Cette saison, la France a connu un record historique : dix clubs de Ligue 1 ont ainsi été évincés de la coupe de France dès les 32es de finale alors qu’ils étaient, pour huit d’entre-eux, opposés à des équipes évoluant dans un championnat de division inférieure. De quoi se demander si jouer un club amateur est finalement une si bonne nouvelle que cela. Plusieurs raisons sont alors avancées pour expliquer le manque de supériorité des professionnels face aux amateurs.
La première d’entre-elle concerne la psychologie. La saison d’un joueur professionnel est longue, physiquement et nerveusement difficile. Dès lors, un déplacement à Chambéry ou à Wasquehal peut prendre des allures de mise au vert. Et même si les clubs professionnels nient prendre leurs adversaires du jour de haut, nul doute que les joueurs, inconsciemment au moins, lèvent un peu le pied. À l’inverse, du côté des amateurs, disputer une rencontre face à des professionnels peut représenter le match d’une vie, presque un fantasme. Dès lors, ces derniers sont transcendés et l’écart de niveaux se trouve amoindri. En témoignent les entâmes de matches souvent hasardeuses qu’ont pu connaître Lorient, Auxerre ou Marseille.
Outre cette différence d’envie, l’ambiance et le contexte de la rencontre peuvent également avoir un impact sur la physionomie du match. Ainsi, jouer dans un stade « champêtre », dans lequel chaque commentaire est entendu du terrain, dans lequel l’ambiance s’avère très différente de celle rencontrée en Ligue 1 — voire délétère — peut également avoir une incidence sur le match. Qui plus est, les règles de la coupe de France sont ainsi faites qu’à partir du CFA, les clubs amateurs jouent forcément à domicile face à une équipe de L1 [1]. Or le fait de jouer à la maison, au sein d’un contexte des plus hostiles — la France étant bien connue pour toujours privilégier le petit poucet provincial à l’ogre parisien — peut également être une source de nivellement des qualités individuelles et collectives.
Pour toutes ces raisons, le déplacement de Paris à Agen, prévu samedi 22 ou dimanche 23 janvier prochain, peut prendre des allures de traquenard. À la différence près que Paris, malgré ce que l’on pourrait croire en lisant les gros titres des journaux, s’en sort bien mieux que ses concurrents de Ligue 1 face aux clubs amateurs. Ainsi, quand en 2007/2008 Carquefou est parvenu à éliminer Nancy puis l’Olympique de Marseille, le PSG, lui, s’est imposé face aux Carquefoliens. De quoi imaginer une victoire facile du PSG à Agen ? Pas forcément.
Cette saison, le Paris Saint-Germain se bat sur tous les fronts, contrairement à la saison précédente, lors de laquelle la coupe de France pouvait faire office de trophée salvateur. Aujourd’hui, Paris est deuxième de Ligue 1, qualifié pour les seizièmes de finale de la Ligue Europa et a déjà obtenu son ticket pour les demi-finales de la coupe de la Ligue. Finalement, même si Paris est tenant du titre et que l’entraîneur, comme de nombreux joueurs, ont clamé leur envie « d’aller au bout », un match contre un club amateur — qui plus est de CFA 2 — pourrait prendre un air de match d’entraînement, permettant aux organismes de se reposer. Les joueurs, sûrs de leur force, aborderaient alors cette rencontre sans toute la concentration nécessaire. C’est bien là le principal piège à éviter.