Leonardo a rencontré la presse
Jeudi après-midi, le directeur sportif du PSG a rencontré plusieurs dizaines de journalistes français et étrangers pour faire le point sur les questions suscitées par l’intersaison parisienne. « Dans un premier temps, il devait s’agir dans un entretien informel, explique RMC Sport. Le PSG avait convoqué une poignée de médias pour un entretien avec Leonardo dans un salon du Parc des Princes. C’était le souhait du Brésilien. Mais face à l’afflux de demandes, le club de la capitale s’est résolu à ouvrir un peu plus les portes. Résultat, une bonne trentaine de journalistes, dont plusieurs télévisions étrangères (Rai, TV Globo, Al Jazeera), ont pris place autour des canapés cosys du “Carré”, le coin VIP du stade parisien. »
Récit similaire dans les colonnes du Parisien : « Croulant sous les demandes d’entretien de médias de tous les pays, Leonardo a reçu pendant une heure et dix minutes, hier, au Parc des Princes, une trentaine de journalistes au cours d’un exercice inédit, mêlant la conférence de presse et les confessions intimes. […] Le Brésilien n’a évidemment pas répondu à toutes les attentes, éludant les questions qui le dérangeaient. Très habile communicant, usant de charme et cherchant la connivence, le directeur sportif a quand même livré quelques vérités extrêmement fortes. »
Un seul média a passé sous silence les conditions de l’entrevue : L’Équipe, qui ne signale à aucun moment avoir « partagé » Leonardo avec ses confrères. C’est aussi le seul journal à n’avoir retenu que les sujets susceptibles de prêter à polémique, au détriment des autres informations relayées par ses confrères. De là à penser que le refus d’accorder au quotidien sportif une exclusivité explique la malveillance dont fait preuve le journal à l’égard du directeur sportif dans sa retranscription de l’interview… [1]
D’après L’Équipe, Leonardo et/ou Kombouaré bientôt virés
Pourquoi Kombouaré pourrait se faire virer ? La réponse tient en une phrase : parce que le PSG pourrait perdre. C’est aussi simple que cela, bien que L’Équipe fasse mine de découvrir la lune une énième fois : « Un changement d’entraîneur ne semble pas à exclure, même si Leonardo a assuré, hier, que la question ne se posait pas, même en cas de défaite au stade de la route de Lorient. “Je ne pense pas à ça, je pense au projet que l’on a à long terme. Je ne suis pas inquiet. Le projet, c’est avec Antoine Kombouaré. Il n’y a pas d’autres projets [avec un autre entraîneur]… Il connaît l’équipe, le club, les joueurs. Il a très bien fait avec beaucoup de difficultés, la saison dernière.” Puis il a ajouté : “Après, c’est le football. Même moi, je ne sais pas combien de temps je vais rester ici. Il sait qu’on doit faire un saut, et pas que sur le plan des victoires, mais aussi des mentalités. On a besoin de temps et de patience, c’est obligé. La patience, on en a besoin, mais pas trop non plus. On joue pour gagner et on doit assumer.” Le message est clair. »
Ou comment faire passer une banale déclaration rappelant ce que chacun sait depuis longtemps — « On gagne, je reste. On perd, on me mettra de côté », rappelait Antoine Kombouaré la semaine dernière — pour un changement brutal et soudain de la position de l’entraîneur parisien. À ce compte-là, L’Équipe pourra rappeler tous les jours que Kombouaré se fera virer s’il n’obtient pas de résultat… mais à part peut-être Jérôme Touboul, tout le monde l’avait déjà bien compris.
Carlo Ancelotti, le retour. Pour L’Équipe, il faut toujours que quelqu’un soit sur le point de se faire virer au PSG. Après Leonardo le mois dernier, c’est au tour d’Antoine Kombouaré d’être très, très menacé. « Antoine Kombouaré joue-t-il sa tête à Rennes, demain soir ? La question se pose au regard des manoeuvres qui semblent s’opérer dans les coulisses du PSG. Hier, Leonardo a contacté Nasser al-Khelaifi pour envisager le scénario d’une défaite en Bretagne, croit savoir le quotidien sportif. Dans cette hypothèse, qui placerait Paris sous une pression déjà énorme, le Brésilien a rappelé au président du conseil de surveillance que Carlo Ancelotti, libre depuis son limogeage de Chelsea, resterait une solution de premier choix pour remplacer le Kanak, comme L’Équipe l’avait révélé le 17 juin. Le message a été transmis à Doha. Les Qataris s’interrogent depuis le début sur la capacité de Kombouaré à gérer un groupe de joueurs majeurs jusqu’aux sommets de la L1, voire de l’Europe. Ces doutes ne concernent pas Ancelotti, vainqueur de deux Ligues des champions comme entraîneur (2003, 2007) avec l’AC Milan. »
Le problème Leonardo, vu par L’Équipe. Pour la 7e fois en 12 jours — après notamment « Paris excite l’OM » le 1er août, « Vaut-il 42 millions ? » le 2 août et « Paris déjà sous tension » le 8 août —, L’Équipe fait sa une sur le PSG. Cette fois, c’est « le splendide isolement » de Leonardo qui est au menu du quotidien sportif. Alors que ses confrères proposent de longues et passionnantes retranscriptions des propos tenus par le directeur sportif du PSG, L’Équipe n’a retenu que ce qui pouvait prêter à polémique : « Pour l’instant, il décide seul, de tout. Le directeur sportif du PSG informe son entraîneur, Antoine Kombouaré, plus qu’il ne le consulte, maintient une distance avec les joueurs et n’a pas l’air pressé de confier un rôle officiel à Claude Makelele. Parfois, la méthode Leonardo contrarie aussi les actionnaires qataris, qui aimeraient être davantage associés à la gouvernance du club. »
