Revenu en grâce après sa formidable prestation à Lyon, Guillaume Hoarau peut espérer monter dans l’estime de son entraîneur, et conquérir provisoirement la place de titulaire à la pointe de l’attaque du PSG. Mais sincèrement, l’opinion de Carlo Ancelotti, qui intéresse-t-elle, alors que nous pouvons donner… la nôtre ! Forcément plus intéressante de notre point de vue, puisque c’est la nôtre, justement. Bah oui. Alors, je commence : Guillaume Hoarau, j’aime, ou j’aime pas ?
J’aime !
Échasses. J’aime le côté désarticulé de Guillaume Hoarau. Trop grand, trop fin, quand on le voit jouer on a parfois l’impression qu’il va se briser comme un jouet assemblé en Chine par un ouvrier ayant respiré un peu trop de mercure. Et pourtant, il joue juste, possède une technique très fine pour son gabarit et se déplace bien. Le joueur atypique, qu’on peut détester, mais que j’apprécie beaucoup.
Abnégation. Hoarau est le prototype du joueur qui ne rechignera pas à se consacrer aux tâches ingrates. Malgré sa grande carcasse, il passera son match à perturber la relance adverse, à se replier sur les coups de pieds arrêtés pour prêter main-forte à ses coéquipiers, bref, à se dépouiller pour son équipe. Et ça, j’aime, même s’il manque parfois de lucidité dans le dernier geste, pour avoir trop donné. Comment reprocher à un gars de se sacrifier pour son maillot ?
Grosse tête. J’aime que l’attaquant parisien reste l’un des joueurs les plus modestes qui soit passé par le PSG. Malgré une très belle première saison, malgré son accession au statut d’international, et contrairement à ce qu’a pu raconter Dugarry après le match à Lyon, Hoarau ne semble jamais avoir abandonné sa modestie. Ça nous change…
Grosse tête (2). Voir Guillaume Hoarau rentrer sur le terrain, c’est acquérir la certitude que le PSG récupérera tous les ballons aériens distribués dans sa zone. Que ce soit sur les corners défensifs, les dégagements de gardien, ou les centres, si la balle part dans sa direction, la tour de contrôle réunionnaise la prendra. Plus qu’une simple histoire de taille, c’est surtout une question de timing, de lecture de trajectoire et de combativité. Or, dans ces catégories, Hoarau ne laisse pas sa part aux chiens. Quand il est affûté, à moins de faire faute, ses adversaires directs peuvent passer un match entier sans réussir à lui contester une balle. Le meilleur joueur de tête de L1 joue au PSG, et se nomme Hoarau. Tout simplement.
Forever young. Après son égalisation à Lyon, Hoarau a déclaré : « C’est un bonheur d’avoir marqué ces deux buts. Quand j’ai vu tout le banc venir vers moi… Ce sont des sensations d’enfant. J’espère revivre d’autres moments comme cela dans la saison. » Peut-être ne faut-il pas chercher plus loin le charme étrange de l’attaquant parisien. Effectivement, dans sa façon de vivre dans le groupe, dans ses célébrations de buts, et même dans sa gestuelle, Hoarau a gardé une maladresse et une innocence un peu enfantines. Comme s’il avait grandi trop vite, et qu’il n’était pas complètement adapté au monde un peu pourri, et bien trop adulte, qui l’entoure, le joueur du PSG possède encore une joie et une simplicité très rafraîchissantes. En espérant qu’il préserve ces qualités encore longtemps…
J’aime pas…
L’instinct du tueur. Un bon buteur se doit de posséder une part d’ombre. Une envie secrète de faire mal, de « tuer » le gardien adverse. Pauleta en était l’exemple parfait : charmant et tout ce qu’il a de bien élevé dans la vie de tous les jours, l’aigle des Açores se muait en impitoyable chasseur de buts sans pitié dès qu’il enfilait ses crampons. Hoarau a le défaut de ses qualités : c’est un gentil. Et il lui manque un peu de cet égoïsme propre aux purs buteurs. Le Réunionnais ne sera jamais un tueur. Mais au fond, je ne sais même pas si je peux dire que je n’aime pas cela chez lui.
Une certaine fragilité. Après une saison vierge de tout pépin, Hoarau a connu de nombreuses blessures. Sans doute due à sa très grande taille, cette relative fragilité l’aura perturbé, l’obligeant à chaque fois à patienter le temps de se guérir, puis de retrouver ses repères. L’attaquant du PSG est même allé jusqu’à jouer malgré de vives douleurs avant de prendre la sage décision de se faire opérer. Espérons que le gros de l’orage est passé, et que désormais ces tracas pourront être oubliés ! Parce que le PSG sans Hoarau, j’aime pas ! Surtout depuis que Gameiro et lui restent les deux seuls spécialistes de ce poste dans notre effectif…
Pour conclure, vous l’aurez compris, Guillaume Hoarau, j’aime ! Et j’espère bien qu’il saura maintenir son niveau actuel jusqu’à la fin du championnat. Pour le PSG, d’abord, car on a besoin d’un attaquant de sa trempe pour aller chercher le titre de champion, et puis pour lui aussi : s’il poursuit sur ce rythme, je ne vois pas bien comment Laurent Blanc pourrait l’oublier au moment de choisir la liste des 23… Et vous ? Vous en pensez quoi de notre buteur providentiel ?