Les enseignements du match
Joueur par joueur
Le gardien Salvatore Sirigu aurait été l’auteur d’un très bon match sans sa faute de main sur le but auxerrois. Avant cette erreur, l’Italien avait été parfait en captant les quelques tirs cadrés — généralement des frappes à ras de terre avec de nombreux rebonds, comme sur le but —, et en repoussant une tête à bout portant d’Oliech.
Dans l’axe défensif, Alex a été solide, avec sa toujours très bonne lecture du jeu, qui lui a permis de couper de nombreuses trajectoires. Averti très vite pour une obstruction — mais que peut faire un défenseur lorsqu’un attaquant pousse loin son ballon et lui fonce dessus ? —, il n’est pas loin de l’expulsion à un quart d’heure de la fin lorsqu’il effectue un tacle les deux pieds décollés du sol. À côté de lui, Milan Bisevac a évolué dans un registre très sobre, en ne rentrant surtout pas dans le jeu de ses vis-à-vis, qui cherchaient à provoquer des fautes. Ce comportement a été à double tranchant, car s’il laisse Oliech se ridiculiser lorsqu’il essaye d’obtenir un penalty, il se fait aussi effacer facilement par Chafni sur son tir sur le poteau. Durant les dernières minutes, Bisevac a joué arrière droit.
Le défenseur latéral Sherrer Maxwell n’est pas apparu en très grande forme. Disponible pour aérer le jeu à gauche, il a donné par moment l’impression de ne pas savoir comment utiliser le ballon, la présence du seul Gameiro en pointe le faisant certainement hésiter à centrer. Il sort à l’heure de jeu, à nouveau blessé. Côté droit, Christophe Jallet était capitaine pour la première fois. Il a beaucoup couru pour apporter le surnombre, et son entente naturelle avec Bodmer a aidé le PSG à asseoir sa domination en première période. En seconde période, il a souffert davantage, comme toute son équipe ; il termine la rencontre au milieu de terrain.
Devant la défense, Thiago Motta a dominé les débats en première période, en se baladant à la récupération, et en faisant tourner proprement comme à son habitude. Le manque de solutions devant a ensuite réduit son influence. À gauche du trident, Blaise Matuidi continue d’être une satisfaction. Capable d’aller chercher des ballons sur toute la largeur du terrain, il remonte le plus souvent proprement — comme sur le but parisien —, et n’hésite pas à se projeter vers l’avant si nécessaire. Il n’est d’ailleurs pas loin d’avoir un face à face avec Sorin en toute fin de match. Mathieu Bodmer a très bien débuté la partie. Visiblement en forme, il a offert une solution systématique côté droit et a essayé très souvent de trouver Gameiro dans la profondeur. Généralement bien placé pour relancer la balle, il a baissé en régime au fil de la rencontre et sort logiquement à dix minutes de la fin.
En milieu offensif, Jérémy Ménez a bien commencé, avec un contrôle surprenant qui lui ouvre le chemin du but, et surtout une énorme occasion où il tape le poteau après avoir dribblé le gardien. C’est également lui qui trouve Nene sur l’énorme occasion parisienne en seconde mi-temps. Son rendement global fera encore débat, tant il est vrai qu’il a semblé disparaître sur certaines périodes de la rencontre. Nene va quant à lui certainement traîner comme un fardeau cette occasion manquée. Ce qui est particulièrement dommage car il a encore livré un match complet, avec de nombreux ballons touchés, un but, et quelques situations dangereuses provoquées. Mais à l’image de toute l’équipe, sa deuxième période a été bien moins bonne.
Seul en pointe, Kevin Gameiro a beaucoup travaillé, en décrochant régulièrement sur les côtés. S’il n’a pas eu d’occasion franche, il en a créé plusieurs : le poteau, le but, ainsi qu’une autre situation en seconde période, mal gérée par Ménez. Sylvain Armand est rentré au poste d’arrière gauche, et pas dans la meilleure période parisienne. Il n’a cependant pas grand-chose à se reprocher hormis un dégagement manqué qui ne passe pas loin de ses propres cages. Javier Pastore — initialement remplaçant, ce qui va peut-être mettre fin à l’idée reçue affirmant que la concurrence n’est pas la même pour tous à Paris — est lui entré pour le dernier quart d’heure, et il n’a pas pu redonner de l’ordre au jeu offensif parisien. Enfin Diego Lugano est rentré pour la fin de match, et a le tort de se faire éliminer par Kossoko sur le but.
