Le départ de Robin Leproux
Robin Leproux viré. Nommé président du directoire du PSG en septembre 2009 par Sébastien Bazin, Robin Leproux a vu son mandat révoqué mercredi après-midi par Nasser al-Khelaifi lors du conseil de surveillance qui s’est tenu au siège du cabinet d’avocats Redlink. « Je veux le remercier pour tout son travail ces deux dernières années, a déclaré le président du fonds d’investissement qatari QSi. Il a fait beaucoup. Mais aujourd’hui, nous voulons quelque chose de différent pour le club. » (source : PSG.FR)
Leproux contestera-t-il son éviction ? « Devant le conseil [de surveillance], l’ancien patron de RTL se serait ému de sa mise à l’écart, croit savoir L’Équipe. Le droit lui permet de contester cette décision devant le tribunal de commerce de Paris s’il estime qu’elle ne s’appuie pas sur "de justes motifs". En pratique, lui qui a toujours dit que la marche du club importait plus que sa situation personnelle pourrait plutôt négocier ses indemnités de départ. » De son côté, le Parisien indique que si « le ton est resté cordial », Simon Tahar — président de l’association PSG — a estimé que la réunion avait été « éprouvante ». « Tout ça s’est fait de façon précipitée, cela ne figurait initialement pas à l’ordre du jour, a encore précisé Tahar à l’AFP. Il semble que les relations ne se soient pas installées comme al-Khelaifi le souhaitait. Ce n’est pas le travail de Leproux qui est remis en cause, mais les relations. Ce n’est pas scandaleux. » (voir Bilans de Robin Leproux : Tous PSG, sportif, humain)
La nouvelle organisation du PSG
Retour à un conseil d’administration d’ici 15 jours. En août 2006, à l’arrivée de Colony Capital, la SASP Paris Saint-Germain Football était gérée par un conseil d’administration, présidé par Alain Cayzac. En septembre 2009, la société a changé de gouvernance, optant pour une administration par directoire et conseil de surveillance, dont les présidents étaient respectivement Robin Leproux et Sébastien Bazin. Après le rachat du PSG par QSi, Sébastien Bazin a cédé son poste à Nasser al-Khelaifi. Mercredi, ce dernier a expliqué que le mode de gouvernance du club serait de nouveau modifié : d’ici quinze jours, une assemblée générale extraordinaire des actionnaires sera convoquée afin de modifier les statuts de l’entreprise, ce qui permettra au PSG de revenir à un conseil d’administration, présidé par al-Khelaifi. Le président de QSi a estimé sur PSG.FR que cela permettra au PSG d’avoir « une structure plus simple et plus pragmatique, qui place le sport au coeur de l’organisation ».
Benoît Rousseau, nouveau président intérimaire. En attendant la modification des statuts de l’entreprise, préalable à la nomination de Nasser al-Khelaifi au poste de président du conseil d’administration, et Robin Leproux ayant d’ores et déjà été débarqué, le PSG a un nouveau patron : Benoît Rousseau (43 ans) est désormais président du directoire du club, par intérim. Ancien directeur financier (1996-1998) à l’époque où Leonardo jouait au PSG (1996/1997), Rousseau a ensuite accompagné Luc Dayan — qui avait discuté du rachat du PSG avec des investisseurs qataris en 2006, avant de se faire évincer par Colony Capital — lors de ses missions de restructuration à Lille, Nice, Saint-Étienne, Nantes et Strasbourg notamment. Le Parisien précise qu’il menait l’audit du club réalisé pour le compte des nouveaux propriétaires, tandis que L’Équipe rappelle qu’il avait pris part aux négociations pour la vente du club. À noter que les pouvoirs du directoire sont considérablement diminués : « QSi entend s’impliquer fortement dans la direction du PSG, indique-t-il dans un communiqué. Pour ce faire, le conseil de surveillance a confirmé ce jour la limitation des pouvoirs du directoire, de sorte que toute décision significative soit soumise à son accord préalable. »
La nouvelle gouvernance du PSG. Jusqu’à présent, le conseil de surveillance — élu par l’assemblée générale des actionnaires — désignait un directoire, à qui elle confiait la gestion du club. (voir Enquête : le fonctionnement de la SASP du PSG) Désormais, le fonctionnement du PSG sera le suivant : un conseil d’administration, présidé par Nasser al-Khelaifi, sera « chargé de contrôler la gestion de la direction, de fixer les orientations stratégiques de la société et de veiller à sa bonne marche » ; un directeur général sera « chargé de la direction opérationnelle » ; enfin Leonardo sera « directeur sportif aux pouvoirs élargis ». (source : PSG.FR)
Bientôt un nouveau directeur général. Le retour du PSG à une gouvernance par conseil d’administration sera accompagné par « la nomination d’un directeur général », a annoncé le PSG dans un communiqué. Philippe Boindrieux, par ailleurs vice-président du directoire, occupe actuellement ce poste. Il pourrait être remplacé par Benoît Rousseau, le président intérimaire. Celui-ci « s’est vu proposé le poste le mois dernier », rappelle L’Équipe.