Le problème Leonardo (1) : il travaille seul. En fait non, Leonardo ne travaille pas seul, puisqu’il s’appuie sur les salariés déjà en place et rappelle que le véritable patron s’appelle Nasser al-Khelaifi. Mais quand même, puisqu’il n’a pas fait venir de garde rapprochée, c’est que Leonardo travaille seul… « Aujourd’hui, la seule figure active du PSG est Leonardo. Il choisit, décide, négocie et, une fois tout réglé, présente les nouveaux joueurs le pouce levé. Bien sûr, il avertit l’entraîneur, Antoine Kombouaré, de l’état d’avancement des dossiers : “Avec Antoine, on se parle presque tous les jours.” Mais ces discussions relèvent davantage de l’information que de la consultation. Le champion du monde 1994 est arrivé seul à Paris. Contre toute attente, il a maintenu la cellule de recrutement composée d’Alain Roche et Éric Pécout, deux hommes qui ne chercheront pas à détourner les projecteurs. “Je ne suis pas là pour faire la révolution, prévient-il. Il faut changer la manière de faire, mais on peut le faire avec les mêmes hommes. Ce n’est que si on n’y arrive pas avec les mêmes qu’on change les personnes.” Il a donc laissé de côté Jean-Michel Moutier, pourtant contacté début juillet, et tourné le dos à Franck Henouda, l’agent qui avait soufflé son nom à l’entourage du cheikh Tamim ben Hamad al-Thani, prince héritier du Qatar. Il n’a pas non plus accéléré la reconversion de Claude Makelele (38 ans) au sein du club. “On s’est vus samedi avec Claude, pendant le match contre Lorient, explique Leonardo. Avec lui, il n’y a pas besoin de parler, il est déjà dans le club.” Sauf que l’ancien capitaine du PSG n’y occupe aucune fonction officielle, au point que son entourage pense que “Leo” voit en lui un concurrent potentiel. » Rien à voir avec le fait que Makelele n’a jamais été en mesure de définir le poste auquel il aspirait, donc.
Le problème Leonardo (2) : il contrarie les Qataris. Que Kombouaré se rassure, il n’est pas le seul à être proche d’un licenciement : Leonardo aussi pourrait se faire virer bientôt, estime L’Équipe. « En privilégiant ses contacts italiens et sa relation avec Jean-Pierre Bernès, l’agent de Ménez et de Matuidi, Leonardo a cristallisé quelques rancoeurs au Qatar, où des proches du cheikh avaient impulsé certains dossiers, comme ceux du Marocain Adel Taarabt (Queens Park Rangers) ou du défenseur brésilien Luisão (Benfica), deux joueurs que le nouveau directeur sportif ne souhaitait pas recruter. À Doha, la garde rapprochée du prince goûte peu de ne pas être consultée, et le fait savoir. Au point que l’avenir à moyen terme de Leo semble parfois s’écrire en pointillé, lui dont les atermoiements avaient déjà froissé les Qataris dans la dernière ligne droite des négociations menant à son arrivée. Seulement, en lui confiant les clés du PSG et une liberté d’action totale, le cheikh ne peut pas lui demander des comptes à chaque transfert. Et puis l’arrivée de Pastore, un talent sud-américain qu’il apprécie, aurait conforté le prince dans l’idée que Leonardo, même contesté en coulisses, pouvait oeuvrer efficacement. Comment a-t-il convaincu l’argentin de Palerme, courtisé également par des clubs russes ? Avant de répondre, le patron parisien sourit, réfléchit puis lance : “C’est le projet de faire quelque chose de spécial.” À côté de cette perspective, le salaire proposé (4,5 M€ brut par an) apparaît presque accessoire… »
Le problème Leonardo (3) : il téléphone. Étant manifestement à court d’idées, Jérôme Touboul a appelé à l’aide un-joueur-sous-couvert-d’anonymat pour enrichir son tableau sur les défauts de Leonardo : « Arrivé à Paris le 13 juillet, Leonardo a rencontré l’effectif professionnel dans la foulée. S’il se rend régulièrement au Camp des Loges, le centre d’entraînement de Saint-Germain-en-Laye, il n’y va pas non plus quotidiennement. “La dernière fois qu’il est venu, il a passé son temps au téléphone”, glisse un joueur. Le directeur sportif veut maintenir une certaine distance, même s’il n’hésite pas à appeler les joueurs lorsqu’ils sont blessés, pour prendre des nouvelles. S’il ne discute pas des compositions d’équipe avec Kombouaré, il n’a pas hésité non plus à dire ce qu’il pensait de la prestation d’ensemble, après la défaite face à Lorient. “J’étais encore entraîneur la saison dernière, je ne peux pas sortir complètement de ce que je suis.” »
Leonardo ne serait-il pas un peu lâche ? Autre tacle adressé à Leonardo dans L’Équipe : s’il a choisi de quitter son poste d’entraîneur à l’Inter Milan, cela pourrait être par lâcheté. « La rumeur ne tarde pas à bruisser : Massimo Moratti, le président de l’Inter, chercherait un nouvel entraîneur. Leonardo a-t-il senti le vent tourner et sauté sur l’occasion parisienne ? Ses détracteurs lui reprochent de fuir ses responsabilités alors que se profile une intersaison compliquée pour l’Inter, obligée de vendre. »
Le 15 juin dernier, le même quotidien sportif assurait que « le Brésilien ne veut plus s’asseoir sur un banc, un métier qui ne l’a jamais transcendé ». Ce vendredi, le rappel n’a manifestement pas été jugé opportun. [2]