Vainqueur au match aller, le Paris SG s’est incliné lors du match retour contre les Girondins de Bordeaux. Une lourde défaite, 4-0, qui appelle quelques éclairages sur le match des deux équipes et notamment la prestation des joueurs parisiens.
Le match en bref
Comme souvent en Gironde, le PSG a lourdement perdu. Laurent Blanc peut cette fois légitimement fanfaronner, son équipe a joué un niveau au-dessus des Parisiens. Il n’empêche que le score reste particulièrement sévère et que les éléments étaient particulièrement en défaveur des Parisiens. Avec un arbitrage très contestable et qui a eu son influence sur le match (voir plus bas), un réalisme assez sensationnel des Girondins, et une maladresse rare des Parisiens — aucun tir cadré — malgré plusieurs belles occasions, il devient très difficile de reporter une rencontre.
Le match avait pourtant plutôt bien commencé pour les Parisiens qui déployaient tranquillement leurs actions, comme ils en ont l’habitude, et qui se sont retrouvés plusieurs fois en très bonne position durant les premières minutes. Mais Giuly, à la conclusion des deux actions, a manqué sa reprise à chaque fois, notamment sur un excellent centre de Jérôme Rothen. Dans la foulée, le premier tournant intervient : Stéphane Lannoy siffle un coup-franc surréaliste pour Bordeaux, Gourcuff en profite pour centrer sur la tête de Diawara, que Sessegnon avait oublié de marquer (1-0, 10e). Les Parisiens sont ensuite assommés et laissent complètement le ballon à leur adversaire. Au moment où ils commencent à être de plus en plus incisifs, Lannoy refuse un penalty aux Parisiens ; trois minutes plus tard, Cavenaghi profite d’une ouverture de Chalmé, et d’une mauvaise analyse de la situation de Camara et de Landreau pour doubler la mise (2-0, 35e). Juste avant la mi-temps, Armand tire juste à côté du but, à nouveau sur un centre de Rothen.
En deuxième mi-temps, les débats sont de nouveau équilibrés, et les Parisiens sont à deux doigts de se relancer à deux reprises : lancé en profondeur par Giuly, Hoarau se présente face à Ramé mais se fait reprendre par un tacle précis de Chalmé. Puis sur une touche, Hoarau dévie de la tête pour Sessegnon qui frappe le poteau. Et comme d’habitude sur ce match, après des situations parisiennes, c’est Bordeaux qui marque. Cette fois, il s’agit d’un exploit de Gourcuff qui enchaîne roulette, double contact et tir du pointu pour marquer le troisième but (3-0, 70e). Pas abattus, les Parisiens continuent à attaquer et sont encore une fois maladroits. Luyindula, qui vient de rentrer, ne cadre pas une reprise sur un bon débordement de Sessegnon, ce même Sessegnon qui vendange une belle occasion alors qu’il est tout seul aux 6 mètres de Ramé quelques minutes plus tard. Et c’est devant une défense parisiennne bien passive que Fernando clôt la marque : sur un centre de Gouffran dévié par Makélélé, celui-ci dribble astucieusement Landreau (4-0, 87e).
Si elle est globalement méritée, la défaite reste néanmoins sévère, et il ne faudra pas que les Parisiens tergiversent trop longtemps dessus : il n’y a rien de grave. Contrairement à ce qui a pu être dit, Bordeaux n’est pas un concurrent direct : eux sont des candidats déclarés au titre, ce qui n’est pas du tout le cas du PSG ; ce match a au moins le mérite de le rappeler. Perdre contre Bordeaux reste dans l’ordre du logique en ces temps de reconstruction, et l’exploit était bel et bien d’avoir réussi à battre le trio de gros clubs — Lyon, Marseille, Bordeaux — lors de la première moitié de saison. Cette défaite, anormalement lourde, ne reste qu’une péripétie qui ne remet pas en question l’excellent travail accompli jusque là par le groupe de Le Guen, et qui ne brise pas non plus une belle dynamique : si les Parisiens ont semblé moins forts que leurs adversaires, ils n’ont pas semblé complètement perdus, désorganisés ou traumatisés, comme cela avait pu être le cas sur la même pelouse l’an dernier. Il n’y a donc pas d’inquiétude à avoir : le PSG a largement de quoi se refaire dans les prochaines semaines.
Un arbitrage à Lannoy
Le PSG a perdu et bien perdu contre Bordeaux, sans que cela ne prête réellement à contestation. Mais, à l’instar de Paul Le Guen dans ses déclarations d’après-match [1], on ne peut s’empêcher d’être légèrement frustrés par certains faits de jeu, et de se demander ce qui se serait passé si le bon sens avait fait son apparition dans les décisions de l’arbitre du match Stéphane Lannoy, que Dominique Sévérac a jugé « particulièrement mauvais » dans le Parisien.