Non, Rousseau ne remplace par al-Khelaifi. « Benoît Rousseau sera le président intérimaire du conseil de surveillance amené à disparaître d’ici à la fin du mois », affirme L’Équipe ce jeudi. Rousseau sera en réalité président intérimaire du directoire, en remplacement de Robin Leproux. Nasser al-Khelaifi conserve en revanche son poste de président du conseil de surveillance, l’instance qui contrôle le directoire.
L’arrivée de Leonardo
Quel rôle pour Leonardo ? Le PSG a annoncé que Leonardo occupera le poste de « directeur sportif aux pouvoirs élargis ». « Son rôle est élargi à toutes les activités sportives du club, précise le communiqué diffusé à la presse. Il devra assurer la coordination avec l’actionnaire au sein du club et l’appuyer dans le choix et la mise en oeuvre de ses orientations stratégiques. » « Les pleins pouvoirs sportifs qu’il a exigés induisent qu’il aura notamment le dernier mot sur le recrutement, une voix prépondérante sur la situation de l’entraîneur, sur la politique de formation, et qu’il sera l’interface entre le secteur sportif et l’actionnaire », résume L’Équipe.
Leonardo en CDI pour 2,5 M€ nets par an ? « On a parlé d’un contrat de trois ans, de cinq ans. Mais à la fin, j’ai un contrat à durée indéterminée, a révélé Leonardo en conférence de presse. Si je ne me sens pas capable de réussir, je laisserai ma place. On n’a jamais discuté d’argent. Nasser a décidé de mon contrat. J’ai le même salaire qu’à l’Inter. » L’Équipe estime que cela correspond à « près de 2,5 M€ nets d’impôts par an, de sources italiennes ».
Transferts : chi va piano, va sano. « Les nouveaux propriétaires veulent faire quelque chose à long terme et pas acheter dix Messi d’un coup, a prévenu Leonardo en conférence de presse. Ce n’est pas comme ça qu’on fait une équipe. Il y a beaucoup d’exemples d’équipes qui ont fait ça et qui n’ont pas eu de résultats. La base existe, il faut l’améliorer. […] Le mercato est fou, on n’a pas trop de patience. Mais il se termine le 31 août. On n’a pas un projet pour gagner le premier match. On ne va pas acheter des joueurs pour voir ce qui se passe. On n’est pas pressés, ce n’est jamais bon. Je n’ai eu aucun contact direct les joueurs. Ça commence maintenant. […] La première chose que je vais faire, dès ce soir, c’est de discuter avec Antoine Kombouaré. Je ne l’avais encore jamais été fait car je n’étais pas au club et je n’avais pas le droit de le faire. »
Leonardo ne compte pas tout révolutionner. « Ça fait 41 ans que le club existe, c’est un grand club avec une tradition, une histoire, une identité, a déclaré Leonardo lors de la conférence de presse. La dernière saison a été positive avec une quatrième place en L1, une finale de coupe de France et les huitièmes de finale de la Ligue Europa. Mais les dernières années n’ont pas été faciles. Ne vous attendez pas à ce que ce soit la fête tout de suite. Cela n’existe pas. »
Finalement, Leonardo aurait hésité. Alors qu’il annonçait sa venue à Paris pour « demain » depuis près d’un mois, L’Équipe estime ce jeudi que Leonardo a longtemps hésité à rejoindre le PSG. « À plusieurs reprises [durant la conférence de presse], l’ancien milieu offensif du PSG (1996/1997) a fait allusion au fait qu’il n’a résilié que le 1er juillet son contrat à l’Inter Milan, qui courait jusqu’au 30 juin 2012, indique le quotidien sportif. Autrement dit, il ne se serait pas senti libre de négocier avec le PSG entre sa visite du 11 juin à Doha, où il dit être allé "écouter un projet", et cette rupture officielle du 1er juillet. En réalité, l’enthousiasme de ses échanges avec le cheikh Tamim ben Hamad al-Thani s’est un peu dissipé, une fois "Leo" revenu sur les plages de Rio. Pour lui, quitter Milan était un crève-coeur. Au point que les Qataris se sont demandé si son passage en Lombardie, la semaine dernière, n’était pas une ultime perche tendue à l’Inter pour y obtenir le même poste qu’à Paris… Des deux côtés, entre un Leonardo (41 ans) viscéralement attaché à la ville de Milan et des Qataris froissés par ses atermoiements, le fil aurait pu se rompre s’il n’y avait pas eu l’urgence de conclure l’affaire, sous la pression d’un mercato parisien au point mort. […] [Ce n’était] tellement pas facile [de quitter l’Italie] que Leonardo aurait insisté pour insérer des clauses de sortie dans son contrat. "On avait parlé de trois ans, de cinq ans. Finalement, j’ai signé un contrat à durée indéterminée. Ça ne change rien pour moi." Rien, en effet, si ce n’est qu’un CDI se rompt plus facilement. » Depuis le retour de Leonardo à Rio le 13 juin, L’Équipe n’a pourtant pas cessé d’annoncer quasiment bouclée sa venue à Paris [1].