Les changements en question
Comme à chaque fois lorsque le PSG réalise un résultat négatif — ou, tout du moins, moins bon qu’espéré —, les choix de l’entraîneur sont vivement remis en cause. Si le coaching s’est indubitablement révélé perdant, le PSG ne réussissant pas à maintenir son avantage, plutôt que d’affirmer ce qu’il aurait fallu faire en occultant complètement des informations qui ne sont pas en notre possession — comme la forme physique des entrants et des sortants —, il serait probablement plus productif de partir du principe qu’un entraîneur n’improvise pas ses décisions, et que celles-ci sont issues d’une vraie réflexion. Que l’on peut ou non partager.
Dimanche soir, ce sont en fait deux remplacements en cours de rencontre qui ne font pas l’unanimité. Tout d’abord, la sortie de Gameiro remplacé par Pastore. Le PSG n’arrivait alors plus à tenir le ballon. Faire rentrer Pastore, en théorie capable d’orienter et de faire circuler, avait certainement pour but de remédier à ce problème. Le choix de laisser Nene et Ménez au détriment de Gameiro peut trouver son explication dans le fait que les deux premiers présentent une variété de jeu un peu plus importante que le troisième. À ce stade du match, le PSG avait surtout besoin de reprendre le contrôle du jeu afin d’éviter que les ballons ne reviennent trop rapidement sur sa défense. Avec ces trois joueurs offensifs, le PSG avait en théorie trois hommes capables de remonter le ballon, puis de le conserver afin de permettre à l’équipe d’évoluer plus haut.
Ensuite, dans les dix dernières minutes, Ancelotti a changé sa défense en faisant rentrer Lugano à la place de Bodmer, Bisevac passant à droite et Jallet montant d’un cran. L’entraîneur parisien a expliqué après la rencontre que ce changement avait pour but de donner plus d’assise dans le jeu aérien, afin de contrer l’entrée de Le Tallec, Bisevac à droite devant être par ailleurs plus solide défensivement que Jallet. Mais pourquoi Lugano plus que Sakho ? Deux paramètres rentrent en compte : Lugano restait sur un très bon match contre Lyon, et Sakho est exclusivement un axial gauche, or, avec le repositionnement de Bisevac à droite, il fallait un axial droit.
Par ailleurs, Élie Baup a glissé au micro de Canal+ une remarque très intéressante sur ce changement : ce n’est pas dans la culture française de modifier une défense centrale en cours de match. Ancelotti est issu d’une autre culture tactique, et a souvent déclaré que ses joueurs devaient être capables de s’adapter à plusieurs formations, afin de faire évoluer son jeu en cours de partie. Cela n’excluait visiblement pas les défenseurs.
Le raté de Nene
En deuxième période, Paris a eu une énorme occasion de doubler la mise. Occasion manquée par Nene, qui tente de dribbler le gardien et se fait reprendre. Le sempiternel refrain sur l’égoïsme d’un joueur capable de délivrer plus d’une quinzaine de passes décisives par saison ressort depuis. Revenons donc sur cette action et voyons quels choix s’offraient au Brésilien.
Après l’excellente passe de Ménez, Nene se retrouve lancé vers le but. Il fait un premier contrôle quelques mètres devant la surface de réparation pour se mettre sur son pied gauche. Puis, une fois dans la surface, il tente de dribbler le portier sur l’extérieur et échoue. Le Brésilien avait en fait trois choix : servir Gameiro, frapper, ou dribbler.
Pour servir Gameiro, il aurait en fait fallu qu’il lui donne la balle sans contrôle. Ce qui était d’une part difficile à réaliser techniquement, Nene étant un gaucher exclusif — tenter un extérieur du pied sans contrôle ne paraissait pas être la meilleure idée —, et d’autre part moyennement utile, Nene et Gameiro étant dans une position symétrique et encore assez loin des cages : avec une passe dont l’issue est incertaine, Gameiro se serait au mieux retrouvé dans la position de Nene lorsqu’il entre dans la surface. Une fois cette ouverture refermée, la passe n’est plus une option : un défenseur vient s’intercaler, réduisant considérablement l’angle de passe, et Gameiro se retrouve très vite hors-jeu.