Le cas Gourcuff est symptomatique de sa façon d’arbitrer assez inéquitablement. Le jeune bordelais est très talentueux, c’est incontestable. Mais il semble être arbitré comme pouvait l’être Juninho il y a quelques temps : c’est un joueur qui a été présenté comme exceptionnel, techniquement largement au-dessus du lot, et excessivement fair-play. Et l’arbitre abonde en ce sens : à la 9e minute, l’ex-futur-ex-Zidane tente une roulette, la rate lamentablement et s’empale sur Ceara. L’arbitre, considérant certainement que le joueur est trop doué pour rater un tel geste, siffle coup-franc. Bordeaux ouvre le score sur le coup de pied arrêté, alors que le match était jusque-là équilibré…
Plus tard, durant la première mi-temps, Gourcuff fauche Armand à retardement, alors que ce dernier débordait tout la défense girondine. Sur Canal+, le commentateur neutre Christophe Dugarry a expliqué que ce n’était que de la maladresse, Gourcuff étant un joueur gentil. Et c’est sûrement ce qu’a pensé Lannoy lorsqu’il n’a pas sanctionné Gourcuff d’un carton jaune alors que cela s’imposait. En deuxième mi-temps, dans une situation similaire, l’arbitre n’a pas hésité à sanctionner Zoumana Camara, qui a lui le malheur de ne pas être décrit tous les matins dans la presse comme un joueur hors-norme… À cela, il faut encore ajouter un coup dans le visage de Clément seulement sanctionné d’une faute, et une charge régulière à l’épaule de Makélélé sur Gourcuff sanctionnée d’un jaune. Du coup, voir ensuite Gourcuff se balader au sein d’une défense parisienne passive n’est pas si étonnant : ceux-ci ne peuvent plus défendre sans être sanctionnés au moindre contact, et a contrario Gourcuff peut jouer avec un excès d’engagement, en toute impunité.
Plus généralement, c’est toute l’équipe bordelaise qui a pu jouer à la façon de Gourcuff : en première mi-temps, sur un débordement de Sessegnon, celui-ci se fait faucher en retard par Wendel, puis Tremoulinas lui met un coup au niveau du mollet. L’arbitre sanctionne alors… le Béninois, d’un carton jaune ! Quant à Hoarau, il a subi énormément de fautes — sifflées ou non [2] — d’Henrique, sans que celui-ci ne soit même rappelé à l’ordre.
Ajoutons à cela un but refusé pour un hors-jeu plus que limite aux Parisiens, un penalty non sifflé pour une poussette de Chalmé dans le dos de Sessegnon — qui en a trop rajouté dans sa chute —, une main volontaire de Diawara qui empêche le ballon d’arriver dans les pieds de Giuly qui filait vers le but, toujours sans qu’il n’y ait aucun carton, et enfin, la gifle de Chamakh en fin de match sur Armand, geste anti-sportif qui aurait mérité un carton rouge, cela finit par faire très lourd sur un seul match. Alors oui, Bordeaux était plus fort, leurs joueurs sont plus talentueux. Mais sans toutes ces petites décisions avantageuses qui changent un match, a-t-on la même rencontre ?
Le match de Canal+
Regarder un match sur Canal+ est déjà un supplice auditif en temps normal, mais par un soir de défaite 4-0, et avec trois commentateurs qui sont d’anciens joueurs de l’équipe adverse (Papin, Lizarazu, Dugarry), l’épreuve devient un véritable calvaire.
Des actions litigieuses jugées par des supporters
À la mi-temps, alors que Hervé Mathoux souhaitait analyser la rencontre, il n’a pu se tourner que vers ses consultants : un Bordelais, un Bordelais et un autre Bordelais. Si le CSA a d’autres choses à faire que de se soucier du temps de parole des footballeurs, l’intérêt du débat et l’honnêteté intellectuelle voudraient tout de même que Canal+ invite, de temps à autres, quelques anciens footballeurs qui ne soient pas systématiquement des adversaires du PSG. Lizarazu le concédait hier : « j’ai du mal à être objectif ». Quel poids accorder à ses propos dans ce cas ?
