Quand le PSG a recruté Mathieu Bodmer pour 2,5 M€ cet été, beaucoup ont cru que Clément Chantôme et Jérémy Clément grinceraient des dents, et n’auraient droit qu’aux miettes. Kombouaré n’avait pas fait venir l’ancien Lyonnais pour le laisser sur le banc. Si on rajoute un Makelele semblant insensible à l’usure du temps qui passe, la paire de récupérateurs titulaires ne faisait aucun doute. Pourtant, après sept journées de championnat, toujours pas la moindre déclaration tapageuse à l’horizon… mais la hiérarchie au milieu de terrain prend des airs de flou.
Tout d’abord, il faut louer l’apport très positif de Chantôme et Clément. Car si le problème se pose aujourd’hui, c’est que chacun a su répondre présent alors que l’on avait besoin d’eux. Jérémy Clément tout d’abord, dans son style de pur récupérateur, a été sollicité en fins de matches. Il faut dire que Bodmer pâtit aujourd’hui encore de la terrifiante préparation physique lyonnaise : comme le reste de l’effectif rhodanien depuis quelques saisons, il traîne des lacunes physiques, doublées de blessures à répétition qui le handicapaient lors des premières rencontres de la saison, avant même qu’il ne doive jeter l’éponge. À la peine physiquement dès l’heure de jeu, Bodmer cédait alors sa place à un Clément qui n’a jamais démérité. Certes, Jérémy Clément ne sera jamais un dribbleur, ni un relayeur flamboyant. Mais quand il s’est agi d’aller au charbon, il l’a toujours fait, quitte à se faire sanctionner.
La saison dernière, Clément Chantôme avait été trimballé à presque tous les postes du milieu de terrain, et son rendement s’en était ressenti. En manque de repères, il avait déçu et la presse évoquait même un départ quasi certain. Mais cette année, la Ligue Europa d’abord, les suspensions de Clément ensuite, l’ont aidé à se fixer à son poste de milieu récupérateur. Et là, après un match décevant face à Tel-Aviv, le Parisien a livré des prestations plutôt convaincantes, notamment à Séville. À un tel point que Sylvie de Macedo, dans le Parisien, en appelait à ce que Kombouaré lui offre davantage de temps de jeu.
À Lens, pour la première fois, l’entraîneur du PSG a d’ailleurs eu l’embarras du choix. C’est Chantôme qui en est sorti vainqueur, Clément retrouvant le banc au sortir de sa suspension. Sans doute Kombouaré offre-t-il une sorte de prime au titulaire du poste, tant qu’il ne déçoit pas. Une manière de récompenser le joueur qui a su briller lorsque l’on faisait appel à lui.
Pour l’instant, personne ne semble en prendre ombrage. Tant que les joueurs sont trois — Makelele, Chantôme, Clément — à postuler sur deux postes, tout devrait d’ailleurs bien se passer. Au gré des rotations en coupes, avec un match tous les trois jours, chacun pourra bénéficier d’un temps de jeu respectable. Par exemple, demain face au Karpaty Lviv, Kombouaré devrait titulariser Clément, histoire de faire se reposer un titulaire des dernières semaines. Mais les soucis vont-ils revenir en même temps que Bodmer ? Car une fois à quatre en état de jouer à la récupération, il faudra sans doute que l’entraîneur du PSG choisisse de laisser un de ses milieux aux vestiaires.
Makelele est capitaine, il a été le meilleur Parisien à Lens, et sa rentrée à Séville a écœuré les attaquants espagnols. Le « vieux » semble indiscutable.
Bodmer possède la meilleure vision du jeu. Ses longues ouvertures, toujours précises, ont déjà fait mouche, notamment auprès d’un Erding qui serait sans doute ravi de le retrouver. Mais son niveau physique pose question.
Clément a payé sa suspension, et son profil de joueur certes important, mais un peu discret. Le costume du joker pourrait lui aller.
Chantôme revient bien, mais son manque de rythme pourrait lui causer des tracas dans la régularité. Face à Lens, ses statistiques de passes réussies — 95 % — sont trompeuses : sa réussite ne s’expliquerait-elle pas par une volonté quasi systématique de jouer latéralement, se reposant sur Makelele ou Nenê sans se projeter vers l’avant ?
Une chose est sûre : la saison est encore longue, et le PSG demeure en position favorable dans toutes les compétitions. Kombouaré aura donc besoin d’un maximum de monde. Reste à espérer qu’il saura maintenir le niveau de performance, globalement très satisfaisant, de ses milieux récupérateurs. À lui de garder ses joueurs valides sous pression. Jusqu’ici, il a réussi à les mobiliser, tous. Tant que même les remplaçants se sentiront concernés, au niveau des milieux défensifs au moins, le PSG n’aura donc pas à se plaindre de manques.