours présidentiel, c’est avant toute chose de la communication. Cela ne traduit pas forcément ce qu’il se passe au sein d’un groupe de footballeurs. Même si, mathématiquement, il reste toujours un mince espoir — dix points sur le premier, en dix journées, cela peut se rattraper, mais quatre équipes à dépasser, cela semble plus ardu —, des entraîneurs aux joueurs, personne n’a bien vécu ces deux semaines, et tous sont conscients d’avoir laissé filer quelque chose de grand. Était-il utile d’en rajouter ? Quelque part, cela ne servait à rien de dire que c’était la fin du monde, d’autant que d’autres s’en chargent très bien.
Bien sûr, nous ne parlons pas de n’importe quel club. Le PSG est un supposé grand, représente la capitale, et se doit de viser le titre chaque année. Le club possède le troisième budget de France — même si son enveloppe allouée aux transferts semble en revanche plus limitée —, et n’a pas à lésiner sur les objectifs. Mais tout cela, ce ne sont que des discours. Il y a une réalité bien différente. Paris est loin d’avoir les mêmes moyens que les deux Olympiques [1]. Le récent classement des salaires de L1 le confirme : le Parisien le mieux payé est 10e quand, à Lyon, même des remplaçants sont dans le top 10. Le PSG ne peut même pas s’appuyer sur un groupe habitué à jouer les places européennes ensemble, contrairement à Lille ou, encore une fois, à Lyon et Marseille. Tous ces clubs n’ont pas atteint la régularité qui est la leur en une seule saison. Et jusque-là, le PSG n’a pas fait preuve d’une régularité dans sa progression suffisante pour pouvoir annoncer de but en blanc jouer le titre.
Le PSG n’a plus fini dans le premier quart du championnat depuis 2004, soit sept ans. Et ne s’est qualifié en Europe que par le biais des coupes nationales. Ce n’est pas faire preuve de manque d’ambition que de dire que le club doit enfin réussir à se reconstruire doucement pour se stabiliser en haut. Bien sûr, quand on voit des clubs comme Bordeaux être champion en 2009, ou d’autres comme Auxerre l’an dernier ou Rennes cette année être au niveau des places qualificatives en Ligue des champions, rien n’empêche de se dire que Paris peut en faire autant. Mais ces clubs n’ont-ils pas réussi à faire ces coups-là justement parce qu’ils ne tablaient pas sur de tels objectifs ? Il ne s’agit pas de plaider pour que le PSG soit impérativement et définitivement en roue libre, évidemment, mais seulement d’admettre que, lorsque certains clubs sont mieux armés, il n’y a rien d’anormal à ce qu’ils finissent par passer devant…