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Lucarne d’Arno P-E — chronique de supporters

Les Ultra’ du PSG qui n’en sont pas

Paris SG 1-2 Auxerre, un sale soir de mai…

vendredi 29 mai 2009, par Arno P-E

Les Ultra' du PSG qui n'en sont pas

Le match contre l’AJ Auxerre n’a pas laissé beaucoup de bons souvenirs. Une défaite 1-2, des buts que Canal+ se fera une joie de sélectionner le jour où les trophées de l’UNFP compteront une rubrique les buts les plus improbables de l’année, une place en Ligue des Champions qui s’évanouit définitivement, bref, la compile. Certains rajouteront même la sono d’Auteuil dans la case « déboires du jour ». Ou pas…

Pour ceux qui l’ignoreraient, la L1 connaît un championnat parallèle. Une compétition qui se déroule dans les même stades, oppose les mêmes clubs, les mêmes soirs. Mais avec ses propres règles. Une sorte de championnat des supporters Ultra’.

L’animation de sa tribune, visiteur ou domicile, les tifos, les gestuelles, le nombre de chants, leur durée, leur originalité, tout compte. Dès la fin du match, les acteurs de ce championnat off commentent leur prestation sur un forum Internet créé à cet effet. Pour les associations de supporters, faillir dans cette lutte parallèle est un affront insupportable. Parce que tous les adversaires sauront le rappeler en temps voulu. Les débâcles n’appellent pas de pitié chez les Ultra’ des autres clubs et se louper sur une rencontre, que ce soit en abandonnant ses propres couleurs et sa tribune à la trentième minute une fois mené 2-0, ou en lâchant ses joueurs à la première difficulté pour finalement rebrancher le micro en fin de partie, jette un discrédit sur toute une tribune.

Le boulet cyber Ultra’

Il y a dix ans encore, ce phénomène Ultra’, cette sorte de vie cachée au cœur même de la vie publique d’un club n’intéressait qu’une petite minorité des supporters. Seuls « ceux qui savent », ceux qui étaient là, pouvaient parler de la prestation des uns et des autres, en petit comité. Entre personnes concernées. Aujourd’hui, avec Internet, le compte-rendu d’un match abritera les rares commentaires d’une figure du mouvement, mais perdus au milieu du flot des ragots d’anonymes incultes… qui n’ont parfois suivi la rencontre que derrière leur écran.

Conséquences ? Ceux qui pourraient légitimement parler préfèrent le plus souvent se taire, et ceux qui feraient bien mieux de tourner sept fois leurs doigts au-dessus de leur clavier foncent tête baissée faire profiter l’ensemble de la communauté de leurs réactions à la fois épidermiques et dénuées d’intérêt. Et les groupes, qui n’en disent rien mais lisent quand même, ne peuvent complètement ignorer les remarques publiées ici et là par les cyber Ultra’. Parce qu’un insatisfait chronique, sur le net, ça se croise, mais cinquante internautes à évoquer une ambiance pauvre, des chants foirés ou un capo toujours en attente de sa mue, à force cela ferait tâche.

Alors à Paris comme ailleurs, pas question de se louper. Pour le club d’abord, pour ses couleurs, surtout, mais pour les cyber-boulets, peut-être, inconsciemment, aussi. Question de fierté. De toutes manières, le volume sonore se doit d’être constant, chacun chantant à l’unisson sous peine de voir les visiteurs pourtant inaudibles les trois quarts du match venir jaser. D’où le besoin de s’organiser au mieux, de tendre vers une sorte d’optimale efficacité. Les capi, les mégaphones, les carrés remplis des membres les plus actifs des associations, la sono, le monde des tribunes se comprend aussi à travers ce prisme là : tout faire pour soutenir son équipe le plus parfaitement possible. Tendre vers un idéal.

À ce titre, faire partie d’un virage comme Auteuil est une chance. Même en tant que simple supporter vous êtes pris en main, cocooné, drivé tout au long de la rencontre. Les chants sont simples, et surtout la sono permet d’en comprendre les paroles même quand on vient pour la première fois. Grâce à elle, des Authentiks jusqu’aux Lutèce Falco ce sont près de 100 mètres de gradins qui suivent exactement le même tempo. Aucun chevauchement, pas un décalage et surtout pas un strapontin où l’on puisse invoquer une difficulté d’écoute. Tout est rodé, tout est pensé, mais surtout tout est exécuté pour qu’Auteuil chante. À fond. Et ça demande beaucoup d’efforts. Parce que derrière le Virage il y a le travail de ceux qui montent et démontent les structures nécessaires.

