Quelle que soit l’issue du procès en cours concernant l’identité réelle du gardien parisien, la suspicion sera malheureusement toujours présente. Alors, sans parler de son âge, il convient d’abord de rappeler quel est le parcours d’Edel. Après plusieurs années en Arménie puis en Roumanie, il est arrivé en 2006 dans le club parisien en tant que numéro 3. Il a gravi les marches une à une, a réalisé une poignée d’apparitions anecdotiques en 2008/2009, puis a réellement commencé sa carrière au haut-niveau il y a un peu plus d’un an, suite à la blessure de Coupet. Une grosse année de L1, voilà ce qu’Edel a dans les gants. Pour un novice, les prestations qu’il fournit demeurent franchement encourageantes, voire inespérées s’agissant d’un portier qui vient de nulle part.
Bien sûr, on est en droit d’estimer que le PSG doit attendre mieux de son gardien numéro un, et qu’il n’y a pas le temps à Paris pour laisser un footballeur s’acclimater à l’élite, surtout à un poste aussi critique. Mais si l’on se pose la question en ces termes-là à propos d’Edel, elle se posera aussi à propos d’Alphonse Areola — actuel troisième gardien du club, très prometteur — qui, s’il est lancé à Paris, y commettra inévitablement des erreurs au fil de sa progression. Si d’aventure Areola affrontait la même sévérité que celle subie par Edel actuellement, qui quant à lui semble complètement hermétique aux évènements extérieurs, la carrière du jeune Parisien risque finalement d’être très compliquée…
Pour revenir au gardien actuel, il faut rappeler qu’Edel, contrairement à une idée reçue, s’est montré décisif en début de saison. Les résultats des matches à Lens, à Toulouse, contre Marseille ou encore face à Dortmund ont pu être acquis en grande partie grâce à des parades du Camerounais. Mais depuis quelques semaines, il faut bien reconnaître qu’Edel ne fait plus ces exploits qui donnent des points ou des qualifications. Et forcément, comme le PSG a tendance à sublimer les portiers adverses, ceux-ci enchaînant les parades comme Douchez le week-end dernier, Edel finit par souffrir de la comparaison. Il semble subir de plein fouet la malheureuse série parisienne, sans avoir les moyens de l’endiguer. Pourtant, alors que les critiques ne cessent de s’accroître — le Parisien et Pierre Menès par exemple ne semblent plus être capables d’évoquer le PSG sans adresser une pique envers Edel —, il est paradoxal de constater qu’on peut difficilement lui imputer les buts encaissés. À Rennes, il est fusillé par un attaquant qui a tous les angles de tir possibles ; à Avignon, Ndiaye a marqué le but de sa vie d’une reprise en lucarne ; à Agen, le premier but est le résultat d’un marquage déficient sur corner, le second l’absence de ses défenseurs est préjudiciable… À chaque fois, il aurait certes pu réaliser la parade miraculeuse, mais dire qu’il a réellement commis une faute semble légèrement abusif.
Edel n’est par le meilleur portier du championnat. À en croire la pensée dominante aujourd’hui, il s’agirait plutôt du pire, et il n’aurait donc pas le niveau requis pour jouer au PSG. Peut-être est-ce vrai, mais le ras-le-bol généralisé concernant le joueur est surtout symptomatique de la façon dont sont considérés les gardiens parisiens. Tous les portiers du PSG ont eu à subir le même genre de critiques. Mickaël Landreau s’entendait dire qu’il n’avait finalement pas les épaules pour jouer le haut du tableau — au motif de deux boulettes spectaculaires en trois saisons —, mais que fait-il aujourd’hui à Lille ? Lionel Letizi avait déjà connu cela avant lui… Même Bernard Lama était contesté en 1999, notamment pour un jeu au pied supposé déficient, à tel point que Casagrande fut envisagé comme une alternative crédible. Les critiques étaient tellement vives et répétées qu’à chaque fois ces gardiens étaient quasiment considérés comme les moins bons. En mai 2008, Landreau a ainsi été désigné « plus mauvais joueur de la saison en L1 » par 23 000 votants sur Yahoo. Aujourd’hui, si vous entendez des gens parler football, dites qu’Edel est nul pour ne pas avoir arrêté un tir en pleine lucarne, vous vous ferez des amis.
Car si l’on peut faire des reproches à Edel, la plus grosse erreur est de croire que les gardiens des autres clubs sont forcément meilleurs. Quel que soit le numéro un l’an prochain, son jeu sera décortiqué, analysé, et les petites lacunes qui n’embêtent personne à Monaco, Nice ou Rennes, deviendront des défauts rédhibitoires pour le haut-niveau. Samedi dernier, Douchez a complètement raté une de ses sorties, ce qui a amené une occasion de Giuly. La même action sous le maillot parisien lui aurait valu un point de moins dans L’Équipe… Si l’an prochain le PSG parvient à recruter un nouveau numéro 1, ce sera certainement une bonne chose. Mais il ne faut pas perdre de vue que l’histoire se répétera, et que tôt au tard, ce portier sera considéré comme fautif sur tous les buts encaissés par Paris. Comme Edel, et tous les autres avant lui.
Mickaël Landreau est petit et nul… Ou pas.
Mickaël Landreau, un grand gardien sur le retour