Depuis 2009, le poste d’arrière droit navigue entre deux hommes, Marcos Cearà et Christophe Jallet. Selon les formes — Cearà a souffert de beaucoup de blessures en 2010/2011, tout comme Jallet cette saison — et les besoins à d’autres postes — Cearà peut jouer arrière gauche, Jallet milieu droit —, l’un ou l’autre était aligné sans que Kombouaré n’affiche finalement une préférence claire. On pouvait alors se demander dans quel sens Carlo Ancelotti allait trancher à son arrivée, et il a finalement choisi… le troisième homme, Milan Bisevac. Désormais, Christophe Jallet postule plus souvent pour une place de milieu de terrain, ou de latéral quand Bisevac est replacé dans l’axe — comme contre Evian TG ou Nice ces deux derniers week-ends. Quant à Cearà, il ne rentre visiblement que très peu dans les plans d’Ancelotti. Le Brésilien ne compte en effet que 28 minutes de jeu depuis l’arrivée de l’Italien, et a regardé la dernière rencontre à Nice des tribunes. Surtout, alors qu’il était interrogé sur le sujet, Ancelotti ne l’a même pas mentionné comme choix possible en arrière droit à ce poste, et l’habituel très respectueux Cearà livre aujourd’hui une interview à France Football dans laquelle il sous-entend clairement qu’il est poussé dehors afin de libérer une place extra-communautaire.
Quoi qu’il en soit, Milan Bisevac est aujourd’hui le numéro un à ce poste improvisé. Par le passé, il avait déjà réalisé des piges en latéral droit en équipe de Serbie Espoirs et durant quelques matches à Lens mais, à 28 ans, la grande majorité de sa carrière s’est faite dans l’axe défensif. Visiblement, sa qualité de relance — plutôt élevée par rapport aux autres défenseurs centraux de l’effectif —, couplée à son instinct naturel de défenseur, ont convaincu Ancelotti de renouveler l’expérience. Et force est de constater que le Serbe réalise des matches plus qu’honorables depuis, ne se laissant que très peu déborder, et apportant offensivement bien davantage que ce qui pouvait être attendu. À tel point que ce qui pouvait être surprenant il y a un mois est désormais perçu avec une certaine forme de logique. À Nice, sa prestation en première période n’a rien eu à envier avec celle de son pendant côté gauche, Maxwell, pourtant spécialiste du poste. Cela fait-il de Bisevac l’arrière droit parisien pour les mois, voire les années à venir ?
L’ancien Valenciennois affiche des qualités réelles et n’a absolument rien de rédhibitoire pour l’empêcher de s’imposer en latéral. En plus de sa propreté technique, qui lui permet de combiner assez sereinement avec ses milieux, il a jusqu’à présent affiché un coffre suffisant pour enchaîner montées offensives et retours sur les contres adverses. Bien sûr, tôt ou tard, les critiques pleuvront sur lui, mais c’est le lot de tout latéral qui évolue au PSG depuis des décennies : on voudrait à ce poste des joueurs qui attaquent comme des ailiers, défendent comme des stoppeurs, et soient endurants comme des milieux de terrain.
Actuellement, Bisevac a surtout une qualité qui lui permet de rester au-dessus du lot : c’est la motivation. Blessé durant l’essentiel de la première partie de saison, il a peu joué pour son arrivée dans son premier gros club. Quelque part, il débute presque sa carrière parisienne aujourd’hui, ce qui génère forcément un surcroît d’envie au moment de gagner sa place à l’entraînement, et de la conserver sur le terrain. Interviewé juste après le match à Brest, au cours duquel il a donné la victoire aux siens, Bisevac, avec le ballon du match sous le bras, l’air émerveillé et disant tout fier au journaliste « on est le PSG quand même », faisait plaisir à voir au moment où l’on décrit souvent le PSG comme une machine à gagner sans pitié pour ceux qui ne seraient pas au niveau. L’impression donnée était presque celle d’un supporter qui vit son rêve de gosse en portant le maillot de son équipe préférée, ce qui est paradoxal pour un joueur étranger qui ne devait connaître le PSG que de très loin dans sa jeunesse.
Les très bonnes performances de Bisevac sont assurément à chercher dans cette motivation exemplaire. La question est de savoir si tout ceci va durer, et combien de temps. Les réserves qui pourraient être émises sur le numéro 4 parisien concernent sa capacité à maintenir ce niveau-là. Par expérience, on sait qu’un joueur sérieux qui découvre un nouveau poste est particulièrement concentré les premiers matches, et peut ensuite se mettre à décliner, affichant des lacunes criantes. Par le passé, les milieux Édouard Cissé et Youssouf Mulumbu avaient effectué des piges en latéral droit au PSG, plutôt bien commencées, et conclues par une mauvaise prestation synonyme de retour sur le banc de touche.
La clé pour Bisevac sera de ne pas tomber dans cet écueil. S’il garde la même application et la même fierté d’arborer l’écusson parisien, alors il n’y aura aucune injustice à le voir boucler la saison en qualité d’arrière droit titulaire. Après tout, l’an dernier, Sylvain Armand a fait l’an passé le chemin inverse — de latéral vers défenseur central — avec un brio tout aussi inattendu, et Bisevac pourrait s’inspirer de son exemple. Pour l’an prochain, c’est une autre histoire. La volonté des actionnaires parisiens de voir le club grandir rapidement inciteront probablement Leonardo à lui coller un concurrent chevronné dans les pattes. Mais qu’importe, Bisevac fera tout pour affronter cette concurrence. C’est aussi en ayant en son sein des joueurs capables de se dépouiller juste pour jouer un match de plus sous le maillot rouge et bleu que le PSG continuera sa progression.
- Milan Bisevac
- Photo Éric Baledent — PSGMAG.NET