En fait, Nene s’ouvre surtout parfaitement le chemin du but. Il est sur son bon pied, possède un angle suffisant pour enrouler une frappe côté opposé et le tir semblait vraiment s’imposer. Peut-être Nene ne sentait justement pas le tir qu’il aurait été en mesure d’effectuer — une question d’appui ou le retour du défenseur qui pouvait contrer sa frappe ? Dans ce cas-là, il est presque logique qu’il essaie de se mettre dans les meilleures conditions. L’ancien Monégasque a donc tenté le dribble sur l’extérieur afin de se retrouver face au but vide. Et là, le problème n’est pas tant une question de choix qu’une question de réalisation technique : si Nene peut s’en vouloir, c’est surtout d’avoir échoué dans sa tentative en n’étant pas assez tranchant dans son dribble. Pour le reste, aucune des solutions ne présentait la certitude d’un but tout fait.
La vidéo du résumé du match
Autres infos autour du match
Stats en vrac
Série. « Nene a maintenant marqué cinq buts en six apparitions face à Auxerre en championnat », relève Opta.
Réactions
Carlo Ancelotti : « Je pense que nous avons eu un problème de détermination et de concentration. Nous avons joué trop faciles. Si nous voulons gagner le championnat, nous ne pouvons jouer ainsi mais avec plus de concentration et de détermination. Nous devons changer d’attitude. Tous les matches sont difficiles et avant celui-ci nous avions souligné la difficulté qu’il y aurait contre Auxerre qui a besoin de points pour son maintien. Je suis énervé contre les joueurs. Il faut changer rapidement car nous avons perdu une grande opportunité de revenir en tête du championnat. Je ne suis pas content de la performance. Nous avons eu l’occasion de marquer un deuxième but mais nous n’avons pas été assez déterminés, assez décisifs. C’est peut-être de la suffisance. Après le but, nous aurions dû continuer à jouer de la même façon qu’en début de rencontre. Ce soir, ce n’est pas notre meilleure performance. La suffisance n’est pas bonne attitude dans le football et on ne peut pas gagner ainsi. » (source : AFP)
Jean-Guy Wallemme (entraîneur d’Auxerre) : « Nous savions que c’était les deux extrêmes qui s’affrontaient. Prendre un point dans ce genre de confrontation, pour notre équipe, c’est déjà une performance mais ce n’est pas suffisant dans notre situation. La leur n’est pas la même mais Paris était aussi venu pour prendre les trois points d’autant que le PSG menait au score. En début de rencontre, nous n’avons pas su gérer tactiquement les permutations parisiennes. En seconde période, nous avons mieux su nous adapter. Nous avons su ne pas lâcher alors que les Parisiens auraient pu creuser l’écart. Nous avons eu la possibilité d’égaliser avant la fin de match et cela nous aurait peut-être permis d’avoir plus de temps pour les pousser dans leurs derniers retranchements. Dans ce genre de confrontation, il nous faut livrer deux périodes pleines mais nous avons su réagir en équipe. Nous avons su mettre un peu de folie dans ce match, ce qui aurait pu nous permettre de gagner. » (source : AFP)
Christophe Jallet : « Nous avons manqué l’occasion de gagner ce match pour recoller au classement. Nous avons joué trop facile, comme des sénateurs en croyant qu’à 0-1, le plus dur était fait alors que nous savions qu’il fallait marquer un second but pour nous mettre à l’abri face à un adversaire qui joue sa peau. Nous le savions et nous nous sommes faits piéger. Nous sommes honteux envers nous. Ce n’est pas forcément de la suffisance mais nous n’avons pas tout fait pour marquer ce deuxième but alors que nous en avons eu l’occasion. Nous nous sommes contentés de conserver cette avance de 0-1 et malgré quelques avertissements, cela n’a pas suffi. Nous avons encaissé ce but qui nous fait du mal. Le sentiment qui prédomine est la déception car nous avons perdu l’occasion de revenir sur Montpellier. Ce sont deux points de perdus. Si nous ne gagnons pas ce titre, nous n’aurons qu’à nous en prendre à nous mêmes. Je ne sais pas si c’est une faute professionnelle que nous avons commise ce soir mais c’est une grosse erreur. Nous avions la maîtrise du jeu et nous menions 0-1 et nous avons voulu nous contenter de ce score. Nous jouons le titre alors qu’Auxerre lutte pour le maintien mais nous n’avons pas vu la différence et c’est fort dommage pour nous. » (source : AFP)
Côté tribunes…
Affluence. 115 supporters parisiens étaient présents dans le parcage visiteurs dimanche soir, d’après les chiffres communiqués par la LFP.