Fort d’un début de saison plutôt réussi sur le plan personnel — quatre buts et une passe décisive au mois d’août — et de commentaires dithyrambiques de la part du nouveau sélectionneur français, il faut avouer que Hoarau partait en Bleu avec des a priori très favorables. Les attaquants français étant quasi-muets depuis plusieurs mois et, ayant tous à peu près le même profil, Hoarau était vraiment apparu comme une nouvelle alternative des plus crédibles. D’abord convoqué en Norvège alors que les 23 mondialistes étaient punis, Hoarau a été rappelé pour les matches de qualification à l’Euro, alors que tout le monde était sélectionnable. Mieux, il était l’attaquant de pointe de la formation alignée contre la Biélorussie vendredi dernier.
Le problème est que, lors des deux matches durant lesquels Hoarau a évolué, la France a perdu et a piétiné offensivement. Sur le terrain, Hoarau ne semblait pas apporter plus de solutions que ses prédécesseurs en Afrique du Sud. Et pour couronner le tout, il a dû quitter le rassemblement des Bleus pour une douleur à l’épaule, et c’est en son absence que les Français ont retrouvé de l’allant offensif, et se sont imposés en Bosnie-Herzégovine. En Bleu, les jugements sont expéditifs, et il n’en faut pas plus pour que beaucoup considèrent que Hoarau n’a pas encore le niveau international. Au contraire d’un Benzema qui a étalé toute sa classe face à la sélection de Safet Susic.
Hoarau, très bien placé il y a une semaine, semble donc avoir reculé d’un cran dans la hiérarchie des attaquants français. Pourtant, il ne faudrait pas se précipiter pour le condamner sous n’importe quel prétexte. Si la France n’a pas marqué contre la Biélorussie, sur les quelques occasions françaises — s’il ne s’agissait pas de frappes lointaines —, Hoarau était soit à la conclusion de l’action — deux belles opportunités en seconde période notamment — soit à l’origine par le biais de ses toujours judicieuses déviations. La tendance dans la presse a été de dire que le joueur a fait un mauvais match — Hoarau a, il est vrai, déjà été meilleur —, mais il n’empêche que son apport a été non-négligeable. Les journalistes de L’Équipe en ont convenu après avoir revisionné la rencontre [1].
Après, tout est une question d’attentes et d’utilisation du joueur en question. Espérer que Hoarau va dribbler la Terre entière ou prendre sans cesse la profondeur est clairement une perte de temps. Contre la Biélorussie, le Parisien n’a pu utiliser son jeu de tête que lors des longues touches de Clichy. Pour le reste, les autres joueurs français ne centraient pas, et les animateurs ayant l’intelligence de jeu d’une huître, les corners étaient tirés à la rémoise. Hoarau en était globalement réduit à ce que, sur un malentendu, Jérémy Ménez ou Florent Malouda se mettent à faire des passes judicieuses. Ce qui n’est évidemment pas venu… Ce sera peut-être le problème de Hoarau chez les Bleus : si la France ne dispose d’aucun joueur sachant centrer ou lire les appels autres qu’en profondeur, l’utilité de Hoarau est effectivement réduite.
Un avis assez représentatif de la pensée ambiante est celui signé par Pierre Ménès sur son blog :
On peut aussi reprocher à Valbuena son inefficacité dans le jeu de tête… Car le problème de Hoarau en équipe de France est finalement peut-être d’ordre culturel. Depuis des années sont plébiscités en France des joueurs qui vont vite et savent faire quelques dribbles, les autres étant très rapidement condamnés. Les gris-gris, c’est formidable ; l’intelligence de jeu, secondaire… Tant que les médias et les supporters, voire les sélectionneurs, n’estimeront les footballeurs que par leurs arabesques souvent superflues, alors Hoarau aura un mal fou à s’imposer. Sauf si d’aventure un sélectionneur venait à comprendre que ce joueur, bien utilisé, peut conférer un avantage considérable à son équipe…