Le Paris SG a ramené un point de son déplacement au stade Bonal de Sochaux, au cours duquel l’attaquant serbe Mateja Kezman a fait ses premiers pas sous le maillot rouge et bleu. Retour sur les événements marquants du match.
Le match en bref, de Fautrel à Kezman
Challenge Veissière
Quatorzième minute de jeu, M. Fautrel prive Makélélé du prochain match contre Nantes. Il aura donc fallu moins d’un quart d’heure à l’arbitre normand pour infliger à l’international français son troisième carton jaune en trois rencontres.
La sanction administrative était-elle méritée ?
Il s’agissait là de l’une des toutes permières fautes du capitaine parisien [1]. Un contact a lieu face à Stéphane Dalmat, mais Makélélé reste sur ses appuis. Il n’y a donc pas de violence ni d’agressivité, et l’intégrité physique du Sochalien ne peut être mise en danger sur ce type d’action. La faute a lieu très loin des buts parisiens, et la défense, parfaitement placée peut encore intervenir. La faute de Makélélé n’annule en aucun cas une phase de but.
L’erreur d’arbitrage est manifeste. L’arbitre sait que sa décision nuit au PSG en le privant d’un élément majeur. Pour lui la prise de risque est nulle, car jamais les médias ne reviennent sur ce type de sanctions.
Bilan :
1 PV (point Veissière) pour Fautrel.
Challenge Touboul
Quarante-neuvième minute, l’arbitre siffle penalty en faveur de Sochaux. Sur un ballon en profondeur dans la surface, Sakho dégage la balle en corner. Mevlud Erding, venu au contact, s’effondre immédiatement, avant de transformer lui-même le coup de pied de réparation (on vous avait prévenus, on a fait Veissière en LV2 au collège).
Y avait-il penalty ? Le contact est indiscutable, et a bien lieu dans la surface de réparation. Circonstance aggravante, si la plupart des médias radio (RTL ou France Bleu Île-de-France) et Internet (L’Équipe ou Football 365) parlent en direct de penalty « généreux », Jour de Foot quant à lui soutient la décision de M. Fautrel.
Les faits : Sakho vient jouer le ballon, il le touche avec un temps d’avance sur Erding. Alors en extension, le Parisien ne peut empêcher l’attaquant adverse de venir le percuter. Il y a un contact entre les deux joueurs qui pourrait expliquer la chute du Sochalien.
Jour de Foot et le penalty sochalien
Le résumé vidéo de Canal + présente un ralenti sensé accabler le jeune défenseur du PSG. Certes, le commentaire stipule que Sakho joue bien le ballon en premier. Cela, le journaliste ne cherche pas à le nier car les images sont incontestables. La faute viendrait ensuite, Sakho gardant la jambe tendue afin de retenir Erding qui avait « le temps de récupérer la balle avant qu’elle ne sorte ».
Les faits : Sakho garde la jambe tendue car Erding vient le prendre la hanche au niveau de l’intérieur du genou de Sakho. Si le défenseur tente de retirer son tibia, son genou tord et il peut se blesser. Il faut d’ailleurs noter d’ailleurs que Sakho, souffrant d’une pubalgie, sortira quelques minutes plus tard. Il n’y a pas volonté de retenir l’adversaire, mais bien action de se protéger. On peut même se demander pourquoi Erding vient au contact du défenseur puisqu’il est manifestement en retard. La faute pourrait aisément être sifflée dans l’autre sens.
De plus, à vitesse réelle, l’action est sans équivoque : le ballon sort directement en corner, Erding ne peut pas davantage qu’aucun Sochalien sur la pelouse espérer récupérer la balle.
L’erreur d’arbitrage est réelle, mais sans doute involontaire car difficile à juger sans un ralenti. En revanche elle est lourde de conséquence car le Paris Saint-Germain se retrouve mené 1 à 0. Jour de Foot choisit comme toujours de suivre l’analyse donnée en direct par ses commentateurs. Si elle ne masque pas l’action en la supprimant de son résumé, son analyse présente toutefois un parti pris évident.
Et du côté de la presse quotidienne ?
