Le mercato parisien n’a finalement vu aucun défenseur axial rejoindre le club, et ce pour la troisième saison consécutive. Derrière Sakho et Camara, et en tablant sur le fait que Sammy Traoré ne sera utilisé qu’en dernier recours, il ne reste guère qu’Armand pour occuper le poste. Et cela tombe bien, puisque pour Armand, il ne reste plus que la défense centrale pour espérer glaner du temps de jeu. Au mois d’août, il a en effet vu Cearà lui être préféré sur le flanc gauche, puis Tiéné être recruté, assombrissant encore plus son avenir à son poste de prédilection. Armand devait donc être le premier remplaçant en défense centrale. Mais, après le match face à Arles-Avignon, on se demande si Kombouaré ne serait pas en train d’entamer une modification plus profonde.
Que ce soit contre Tel-Aviv ou contre Arles-Avignon, l’adversité ne permet pas de réellement évaluer le niveau d’Armand à ce poste. Il faudra probablement attendre un match à réel enjeu, face à un adversaire solide. Mais Armand n’est pas un novice complet. Il a déjà effectué plusieurs piges à ce poste, dont l’une a été très satisfaisante — en 2006, en remplacement de Yepes blessé. De façon générale, ce qui fait défaut à Armand à gauche, à savoir la vitesse, est nettement moins préjudiciable en charnière centrale. Pour le reste, l’expérience, le sens du placement, et l’intelligence de jeu de l’ancien Nantais font le reste. À 30 ans, Armand a tout ce qu’il faut pour entamer une reconversion réussie.
La seule réserve peut venir de la doublette qu’il va devoir former avec Sakho. Les deux joueurs étant gauchers, Armand devra évoluer dans l’axe droit. Il est courant d’estimer que si deux droitiers peuvent jouer ensemble, alors deux gauchers peuvent en faire de même. Ce n’est pas tout à fait vrai : comme il y a moins de gauchers en général, ceux-ci sont, dès leur plus jeune âge, placés dans la partie gauche du terrain, et n’en bougent quasiment jamais. Alors que les droitiers sont régulièrement baladés selon les besoins de leur équipe. Il en résulte une capacité d’adaptation forcément moins forte pour les gauchers. En défense centrale aussi cela a son importance : la relance, les dribbles de dégagement, et même les tacles seront forcément effectués de façon moins naturelle. Si Armand réussit à remédier à ce problème, et si ses coéquipiers le mettent dans de bonne condition — en évitant de lui donner le ballon sur son mauvais pied —, alors il sera une solution plus que crédible.
Mais faut-il enterrer Camara pour autant ; et surtout, un Armand qui doit s’adapter offre-t-il réellement plus de garanties ? Certes, Camara n’est peut être pas le patron de défense que son prix d’achat aurait laissé supposer. Et son dernier exercice, marqué par une grosse blessure et un retour pénible, n’a pas été particulièrement convaincant. Le mettre en concurrence n’est donc pas quelque chose d’incongru. Il n’empêche, il ne faut pas oublier qu’en forme, Camara est un excellent joueur de duels, qui ne se fait pas passer facilement, et avec une pointe de vitesse pas si commune chez les défenseurs axiaux. Et se rappeler qu’il y a 10 ans, Camara était un des plus grands espoirs du foot français à ce poste ; sans son lot de blessures, il aurait probablement eu une toute autre carrière. Le temps a évidemment passé depuis mais, par bribes, Camara a déjà montré que dans une équipe en confiance, il peut largement contribuer à façonner une défense rassurante.
La suite des événements sera dictée par les choix de Kombouaré : installer un joueur qui souffrira forcément d’un temps d’adaptation, ou un autre qui doit encore retrouver sa meilleure forme, après une année entachée par les blessures.