Les tensions dans le vestiaires
C’est très frustrant parce qu’on aura été supérieurs à Benfica. Sur ces deux matches, on aura eu six occasions franches en face à face avec leur gardien. Or, tu ne peux pas passer quand tu n’es pas capable de tuer les matches… Je reste convaincu qu’Erding et Hoarau sont complémentaires. Mais ils ne sont pas efficaces. À Lisbonne, Mevlut devait marquer au minimum un but. Contre Montpellier, Guillaume devait en inscrire deux ou trois, mais comme il n’est pas bien dans sa tête… Il a en lui la mauvaise rage, celle qui te dit : « Les copains ne jouent pas avec moi… » La bonne rage, c’est : « Toi, le gardien, je vais t’enfoncer ! » Une concurrence plus relevée les obligerait peut-être à être plus forts. Mais j’ai l’effectif que j’ai, je travaille avec et je ne m’en plains pas. Je connaissais nos moyens.
[…] Je me vois comme un chef de clan, qui aime ses joueurs comme des enfants. Et il arrive d’ailleurs qu’ils se comportent comme des gamins… La semaine dernière, je sentais déjà que ça discutait en petits comités. Après Montpellier, crever les abcès au grand jour a permis d’avancer. Au PSG, toute cette cuisine interne se retrouve dans les médias. (Ironique.) Comme si ça n’existait pas ailleurs… Mon père, qui vit à 20 000 km d’ici, à l’île aux Pins, m’a appelé pour me dire : « Eh, Koulogne, il s’est passé ci et ça dans ton vestiaire ? » Je lui dis : « Mais comment tu sais ? » Il m’a grondé et il m’a dit d’arrêter mes conneries. (Il sourit.)
La situation de Nenê
Ces tensions, ces jalousies, c’est la vie d’un groupe. Même pour Cristiano Ronaldo à Madrid, c’est pareil. Tant qu’il fait gagner des matches, tout va bien. Mais, quand il est moins bien, on lui dit : « File-nous le ballon ! On en a marre de courir pour toi. » Tant que Messi fera gagner Barcelone, aucun coéquipier ne regardera son salaire…
[À propos de Nenê] Chez ses partenaires, une certaine forme de crispation était apparue à cause de sa façon de jouer. Mais son jeu, c’est sa force. On ne va pas demander à Hoarau ou à Makelele de dribbler. Certains sont là pour dribbler et faire la différence, d’autres pour marquer, d’autres pour défendre. Nenê a fait une première partie de saison fantastique et, vu qu’il est moins bien, il doit modifier un peu son jeu. Il élimine moins ses adversaires, les arbitres sifflent moins de fautes sur lui, il doit intégrer tout ça. Je lui ai demandé de jouer plus simple et d’écouter un peu ce que les copains disent, car il y a toujours une petite part de vérité dans les reproches, même s’ils sont exagérés. Chacun doit faire un pas vers l’autre. Et ça s’est vu contre Benfica.
Le départ de Sessegnon
Il n’a pas accepté la concurrence. Il voyait Giuly, qui a huit ans de plus, lui bouffer sa place. Il a lâché, rejeté la faute sur le groupe, sur moi, parce que j’ai insulté son agent. Quand tu as un mec qui abandonne comme ça, ce n’est pas bien. La qualité du joueur était là, mais il a décidé de ne plus venir s’entraîner et de dire : « Je vous emmerde et je veux me casser. » Ce sont des problèmes de comportement qu’il faut combattre. Après, le club a pu prendre 8 millions d’euros sur son transfert à Sunderland. C’est fantastique et je comprends la raison économique mais, sur le principe sportif, je ne devais pas bouger. C’était mon rôle. Là, j’ai tourné la page. Si Sessegnon était resté, ce serait un joueur mort, qui n’existerait plus. Aujourd’hui, sans lui, on travaille plus sereinement.
Le poste de gardien : Edel ou Coupet ?
Si je vous écoute, il manque un gardien, mais on peut aussi considérer, si on va au bout de la réflexion, qu’il manque des attaquants pour marquer des buts ! Sur 2011, Grégory est revenu à un très bon niveau. Il est à nouveau compétiteur et compétitif. Il est en concurrence avec Edel depuis la reprise de janvier. Jusqu’à présent, j’ai toujours pensé qu’Edel était devant. […] J’ai dit : ils sont en concurrence. Ils sont prêts. J’ai deux très bons gardiens. Ils sont sur la même ligne. Dimanche matin, je vais prendre une pièce, la jeter en l’air et voir de quel côté elle retombe… Je plaisante ! Je préfère le préciser ! La loterie, ce n’est pas mon genre.
Le match OM-PSG
Si je sens le PSG capable de battre Marseille ? Ah oui ! Après, il faut s’en donner les moyens. Il ne suffit pas de claquer des doigts pour battre l’OM. Ce qu’on sait, c’est qu’on s’appuie sur des matches cohérents, même si on manque d’efficacité. On s’appuie aussi sur le match aller. Cette victoire a marqué une avancée par rapport à la saison dernière. […] Derrière, il restera encore trente points en jeu. C’est énorme. Au-delà des points, il y aura cette question de rivalité. On n’a jamais envie de perdre contre Marseille. Mieux, on veut gagner là-bas, même si ça m’énerve qu’ils aient eu deux jours de récupération en plus. Cette Ligue Europa nous aura plombé toute la saison. […] Il est encore un peu tôt pour savoir [si le PSG peut encore se qualifier en Ligue des champions]. Mais ce match à Marseille est un tournant. On va savoir si on peut ou non franchir LE palier. Si tu gagnes là-bas, tu marques les esprits des rivaux, tu frappes un grand coup et ça te donne une confiance fantastique pour aller vers le podium. Si ça devait mal se passer dimanche, il faudrait alors s’accrocher à la cinquième place et garder notre coupe de France.
- Antoine Kombouaré (photo Éric Baledent)