Il ne faut pas faire semblant de découvrir aujourd’hui qui est Nenê. Depuis le début de saison, il joue de la même façon, mais avec plus ou moins de réussite. Que le joueur tente plus de dribbles que nécessaire, qu’il tente régulièrement un tir impossible alors qu’une passe s’imposait, cela fait partie intégrante de son jeu. C’est ce culot, et c’est cet individualisme un peu poussé qui lui ont permis de réaliser un superbe début de saison. Et de faire gagner bon nombre de points à Paris. Durant la première moitié de saison déjà, il était clair que le jour où il ferait moins d’exploits, il pourrait agacer ses partenaires. Tout est ensuite une question de proportion. Des joueurs talentueux comme Ginola ou Djorkaëff pouvaient également agacer leurs coéquipiers ; si cela ne va pas au-delà d’un haussement de ton ponctuel, il n’y a rien de dramatique. Robert Duverne expliquait encore ce lundi que ce type d’incidents était monnaie courante dans le monde du football, même au sein de groupes qui empilent les titres. Mais qui pouvait croire que tout était toujours rose ?
Revenons-en à Nenê. Le Brésilien a effectivement commis des mauvais choix contre Montpellier. En première mi-temps, il y a effectivement une action lors de laquelle il s’échappe côté gauche et tente un tir impossible depuis l’angle de la surface, alors que Hoarau ou Erding étaient placés dans la surface. Un peu plus tard, c’est un coup franc complètement excentré qu’il tire directement, et très maladroitement. En ce sens, la déclaration de Hoarau au micro de Canal+ n’est pas complètement insensée — et sa remarque pouvait également tenir pour les tentatives de raid solitaire d’Erding. Nenê n’étant actuellement pas en réussite dans ses tentatives de frappe, qu’il privilégie la solution collective quand celle-ci est évidente tombe sous le sens. Le vrai problème est finalement que Hoarau ait justement fait cette remarque publiquement, au lieu de n’adresser ses reproches qu’à Nenê, mettant ainsi l’accent sur une querelle de groupe comme il y en a des dizaines dans une saison. Il ne faut pas oublier que le mois d’août avait été le théâtre du même genre de malaises concernant Erding ; le groupe parisien y avait largement survécu, et peut largement y survivre encore une fois.
Ce qui reste paradoxal dans toute cette histoire, c’est qu’elle arrive alors que les statistiques de Nenê n’ont jamais plaidé autant en faveur de son sens collectif. Depuis début janvier, Nenê n’a marqué qu’un seul but, mais il collectionne les passes décisives. Il en a réalisé 8 depuis la reprise, toutes compétitions confondues — et il est impliqué sur 14 réalisations parisiennes. Sur les quatre derniers matches, il a été passeur décisif 3 fois, quand 2 de ses centres ont amené un tir sur le poteau. On a vu des joueurs individualistes donner moins de bons ballons à leurs partenaires… Un autre sujet concerne son implication dans le groupe : ce mardi, L’Équipe a raconté une anecdote au sujet de Nenê, qui se serait enfermé dans une pièce après la victoire à Avignon — le quotidien ne prend pas la peine d’expliquer pourquoi. Peut-être qu’un jour, il y a deux mois, Nenê était effectivement contrarié. Mais il y a deux semaines, quand un tout jeune joueur parisien, Jean-Christophe Bahebeck, qualifiait Paris contre Le Mans, la joie de Nenê pour son collègue novice était bel et bien visible. L’idée d’un malaise qui trainerait ainsi depuis un bon bout de temps ne semble donc pas réellement tenir la route.
Pour ceux qui ne sont pas au sein du groupe professionnel, il sera impossible de savoir précisément ce qui a été reproché à Nenê. Peut-être est-ce un joueur qui, sur certaines actions, va légitimement agacer ses partenaires. Mais il n’est pas mono-tâche, et n’est pas de ces Brésiliens qui vont coûter un résultat à leur équipe en passant 90 minutes à s’empaler sur les défenses adverses. Ses performances ont beau ne pas être aussi resplendissantes qu’à l’automne dernier, sa fiche statistique continue à gonfler, et il va certainement présenter l’un des meilleurs bilans de ces dernières années pour un joueur du PSG sur une saison. Pour le reste, les querelles internes devront être réglées par le staff et les leaders de l’effectif.
- Nene (photo Éric Baledent)