Ce mardi, L’Équipe publie un article consacré à la stratégie du PSG en matière de formation :
Fini les loupés du genre Patrice Évra ou Abou Diaby [1] ? Peut-être pas, mais le Paris SG, longtemps moqué pour sa formation, prête nettement moins le flanc aux brocards. Classé 21e en 2006 par la Direction technique nationale (DTN), le centre de formation parisien s’est hissé au 11e rang en juillet dernier, juste derrière Lille. « Mais, au niveau des résultats sportifs, on est deuxièmes derrière Sochaux. Et on a le plus de jeunes en sélections nationales [une quinzaine] », précise Bertrand Reuzeau, directeur du vivier parisien depuis 2005.
En 2010, le PSG a obtenu un titre national en moins de 19 ans, une place de vice-champion en moins de 17 ans [et a atteint les demi-finales des réserves professionnelles]. Les réussites de Mamadou Sakho (21 ans) ou de Clément Chantôme (23 ans), installés en équipe première, sont les deux locomotives d’une talentueuse nouvelle vague. Cette saison, certains espoirs du centre se sont déjà illustrés avec le groupe d’Antoine Kombouaré, comme les milieux Jean-Christophe Bahebeck (17 ans) et Neeskens Kebano (19 ans), tous deux buteurs face au Mans [L2, quarts de finale de la coupe de France, le 2 mars]. Florian Makhedjouf (20 ans) et Loïck Landre (18 ans) sont régulièrement convoqués chez les pros. Quant à Alphonse Areola (18 ans), à qui le PSG promet un grand avenir, il assume déjà le titre de gardien n°3, derrière Edel et Coupet.
Pour progresser, la méthode parisienne a été repensée de fond en comble. Désormais, le PSG veut former peu mais bien. « On cherche à valoriser nos jeunes plus rapidement au sein du groupe pro, commente Reuzeau. L’objectif, c’est qu’ils viennent le renforcer à hauteur de 30 %. » Le centre emploie une trentaine de salariés au service de 54 jeunes, de treize à dix-huit ans. Budget ? Entre 3,7 M€ et 4 M€ par saison, selon nos informations. Le centre de formation de Rennes, le meilleur en France depuis cinq ans, friserait les 6 M€. L’autre axe privilégié par le PSG, c’est la technique, souvent délaissée ces dernières saisons par la formation française. « En France, on a trop misé sur des costauds, constate Reuzeau. Beaucoup de bons joueurs ont disparu comme ça. Depuis deux ans, on insiste sur la technique individuelle, le sens du collectif, la science du placement, la vision du jeu. Tout le monde ne peut pas être le Barça, mais on peut s’en inspirer. »
Antoine Kombouaré, qui a lui-même dirigé la réserve parisienne (1999-2003), cultive cette filière club. « Les éducateurs doivent apprendre aux jeunes à dire bonjour ou à ne pas se montrer jaloux envers ce que gagne le copain, insiste l’entraîneur du PSG. C’est nécessaire pour qu’un collectif fonctionne. Le plus important, c’est d’apprendre à se battre les uns pour les autres. Ça, c’est plus fort que tout. » Robin Leproux, le président du PSG, approuve aussi cette promotion interne, qui peut rapporter gros. La valeur de Sakho, sous contrat jusqu’en 2014, est estimée aujourd’hui à au moins 20 M€. « L’économie du marché et la crise font qu’on est obligés de travailler sur notre centre, reconnaît Alain Roche, directeur sportif du PSG. Tous les clubs sont en train d’essayer de relancer leur formation. »
Un deuxième article du quotidien sportif précise la concurrence entre les différents recruteurs en Île-de-France :
Raillé à chaque éclosion d’un talent francilien loin de la capitale, le Paris SG ne fait pas rire les clubs habitués à prospecter en Île-de-France, plus riche vivier de France. Depuis quelques années, ils ont pu constater par eux-mêmes la nouvelle orientation du club parisien. « Depuis cinq ou six ans, on ressent beaucoup plus la présence du PSG au niveau du recrutement des jeunes, témoigne ainsi Patrick Rampillon, le responsable de la formation à Rennes, meilleur centre français ces cinq dernières saisons. On a vu à cette époque le PSG montrer le bout de son nez pour des joueurs sur lesquels nous étions et qu’ils ne suivaient pas jusque-là. Et depuis quatre ans, on observe une consistance dans le jeu des équipes de jeunes du Paris SG. Avant, la politique du PSG, ce n’était pas forcément de leur faire de la place. »
Jean-Luc Ruty tempère néanmoins le phénomène. « Il y a toujours eu de bons jeunes à Paris sauf qu’on ne les voyait pas, rappelle le directeur du centre de formation de Sochaux [quatrième du classement des centres depuis deux ans]. Il fallait simplement leur donner du temps de jeu. Pour en avoir parlé avec Bertrand Reuzeau, je sais que le passage de Guy Lacombe [de décembre 2005 à janvier 2007], n’y est pas pour rien. Mais c’est vrai qu’il y a quelque chose de nouveau qui répond à des besoins économiques et financiers. Tous les clubs français sont condamnés à ça. » Avec pour conséquence, une concurrence accrue. « En région parisienne, tous les clubs connaissent des difficultés de recrutement, observe Rampillon. On doit y affronter de gros clubs comme Lyon ou le Paris SG. » Ruty abonde : « Cela complique les choses, car c’est notre fonds de commerce, à Sochaux. J’espère que Paris laissera encore échapper des joueurs prometteurs vers d’autres clubs. (sourires) Mais ce sera toujours plus difficile pour un jeune de jouer à Paris, Lyon ou Marseille qu’à Sochaux. »
Bilan de la formation du PSG en 2009/2010
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