C’est lors des derniers jours du mercato estival de 2007 que Marcos Cearà rejoint le PSG. Trouvaille de la cellule recrutement, bien aidée par Valdo, l’arrière droit brésilien arrive pour concurrencer Bernard Mendy, et probablement à terme le remplacer puisqu’il ne reste alors plus qu’une seule année de contrat à Mendy. Cearà est âgé de 27 ans, et après être passé par de nombreux clubs brésiliens — Santos, Portuguesa et Botafogo entre autres —, il s’était imposé depuis deux ans à l’Internacional Porto Alegre. Club qui lui a permis de remporter la Copa Libertadores et la coupe du monde des clubs, où il domine au passage le FC Barcelone, prenant Ronaldinho au marquage. C’est donc fort de cette petite réputation que Cearà débarque au PSG pour 2 M€.
Il effectue sa première entrée en jeu à Monaco à la mi-septembre, puis a droit à sa première titularisation en coupe de la Ligue sur le terrain de Lorient. Il débute peu après son premier match en Ligue 1 en octobre, lors de la réception de Rennes. Paris s’incline 1-3, mais Cearà marque le but parisien de la rencontre. Ce qui rangera un peu trop vite Cearà dans la catégorie des latéraux brésiliens très offensifs, mais peu rigoureux défensivement. Cette image sera de plus accentuée par la très mauvaise période que traverse alors le club parisien, qui attendra le mois de janvier pour obtenir sa première victoire à domicile, encaissera beaucoup de buts et flirtera toute la saison avec la zone de relégation. Surtout, lors de la réception de Caen en décembre, Cearà effectue une grossière erreur en marchant sur le ballon alors qu’il était dernier défenseur, laissant l’adversaire marquer le seul but de la rencontre. Sévèrement moqué, Cearà va traîner cette bévue comme un boulet durant tout le reste de la saison. D’octobre à mai, il est cependant invariablement titulaire, repoussant Bernard Mendy au poste de milieu droit, et il remporte son premier trophée — la coupe de la Ligue —, mais l’idée générale est alors que le joueur ne donne pas entièrement satisfaction…
Paul Le Guen n’est pas de cet avis, puisqu’il laisse partir Bernard Mendy, ne recrute pas de nouveau latéral et fait ainsi de Marcos Cearà un titulaire indiscutable. Le Brésilien rend à son coach la confiance qu’il lui accorde en affichant des progrès impressionnants. Alors qu’il avait parfois tendance à laisser trop de latitude à l’ailier adverse, il s’avère être bien plus rigoureux. Il domine très souvent ses vis-à-vis, est toujours très propre dans la circulation de balle, et s’il ne fait pas partie de ces latéraux qui enchaînent les montées explosives, sa justesse technique lui permet de distiller parfois de très bons centres. Il réalise notamment un match parfait lors de la victoire du PSG face à Lyon en championnat, étouffant complètement Karim Benzema et offrant le but décisif à Giuly. S’entendant très bien avec Sessegnon dans le couloir droit, Cearà est alors considéré comme l’un des meilleurs arrières droits de L1. Le PSG n’ayant pas d’autre alternative à ce poste, il enchaîne presque toute les rencontres — il laisse à une poignée de reprises sa place à Sammy Traoré. Il achève ainsi la saison avec 52 rencontres jouées, ce qui ne sera pas sans conséquence : lors des dernières semaines de compétition, sa fatigue se ressent et il commet parfois quelques erreurs, comme lors de la rencontre à Toulouse, où le PSG s’incline 4-1.
La saison suivante voit l’arrivée d’un nouvel entraîneur, Antoine Kombouaré. Celui-ci décide de renforcer son groupe en recrutant l’arrière droit de Lorient Christophe Jallet. Mais l’ancien protégé de Christian Gourcuff ne sera pas tout de suite un concurrent, puisqu’il évoluera d’abord essentiellement au milieu de terrain. Le PSG continue d’ailleurs à maintenir sa confiance envers le Brésilien puisque son contrat est prolongé de deux ans. Sessegnon basculé à gauche, Cearà doit apprendre à jouer avec d’autres partenaires — Giuly ou justement Jallet. Le Brésilien préfère donc cette année-là se concentrer sur son jeu défensif et ne monte que très rarement. Durant l’hiver, il réalise une longue pige en tant qu’arrière gauche durant laquelle il reforme son duo avec Sessegnon. Néanmoins, se trouvant généralement sur son mauvais pied, son jeu offensif est complètement bridé. Il se blesse légèrement en fin de saison, et lorsqu’il revient, il n’est pas toujours titulaire. Mais Cearà affiche alors un très bon état d’esprit, ne se plaint pas dans la presse, avançant même en interview que la concurrence avec Jallet, cette fois bien réelle, est tout à fait saine. Cearà profite de cette saison pour enrichir son palmarès avec une coupe de France.
