Bate Borisov-PSG : interview d’Aurélien Montaroup

Interview réalisée mardi 15 février 2011.

Le championnat biélorusse, le jeu du Bate Borisov

Vous jouez désormais depuis plus de deux ans au FK Dynamo Minsk. Comment vous est venue cette opportunité : avez-vous des racines biélorusses ?
Non pas du tout, je suis Français et Breton pur souche ! (rires) J’ai eu l’opportunité de venir faire un essai au Dynamo car je savais qu’ils étaient à la recherche d’un arrière gauche. Moi, je ne trouvais rien d’intéressant en France donc mon agent a fait le nécessaire pour que je puisse faire cet essai. J’y suis allé en novembre 2008 pour une semaine. Le coach, Slavo Muslin — ancien entraineur de Bordeaux et Lens notamment —, m’a fait signer au bout de deux jours.

Pouvez-nous présenter les principales caractéristiques du football biélorusse ?
Le championnat commence en avril et finit fin novembre, avec une saison en trois phases : matches aller-retour, puis une nouvelle phase aller. C’est un petit championnat de 12 équipes. Le football ici est plutôt technique — ce qui m’a surpris — et moins physique que ce que j’imaginais, avec des petits gabarits offensifs. Je situerais le Bate Borisov en L1 française, et le reste du championnat sur un bon niveau de L2.

Vous êtes en pleine phase de reprise dans vos clubs. Pensez-vous que ce soit un avantage ou un inconvénient face à des équipes comme le PSG dont la saison a commencé il y a plus de six mois ?
C’est un désavantage je pense, car l’absence de compétition se ressent. Les équipes manquent de rythme.

L’équipe de Borisov a-t-elle évolué durant l’intersaison ?
C’est un équipe stable depuis cinq ans, ils n’ont pas beaucoup changé leur effectif. Les joueurs se connaissent très bien : ils connaissent leurs forces et leurs défauts, et jouent dessus. Il y a eu deux transferts en janvier : le gardien de but — remplaçant de l’équipe nationale — a signé en Ukraine, c’est désormais le gardien de l’équipe espoirs de Biélorussie qui joue ; et un défenseur central a signé en Russie, remplacé par le Serbe Marco Simic.

Comment décririez-vous le projet de jeu de Borisov ?
C’est une équipe formée en 4-4-1-1, avec un bloc défensif bien en place. Tous les défenseurs sont internationaux biélorusses. Les deux milieux défensifs montent très peu et restent devant la défense. L’équipe va très vite vers l’avant, à la récupération du ballon notamment, avec les deux milieux excentrés et les deux attaquants. Donc l’on peut dire que cette équipe est redoutable en contre.

Vous qui les avez affrontés, quels sont les attaquants les plus dangereux de Borisov ?
Le plus dangereux pour moi est Radionov : c’est un attaquant de petit gabarit qui va très vite, qui aime beaucoup faire des appels de balle dans le dos des défenseurs. Il est international biélorusse. Il faut également se méfier de leur milieu offensif brésilien, Bressan. C’est un joueur capable de faire la différence sur les coups de pied arrêtés, et le jeu passe beaucoup par lui : il a de grandes qualités techniques. Les milieux excentrés sont très rapides et cherchent beaucoup à déborder.

Aurélien Montaroup

Photo www.aurelien-montaroup.com

Les conditions climatiques, l’ambiance

En France, une polémique est née à propos de la température polaire qui risque de s’abattre sur le stade lors de cette rencontre. On parle de -15°c, cela vous parait-il possible ?
Eh non je vous préviens, ce sera carrément -20° jeudi soir ! Pour moi, il est très difficile de jouer dans ces conditions : la preuve, avec le Dynamo Minsk, nous nous entraînons en terrain couvert ou nous partons en stage, à Chypre et en Turquie. Les joueurs vont souffrir, et la qualité du jeu va clairement s’en ressentir. Même couverts, les Parisiens auront froid : il faut qu’ils se couvrent avec plusieurs épaisseurs — collants, gants épais, de la crème chauffante pour les pieds… —, mais je ne sais pas si cela suffira.

Ces conditions avantageront-elles Borisov ?
Oui, car les joueurs du Bate ont l’habitude de jouer dans le froid. L’année dernière, lors du stage d’après-saison, nous avons fait une grosse préparation physique à la station de ski de Minsk par -20°c ! Le début de match va sûrement être difficile pour les Parisiens, il faut qu’ils s’adaptent rapidement.

On connait mal les supporters biélorusses en France. À quel accueil le PSG doit-il s’attendre ?
Je suis déjà allé voir des matches de Ligue des champions dans ce même stade, Bate Borisov-Real Madrid par exemple : il y avait une grosse ambiance, avec un stade plein [35 000 places] ! Je pense cependant que pour ce match le stade ne sera pas rempli, à cause du froid : les gens préfèreront le regarder à la télévision. Mais je sais que les supporters vont encourager le Bate jusqu’au bout.

Vous avez été élu meilleur défenseur du championnat en 2009. Avez-vous été contacté par d’autres clubs, notamment en dehors de Biélorussie ?
J’étais en fin de contrat en novembre dernier : j’ai eu des clubs russes et belges qui m’ont fait des propositions de contrats, mais elles n’ont pas abouti — j’en ai refusé certaines. Dernièrement, des clubs français se sont renseignés sur moi. Finalement, le Dynamo Minsk m’a convaincu de rester encore un peu en Biélorussie. (sourires)

Si vous deviez donner un conseil aux amateurs de paris en ligne, sur quel résultat leur diriez-vous de mettre une petite pièce ?
Je ne suis pas un grand bookmaker (rires), et étant supporter du PSG mon jugement serait un peu faussé, mais je me lance : je vois bien un match nul… 1-1. Je pense que le Bate va ouvrir le score, mais va craquer physiquement en fin de match.

Merci Aurélien, et bonne continuation.
Merci à vous, et j’espère une victoire de Paris !