La pathétique comédie des supporters marseillais n’a trompé personne : il n’a jamais été question de croire que Montpellier pourrait chuter au Vélodrome. Espérer que les Marseillais puissent choisir de perdre, c’était leur donner bien trop de pouvoir. Tout simplement parce qu’ils ne sont plus au niveau depuis des semaines, et qu’ils n’ont pas besoin de se coucher sur le terrain pour se faire marcher dessus. Si cette victoire des Héraultais était déjà actée, elle n’en fait pas moins très mal à la lecture du classement de la L1. Sept journées à disputer. Trois points de retard. Moins six à la différence de buts. Paris est derrière.
Flottement dans le bateau parisien. Depuis deux ans, les tribunes sont mortes. Le système de jeu construit par Carlo Ancelotti peine à se mettre en place. Entre les évincés et les étrangers incapables de répondre à une interview, le vestiaire envoie des signaux impossibles à interpréter. Et depuis qu’il a été racheté par les Qataris, occupés à construire un club tellement comme il faut qu’il en a tout faux, Paris n’est plus Paris.
Comment se reconnaître dans un club qui a changé l’intégralité de son organigramme, un club qui présente une équipe refondue aux trois quarts, un club qui a choisi de saborder ses tribunes populaires, un club dont on ne sait même pas dans quel stade il évoluera d’ici trois saisons ? C’est impossible.
Et pourtant, ce club est là, deuxième, à trois points du leader. Est-ce encore le nôtre ? Peut-être pas. Ce n’est peut-être plus notre PSG, à nous qui avons vécu ces dernières années au Parc des Princes. Mais voilà, il est deuxième, à moins de sept journées de la fin. Et désormais, il a besoin d’aide.
Leonardo construit-il un club pour cette saison ou pour les prochaines ? Ancelotti saura-t-il fédérer les talents de son effectif ? Ces nouveaux joueurs méritent-ils vraiment l’argent misé sur eux ? Toutes ces questions n’ont plus cours.
Pendant dix-huit années, nous avons attendu de vivre ce moment. Ce rush final. Dix-huit saisons ! Pendant toute une enfance, une adolescence, nous avons rebondi de crises en faux espoirs, de désillusions en tragédies. Tout cela, nous l’avons traversé, en soutenant notre équipe. Le PSG a failli descendre en L2, et nous étions là, tous. Le PSG s’est replié dans l’ombre, coulant au fil des saisons dans le ventre mou d’un championnat qu’il n’animait plus que dans les pages people. En dix-huit ans, nous avons vu le PSG redevenir un club de Ligue 1 moyen. Aux résultats moyens. Aux espérances moyennes. Aux émotions moyennes. Dix-huit années sans avoir le droit d’y croire jusqu’au bout, à de rares exceptions près. Une vie à souffrir.
Aller se le chercher ce titre, pour nous…
Et là, alors que plus rien ne va, alors qu’on ne peut plus compter sur le moindre repère où s’accrocher, là, le PSG y est. Oh, pas favori. Même pas devant. Mais il est à la lutte. Aux trois quarts du championnat, le PSG y est. Il peut le faire. On peut participer. Se battre. Y croire. Lutter. Enfin…
Alors, on fait quoi ? Tout le monde se regarde, nous sommes comme perdus. Il n’y a plus d’association, plus de groupe de supporters, plus de respect envers les fans qui ne rentrent pas dans le moule.
Et quoi ? Qu’avez-vous envie de faire, vous ? Vraiment ? Dans votre cœur ? Chanter ?
Bien…
Mais c’est impossible ?
Ah… Et depuis quand avons-nous demandé l’autorisation de chanter ?
Il y a un titre à aller chercher. Depuis 1994 on en rêve tous. Allons-nous les laisser nous priver de cela ? On peut encore aller le prendre. Ce ne sera pas facile parce qu’ils nous ont retiré nos griffes, viré de notre maison, traité comme des indésirables. Mais, le PSG reste notre club. Plus que le leur. Notre famille. Plus que la leur. Parce que la passion ne s’achète pas en gazodollars. Parce que même s’ils nous méprisent, notre cœur bat encore rouge et bleu. Et parce que dans le malheur ou dans la gloire, ce cœur reste fidèle à nos couleurs.
Cette quête, cette expérience ultime pour un supporter, personne ne doit nous en priver. Surtout pas nous mêmes. Ces derniers matches, offrons-les nous. Vivons-les à fond, comme nous avons toujours vécu : en supporters.
Notre PSG est aux portes de ce pourquoi nous nous sommes toujours battus. Pas question de le laisser là, de rester au bord de la route, à trois points du but. Pas question de ne pas livrer ce combat pour la lumière, après avoir lutté des années dans le noir. Peut-être sera-ce le dernier combat, avant que Paris ne perde les derniers vestiges de notre passage. C’est maintenant ou jamais. Vaincre, ou sombrer dans l’oubli.
Il va falloir aller chercher Montpellier. Il va falloir leur montrer que nous ne lâcherons rien. Il va falloir défendre nos couleurs. Les nôtres. Peu importe ce qui se passe autour. Ce titre il faut le chercher. Pour nous. On en a le droit. On le mérite.
C’est pas fini…