Soyons honnêtes : bien sûr, Nenê a beaucoup de caractéristiques du joueur agaçant… lorsqu’il joue dans un club adverse. Le Brésilien voulant toujours éliminer son vis-à-vis, le laissant parfois sur les fesses d’une façon très humiliante, les défenseurs peuvent l’avoir mauvaise. Et il faut le dire, Nenê fait aussi partie de ces footballeurs qui provoquent, qui pestent, qui réclament des fautes, mais qui aussi peuvent être amenés à se laisser tomber. Lors des rencontres de l’an passé entre Monaco et le PSG, nous parlions en ces pages des « simulations grossières pour obtenir un penalty [de] Nenê face à Sakho » ou de « tentative de pourrissement de la rencontre orchestrée par Nenê, qui se permet d’assener une gifle sur la nuque de Makelele ». À coup sûr, si nous avions su que le joueur allait signer au PSG dans les mois qui suivraient, nous ne nous serions pas exprimés ainsi.
Quoi qu’il en soit, Nenê est un joueur qui n’a pas toujours un comportement parfait sur un terrain, et qui simule à l’occasion. Ce sera probablement toujours ainsi, et comme d’autres joueurs parisiens — Luyindula ou Chantôme par exemple —, il obtiendra des coups francs grâce à cela, ou au contraire se verra sanctionner de cartons jaunes. Cela fait-il de Nenê un immonde personnage qui manquerait de classe — propos toujours savoureux dans la bouche de José Anigo ?
Le problème est que Nenê subit à chaque match des fautes bien réelles, et en nombre plus que conséquent. L’an dernier, il était de très loin le joueur de L1 qui subissait le plus de fautes ; cette saison, il est probable qu’il ne soit pas non plus loin de la tête de ce classement. Alors, aussi bon comédien Nenê puisse-t-il être, il y a peu de chances que les 164 fautes [1] subies l’an passé soient toutes des abus envers les arbitres. Avant de dire que Nenê plonge, il faut avoir l’honnêteté de concéder que les défenseurs en face de lui n’adoptent pas un comportement d’un fair-play hors-norme non plus. L’exemple de Bocaly lors du dernier Montpellier-PSG est assez parlant : l’arrière droit ne s’embêtait même plus à essayer de prendre la balle proprement, il faisait faute systématiquement, avec les bras ou les pieds. Qui est à l’initiative de ce jeu malsain ? Est-ce parce que Nenê amplifie les fautes que les défenseurs lui offrent un traitement particulier, ou parce que Nenê se fait maltraiter qu’il tombe dans la provocation ?
Attardons-nous sur l’action qui a lancé cette mini-polémique, face à l’OM : Nenê n’a pas fait quoi que ce soit de répréhensible. Souleymane Diawara commet une faute indiscutable sur lui, Nenê tombe — sans faire pour autant trois tonneaux —, et Diawara lui marche volontairement dessus. Le Brésilien ne pleure pas, ne demande pas à être conduit à l’hôpital, il peste juste et montre les traces de crampons à l’arbitre… Sur ce coup-là, il n’y a rien à reprocher au numéro 19 du PSG.
- Souleymane Diawara s’essuie les crampons sur Nenê
Globalement, même si Nenê peut être un brin provocateur, il semble être à des lieues des truqueurs avérés. Il amplifie les fautes, mais ne semble pas tomber souvent dans la simulation éhontée. Là où Ravanelli se faisait un auto-croc en jambe, où Fiorèse était capable d’obtenir un penalty et de faire expulser un joueur sans avoir été en contact avec qui que ce soit, et où Matthieu Valbuena se prend pour un culbuto victime de convulsions, Nenê se contente de tomber, la plupart du temps pour des fautes réelles. Lui faire un procès maintenant, simplement sur la base des propos de Marseillais frustrés, serait pour ainsi dire très inéquitable… mais les jurisprudences PSG étant nombreuses, peut-être faut-il réellement se méfier.