Après plusieurs années d’hibernation, un vieux serpent de mer a refait surface : la thèse qui voudrait que le PSG soit avantagé et surprotégé par les arbitres. Pour étayer cette idée, certains se sont appuyés sur deux matches du championnat. PSG - Saint-Étienne tout d’abord, avec les deux fautes de Sessegnon et Makélélé qui auraient dû être sanctionnées d’un carton rouge, puis Grenoble - Paris SG le week-end dernier, match durant lequel les Isérois ont réclamé un penalty pour une main de Sakho… bien que le règlement prouve clairement qu’il n’y avait aucune raison de siffler quoi que ce soit [1]. Pourtant, suite à l’évocation insistante de ces erreurs, l’entraîneur parisien Paul Le Guen a répondu par une phrase passée inaperçue :
Le Guen n’ayant pas pour habitude de fustiger l’arbitre façon Antonetti toutes les quatre conférences de presse, et le PSG n’étant pas enclin à publier des communiqués emplis de mauvaise foi façon Olympique Lyonnais — à tort ou à raison, ceci est un autre débat —, ces propos n’ont connu que très peu d’échos. Pourtant, ils ne sont pas complètement innocents.
Pour illustrer le discours de l’entraîneur parisien, nous avons relevé les erreurs d’arbitrages significatives mettant en cause les Parisiens, qu’elles soient en faveur ou à l’encontre du PSG. En voici une liste que nous espérons exhaustive, malgré la difficulté évidente de l’exercice :
3e journée de L1, Sochaux 1-1 PSG. Sochaux ouvre le score sur penalty. La faute supposée était l’œuvre de Sakho, qui après avoir contré un ballon voit Erding s’empaler sur sa jambe. Il n’y avait évidemment pas faute puisque le défenseur ne peut pas faire disparaître sa jambe après avoir effectué un dégagement. Le PSG parvient tout de même à égaliser, mais un penalty a été oublié pour une charge dans le dos de Guillaume Hoarau.
Pour Paris : 0 erreur.
Contre Paris : 2 erreurs.
6e journée de L1, Saint-Étienne 1-0 PSG. Alors que le PSG est déjà mené, le gardien Viviani s’appuie de tout son poids sur les épaules d’Hoarau qui ne peut reprendre un ballon aérien. Une fois les deux joueurs au sol, le Stéphanois empêche volontairement l’attaquant parisien de se relever. Un penalty aurait dû être sifflé. Par ailleurs, il faut aussi noter que durant ce match, Claude Makélélé a effectué plusieurs interventions très limites, voire dangereuses, et qu’une expulsion n’aurait pas été imméritée.
Pour Paris : 1 erreur.
Contre Paris : 1 erreur.
8e journée de L1, Nancy 1-1 PSG. En deuxième mi-temps, sur un tacle, Sylvain Armand emporte le ballon et la jambe d’appui de l’ailier adverse Issar Dia. Un penalty aurait pu être sifflé pour Nancy, même s’il faut reconnaître que l’attitude de Dia — qui a passé son match à plonger — n’a pas facilité le jugement de l’arbitre.
Pour Paris : 1 erreur.
Contre Paris : 0 erreur.
11e journée de L1, PSG 0-1 Toulouse. Le seul but de la partie est entaché d’une faute grossière : sur un corner, un Toulousain charge Landreau dans sa surface de but, une faute bien évidemment répréhensible. Mickael Landreau rate le ballon, et Camara, surpris, marque contre son camp — ce qui fera longtemps rire Guy Carlier.
Pour Paris : 0 erreur.
Contre Paris : 1 erreur.
14e journée de L1, Le Havre 1-3 PSG. Une victoire du PSG, certes, mais peuplée de décisions difficiles. En plus d’un but refusé à Hoarau pour un hors-jeu inexistant, il y avait surtout un tacle très dangereux — qui n’est pas sans rappeler le geste de Makélélé la semaine passée — sur lequel Nicolas Gillet met ses crampons sur le genou de Ludovic Giuly. Le Parisien sortira sur blessure, et Gillet n’aura qu’un carton jaune. Honnête, le Havrais reconnaîtra avoir fait un geste incontrôlé… mais cette fois Marc Batta n’a pas ordonné de rapport complémentaire.
Pour Paris : 0 erreur.
Contre Paris : 1 erreur.
15e journée de L1, PSG 1-0 Lyon. Le champion de France en titre est obligé de faire jouer des jeunes joueurs aux postes de latéraux. Le jeune Kolodzieczak fait donc preuve d’une grande inexpérience en poussant dans le dos Giuly alors que celui-ci se présentait face à Lloris. L’arbitre ne siffle rien. La faute était pourtant évidente.
Pour Paris : 0 erreur.
Contre Paris : 1 erreur.
19e journée de L1, PSG 2-2 Valenciennes. Alors que le score est de 2-1 pour Paris, Stéphane Sessegnon envoie une frappe lointaine sur la barre. Le ballon rebondit dans les cages, mais le but n’est pas validé. Comme le fera remarquer Le Guen, fair-play, il était quasiment impossible de prendre une décision en étant sûr de soi. Mais le fait est que ce but invalidé ôte deux points au PSG.
Pour Paris : 0 erreur.
Contre Paris : 1 erreur.
