Antoine Kombouaré a toujours indiqué que sa tactique de référence était le 4-4-2. Alors entraîneur de Valenciennes, dans une longue interview accordée à So Foot, il jugeait que c’était la formation qui permettait d’occuper le mieux le terrain. Lors de sa conférence d’après-match ce dimanche, l’entraîneur parisien ne faisait d’ailleurs pas de mystère : il a expliqué que le changement observé n’était que temporaire, et dicté par la blessure d’Erding. Rien ne dit cependant, si les joueurs eux-mêmes se sentent plus à l’aise ainsi, que Kombouaré ne sera pas amené à reconsidérer ses principes.
D’autant que, fondamentalement, les deux formations sont assez proches l’une de l’autre. Sylvain Armand ne disait d’ailleurs pas autre chose : dans l’une ou l’autre des deux formations, l’état d’esprit est identique, et les joueurs font les mêmes efforts. Défensivement, rien ne change ; offensivement, le pressing haut et les rapides projections vers l’avant restent de mise à une ou deux pointes. Le rôle des ailiers parisiens ne varie même pas d’un iota, tant le PSG affiche de toutes façons un visage offensif. Finalement, la plus grande révolution de ce repositionnement collectif est qu’il peut permettre d’aligner sur les terrains les joueurs les plus en forme.
Parmi les attaquants, si Hoarau a retrouvé des jambes depuis quelques matches, le niveau d’Erding avant sa blessure suscitait encore pas mal d’interrogations. L’ancien Sochalien s’était remis à marquer, et c’était bien l’essentiel, mais s’il fallait faire un classement du rendement des joueurs offensifs, Erding aurait sûrement été loin de la tête. Le manque de profondeur chez les attaquants, avec le seul Luyindula pour remplaçant, faisait que jusque-là Erding n’était pas en danger. Mais désormais, si Kombouaré constate que l’international turc traverse une nouvelle mauvaise période, il sait qu’il aura sous la main une alternative qui fonctionne. Autre avantage de cette option : elle permet une utilisation optimale de Matthieu Bodmer, qui en position de neuf et demi peut mettre en avant toutes ses qualités — sens du but, jeu à une touche de balle — en occultant son principal défaut en relayeur : son manque de volume de jeu.
Ce changement a également une incidence sur deux joueurs, qui auraient été sur le terrain quoi qu’il arrive. À commencer par Guillaume Hoarau, qui n’avait jamais semblé aussi bon cette saison que la semaine dernière. S’agit-il tout simplement d’un retour en grande forme du Réunionnais, ou la cause est-elle plus profonde ? Sans Erding à ses côtés, Hoarau se retrouve libre de faire les appels qu’il souhaite sur tout le front de l’attaque. L’entente entre les deux joueurs n’ayant pour l’instant pas porté ses fruits, le remaniement tactique est une solution radicale pour remédier à ce problème. L’autre joueur sur lequel le 4-2-3-1 possède un impact est Clément Chantôme. Et cette fois, la balance pourrait pencher du mauvais côté. Dans un 4-4-2 classique, Chantôme était le vrai liant entre milieu et attaque. Le véritable piston, capable de ratisser au milieu de terrain puis d’apporter le surnombre. Avec Bodmer juste devant lui, les prérogatives du jeune Parisien deviennent plus réduites. Et contre Brest, Chantôme s’est retrouvé plusieurs fois à courir dans le vide, sans toujours savoir où se repositionner…
Une autre conséquence négative concerne le turn-over : en 4-4-2, Paris double tous les postes de milieux axiaux ; en 4-2-3-1, en revanche, il y a quatre joueurs pour trois postes. Avec un Makelele qui ne peut jouer qu’une fois par semaine, cela signifierait que Chantôme et Bodmer enchaîneraient les rencontres jusqu’à épuisement. L’idéal serait alors de jongler entre les deux formations, selon les états de forme et les adversaires. Ce qui est peut être finalement le grand apport de cette trouvaille tactique : Paris a désormais un problème de riche avec deux systèmes parfaitement viables.