Saluons également les commentaires de la presse quotidienne : dans le Parisien, Dominique Sévérac qualifie le penalty sochalien de « peu évident » et son collègue Laurent Perrin explique que « [Sakho] provoque un penalty, mais sa faute sur Erding fera débat ». Deux façons très pudiques d’indiquer que le penalty est abusif… Plus hypocrite encore, Laurent Perrin attribue une note de 6 à l’arbitre, précisant que « si Paris n’avait pas égalisé, on aurait longtemps reparlé du penalty litigieux accordé à Sochaux ». De son côté, L’Équipe éprouve les mêmes difficultés à énoncer les choses clairement : Damien Degorre évoque tout d’abord une « intervention que M. Fautrel jugea illicite » puis, pour résumer la performance de Sakho, souligne : « seul point noir, ce penalty très litigieux concédé à Erding (49e) ».
Dans la même veine, ceux qui auront vu le match en intégralité savent qu’à la 70e minute, Guillaume Hoarau a été balancé dans la surface alors qu’il s’apprêtait à reprendre un centre de la tête. Bousculé, il touchera le ballon de l’épaule, lequel finira très loin des buts sochaliens. Cette image ne figure même pas dans le résumé de Jour de Foot. Si L’Équipe n’en souffle mot, le Parisien précise en revanche qu’« un autre [penalty] aurait dû être sifflé après une faute sur Hoarau ».
Bilan pour le PSG : un penalty abusif et un penalty oublié, évoqués en quelques mots perdus au milieu des pages consacrées au club parisien. Mais puisque Paris a égalisé…
Bilan :
2 PV pour Fautrel ;
1 PT (Point Touboul) pour la rédaction de Jour de Foot ;
1 PT pour la rédaction du Parisien ;
1 PT pour la rédaction de L’Équipe.
Le fait du match
Soixante-troisième minute, but de Sessegnon. Sur une action côté droit, Giuly, excellent ce soir quoi qu’en pense Dalmat, embarque une nouvelle fois son vis-à-vis. Il adresse une passe en retrait pour Stéphane Sessegnon qui, d’une frappe du droit, trouve la lucarne opposée. La puissance et la précision de la frappe classent d’ores et déjà ce but dans les possibles lauréats de récompenses en fin de saison.
Le Béninois avouera à la fin du match qu’un tel but doit aussi à la réussite car, au vu de la force délivrée au moment du tir, le ballon — ici remarquablement cadré — aurait pu s’échapper et filer très loin du but de Richert. Grâce à ce splendide but, Paris revient à 1-1 et Sessegnon permet donc à son club d’éviter la défaite. Mais le moment du match est ailleurs.
Alors que l’essentiel de l’équipe se jette sur le n°10 pour le féliciter, un homme échappe aux caméras. Hors cadre, il court lui aussi, et révèle ainsi un état d’esprit inhabituel au PSG. Il s’agit de Mateja Kezman, tout juste rentré en jeu. Le Serbe, contrairement à ses coéquipiers, ne fête pas la réduction du score.
Mauvaise intégration ? Bouderie malvenue ? Certainement pas. Kezman s’est en fait précipité dans le but sochalien pour y récupérer la balle, et aller la porter vers le rond central. Le reste de l’équipe se voit sorti d’une passe délicate et exprime un soulagement compréhensible, mais le Serbe, lui, ne voit qu’une chose : le match n’est pas encore gagné.
Cette action symbolise tout ce qu’il manquait au Paris Saint-Germain par le passé : l’envie de tout faire pour gagner, quoi qu’il arrive, plutôt que la lutte pour ne pas perdre, la peur au ventre. Si Mateja continue avec le même état d’esprit, alors son apport ne se limitera pas à son jeu et ses buts. Le buteur venu de Turquie peut faire énormément de bien au niveau de la grinta.
Il confirmait d’ailleurs cette volonté de changer les mentalités le lendemain, dans une interview pour Jour de Foot (consultez la retranscription de ses propos) : « Je pense avoir amené du punch. C’est une équipe avec un gros potentiel, avec beaucoup de talent. Mais il va falloir agir sur les mentalités. Nous devons penser que nous avons la meilleure équipe en France, que nous pouvons tout gagner, ne pas nous satisfaire d’un match nul. Mais cela va prendre du temps. Ce n’est pas facile, surtout après la saison dernière. »
À noter que dans le même ordre d’idée, Giuly déclarera au micro de Canal à la fin de la rencontre que, lors de ce match, même si Paris s’était fait peur, repartir avec le point du nul était le minimum de ce que Paris pouvait faire.