Leonardo avait des valises, il devrait donc rester. « Leonardo […] a débarqué sur les coups de 11h30 à l’aéroport du Bourget, raconte le Parisien. L’ancien entraîneur de l’Inter Milan, escorté par les services de sécurité, a rapidement pris place dans une berline qui l’attendait près du tarmac, alors que ses nombreuses valises le suivaient. Un signe qui démontre que Leo est de retour à Paris pour une longue durée, après quatorze ans passés en Italie comme joueur, dirigeant puis entraîneur. »
Les conséquences de la réorganisation
Antoine Kombouaré confirmé. En sortant du conseil de surveillance, Simon Tahar — président de l’association PSG — avait indiqué aux journalistes que Leonardo aurait un rôle de « manager général, à l’anglaise ». Durant la conférence de presse, Nasser al-Khelaifi a tenu à clarifier la situation : Leonardo sera directeur sportif, Antoine Kombouaré reste bel et bien entraîneur. Le Brésilien a indiqué que sa première action, dès mercredi soir, serait de discuter avec le Kanak.
Quel avenir pour Alain Roche et Jean-Michel Moutier ? Interrogé sur l’avenir d’Alain Roche puis sur le retour éventuel de Jean-Michel Moutier — directeur sportif du PSG à l’époque où le Brésilien y jouait —, Leonardo est resté évasif, expliquant qu’il ressentait le besoin d’étudier la situation du club avant de prendre la moindre décision (voir Retour sur la conférence de presse de Leonardo au PSG). Il a également insisté sur le fait que les bouleversements de l’organigramme n’étaient pas de sa responsabilité. « [Il] devrait rapidement se constituer une garde rapprochée, estime toutefois L’Équipe. […] Sur certains dossiers, il pourrait s’appuyer sur Franck Henouda, un agent très introduit au Brésil, à l’origine de sa venue au PSG. » Le quotidien sportif croit savoir que « QSi serait décidé à écarter l’ensemble du directoire mis en place depuis septembre 2009 : Roche en fait partie, de même que Leproux, révoqué hier, et Philippe Boindrieux, le directeur général. » De son côté, le Parisien qualifie le sort d’Alain Roche d’« incertain ».
Quel impact sur le plan Leproux ? Interrogé sur ses intentions dans le dossier supporters, Nasser al-Khelaifi a indiqué qu’il comptait « continuer dans la même direction ». « La ville souhaite que [la] détermination [du PSG à éradiquer la violence], affirmée sans ambiguïté par les nouveaux actionnaires, continue d’être portée avec fermeté par les futurs dirigeants du club », a par ailleurs fait savoir la mairie de Paris dans un communiqué. « Si des opposants à son plan ne manqueront pas d’interpréter son départ comme la porte ouverte à un retour en arrière, les pouvoirs publics entendent maintenir une pression très forte, la saison prochaine, pour poursuivre la sécurisation des matches du PSG », assure L’Équipe.
Le PSG au Parc des Princes. En introduction, Nasser al-Khelaifi a assuré que le PSG était au Parc des Princes pour très longtemps. Il répondait ainsi à l’article publié le matin même dans L’Équipe, évoquant un éventuel déménagement définitif au Stade de France. « Une façon de clore — ou de repousser — le sujet », estime le quotidien sportif ce jeudi.