Pas besoin d’aller chercher bien loin pour comprendre que les supporters lambdas du VA appartiennent à une tribune privilégiée : il suffit de se tourner vers Boulogne pour voir combien tout devient plus dur une fois que des instances décident de vous mettre des bâtons dans les roues. Depuis la dissolution forcée des Boys, les forces nécessaires à la mise en branle d’une organisation aussi lourde que la sonorisation du Kop deviennent quasiment impossibles à réunir. Et les choses les plus simples, les plus naturelles hier s’agglomèrent aujourd’hui jusqu’à former d’infranchissables montagnes.

Comprendre ce qu’a pu donner Auteuil lors de ce match opposant le Paris SG à Auxerre illustre l’impérieuse nécessité de voir les associations Ultra’ poursuivre leur labeur. Privés de sono, combien se sont retranchés derrière des excuses pour ne chanter qu’une fois Paris revenu à 1-2 ? Il paraît que de toutes façons, quand l’équipe est menée, cela coupe toute envie de chanter… Pauvre de nous, si nous ne supportons qu’en cas de victoire, délaissant nos couleurs quand elles en auraient le plus besoin. Il paraît aussi que ces joueurs-là ne méritaient de toutes façons pas qu’on les encourage. Comme si ça n’était pas le maillot, le club, que les supporters chantaient avant tout. Il paraît que parce que nous sommes Paris, nous méritons mieux. Comme si avoir ces cinq lettres brodées sur la poitrine faisaient automatiquement de chacun un supporter d’élite, l’exonérant de chanter en cas de contre-performance. Comme si nous n’avions, nous, pas besoin de nous montrer irréprochables avant d’exiger des joueurs que eux le soit aussi. Comme par décret divin. Parce qu’ici c’est la capitale et parce que voilà, c’est tout.

Quand la sono ne tonne plus

Alors certes, rester debout, et gueuler à 0-2, sans sono, c’est plus dur. Les chants viennent de loin, Paris était mené, le jeu était indigent… Avouons aussi que des joueurs qui ne daignent même pas faire l’effort de se replier sur une balle en profondeur ne donnent certes pas l’envie de se dépouiller pour eux. Mais c’est peut-être quand rien ne va qu’il faut se souvenir que cette saison, le reste du temps, les conditions ont déjà été remplies. Et que pour une fois, même si… on peut tout de même faire l’effort. Face à Lille en début de saison, devant une tribune partiellement amorphe, Boat People tentait déjà de secouer les viragistes : « vous êtes dans une tribune de supporters les gars, assumez ! »

Chanter sans la coordination donnée par les baffles placées à intervalles réguliers empêche les associations placées à l’opposée de la tribune de partir en même temps, sur le même chant. Les paroles s’affrontent, les rythmes s’annulent et le rendu s’en ressent immédiatement. Combien de fois a-t-on vu, contre Auxerre, le capo d’Auteuil rouge préparer son carré à reprendre une gestuelle proposée par les Lutèce Falco, à sa gauche, alors que les Authentiks, loin à droite, lançaient tout autre chose ? Incompréhension, déception, quelques uns attendent le départ du chant prévu, les autres suivent ce qui est déjà chanté, pour éviter un long blanc. Cinq minutes plus tard, même scénario, mais c’était les Lutèce qui coupaient bien involontairement l’herbe sous le pied des ATKS… Il y avait de quoi se décourager.

Et pourtant, en tant que supporter perdu au milieu de ce charivari, n’y avait-il pas aussi du plaisir à prendre ? Paradoxe ? Lancées à un bout, portées par le vent jusqu’à l’autre extrémité du virage, les paroles s’enroulaient autour d’Auteuil, reprises avec cette demi seconde de retard qui formait comme une vague sur la tribune. Chaque strophe ondulait, s’étirant de siège en siège avant de s’évanouir déjà recouverte par le couplet suivant. Oui, ces chants ne pouvaient prétendre atteindre cette sorte d’efficacité mécanique qui est l’ordinaire du VA. Trop rapide, trop imposé… Trop figé dans ce que la sono impose, scansion après scansion. Mais cette perfection un peu froide ennuie. On s’y cache : de toutes manières la sono permet de relâcher un peu, et puis on reprendra quand on voudra. C’est facile. Trop ? Surtout si on l’oublie.