Le bilan de la troisième journée de L1
3 PV pour Fredy, qui ne devrait pas reporter sur autrui les difficultés relationnelles en milieu scolaire qu’a entraîné la passion de ses parents pour les films d’horreur ;
1 PT pour Canal + , qui a vainement tenté de faire fonctionner un magnéto et le micro de Josse samedi soir ;
1 PT pour la rédaction du Parisien ;
1 PT pour la rédaction de L’Équipe ;
1 étoile pour Sessegnon et son formidable but ;
1 étoile pour Kezman et son rush plein de grinta.
Autres infos sur le match
On stat ou on stat pas ?
Marqués par le dramatique début de saison dernière, beaucoup de supporters se déclarent soulagés par le bilan comptable de ces trois premières journées.
Le Paris SG fait-il une meilleure saison que l’an passé ?
Le calendrier parisien avait de quoi faire peur en ce mois d’août : déplacement à Monaco, puis réception de Bordeaux, le club de la capitale affrontait ses deux bêtes noires. Déplacement à Sochaux puis déplacement à Caen, il y avait sur le papier de quoi finir l’été avec un zéro au compteur points… Alors, avec quatre unités glanées en trois journées, Paris faut-il se sentir rassurés ?
Malheureusement non : en effet l’an passé, le Paris SG avait certes perdu à domicile contre les Girondins… mais il avait battu les Monégasques et les Sochaliens sur leur propre terrain ! Comparé au bilan de la triste saison 2007/2008, les Rouge et Bleu comptent donc deux points de retard sur le tableau de marche qui leur avait permis de se sauver in extremis.
Comme quoi, les apparences sont parfois trompeuses !
Stéphane Sessegnon marque les mêmes buts qu’Okocha
En plus de ressembler physiquement à Okocha, et de lui ressembler parfois dans le jeu, Stéphane Sessegnon marque également les mêmes buts !
Souvenez-vous : dimanche 14 octobre 2001, au Parc des Princes, Lyon mène 0-1 face au PSG pour la dixième journée de première division. Dix-huitième minute, Aloisio, côté gauche, envoie un long ballon vers son ancien partenaire à Saint-Étienne, Alex. Le Brésilien, légèrement excentré et pressé par un défenseur, centre immédiatement en retrait pour Jay-Jay Okocha, à l’entrée de la surface de réparation. Le PSG égalise (1-1) grâce à une frappe monumentale du Nigérian. Finalement, le Paris SG et Lyon feront match nul 2-2.
Le Bernard-Henry Lévy du jour
Dalmat a cru bon de préciser sa pensée à la fin de la rencontre : « au sujet de Giuly, il n’y avait rien de méchant dans mes déclarations. Je m’en excuse, j’ai juste donné mon point de vue. Il a fait une grande carrière. »
Respectons le discours du Sochalien et, comme lui, ne soyons pas méchants dans nos déclarations. Contentons-nous de donner notre point de vue : Dalmat, t’as vraiment fait une carrière pitoyable. Et le pire, c’est que pour toi comme pour Ludovic Giuly, c’est pas fini…
Banderoles, tribunes et photos
Suite au décès de deux supporters marseillais se rendant au Havre, les Lutèce Falco ont affiché la banderole suivante : « RIP - la vie humaine plus forte que la haine ».
À l’initiative de Makélélé, presque tous les joueurs iront saluer les supporters parisiens ; Armand et Sakho leur offriront d’ailleurs leurs maillots.
D’autres photos du parcage des supporters parisiens sont disponibles sur le site des Supras, sur fansupporters.com ou encore ailleurs (via Mouvement-Ultra).
Des photos du match sont également disponibles sur le site officiel du PSG.
Un match qui laisse des traces
Le lendemain du match, le PSG a annoncé sur son site officiel qu’il comptait trois blessés :
Clément Chantôme (sorti à la 56e) souffre d’un traumatisme au pied gauche ;
Mamadou Sakho souffre d’un traumatisme sans gravité à la cheville gauche ;
Mateja Kezman souffre d’une contusion au mollet droit nécessitant des soins.