20e journée de L1, Bordeaux 4-0 PSG. Sans remettre en cause la supériorité bordelaise — évidente ce soir-là —, il faut noter que l’arbitrage a été plus que tendancieux, M. Lannoy étant très laxiste face à l’engagement excessif des Girondins, et a contrario très sévère au moindre contact provoqué par un Parisien. Pour être factuel : le premier but bordelais est marqué suite à un coup-franc obtenu alors que Gourcuff a manqué son dribble et s’est empalé de lui-même sur Ceara… Jamais M. Lannoy ne devait siffler, et Bordeaux n’aurait pas ouvert la marque aussi tôt.
Pour Paris : 0 erreur.
Contre Paris : 1 erreur.
21e journée de L1, PSG 2-1 Sochaux. Tandis que le score est encore vierge, Luyindula part défier le gardien Gavanon qui bloque la balle de la main… en dehors de la surface. L’arbitre voit la faute, la siffle, mais refuse de la sanctionner d’un carton rouge pourtant on ne peut plus logique. Le PSG gagne finalement le match mais en ayant eu à fournir plus d’efforts qu’un match en supériorité numérique en aurait requis.
Pour Paris : 0 erreur.
Contre Paris : 1 erreur.
22e journée de L1, PSG 2-0 Caen. Après qu’en première période un penalty aurait pu être accordé aux Parisiens pour une double faute dans la surface de réparation, le deuxième but francilien est entaché d’une position de hors-jeu assez nette de Sessegnon au tout départ de l’action.
Pour Paris : 1 erreur.
Contre Paris : 1 erreur.
Demi-finale de coupe de la Ligue, PSG 0-3 Bordeaux. Trois penalties n’ont pas été sifflés durant la rencontre : deux en faveur du PSG — l’un pour une poussée dans le dos de Chantôme, l’autre pour une main résultant d’un geste délibéré dans la surface —, et un autre, bien plus évident il est vrai, pour Bordeaux suite à un tacle en retard de Clément sur Jurietti.
Pour Paris : 1 erreur.
Contre Paris : 2 erreurs.
23e journée de L1, Nantes 1-4 PSG. Alors que la domination parisienne était totale, l’arbitre du match a relancé la rencontre en octroyant un penalty inexistant aux Nantais. Sylvain Armand avait récupéré le ballon très proprement face à Ricardo Faty, ce dernier réalisant ce qui ressemblait fortement à une simulation. Ce penalty a permis aux Nantais de revenir au score (1-2).
Pour Paris : 0 erreur.
Contre Paris : 1 erreur.
24e journée de L1, PSG 2-1 Saint-Étienne. Les incidents de ce match ont été évoqués par de nombreux médias : un coup de tête de Sessegon et un tacle très dangereux de Makélélé uniquement sanctionnés d’un carton jaune, alors que les deux gestes méritaient le rouge.
Pour Paris : 2 erreurs.
Contre Paris : 0 erreur.
25e journée de L1, Grenoble 0-0 PSG. En fin de première mi-temps, le Grenoblois Vitakic agresse Sessegnon, suite à un contact entre les deux joueurs, et lui asséne une violente gifle. L’action se passait dans le dos de l’arbitre et n’avait donc pas été vue.
Pour Paris : 0 erreur.
Contre Paris : 1 erreur.
Vus tous ces faits de jeu, il apparaît que ce qu’a avancé Paul Le Guen n’était pas infondé : avant les incidents face aux Verts, le PSG avait subi de nombreuses décisions arbitrales préjudiciables sans jamais clamer à l’injustice [2]. Les raccourcis engendrés par la médiatisation outrancière des incidents Sessegnon-Makélélé sont donc erronés : non le PSG n’est clairement pas avantagé par l’arbitrage, les mauvaises décisions allant dans les deux sens. Et les décisions qui vont dans le sens du club parisien font plus figure d’exception qu’autre chose… [3]
Il faut donc éviter de retomber dans les travers de la saison 2003/2004 : à l’époque, le PSG — qui faisait une saison exemplaire — s’était vu affublé du costume de l’équipe avantagée par les arbitres… avant que le corps arbitral ne tente de compenser cette situation la saison suivante, en sifflant tout et n’importe quoi. Cette injuste réputation voyait son origine remonter à un match disputé à Sochaux. Match où un penalty — pas si évident que ça — n’avait pas été sifflé pour les Doubistes. Le fait de jeu avait été ressassé par les médias, bien aidés tous par les adversaires du PSG et notamment par les Sochaliens. Tant et si bien que le raccourci faisant du PSG une équipe favorisée était bien ancré dans toutes les têtes, même parisiennes, au début de la saison suivante, avec les conséquences que l’on sait. Tout cela alors que cette histoire n’avait débuté qu’à la suite d’une unique action.
Le double incident face aux Stéphanois ne doit donc pas faire office de vérité absolue concernant les velléités arbitrales envers les hommes de Paul Le Guen. Le PSG n’est pas épargné, surtout quand on voit les lourdes sanctions prononcées à la suite de ce cas bien précis.
L’avis de PSGMAG.NET ?
Oui, Paris a bénéficié d’erreurs arbitrales sur un match. Mais non, ce n’est pas révélateur de la saison parisienne. Loin s’en faut.
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