[Débat] Faut-il se passer davantage de Makelele ?

Si Claude Makelele est encore en activité aujourd’hui, il faut bien le rappeler, il le doit essentiellement à sa forme et à son niveau, qui restent tout de même incroyablement élevés pour un joueur de son âge. À un poste où l’on parcourt des kilomètres, où les duels et les coups pleuvent, lui continue, alors que de plus en plus de footballeurs n’arrivent plus à mettre un pied devant l’autre une fois passée la trentaine. Et s’il y a eu une troisième saison parisienne pour Makelele, c’est aussi parce que continuer sans lui se serait avéré être trop difficile pour Paris. Si ses performances ont toujours été critiquées, l’an passé, la moindre de ses absences rendait le PSG inexorablement mauvais. Paris ne pouvait composer sans son capitaine. En prolongeant pour une année supplémentaire, il a certainement évité un casse-tête à la cellule recrutement. Au final, le numéro 4 parisien a joué bien plus souvent que prévu car il était le meilleur à son poste, et qu’il n’y avait aucune raison de s’en priver ou de le faire souffler outre mesure.

Aujourd’hui, les choses sont quelque peu différentes. La saison parisienne a plus belle allure, l’équipe d’Antoine Kombouaré tourne bien — même sans Makelele —, et surtout certains autres leaders commencent à s’affirmer, à commencer par Mamadou Sakho. De fait, le préserver un peu plus, afin qu’il soit encore meilleur lorsqu’il joue, paraît d’autant plus envisageable. Ainsi les têtes pensantes parisiennes pourront voir à quoi peut ressembler un PSG sans son capitaine. Dans l’effectif parisien, celui qui se rapproche le plus de Makelele est Jérémy Clément. Il n’est qu’un remplaçant cette saison, mais à chaque fois que Kombouaré a fait appel à lui, l’ancien Lyonnais a été bon. Son état d’esprit est exemplaire, son abattage conséquent et, à 26 ans, il a peut-être enfin la maturité nécessaire pour s’imposer seul à ce poste.

Au mérite, Clément n’aurait aucun mal à devenir titulaire aujourd’hui. Mais une solution pourrait être d’alterner entre les deux joueurs : aligner Makelele pour les grosses rencontres, où l’expérience vaut double, et Clément lorsque l’adversité est trop physique ou trop vive pour le capitaine parisien. Makelele gagnerait en fraîcheur, tandis que Clément serait impliqué au maximum… Et si le PSG veut compter sur lui pour les années à venir, mieux vaut minimiser les chances que son moral ne faiblisse. Et ce même si l’idée pourrait être de faire venir en juin une pointure au poste de milieu défensif. Clément serait alors à nouveau en concurrence, mais aurait l’immense avantage d’avoir côtoyé Makelele trois ans durant, et d’avoir forcément beaucoup appris. En ce sens, même si un Alou Diarra, un Capoue ou un Mavuba arrivait, rien ne dit que Clément n’aurait pas un rôle important à jouer, au moins le temps que l’éventuelle nouvelle recrue prenne la mesure du Paris Saint-Germain.

Mais si penser à l’avenir est une bonne chose, il reste qu’il y a un présent, et des échéances pour Paris. Si l’on peut discuter longtemps de l’apport sur le terrain de Makelele, il reste qu’il est le capitaine du Paris Saint-Germain, et que son influence est on ne peut plus indiscutable. Au moment où les matches cruciaux s’enchaînent, Paris peut-il se permettre de se priver trop souvent de son leader ? Les exemples passés, que ce soit à Paris avec la dernière année de Pauleta, ou en équipe de France avec Desailly, Vieira ou Henry, montrent qu’il n’y a pas toujours du bon à avoir pour chef de meute un abonné au banc de touche. Le joueur lui-même peut se sentir illégitime, et les autres moins l’écouter. À moins d’un déclin physique évident, il serait peut-être trop dangereux de précipiter la sortie de Claude Makelele, en en faisant un abonné du banc. Et l’on peut espérer que pour ses derniers mois en tant que joueur professionnel, il se démène pour apporter encore plus au PSG. Ce joueur exceptionnel peut encore nous surprendre…