Un polo aux couleurs du club, le teint hâlé et la lèvre inférieure qui ouvre une parenthèse dubitative refermée par son éternel sourcil arqué, le Mister s’est présenté devant les journalistes dès la reprise de l’entraînement. Exercice convenu, bronzage convenu, questions convenues, réponses convenues. Aussi passionnant qu’un match de l’équipe de France. Content de reprendre ? Oui. Quelles seront les prochaines recrues ? Il y en aura mais on ne vous dira pas lesquelles. Et Lavezzi, qui vous a coûté une trentaine de millions, vous plaît-il vraiment ? Oui, sinon il faudrait vraiment que l’on soit stupide…
Pas de surprise. La culture des marronniers se porte bien, merci. Même la sempiternelle interrogation portant sur les objectifs du PSG a livré la réponse attendue :
Quels objectifs vous êtes-vous fixés ?
On est arrivés deuxièmes la saison dernière donc, naturellement, l’objectif est de finir à la première place.
Naturellement, l’objectif déclaré de Carlo Ancelotti est de remporter le titre de champion de L1. Naturellement parce que tout le monde le savait déjà. Au vu de la politique de recrutement entamée par le PSG il y a un an, à l’écoute des discours des dirigeants, les ambitions parisiennes paraissaient évidentes. Sauf que là, pour la première fois, l’entraîneur des Rouge et Bleu l’affirme clairement. Dès le premier jour d’entraînement, lors de la conférence de presse.
Désormais, les choses ne sont plus seulement claires. Elles sont dites. Et ça, ça change tout. Parce que dès le premier jour, dès la reprise, Ancelotti oblige toute la famille parisienne à plonger avec lui dans cette réalité. D’autres clubs, par le passé, ont pu avancer un temps masqués. Profiter d’un statut d’outsider pour entretenir le flou quant à leurs ambitions, et s’épargner ainsi la pression du favori déclaré. La première place ? C’est bien trop tôt pour en parler… On verra après la trêve, on verra après l’hiver, on verra après la trente-septième journée, rayer les mentions inutiles. Le PSG n’a jamais pu agir ainsi, face à une conciliante indifférence. À cause de la passion, à cause des journalistes, à cause du PSG même, c’était impossible. Là, Ancelotti prend donc le contre-pied complet, et enfile le costume du favori auto-proclamé.
Un nouvel état d’esprit
Bienvenue en enfer : le PSG veut devenir champion de France cette année. On ne joue plus pour le podium, pour la qualification en Ligue des champions, ou vers je ne sais quel but un peu diffus. Non. Cette saison, Paris ne vise que le titre. Et pour tomber le masque, Ancelotti n’attend ni la clôture du marché des transferts, ni le début du championnat, ni même dès le premier match amical. Non, dès le premier discours, précédent le premier footing du premier échauffement. Qu’on se le dise : le Paris du Mister dispute déjà le titre. Il va falloir vivre avec ça, un an. Et c’est bien.
Personne n’aime les histoires écrites à l’avance, les gagnants trop faciles, les vainqueurs sans péril. Le Paris Saint-Germain devra donc lutter pied à pied, journée après journée, avec sur le dos ce fardeau : il vise le titre. Toujours. Chaque échec sera mesuré à cette aune, et vécu comme une irrémédiable perte de points dans la conquête d’un trophée promis. Chaque victoire n’aura qu’un goût de minimum requis. Pendant une saison entière.
Le changement est là. Dans la volonté de faire face. D’affronter la difficulté. Nul doute que la décision de proclamer les ambitions du club d’entrée ne doit d’ailleurs rien au hasard. Il s’agit pour le coach d’instiller d’entrée un nouvel état d’esprit dans les rangs parisiens. Que chacun, joueur cadre, titulaire en puissance, ou simple remplaçant se lève le matin avec en tête l’objectif fixé : gagner. Tous les matins. Même lors d’un stage en Autriche. Que le plus humble des supporters vienne au Parc avec à l’esprit qu’on ne parle plus de spectacle ou de beau jeu, mais de remporter le championnat. Cela doit devenir une obsession. Que lors du coup d’envoi face à Lorient, qu’à la mi-temps, mené à Brest, qu’à la diffusion du groupe retenu lors du premier tour de coupe de France, et même pour une rencontre décisive de Ligue des champions, personne n’oublie que cette année, le PSG veut gagner ce trophée de L1.
Cela demandera des sacrifices. Il faudra que les fortes têtes, peu habituées à goûter du banc de touche, se fassent une raison. Que les spectateurs, prompts à siffler quand les grigris du meneur de jeu ne sont pas à leur goût, changent de disque. Cette année, l’objectif, c’est n°1. Pour tous. Et tout le temps.
Carlo Ancelotti va amener son groupe à vivre le quotidien à travers ce prisme. Aux joueurs et aux supporters de suivre le mouvement… ou de sombrer. Cette saison, naturellement, l’objectif est de finir à la première place. Alors ? Prêts à relever le défi ?