La concurrence, Jérémy Clément a déjà connu. Lorsque Claude Makelele est arrivé au club, Paul Le Guen avait en tête une association Makelele-Chantôme, pour former un duo qu’il jugeait plus complémentaire. Mais devant les mauvaises prestations du jeune Parisien, et face à la motivation sans faille de Clément, Le Guen a finalement accordé sa confiance à ce dernier. Choix qui a d’ailleurs été prolongé par Kombouaré l’an passé. Mais cette saison, Clément s’est retrouvé victime de la volonté du coach parisien de donner un visage plus offensif à son équipe. Makelele ayant rempilé, la place de milieu purement défensif est prise ; et pour celui qui l’accompagne, les profils de Chantôme et Bodmer vont plus dans le sens voulu par le coach.
Clément devait donc jusque-là se contenter des absences de son capitaine pour jouer… jusqu’à ces dernières semaines : malgré le repos de Makelele à Lorient, Clément n’a pas joué, Kombouaré ayant opté pour une autre solution. Et si, au début de saison, Clément rentrait systématiquement pour tenir les scores, l’option désormais choisie par Kombouaré est plutôt de sortir un attaquant pour le remplacer par Bodmer, et ainsi densifier son milieu. En championnat, le numéro 23 parisien n’a plus joué depuis la neuvième journée à Toulouse, et n’a dans les jambes que 25 minutes de jeu sur les deux dernières semaines.
Même si pour l’instant Clément a toujours été à la hauteur quand on a fait appel à lui — notamment lors des rencontres âpres face à Dortmund —, il va être difficile de le maintenir sous pression dans ces conditions. La question risque de se poser pour de nombreux joueurs de l’effectif, même si Clément semble réellement être le seul à ne pas avoir perdu sa place sur blessure, ou pour mauvaises performances. Car si l’équipe-type paraît être aujourd’hui très équilibrée, rien ne dit que certains coups de pompe ne viendront pas affaiblir l’effectif dans les prochains mois. Et avoir un Clément prêt à jouer serait alors un grand luxe — luxe que le PSG n’avait pas eu en 2008/2009, quand des joueurs harassés par une longue saison n’avaient pu aller chercher une qualification européenne.
Avec ce joueur, il reste également à régler la question du long-terme. Même si l’on ne peut plus rien prévoir à ce propos, cette année devrait être la dernière de Claude Makelele. Et il faudrait songer à sa succession. Dans l’effectif actuel, la solution naturelle serait évidemment Jérémy Clément, mais quel pourrait être son niveau dans un an, si sa saison continue sur ces bases, à savoir des titularisations très occasionnelles ? À son âge — 26 ans —, Clément ne peut plus être considéré comme un espoir qui a le temps d’attendre le départ des anciens. Le faire patienter doit être plus pénible à justifier que lorsque cela concerne un jeune pro. Mais tout dépend du caractère du joueur en question ; à cet égard, il est difficile de se plaindre de Clément…
Le problème est qu’en plus, rien ne dit que dans un an le PSG ne cherchera pas à recruter une pointure, ou au moins une valeur sûre de L1. Et dans ce cas-là, cela scellerait probablement le sort de Clément, qui après être resté sur le banc toute une saison, verrait quelqu’un d’autre prendre la place qu’il convoitait. On ne le voit pas rester dans ces conditions. Le cas Clément est finalement intimement lié à celui de Makelele. Sans rentrer dans un débat sur le niveau de performance de ce dernier — qui est d’ailleurs auteur d’un bon début de saison —, on peut se demander s’il ne serait pas temps dans les prochaines semaines d’entamer la vraie transition en douceur annoncée quasiment depuis l’arrivée de l’ancien joueur de Chelsea. L’an dernier, cela avait paru être impossible, tant le PSG manquait de leaders, de joueurs en forme, et tant le PSG semblait perdu sans son capitaine. Aujourd’hui, avec une équipe qui tourne bien, riche de joueurs en confiance qui s’affirment, le rôle de leader de Makelele est a priori moins nécessaire sur toutes les rencontres… Et peut-être serait-il plus facile ainsi de réincorporer Clément.