À l’été 2008, le PSG ne reconduisait pas les contrats de plusieurs joueurs âgés et grassement rémunérés. Pauleta, Yepes et dans une moindre mesure Alonzo s’en allaient. De quoi dégager de l’argent frais pour recruter… des joueurs encore plus vieux et au moins aussi coûteux en salaires. L’embauche de vieilles gloires semble être devenue depuis une habitude des mercatos parisiens : Makelele, Giuly, Coupet, voire Kezman ont rejoint le club de la capitale, en attendant peut-être Gallas — sans oublier que Thuram aurait pu devenir parisien.
L’avantage immédiat d’une telle politique semble être l’absence quasi-totale d’indemnités de transfert à payer. L’enveloppe de recrutement ne pâtit pas de ces arrivées, et cela permet dans le même temps d’investir sur d’autres joueurs, plus frais, et de fait plus chers. Les venues de Makelele et Giuly se sont accompagnées de celle de Sessegnon ; Coupet est arrivé en même temps qu’Erding. Mais cet état de fait est trompeur, car en procédant ainsi le PSG se prive également d’une revente potentielle. S’ils sont arrivés gratuitement ou presque, il y a cependant très peu de chances que ces joueurs génèrent une quelconque plus-value. Couplée aux efforts salariaux fournis pour faire venir ces joueurs — qui touchent généralement les plus gros émoluments de l’effectif —, la venue d’une vieille gloire n’est finalement pas plus avantageuse financièrement que l’investissement sur un joueur susceptible d’être revendu au terme de son passage à Paris. A contrario, avec Sessegnon ou Erding — achetés environ 8 M€ chacun —, le PSG peut légitimement nourrir l’espoir de récupérer au moins sa mise de départ.
Dans certains cas, il est établi que les joueurs viennent pour finir leur carrière. Arrivés au PSG à respectivement 35 et 36 ans, il était évident que Makelele et Coupet signaient leur dernier contrat. Mais pour d’autres joueurs un peu plus jeunes, la question de la suite de leur carrière se pose. Ludovic Giuly ayant signé pour trois saisons à l’été 2008, le PSG se retrouve aujourd’hui avec un joueur forcément moins performant qu’à son arrivée, et toujours très bien rémunéré. Mais si le club n’aurait rien contre le fait de s’en débarrasser, trouver des clubs prêts à lui proposer le même salaire n’a rien d’évident — le problème est le même pour Rothen ou Kezman. Et si d’aventure William Gallas (32 ans) venait à signer, nul doute que celui-ci exigerait également un contrat longue durée ; d’ici deux ans, le PSG se retrouverait alors dans la même situation avec ce joueur. Il est d’ailleurs intéressant de noter qu’Arsenal a adopté pour principe de ne proposer que des contrats d’un an à ses joueurs trentenaires, afin d’éviter de se retrouver dans le cas parisien. C’est humainement discutable, mais les Londoniens réalisent clairement des économies en procédant de la sorte.
Finalement, tout le problème de ces venues se pose au niveau de la négociation du contrat. Il faut pouvoir estimer combien de temps un joueur va pouvoir réellement apporter à son équipe. Car pour le reste, les arrivées de Makelele, Giuly et Coupet ont eu des répercussions sportives positives. On peut discuter du niveau de chacun, et parfois regretter leur manque de forme. Néanmoins, l’arrivée des deux premiers en 2008 a immédiatement redynamisé l’équipe, ainsi que l’image du club. La qualité des entraînements et des premiers matches s’en est ressentie. Et si Clément a progressé ses dernières années, ou si Hoarau a très vite franchi un cap, le fait d’avoir été associé à ces joueurs n’y est sans doute pas étranger. Quant à Coupet, si sa blessure tronque forcément son bilan, son professionnalisme reconnu ne peut qu’avoir des impacts positifs auprès des jeunes Edel (24 ans) et Areola (17 ans). Penser que le phénomène puisse se reproduire à d’autres postes — par exemple avec Sakho — n’est donc pas si absurde. Sauf que Gallas, le joueur le plus pressenti à ce jour pour rejoindre le PSG, ne semble pas présenter les mêmes garanties que ses anciens camarades de l’équipe de France…
En dehors de leur condition physique, la mentalité des vétérans recrutés s’avère en effet primordiale. Alors que l’on pouvait craindre qu’ils n’arrivent en pré-retraite ou trop sûrs de leur fait, les « vieux » se sont montrés plutôt exemplaires, avec un niveau de prestation qu’un joueur recruté à prix d’or dans un club modeste ne garantissait pas davantage. Le PSG n’avait cependant pas pris beaucoup de risques à cet égard, Makelele, Giuly et Coupet ayant fait preuve de leur excellent état d’esprit dans tous les clubs où ils sont passés. Avec Gallas, on touche peut-être du doigt les limites du système : si, en plus des risques financiers et sportifs, il existe un doute sur ce que pourra apporter le joueur dans le vestiaire [1], peut-être vaut-il mieux passer son chemin. Quitte à recruter des joueurs âgés, autant choisir ceux qui semblent irréprochables.
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