Là, les chants s’entrechoquaient, le second recouvrant son aîné, il fallait jongler, suivre son instinct, choisir le plus fort, celui qui coule des Supras, puis relancer l’autre, puissant, qui jaillissait soudain de la tribune G, avant de rebondir sur un troisième, made in Lutèce Falco. Pas question de s’endormir, une sorte d’émulation animait les groupes qui, chacun pour aider de son mieux le Paris SG tentait d’impulser le mouvement qui réunirait tout le Virage. Depuis les noyaux, ce match a dû relever du calvaire : vouloir tirer vers le haut et sentir que tout part en éclats dans des directions incontrôlables, quelle plaie… Mais pour un simple supporter, un suiveur finalement, la magie de ces paroles d’encouragement se submergeant les unes grisait celui qui se laissait porter par le flux.

À long terme, il faudrait être suicidaire pour souhaiter se passer de la sono. Le soutien est meilleur avec que sans. Cela règle la question. L’objectif c’est quand même d’aider le club. Mais se convaincre que sans elle on est condamnés au silence, comme nombre de Parisiens l’ont fait contre Auxerre, c’est se voiler la face. Et croire qu’il n’y a aucun plaisir à retirer d’un match disputé dans des conditions aussi difficiles, c’est se mentir.

Troquer l’implacable feu roulant de la sono pour un maelström de mégaphones, éparpillés avait un je ne sais quoi d’exaltant. Se souvenir qu’il n’y a pas si longtemps, le Parc résonnait des voix de nos aînés sans l’assistance du matériel lourd, et que ces gars ont tracé leur glorieux chemin malgré tout, voilà qui aide à mettre en perspective le respect que l’on doit. À eux, mais aussi à ceux d’en face, que l’on empêche d’exercer leur passion dans de bonnes conditions.

Oui c’était difficile, oui tout, du score à cette panne, était contre nous. Non, le Virage n’a pas lâché pour autant et même si au final la prestation était moins puissante, moins réglée et moins perfectionnée que d’habitude, elle n’en était peut-être que plus vivante. Parce que bourrée de défauts. Plus étourdissante aussi, pour qui a su en profiter. L’excellence emmerde. La quête de la perfection aussi, parfois.

Oui, Auteuil était imparfait face à Auxerre. Mais dans la difficulté il a livré ce qu’il pouvait. Beaucoup ont donné leur maximum, voyant leurs mots s’envoler, gagner d’autres sièges, gonfler et monter encore, puis fondre, disparaître. Vivre et mourir avant de frapper la pelouse. Malgré la défaite et le sort contraire, sous la pluie fine et la nuit tombante, malgré tout il y avait de la joie à prendre face à Auxerre.

Le plaisir de donner ce qui compte vraiment, au delà des fanfaronnades et des promesses faciles, que d’aucuns ne tiennent d’ailleurs même pas : la fierté de ne pas se contenter de le dire, mais de le prouver par ses actes, un sale soir de mai : oui, nous supporters, nous serons toujours là.

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2 commentaires ont déjà été postés par nos lecteurs

  • #1

    jloan
    10 juin 2009 13:59

    Petit commentaire d’odre général, en France des qu une équipe est menée la plupart des supporters se taisent… Certes à Paris nous n’avons pas été gaté ces dernieres années mais je trouve qu’il y a trop vite du decouragement. Combien de fois le PSG dans son histoire a réussi à remonter des situations desespérés avec l’aide d’un public dechainé ! Or ces dernieres années une grande majorité du public lache… Etant donné que les joueurs ne sont pas fort mentalement on les voit lacher encore plus facilement… Je reste persuadé qu un public qui pousse son équipe jusqu au bout premet de se surpasser et d arracher des points en fin de match ! L’exemple du dernier psg/om est frappante ! C est facile de gueuler marseille on t’enc… à longueur d’année mais si c est pour ce taire quand ils sont là… Apres le but de koné le match etait plié aussi bien dans les tribunes que sur le terrain. A 10 contre 11 avec un public dechainé, peut etre aurions nous pu arracher une égalisation. Bref, les tifos étaient magnifiques pour ce match mais l’ambiance n y était pas. C’était un exemple parmi d’autres, et malheureusement je ne sais pas si un jour je reverrais tout le parc debout à encourager le PSG des l entrée des joueurs sur le terrain comme je l’ai vu le jour du match contre le steaua bucarest (5-0). Les joueurs roumains avaient reconnu avoir eu peur en rentrant sur la pelouse… Certes les conditions (et l’equipe)étaient exceptionnelles mais je me dis que si à chaque match on avait un tel public on ne serait jamais loin de la premiere place.
    En conclusion je dirais que c est se qui se passe sur le terrain qui répercute l’ambiance dans les tribunnes, alors que cela devrait être l’inverse.

    Allez PARIS.

  • #2

    Stéphane
    11 mars 2010 10:04

    trop de texte. vous gagneriez à épurer votre propos.

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