Pour suivre une rencontre du PSG, vous pouvez vous placer dans des conditions plus ou moins propices. Chacun son école, il y a ceux qui ne jurent que par le stade, parce qu’on y voit mieux les organisations des équipes, le jeu sans ballon, les appels. En plus, jusque-là, au Parc, il y avait même de l’ambiance [1]… Pour d’autres, les retransmissions télé recueillent les suffrages : avec les ralentis, les gros plans permettant de juger la véracité des décisions arbitrales, plus les commentaires, ils n’imaginent même plus vivre un match autrement qu’avec un minimum de 17 caméras-loupes-power max (version premium). Caméras si possibles perchées au bout d’un filin à la con, lui même tendu depuis une grue qui bouche la vue de tout un virage.
Pour moi, là, ça aura été vite vu… y avait rien à voir. Et c’est le cas de dire, étant donné que dans la maison de vacances familiale il y a : des neveux qui hurlent dans la piscine, un barbecue qui pue, des lits trop petits, quelques moustiques et deux congélateurs qui débordent de dindes congelées [2], mais pas Canal+. Et encore, je ne me plains pas, après des années d’attente, l’Internet mondial de la toile web a tiré un fil jusque dans le salon. Mais pour suivre les aventures de Germain le lynx, et accessoirement du PSG, c’est pas terrible.
Après, gros dilemme personnel. Parce qu’en désespoir de cause il existe bien des moyens détournés de choper quelques images en streaming de ces matches que l’on croyait perdus. Sauf que voilà, faire l’autiste à tester une brouettée de sites chinois qui diffusent une abominable version pixelisée de la rencontre, sur un écran de 4 cm sur 3, en rajoutant Bruno Salomon qui hurle dans les enceintes sur une frappe de Kezman alors que chez vous Edel n’a pas encore dégagé le ballon vu que la Chine c’est loin et que l’image met du temps à venir, le tout avec les gamins qui regardent Fort Boyard et l’équipe des cuivre qui se fait ramasser par les insupportables vétérans… Pas sûr que ça mette une excellente ambiance dans la chaumière.
Du coup, j’ai pris le parti de ne pas suivre la rencontre. Un texto d’un pote qui m’a filé la composition d’équipe au coup d’envoi, et j’ai pu maugréer dans mon coin pendant toute la partie.
Parce que Kombouaré avait prévenu : il allait faire tourner ses 22 joueurs. Deux matches en deux jours, après tout c’est assez logique de ne pas cramer son équipe-type avant même la reprise du championnat. Et puis ça tombe bien, l’effectif du PSG permet juste de faire deux groupes. Pile poil. Sauf que du coup, tout le monde doit jouer, et que dans tout le monde, il y a le gars que vous ne voulez pas voir.
Chacun ses faiblesses, certains détestent Kezman ou Armand, d’autres trouvent que Coupet est vraiment trop lyonnais pour faire un bon Parisien, les goûts et les couleurs… Je ne juge pas. D’autant que personnellement, j’ai un léger souci avec Traoré. Allez savoir pourquoi, à la fin de la saison dernière, j’étais persuadé que notre Sammy était en fin de contrat. Pourtant PSGMAG.NET est clair, il lui reste un an à tirer, pas de doute, officiel et tout. Mais voilà, je m’étais mis en tête que l’échalas cristolien nous quitterait cet été. La fausse joie. Du coup, à la reprise de l’entraînement, blocage psychologique quand j’ai découvert Traoré en arrière plan sur un diaporama de PSG.FR, et depuis je n’y arrive pas.
— Et alors si Kombouaré a fait tourner, y a qui sur le banc ? — Mais tu ne suis rien ? Ils l’ont montré tout à l’heure le banc, en gros plan ! — Rah ! Puisque je te dis que je regarde Fort Boyard à côté d’un barbecue qui pue ! — Ah oui, c’est vrai… Eh bien sur le banc il a laissé Makonda, Sakho et Jallet. — OK, donc c’est mixte. — Oui, il a mélangé, demain ça tourne. — Logique… Mais attends, ça colle pas là. — Comment ça ? — Regarde : Makonda en survêtement , donc Armand joue ; Jallet, donc Cearà joue, mais Sakho ? Du coup Camara est en défense centrale tout seul ? On a recruté quelqu’un ? — Bah non : il y a Traoré ! — Oh putain le Sammy ! Je l’avais encore oublié lui… — Eh oui…
Après cet échange digne du duo Xavier Gravelaine — Fabien Lévêque, comment voulez-vous vivre sereinement le reste de la rencontre ? D’autant que j’étais laissé à moi-même, attendant non sans fébrilité que le score évolue. D’où les quelques aller-retour pour actualiser les résumés en ligne, et les vérifications du portable que tu jurerais qu’il t’a vibré dans la poche quatorze fois de suite… alors qu’en fait non, il est juste posé sur la table.
Bon sang… Sammy Traoré ! Parce qu’en face, c’est tout de même Porto ! Pas non plus des touristes en goguette le FC Porto. Tu me diras, avec son effectif, Kombouaré n’a pas trop le choix : c’était soit Traoré–Porto, soit Traoré–Roma. Vu sous cet angle, ça calme un peu ! Mais quand même : Traoré… Ce qui m’agace avec ce défenseur, c’est même pas ses bourdes : tout le monde en fait des bourdes. Même la défense Roche-Ricardo en faisait. Ni ses casquettes. Rien à faire de ses casquettes. Après avoir revu Luis Fernandez dans le DVD des 40 ans du club avec son survêtement 90’s, je ne critique plus les fringues. Promis. Non, c’est plus le côté lymphatique du bonhomme… Il ne fait pas vraiment affuté, quand il parle après une défaite, tu le sens pas abattu. C’est comme s’il ne s’investissait pas.
Alors il y en a d’autres des gars qui marchent un peu courbés, ou qui viennent balancer trois banalités au micro après une claque, pendant que leurs équipiers, trop contents, se barrent au vestiaire en courant pour la première fois depuis le début du match. Mais avec Traoré, j’ai du mal.
Je me demande si ce n’est pas un vieux reste de sa période niçoise. Le truc pas objectif du tout : cette espèce d’idée reçue qui voulait que chaque fois qu’il mettait un crampon au Parc sous leur maillot, Sammy nous claquait un but. Genre toute l’année je me réserve, mais si je croise le PSG c’est temps additionnel, second poteau, pouf, tête, but. Le truc qui te met les nerfs. Alors que depuis qu’il joue à Paris le Traoré, qui l’a vu marquer pour nous ? Hein ?
Tiens, j’ai le portable qui vibre pour de vrai ce coup-là.
PSG 1–0 Porto. Traoré sifflé tout le long du match qui marque à la 90e.
Bon bah ma gueule…