Le concept de crise reste toujours à déterminer. Même après des années de situations catastrophiques proclamées par le Parisien, on ne sait pas ce qui relève du fantasme, de la surinterprétation ou de la stricte réalité. Quand on veut considérer que tout va mal, n’importe quel signe fera l’affaire. La semaine dernière par exemple, L’Équipe a cru bon de nous gratifier d’un article entier sur un éventuel problème Erding au PSG. Peut-être le symbole d’un malaise au club ? Erding se serait fait remonter les bretelles par ses partenaires pour ses pêchés d’individualisme… Mais faire une affaire de ce fait tout à fait anecdotique semble tout de même assez gros. Erding a du mal à finir ses actions, parce qu’il joue parfois un peu trop pour lui. C’est quelque chose qui a sauté aux yeux contre Bordeaux. Que certains de ses partenaires soient agacés et surtout viennent lui dire pour qu’il modifie son jeu paraît justement être quelque chose de très sain. En tout cas, certainement pas la preuve d’un vestiaire fissuré — ou alors les joueurs ne doivent jamais dialoguer entre eux, et le mot travail n’a aucun sens…
Sur le pré, le PSG serait au moins en crise de résultat… Avec trois défaites à la suite, cela en prend la forme. Maintenant, si l’on regarde dans le détail, ces trois défaites n’ont pas le même retentissement : contre Bordeaux, Paris a perdu contre le cours du jeu, en fournissant une prestation de belle facture. Avec comme point noir ces buts encaissés sur corner, phases qui nécessitent des réglages, surtout en début de saison. Contre le Maccabi Tel-Aviv, ce sont en partie les remplaçants qui se sont inclinés, avec notamment une défense expérimentale. Surtout, c’est une défaite qui a malgré tout validé une qualification pour la phase de groupe de la Ligue Europa — l’objectif principal de la rencontre. Enfin il reste le match à Sochaux, globalement très mauvais, pour diverses raisons déjà énumérées en ces pages [1].
Sommes-nous déjà devant une équipe de titulaires complètement hors du coup, incapables d’éviter la défaite en se faisant marcher dessus sans trouver la moindre solution, comme cela avait été le cas lors des récentes périodes de crises bien réelles ? Cela ne peut être vrai que si l’on se borne au strict résultat. Pour le reste, sur le plan du jeu, il n’y a pas péril en la demeure, ni de réel retard à l’allumage. Des motifs d’inquiétude, certainement. Mais à moins de s’attendre à ce que le PSG écrase tout le monde, tout de suite, penser que le PSG est déjà ancré dans ses doutes les plus profonds relèverait d’un goût certain pour le catastrophisme.
Car pour rappel, le PSG n’a disputé que quatre journées de championnat. La première moitié s’était plutôt bien déroulée, la deuxième non. S’il y a bien un moment où les équipes tâtonnent, c’est le mois d’août. Les Parisiens sont actuellement ex-æquo au classement avec une kyrielle de clubs, dont Bordeaux, Lyon et Marseille. Les trois derniers champions de France. Ces équipes subissent certains remous actuellement, mais leurs mauvais résultats initiaux ont-ils pour autant généré une remise en cause globale du staff et des joueurs ? Non, car cela semblerait bien prématuré.
Un championnat se joue sur le long terme, et l’on sait bien que l’état de forme du mois d’août ne fait pas office de vérité sur une saison. La preuve : Paris, l’an dernier, avait très bien commencé la saison avec 10 points fin août. Puis la machine s’est enraillée, et le PSG a enchaîné le reste du championnat sur un rythme de quasi-relégable. Dans le même temps, ceux qui avaient mal commencé — Lille par exemple, dix-huitième fin août — lui sont largement passés devant. Alors attendons avant de parler de crise, de vouloir renvoyer Kombouaré, ou de considérer la saison comme définitivement gâchée. Fin août 2003, le PSG était très mal en point à ce moment de la saison — dix-septième après trois défaites, un match nul et une victoire —, avec une équipe qui semblait très déséquilibrée [2]. Et pourtant, il s’est agi de la meilleure saison parisienne de la décennie…