Avant toute chose, parlons chiffres. Paris est certes troisième à deux points du leader, mais avec un match de plus que le deuxième — Rennes — et le quatrième — Marseille. Sachant que le match manquant oppose ces deux équipes, Paris se fera à coup sûr distancer ou rattraper. Surtout, une simple lecture du classement montre à quel point la bonne position du club est fragile. Troisième avec 19 points, Paris n’a en fait que six points d’avance sur Lens… dix-neuvième au général, et donc avant-dernier. Il n’y a rien de dramatique, et toutes les équipes derrière Paris ne se mettront pas à gagner tous leurs matches en même temps. Il n’empêche, comme une bonne série permet à un club de se hisser sur le podium, une mauvaise peut irrémédiablement rapprocher le PSG de la zone de relégation. Rien n’est acquis, et comme le suggère René Girard dans les colonnes du Parisien, il ne faudra pas plus de deux défaites pour que l’enthousiasme qui règne autour du PSG s’éteigne.
Mis à part ce classement de Ligue 1 assez difficile à lire, d’aucuns diraient que le PSG est en net progrès par rapport à l’an passé. C’est sensiblement vrai en nombre de points — trois points de plus par rapport à l’an dernier, avec le même nombre de matches joués —, mais il faut bien se rappeler qu’à la même époque, les commentaires élogieux sur la qualité du jeu parisien existaient déjà. Du match contre Lyon à une défaite malchanceuse contre Nice, l’équipe de Kombouaré était présentée comme une formation plutôt joueuse, mais en manque de réussite. La différence principale réside dans le fait que les Girondins de Bordeaux étaient irrésistibles, et comptaient une avance en tête du classement bien plus significative que Brest cette saison.
Objectivement, si le PSG est considéré comme un favori, et comme l’équipe de l’élite qui pratique le plus beau jeu, c’est presque par défaut. La question est de savoir si le championnat va continuer sur les mêmes bases, et si aucune équipe ne va se mettre à accumuler les victoires sur plusieurs mois. Car le PSG n’a pas actuellement un rythme de champion, ni même d’équipe de podium. Si les locomotives de L1 se réveillent, alors Paris devra faire encore mieux pour suivre. Et pour paraphraser Paul Le Guen, il y a peu de marge.
Mais en dehors de ces considérations toujours utiles à rappeler, il y a des signes et des faits qui ne peuvent qu’inciter à l’optimisme. Une formation qui réussit passe d’abord par une équipe-type toute trouvée, et des remplaçants qui s’intègrent parfaitement en cas de besoin. Et de ce côté-là, le PSG a l’avantage sur ses concurrents d’avoir déjà un onze de départ récurrent — qui s’est dessiné depuis l’opposition face à Arles-Avignon —, et surtout d’avoir sur son banc une poignée de joueurs qui ne font pas fléchir le niveau de l’équipe. Même si l’on se penche sur des formations comme Marseille, Lyon ou Lille, il n’est pas dit que l’on trouve sur les bancs des joueurs qui sont au niveau de Camara, Cearà, Clément, Bodmer ou Luyindula. Quantitativement, et si les multiples compétitions jouées par Paris ne pompent pas trop d’énergie, Paris semble pour une fois être au niveau de ses concurrents.
Et qualitativement, il faut reconnaître qu’en la personne de Nenê, Paris a le meilleur joueur de L1, que le duo Sakho-Armand représente la charnière centrale la plus complémentaire, et qu’Edel est devenu un équivalent aux meilleurs portiers du championnat. Enfin, pour l’instant, les deux attaquants de pointe ont tutoyé le pire, et ne peuvent que faire mieux par la suite. Alors c’est peut-être aller trop vite en besogne, mais il faut le dire : les chiffres ne pèsent pas lourds face à l’impression que le PSG a une équipe d’une homogénéité et d’une solidité comme rarement vu ces dernières années. Tout peut s’écrouler, mais en attendant, il ne faut pas bouder son plaisir et se satisfaire de ce que le groupe professionnel du PSG est en train de faire.