Aujourd’hui, le PSG ne semble pas chercher à recruter en attaque. Il faut dire que sur le papier, avec Hoarau, Erding, Luyindula, Kezman voire Giuly, le PSG semble paré. Mais c’est surtout du côté des deux premiers nommés que l’attente est grande. Antoine Kombouaré n’a eu de cesse de répéter qu’il comptait énormément sur l’association des deux hommes. Problème : leurs blessures successives la saison dernière ont rendu caduque cette doublette. Ils n’ont ainsi pu être alignés ensemble durablement qu’à la fin du mois de janvier. Et à partir de ce moment-là, on ne peut pas dire que l’entente entre les deux attaquants ait sauté aux yeux. Peu de combinaisons, peu de passes, Erding et Hoarau semblaient — logiquement — plus préoccupés par la volonté d’affirmer leur niveau personnel au sein du PSG. Après le premier match amical cette saison, un encart dans L’Équipe a relancé le débat : la mi-temps qu’ils ont jouée ensemble aurait donné l’impression de deux joueurs qui ne se trouvent pas. Et depuis, Kombouaré a testé d’autres duos d’attaque…
Dans l’absolu, faire de ce duo une paire complémentaire ne semble pas impossible. Hoarau est un joueur de tête, un pivot, habile techniquement, quand Erding préfère jouer sur ses appels intelligents, sa vitesse et sa puissance athlétique. Les joueurs ne jouent pas dans le même registre, mais mieux encore, ils ne jouent pas au même endroit. La tendance de Hoarau est de décrocher verticalement, c’est-à-dire de revenir au niveau de ses milieux de terrain prendre les ballons, du pied ou de la tête. Erding quant à lui, s’il décroche, le fait sur la largeur du terrain, prenant un côté pour appeler le ballon ou percuter. Dans le jeu, ces deux joueurs n’ont rien à voir, et les chances de les voir se marcher dessus sont minimes. Sans parler de leur entente, leur association apporte immédiatement une variété dans le jeu parisien qui, à elle seule, plaide en faveur de ce duo. L’an dernier, un duo Hoarau-Giuly avait semblé fonctionner à la perfection, bien que Giuly, lorsqu’il évolue en pointe, présente des caractéristiques proches d’Erding. Alors qu’est-ce qui coince entre les deux attaquants phares du PSG ?
D’après Élie Baup, interrogé par le Parisien en mars dernier, le cas du seul Mevlüt Erding est problématique. Après la défaite face à l’OM, l’homme à la casquette était clair à propos de l’ancien Sochalien : « C’est un joueur qui cherche à améliorer ses statistiques, à être meilleur buteur. C’est très bien mais il ne faut pas que cela se fasse au détriment du collectif. Erding oublie un peu ses partenaires, notamment Hoarau. » Sur les antennes de Canal+, l’ancien entraîneur tenait des propos parfois plus virulents encore à l’égard du Turc. Son avis est particulièrement intéressant dans la mesure où Baup a eu sous ses ordres Pauleta. Loin de nous l’intention de déjà comparer Erding au meilleur buteur de l’histoire du PSG ; mais en termes d’individualisme et de manque de complémentarité avec ses collègues, Pauleta avait lui-même suscité quelques débats. Pour l’individualisme, la réponse était claire : à partir du moment où il marque et fait gagner son équipe, comment reprocher à un buteur de vouloir gonfler ses propres statistiques ? Quant à la complémentarité, le Portugais avait su former plusieurs duos efficaces à Paris — avec Fiorèse, Reinaldo, Kalou et Luyindula.
Mais la grosse différence avec le cas Erding, c’est qu’il était évident que tous ces attaquants marqueraient moins que le Portugais, et joueraient à son service. Le seul CV du joueur était une raison suffisante. A contrario, si les impressions de Baup se confirment, il n’est pas dit que Hoarau accepte de se mettre statistiquement un peu en retrait pour qu’un attaquant plus jeune que lui brille. Et au final, plus qu’un problème technique, il pourrait ne s’agir que d’une question d’égo. Les deux joueurs n’affichent pas un état d’esprit nocif, bien au contraire, mais il est certainement plus difficile, inconsciemment, de vouloir s’adapter à un compère quand on sait que son propre bilan statistique risque d’en pâtir, surtout à ce stade de leur carrière. S’agit-il réellement du problème ? Nous laisserons à Charles Biétry le soin de lire dans la tête des joueurs. Une chose est sûre : si c’est le cas, il revient à Kombouaré de convaincre ses ouailles que deux buteurs à 15 réalisations servent mieux l’équipe qu’un seul à 20.
Pour le reste, les joueurs peuvent techniquement et tactiquement évoluer ensemble, ils sont de bonne volonté et aiment combiner. S’ils ne font pas partie de ces duos qui fonctionnent immédiatement et ne se trouveront probablement jamais les yeux fermés — ce n’est pas ce qu’on leur demande —, il n’y a donc pas de raison de considérer cette association comme condamnée. Tous leurs pépins physiques étant désormais oubliés, il s’agit désormais aux deux joueurs de se mettre dans les meilleures conditions possibles pour créer un tandem efficace.