Quoi qu’il en soit, les téléspectateurs de la chaîne cryptée ont eu droit à un « débat » surréaliste entre les anciens Bordelais, évoquant le penalty non sifflé sur Sessegnon et la faute inexistante — mais sifflée, elle — sur le premier but bordelais. À tel point que Gilles Veissière paraissait sympathique devant le parti-pris de ses collègues, qui considéraient que cette dernière était une « poussette » trop légère pour être sifflée. Faisant donc abstraction du règlement, qui ne définit pas de degrés dans la poussée d’un adversaire, et du fait qu’un ralenti nuit forcément à la perception des différents impacts.
Basé à Paris, le diffuseur de la Ligue 1 ne devrait pourtant pas éprouver trop de peine à dénicher quelques vieilles gloires parisiennes… s’il le voulait.
Un révélateur inutile, et des commentaires indigents
À 3-0, Peguy Luyindula marque un but que l’arbitre refuse pour hors-jeu. Vous auriez aimé savoir s’il y avait hors-jeu ou non ? Dommage, vous ne pourrez pas : Canal+ diffuse l’action au malhonnête révélateur et arrête son image au moment où… Luyindula reçoit le ballon. Forcément, à ce moment-là, il est hors-jeu.
Enfin Canal+ enrichit notre culture personnelle de match en match : nous avons ainsi pu apprendre que Dugarry va mettre le but de Gourcuff en fond d’écran sur son ordinateur, que Paganelli a passé ses vacances en Guyanne, que sa femme est restée là-bas (on la comprend) et que Grégoire Margotton considère qu’un ralenti de Jean-Louis Gasset en train de faire une grimace est une « belle image ».
Bordeaux - PSG en 3 questions
Paris méritait-il de perdre ?
Oui, mais… Difficile d’affirmer le contraire quand on ne cadre pas davantage de frappes. Mais entre le penalty refusé à Sessegnon, alors que la poussée de Chalmé est incontestable, le but annulé sans que l’on sache s’il y a hors-jeu ou non, et l’ouverture du score bordelaise sur un coup-franc inexistant, un score de 4-0 ne peut pas être révélateur de la rencontre.
La stratégie de Laurent Blanc était-elle efficace ?
Oui, puisque Bordeaux a largement gagné. Les médias qui s’extasiaient sur la composition de l’entraîneur girondins pourront donc le féliciter à raison. Mais si on s’intéresse davantage au déroulement de la rencontre, on peut apporter quelques bémols. Bordeaux a connu une grande réussite et ne s’est finalement créé que bien peu d’occasions. Ce qui s’est soldé par une défaite à Lyon a tourné ici en une écrasante victoire… Sauf qu’hier chaque tir cadré faisait mouche. Après s’être montrés incapable d’en cadrer une seule contre Saint-Étienne dimanche dernier, les Bordelais ont réussi des gestes incroyables. Blanc aurait donc trouvé un remède miracle en six jours ?
Les Parisiens ont-il lâché la rencontre ?
Non. Si l’ampleur du score pourrait supposer le contraire, les faits sont là : le PSG n’a jamais abandonné. Même après que Le Guen a sorti Rothen, pour le remplacer par Sakho — c’est Armand qui a joué milieu offensif gauche —, les Parisiens ont continué à attaquer, et à créer du jeu. Le but refusé à Luyindula et la frappe de Sessegnon en sont deux exemples. On n’a pas assisté hier à une déliquescence des offensives, à un abandon ou à de mouvements qui se limiteraient à de longues balles en cloches vaguement balancées vers l’avant. Jamais le Paris SG n’a cessé de s’appliquer, de tenter de revenir, ne serait-ce que pour l’honneur. Mais hier, ça ne voulait pas.
Le bon côté de l’affaire
Selon l’adage populaire, à chaque chose malheur est bon : il serait donc toujours possible de ressortir du positif, même d’une expérience particulièrement douloureuse, tel un 4-0 encaissé en terre girondine. Quels enseignements peut-on ressortir de cette déroute ?
Une attaque pas si stérile
Tout d’abord le jeu parisien. Même s’il a été largement battu, on ne peut pas dire que le PSG s’est ridiculisé dans l’animation. En effet, le score et le faible nombre de tirs cadrés ne reflètent pas la quantité d’occasions franches obtenues par les attaquants parisiens, Giuly en tête.
Dès la 6e minute, sur un centre au cordeau de Rothen, l’ancien Barcelonais voyait le ballon rebondir sur une motte sablée qui l’empêchait d’ajuster sa reprise de demi-volée. Le PSG, pourtant privé de ballon, se montrait ensuite dangereux sur quelques contres — notamment celui qui amènera le penalty oublié — et coups de pieds arrêtés, avant qu’en seconde mi-temps Sessegnon, Giuly et Hoarau ne manquent le cadre, parfois de très peu. Le Béninois a ainsi repris une déviation de Hoarau d’un tir fusant qui effleurera la base du poteau, puis a dévissé inexplicablement une frappe aux six mètres.