- Marcos Cearà
- Photo Éric Baledent — PSGMAG.NET
À l’intersaison 2010, le PSG recrute Nene. Très vite, l’ancien Monégasque deviendra ami avec Cearà, et la vie privée du latéral brésilien sera davantage mise en avant : il est en effet pasteur évangélique et anime des réceptions à son propre domicile. On y retrouve donc Nene, l’ancien Parisien Fabrice Pancrate et bien plus tard y viendront également Alex et Maxwell. Sans verser dans le prosélytisme, il faut reconnaître que cette façon d’occuper le temps a le mérite d’éloigner les recrues brésiliennes des vicissitudes de la vie parisienne. À un Ronaldinho qui finissait par être hors de forme à force de sorties nocturnes, on préfèrera un Nene qui passait ses dimanches chez le pasteur Cearà.
Sur le terrain, le latéral brésilien est annoncé remplaçant au départ… mais joue pourtant énormément dès le mois d’août. Il refait d’abord une pige à gauche, où il s’avère d’ailleurs très bon, et joue en coupe d’Europe à droite, quand il s’agit de faire souffler Jallet. Mais en septembre, Cearà se blesse à la hanche et se trouve éloigné des terrains pour deux mois. En son absence, le PSG trouve sa défense type, ce qui barrera Cearà à son retour. Antoine Kombouaré tentera bien parfois de le relancer, mais il multiplie alors les pépins physiques. Incapable d’enchaîner les rencontres, et manquant de rythme lorsqu’il joue, Cearà ne peut pas briguer une place de titulaire. Il a toutefois le temps d’apporter une nouveauté dans son jeu cette saison-là : il devient un véritable spécialiste des touches longues. Par ailleurs, le numéro 2 parisien s’avère à nouveau exemplaire dans son attitude publique, puisqu’il ne remet jamais en cause les choix de son entraîneur, et estime même normal de ne pas être la priorité de ses dirigeants pour une prolongation de contrat.
La reconduction interviendra finalement au début de la saison suivante : alors qu’il ne lui reste plus qu’une année de contrat, et qu’un retour au Brésil est envisagé, le nouveau directeur sportif Leonardo prolonge son bail d’un an. Sur le terrain, après avoir manqué l’essentiel de la préparation sur blessure, Cearà se retrouve titulaire puisque c’est cette fois-ci Christophe Jallet qui occupe l’infirmerie. L’absence de Mamadou Sakho fait même de Cearà le capitaine de la formation parisienne et, arrivé à la fin décembre, il est l’un des joueurs les plus utilisés par Kombouaré.
Le remplacement de ce dernier par Ancelotti va considérablement changer la donne. En repositionnant Bisevac à droite, Cearà se retrouve face à un nouveau concurrent, et ne joue plus que lors des matches de coupes. Il vit très mal cette situation et, de façon surprenante, adresse par voie de presse des reproches à l’encontre de ses dirigeants et de son nouveau staff. Il les accuse de vouloir tout faire pour se débarrasser de lui. Le lendemain de son erreur, Cearà s’excuse auprès de ses coéquipiers et tout rentre dans l’ordre. Ancelotti n’est pas rancunier et le fait rentrer au cours du match suivant face à Lyon. Cearà marque un but, et en profite alors pour enchaîner plusieurs parties en tant que titulaire. Il ne marque toutefois pas les esprits, et la fin de saison en boulet de canon de Jallet le poussera définitivement sur la touche. Il fait sa dernière apparition lors de la 30e journée à Nancy, et se blesse ensuite pour la fin de saison.
Marcos Cearà est ensuite libéré de sa dernière année de contrat par les dirigeants parisiens, ceux-ci voulant vraisemblablement faire de la place pour une éventuelle recrue extra-communautaire. Cearà prenait en effet jusque-là l’une des quatre places de l’effectif dédiées à ce type de joueurs. Libre, il est annoncé depuis dans plusieurs grands clubs brésiliens ou des clubs de milieux de tableau français — Nice et Saint-Étienne notamment. Quel que soit son nouveau club, on ne peut que souhaiter le meilleur pour ce joueur qui a passé cinq saisons au PSG, qu’il avoue quitter à regret, et qui aura toujours été exemplaire, de bonne humeur et généralement bon sur le terrain. Pour finir, rendons lui hommage avec une compilation de ses actions offensives décisives.