[Débat] Nenê maintiendra-t-il son niveau de jeu ?

À Montpellier, en coupe de la Ligue, Nenê a livré un match moyen. Il ne faut cependant pas en tirer de conclusions hâtives : le milieu gauche était malade, et ses deux premières sorties de 2011 avaient été réussies. En revanche, s’il y a clairement une tendance récente concernant Nenê, c’est bien sûr la façon dont les adversaires s’occupent désormais de lui. Il prend de plus en plus de coups, et ses vis-à-vis n’ont de cesse de crier à la simulation, s’engouffrant dans les sillons ouverts par Souleymane Diawara. Il en résulte une grande nervosité de la part et autour de Nenê, qui peut parfois déteindre sur les prestations purement techniques du joueur. Les arbitres n’ont pas non plus tendance à vouloir le défendre coûte que coûte, comme l’atteste son carton pris face à Lens alors qu’il demandait des explications à Jemaa, qui l’accusait de se jeter. Son orgueil pousse le joueur à vouloir ensuite gagner le match à lui tout seul. Cela fonctionne parfois — comme contre Valenciennes ou Lens —, mais cela peut aussi moins bien tourner, comme à Montpellier. La question qui se pose est de savoir comment Nenê va gérer un tel traitement, qui risque de devenir de plus en plus fréquent.

Cette considération mise à part, il faut prendre conscience d’une chose : Nenê a atteint un tel niveau l’an passé que le voir décliner ne serait pas une surprise. Ce serait même logique : s’il poursuit sur les mêmes bases, le milieu gauche parisien terminerait la saison avec 34 buts toutes compétitions confondues. Seul Carlos Bianchi a fait mieux dans l’histoire du PSG — en 1977/1978 —, et lui était un buteur, ce que n’est absolument pas Nenê. Si le Brésilien venait à moins marquer, il n’y aurait pas à le pointer du doigt pour autant, ce serait finalement plus conforme à son poste. La vraie question est plutôt de savoir jusqu’où cette hypothétique baisse de niveau peut aller. Si elle ne se limite qu’au total de buts, il n’y a pas à s’en faire. Tant que Nenê continue à provoquer sur son côté, à amener des fautes, à centrer et à donner le tournis à ses adversaires, le PSG pourra être serein.

Il reste que le joueur pourrait réellement sombrer, comme d’autres l’ont fait avant lui. À cause de la fatigue ou d’une sélection internationale qui ne vient pas, le joueur pourrait se mettre à balbutier son football, à tomber dans des excès individualistes dont il n’est jamais loin et, finalement, plus que rentrer dans le rang, devenir en cette deuxième partie de saison un joueur quelconque. Bien sûr, cela pourrait arriver. Notre boule de cristal étant actuellement en révision, nous ne nous aventurerons pas à prédire le niveau de ses prochaines prestations. En revanche, nous pouvons revenir sur une considération qui a le vent en poupe : vue sa deuxième partie de saison 2009/2010 ratée, la dégradation des performances de Nenê serait inéluctable.

Pourtant, à y regarder de plus près, cette pseudo-chute ressemble à un raccourci un peu trop facile. La saison dernière, avec Monaco, Nenê avait marqué 10 buts en L1 durant les matches aller, contre 4 après la trêve. C’est effectivement moins bien, mais ce n’est pas non plus la preuve de performances moins consistantes. Il y a bien d’autres indicateurs : le nombre de passes décisives, le nombre de centres, etc. Des indicateurs qui sont systématiquement oubliés. Sur toute la saison passée, Nenê était par exemple le joueur qui a subi le plus de fautes, et de loin, avec 4,8 coups francs obtenus par rencontre. Il a également délivré plus de centres en seconde partie de saison qu’en première — il était le deuxième meilleur centreur de L1 —, plus de passes décisives après la trêve qu’avant — 3 contre 1 —, et son nombre de ballons touchés par rencontre — le plus important de sa formation — n’a absolument pas varié. Surtout, son supposé déclin a coïncidé avec celui bien réel de son équipe. Alors que Monaco tournait bien au début des matches retour, la blessure du Sud-Coréen Park a fait de Nenê le seul joueur monégasque offensif d’un niveau acceptable. Du coup, son bilan statistique s’en est ressenti. Peut-on dire pour autant que Nenê ne passe pas l’hiver ? Non, seulement qu’il est plus difficile de briller entouré d’Alonso et Maazou que de Giuly et Hoarau. A priori, le PSG est une formation plus armée pour faire briller ses individualités que les précédentes équipes du Brésilien. De quoi espérer voir Nenê faire une saison pleine.