En rajoutant à cela le but refusé à Luyindula dont on ne saura jamais s’il n’était pas valable, la conclusion s’impose : face à un Bordeaux présenté comme archi-doué, le PSG n’a pas été outrageusement dominé.
Un bloc défensif dense
De même, et cela peut paraître injuste au vu de l’ampleur du score, la défense parisienne n’a pas pris l’eau. Les statistiques montrent que Bordeaux a très peu souvent tiré au but. Dans une période d’insolente réussite en championnat [3], Bordeaux n’était pas bon à prendre ces temps-ci.
Rajoutez à cela un coup-franc imaginaire sur lequel Diawara se débarrasse de Sessegnon en le projettant au loin avant de courir aux six mètres marquer de la tête, une reprise à l’aveugle sur un terrain vicieux qui finit dans la lucarne, un tir du pointu qui contourne le gardien du PSG pour atterrir petit filet, et un contrôle raté après deux contres favorables qui se transforme en but, et vous obtenez une victoire par 4-0… avec seulement quatre tirs cadrés !
On peut évoquer le beau-jeu, une stratégie offensive, une animation à 5-6 attaquants [4], mais on peut aussi parler du faible nombre d’occasions concédées par le PSG au vu de la possession de balle girondine, et d’un arbitrage étonnamment conciliant à l’égard des locaux.
Après, réussite ou talent, là où sur leur demi-douzaine de situations favorables Bordeaux a quatre tirs cadrés qui font quatre buts, Paris voit son but se faire annuler, ses frappes effleurer le mauvais côté du poteau, ou partir martyriser les mouettes après avoir soulevé une gerbe sablonneuse. À chacun son interprétation de ces événements.
Une gifle qui peut s’avérer salutaire
Mais s’il ne fallait retenir qu’une leçon de cette défaite girondine, ce serait la morale avancée par Sammy Traoré, au micro de Canal+ : « il va falloir travailler ! » Que ce soit sur le terrain ou en tribunes, après le très bon mois de décembre, bien des Parisiens voyaient déjà le PSG tutoyer les sommets. Or, rien n’est acquis, et encore moins perdu.
Le but refusé contre Valenciennes et le scénario très particulier de la rencontre d’hier ont fait rétrograder le Paris Saint-Germain de la deuxième à la sixième place. Il suffit de peu de choses pour perdre cinq points — il semblerait que deux arbitres et un manque de réussite puissent suffire.
Mathématiquement, mieux vaut perdre une fois quatre à zéro que quatre fois un à zéro… De toutes manières, le PSG n’a plus le choix : la défaite, cuisante, est là, il faut maintenant faire avec. Si Paris parvient à surmonter cette gifle et à rebondir dès mercredi, puis dimanche en championnat contre Sochaux et enfin dans quinze jours contre Caen, alors il pourra se baser sur cette épreuve et retenir une précieuse leçon pour l’avenir : comment apprendre à gérer une défaite sans tomber dans la crise ou le psychodrame.
Même les grandes équipes perdent. Si le Paris SG veut redevenir grand, il lui faut dépasser cette épreuve dans la sérénité. Dans cette situation, le caractère calme et posé de l’entraîneur Paul Le Guen pourrait s’avérer un atout précieux.
Autres infos autour du match
Quelques stats
Il faut remonter au 2 décembre 2000 pour retrouver trace d’une défaite par au moins quatre buts d’écarts en championnat : 5-1 à Sedan (19e journée de D1).
La dernière défaite 4-0 du PSG en championnat remontait au 6 mai 1995 à Rennes (35e journée de D1).
En coupe de France, le PSG s’était incliné 0-4 contre Auxerre le 10 février 2001 (16es de finale).
Le PSG n’avait plus encaissé quatre buts en un match depuis le 23 mars 2008 et une défaite 4-2 à Lyon (30e journée de L1) — et non le 6 mai 2006 comme l’écrit L’Équipe ce lundi 12 janvier [5].
Suspensions
Avertis dimanche soir, Zoumana Camara (qui a reçu son troisième carton de la saison) et Claude Makélélé (septième) seront de nouveau sous la menace d’une suspension en cas de nouvel avertissement, respectivement pendant les 2 et 4 prochains matches.
Jérôme Rothen reste par ailleurs menacé durant les trois prochains matches.
Banderoles, tribunes et photos
Les photos des tribunes sont disponibles sur les sites habituels :
les Supras ;
le fil dédié au match de Mouvement Ultra.
Le site officiel du Paris SG propose également des photos du match et des tribunes.